
Introduction :
L’idée de départ de ce mémoire vient de mon piètre tropisme pour le tabac. Malgré les
tentatives inhérentes à l’adolescence, je n’ai jamais réussi à maîtriser la technique nécessaire
pour pouvoir apprécier la cigarette. J’ai abandonné sur ce constat d’échec.
Bien plus tard, alors que mon métier de médecin généraliste me confronte régulièrement au
tabac et à ses méfaits sur les patients que je suis amené à soigner ; les cours du DIU de
tabacologie et d’aide au sevrage tabagique m’ont ramené à cette rencontre ratée avec le tabac
à l’adolescence. En effet comment aider au quotidien les patients au mieux dans leur difficile
entreprise à se défaire de cette addiction, sans pouvoir imaginer une seconde le « plaisir » et
donc le « désir » que revêt pour le patient en cours de sevrage, la cigarette.
Cette recherche, peut-être exagérée, d’empathie pour les patients que je serai amené à
accompagner dans leur démarche est-elle justifiée ? Un médecin ne peut pas expérimenter ni
toutes les maladies ni tous les traitements qu’il serait amené à rencontrer dans sa carrière pour
mieux conseiller ses patients.
La crainte d’essuyer au cours d’un entretien un « De toute façon, Docteur, vous ne pouvez pas
comprendre, vous n’avez jamais fumé ! » est bien présente, même si celle-ci paraît
inéluctable. Est-ce un atout ou un handicap d’être un soignant fumeur ou ancien fumeur pour
mieux aider les candidats au sevrage ? Les soignants non-fumeurs sont-ils plus convaincants
ou plus acharnés dans la lutte contre le tabagisme ?
Cette question est d’autant plus cruciale que le médecin généraliste occupe une position idéale
en amont du système de soins pour développer des actions de prévention quant au tabagisme,
en particulier le conseil minimum, dont les effets ne sont plus à démontrer.