
Selon certains observateurs, le très grand nombre de détenus* souffrant de troubles mentaux*
montre la faillite ou les limites, tant du régime légal actuel de l’irresponsabilité pénale* fondée
sur des troubles de cette nature, que du système de soins psychiatriques français.
D’autres en déduisent également que la prison remplit de nouveau la fonction asilaire à laquelle
les réformes médico-légales du XIXème siècle avaient voulu mettre un terme.
Divers professionnels considèrent au contraire qu’il conviendrait de limiter au maximum les
aménagements de peine*, et notamment les libérations conditionnelles, afin de mieux protéger
la société d’individus considérés comme « mentalement dangereux ».
Plusieurs études ont été menées par les ministères de la Justice et de la Santé pour évaluer la
proportion de personnes incarcérées souffrant de troubles mentaux et pour identifier les
pathologies concernées.
Dans un rapport relatif à l’organisation des soins aux détenus, daté de juin 2001
, les
inspections générales des services judiciaires et des affaires sociales ont constaté qu’aux
termes d’une enquête réalisée en 1997 sur la santé des « entrants en prison »
, 8,6% des
hommes et 13% des femmes incarcérés étaient déjà régulièrement pris en charge par un
service psychiatrique. 18,6% de ces mêmes entrants suivaient un traitement médicamenteux
psychotrope
. En additionnant le nombre des malades anciennement suivis et nouvellement
diagnostiqués, le pourcentage des sujets présentant à l’entrée des troubles mentaux était
compris, chez les hommes, entre 14% et 25%, cette proportion pouvant atteindre 30% chez les
femmes.
Une nouvelle étude épidémiologique sur la santé mentale des détenus en France menée auprès
de 998 personnes, a été confiée en 2003 par les ministères de la Justice et de la Santé à une
société indépendante. Les premiers résultats, communiqués au mois de décembre 2004, ont
confirmé le caractère préoccupant de la situation.
Il ressort de cette analyse que plus d’un tiers des personnes détenues interrogées a consulté
préalablement à son incarcération un psychologue, un psychiatre ou un médecin généraliste
Inspection générale des services judiciaires/Inspection générale des affaires sociales. L’organisation des
soins aux détenus - Rapport d’évaluation, Ministère de la justice/Ministère de l’emploi et de la solidarité,
juin 2001. (Voir infra I-A-1, pp. 14 et s.).
Une nouvelle enquête en la matière a été organisée en 2003. (Direction de la recherche, de l’évaluation,
des études et des statistiques du ministère chargé de la Santé, La santé des personnes entrées en prison
en 2003, Etudes et résultats n° 386, mars 2005).
Produits de substitution non inclus.