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PROJET PEDAGOGIQUE
INTRODUCTION
Instrument injustement « oublié », la mandoline se forge depuis quelques années une
place très importante dans le milieu musical. Que ce soit dans l’enseignement ou dans les
salles de concert, elle y retrouve sa place. Cette situation nous fait penser au 18ème siècle,
quand celle ci était adulé dans les salons parisiens et salles de concert. Sa renaissance est
imminente à juste titre. Mais cela ne suffit pas, car dans un monde « inculte »règne la
culture facile ingurgitée à coups de publicité et de consommation, quelle place peut trouver de
nos jours la musique ? Est-elle réservée à une certaine « élite » ? Non, je ne le crois pas car
l’enseignement de la musique est aujourd’hui devenu à la portée de tout le monde. Le
problème est que les gens font de la musique pour « s’amuser ». Du moment quand on veut
approfondir les problèmes on retrouvera toujours le « leitmotiv » : que cela ne m’intéresse pas
ou que je n’ai pas le temps.
Le superflu est le mot de passe de notre société. Et la mandoline dans tout cela ? Elle
connaît pour l’instant un grand essor à travers le monde entier. On trouve de plus en plus
d’amateurs et de professionnels qualifiés. Comme dans tout instrument, la « base » est la plus
importante. Pourquoi le mandoliniste de nos jours, dans certains pays ne veut-il pas croire en
son instrument, en son histoire, en son répertoire et surtout dans la façon de l’enseigner auprès
des jeunes élèves.
Heureusement beaucoup de gens s’en rendent compte tôt ou tard. C’est pour cela que dans
certains pays on se met à travailler et à réfléchir pour une meilleure approche didactique et
pédagogique de la mandoline. La clé de la réussite est d’y croire, car pourquoi un violoniste
ou un autre instrumentiste a le droit à une bonne formation bien approfondie et non pas le
mandoliniste ? Il faut arrêter maintenant la « discrimination instrumentale », la science évolue
sauf la tolérance et la sagesse humaine.
En espérant que quelques « illuminés » aient entendu le message, le but est que la
mandoline retrouve sa place et ses lettres de noblesse dans la vie musicale actuelle mais
également auprès des mandolinistes, qui à tort et à travers lui font plus de mal que de bien.
« La musique est à la fois un sentiment et une science.
Elle exige de la part de celui qui la cultive, exécutant ou
Compositeur, une inspiration naturelle et des connaissances
Qui ne s’acquièrent que par de longues études et de
Profondes méditations. La réunion du savoir et de
L’inspiration constitue l’art. »
Hector BERLIOZ, A travers chants, 1862
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La mandoline dans l’enseignement
Choix, plectres, cordes
Avant toute chose il faut que l’instrument de l’élève soit en condition de bien
« fonctionner », car une mauvaise mandoline, par exemple de forme plate, sera très difficile à
tenir et en plus la différence entre les registres ne sera guère perceptible. Il vaudra donc mieux
se faire conseiller par un bon luthier.
Il faudra observer certains aspects : finissage très propre de l’instrument, le manche
droit, la hauteur des cordes par rapport au chevalet, sonorité, registres. La mensuration de
l’instrument ne pourra pas dépasser les 33 cm, la largeur du manche ~28mm.
Ecart entre les cordes au chevalet devra être de : 9mm
Ecart entre les cordes au sillet devra être de : 4mm
Pour produire un « beau son » il faudra employer un plectre qui soit à la fois dur mais
aussi élastique. Un plectre plus fin donne l’impression qu’il se joue plus facilement.
Malheureusement le son sera très dur, fin et donnera l’opportunité aux parasites de s’y mêler.
Une bonne tenue de l’instrument est à mes yeux le plus important. Une peau en cuir ou
en plastique antidérapante aidera l’élève à bien tenir entre ses jambes la mandoline. Il faudra
bien observer, surtout pour les jeunes élèves, que la chaise corresponde à la morphologie du
jeune musicien. De même il faut que l’élève assiste au début avec le professeur à une séance
consacrée à « faire un plectre », à corriger le chevalet, à mettre les cordes, etc…..
La mandoline dans la pratique instrumentale
Dans la pratique instrumentale une place très importante sera donnée à la musique
de chambre. Cet aspect doit naître dès le plus jeune âge. Le jeu d’ensemble entre
mandolinistes, guitaristes, flûtistes, percussionnistes ou autres éveillera une musicalité
positive et aidera l’élève à gérer ses premiers contacts humains. Cet aspect social est à mon
avis le meilleur chemin vers l’épanouissement personnel entre élèves. Il ne faut pas oublier
que ces mêmes élèves joueront tôt ou tard dans un orchestre à plectre et donc cette préparation
est des plus importantes. Une bonne alternative qu’il ne faut pas négliger est l’approche
également de la mandoline dans la musique populaire. De très bons exemples sont la musique
irlandaise ou d’Amérique du Sud. De même nous trouvons des interprètes très bons dans le
jazz.
L’enseignant devra bien remarquer quel style de musique convient le plus à chaque
élève. Mais il ne faut pas oublier que la base sera toujours classique. Une bonne alternative est
également la chanson accompagnée comme au XVIIIème siècle, car de cette façon on utilise
les techniques d’arpèges toutes confondues. Pour le jeu d’ensemble dès le plus jeune âge il
n’existe pas beaucoup de compositions originales, c’est pourquoi il faudra utiliser de la
littérature pour violon ou flûte. A partir du cycle inférieur-moyen on trouve d’innombrables
œuvres pour duo-trios-quatuors, etc…Cependant de nos jours il y a certains compositeurs qui
s’intéressent de très près aussi à la pédagogie infantile.
