
victorieusement contre l'Armée rouge. À son retour, il épouse Yvonne Vendroux le 6 avril 1921 à 
Calais. Son fils Philippe naît le 28 décembre suivant. Le capitaine de Gaulle est chargé de cours à 
l'École de Saint-Cyr, avant son admission à l'École supérieure de guerre en 1922. Il fait un stage à 
Trèves, puis à l'état-major de l'armée française du Rhin à Mayence en 1924. Le 15 mai, naît sa fille 
Elisabeth. 
  
  
 
 
Un officier anticonformiste 
  
En 1925, il est détaché à l'état-major du maréchal Pétain, vice-président du Conseil supérieur de 
la Guerre. Il est à nouveau affecté à Trèves en 1927, comme chef de bataillon. Le 1er janvier 1928 
naît sa seconde fille Anne. De Gaulle est muté au Levant en 1929 et passe deux ans à Beyrouth 
avec sa famille. En 1931 il est affecté au secrétariat général de la Défense nationale à Paris. Ce 
nouveau poste est pour lui important, car c'est l'occasion de s'initier aux affaires de l'État. 
  
Pendant cette période, il publie de nombreux articles qui le font remarquer, notamment "Doctrine 
a priori ou doctrine des circonstances" dont la thèse avait été jugée hétérodoxe par la hiérarchie : 
contrairement à la doctrine traditionnelle qui veut que l'action de l'armée se déroule suivant des 
normes connues à l'avance, le capitaine de Gaulle pense que tout en respectant certains principes, 
il est indispensable de se plier aux circonstances. Il prononce plusieurs conférences à l'Ecole 
supérieure de guerre sous l'autorité du maréchal Pétain ; il y fait preuve d'indépendance d'esprit et 
développe l'idée qu'il se fait du chef militaire : "L'Action du chef de guerre", " Du caractère". De 
Gaulle réfléchit à une réforme de l'armée et aux relations entre l'armée et le politique. C'est ainsi 
que dans son premier ouvrage, La Discorde chez l'ennemi, qui paraît en 1924, il insiste sur le fait 
que le politique doit primer sur le militaire. 
  
En  1932,  Le  Fil  de  l'épée  rappelle  l'importance  de  la  formation  des  chefs  et  le  poids  des 
circonstances.  Il  aborde  la  théorie  de  la  nécessité  d'un  corps  de  blindés,  alliant  le  feu  et  le 
mouvement, capable d'initiatives et d'offensives hardies. Dans son ouvrage,Vers l'Armée de métier, 
publié  en  1934,  il  développe  cette  question  de  fond,  qui  nécessite  la  création  d'une  armée 
professionnelle  aux  côtés  de  la  conscription.  Cependant,  cette  idée  rencontre  peu  d'échos 
favorables, sauf de la part de Paul Reynaud, député de droite, ou de Philippe Serre ; de son côté, 
dans les colonnes du Populaire, Léon Blum stigmatise cette armée de professionnels qu'il assimile, 
comme d'autres, à des prétoriens. A l'étranger, en revanche, l'emploi des blindés tel que de Gaulle 
le préconise suscite la plus grande attention (Guderian, Liddel Hart). A Paris, de Gaulle fréquente 
diverses personnalités autour du colonel Émile Mayer, retraité très ouvert, favorable à la réforme 
de la stratégie qui ne doit pas se contenter de la défensive derrière la ligne Maginot. Cependant, ni 
l'un ni l'autre ne sont écoutés.