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Aspects de l’enseignement de la mandoline
Le but principal de l’enseignement est que l’élève prenne goût au jeu de la mandoline.
Il faut qu’il aime le son, le timbre. Il doit sentir que le professeur s’occupe de lui et surtout
qu’il se rende compte qu’il avance bien à son rythme personnel. Au début il est intéressant de
remarquer que l’élève travaille bien ou mieux en petits groupes de 2 à 4 (maximum). Ceci
facilitera les contacts humains et favorisera en lui un éveil pour le jeu d’ensemble ou pour la
musique de chambre, elle aussi très importante. Egalement un aspect négligé depuis des
lustres est l’improvisation. Elle devrait occuper une place privilégiée au sein de
l’enseignement. Le professeur devra donner beaucoup de valeur à la position de l’élève. Les
fautes qui se « glisseront » au début seront très difficiles à corriger dans le futur. Même le
professeur devra s’améliorer dans son enseignement au cours des années car par ses fautes
pédagogiques il pourra apprendre les raisons pour lesquelles il s’est trompé et ainsi, avancer
dans la quête de la « vérité ».
Pour les jeunes élèves un petit journal de classe (cahier de textes) ne serait pas à
négliger pour pouvoir observer l’évolution de son travail. En tout cas il est clair et certain que
les résultats positifs ne seront visibles et audibles qu’en ayant de la patience et de la
persévérance pendant de nombreuses années. Ce sera donc un résultat réciproque : sans la
complicité de l’élève on n’arrivera à rien. Un point intéressant est l’enregistrement sur
cassette. Il facilite la correction des fautes ainsi que l’écoute en apportant de la satisfaction
personnelle pour son travail.
Relation et travail avec un modèle d’enseignement
On entend par modèle d’enseignement un « programme » personnalisé attribué à chaque
élève et ayant comme but son parcours musical et son avancement. Dans l’enseignement on
distingue trois phases importantes :
1. cycle inférieur
2. cycle moyen
3. cycle supérieur
Tous ces cycles sont évolutifs avec le temps car les progrès des élèves varient d’un
individu à l’autre. Il est important d’avoir un programme préétabli, pour les grandes lignes,
mais qui servira que d’orientation car le professeur doit à ma connaissance s’en servir mais
également l’adapter à chaque élève en y ajoutant de nouvelles méthodes ou œuvres.
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Approche du répertoire
Méthodes, Etudes, Oeuvres
En ce qui concerne les méthodes, le professeur devra bien les connaître et les avoir
étudiées lui-même avant de les faire travailler à son élève. On trouve des méthodes pour le jeu
d’ensemble, ici le professeur devra élargir son champ de travail en y incluant les méthodes de
Dittrich/Socha et Marga Wilden-Hüsgen. La méthode de Raffaele Calace n’est employée qu’à
partir du cycle moyen. Les méthodes de Leone/Denis/Fouchetti et Corrette (édition en fac-
similé) serviront aux élèves du cycle supérieur pour connaître et étudier la pratique
instrumentale du XVIIIème siècle.
Les études seront nécessaires pour travailler certains aspects purement techniques. Par
exemple « La Scioglidita » de Carlo Munier, « Technische Studien für Mandoline » de Marga
Wilden-Hüsgen, etc…
Le professeur aura un choix énorme d’œuvres appartenant au répertoire original pour
mandoline seule ou en duo, trio, quatuor, orchestre, etc…Il est très important de faire jouer à
l’élève des compositions de toutes les époques (baroque, classique, romantique, néo-
classique…) et surtout il ne faut pas négliger la musique dite « contemporaine » ou dans un
langage musical moderne.
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Le trémolo
Analyse des six méthodes de l’époque classique
Giovanni Fouchetti, 1760
Giovanni Battista Gervasio, 1767
Gabriele Leone, 1768
Pietro Denis, 1768
Michel Corrette, 1772
Bartolomeo Bortolazzi, 1805
Le trémolo au 18ème siècle
De nos jours le plus caractéristique de la mandoline est le « trémolo ». Mais en
premier lieu il serait d’une grande sagesse de vérifier ce que les maîtres de mandoline du
18ème siècle en disaient. Il s’agit en fait sur le plan technique de répétitions de coups de plectre
de haut en bas (ou l’inverse) sur une même note ou plusieurs. Voyons les citations les plus
importantes et les plus caractéristiques :
Gabriele Léone :
« Le trille » (trémolo) est mal défini « L’attaque se fera du haut vers le bas dans la même
note [répétition du même son en contre-plume] pour pouvoir prolonger la durée du son. Il
aide à décrisper le poignet. Les virtuoses développent cette technique en la langeant avec
des cadences et des appoggiatures. »
Pietro Denis :
« Comme l’instrument ne peut pas soutenir les notes trop longtemps, on utilise plusieurs
coups de plectre du haut vers les bas en nombre impair. Le trémolo (trille) ne s’utilise jamais
quand on joue des œuvres originales pour mandoline. »
Giovanni Fouchetti
« La mandoline doit imiter le clavecin et la harpe et ne doit être employée que pour soutenir
les longues notes ». Un aspect important de Fouchetti est le suivant : « quand dans un
morceau se trouvent plusieurs notes blanches, la première seulement sera trémolée et les
autres sans trémolo afin d’éviter un mauvais effet…. » Cet aspect est vraiment d’une
importance historique car cela veut dire que le trémolo n’a pas été employé comme « porteur
de mélodie » à l’époque classique mais comme simple agrément. Voir citation dans sa
méthode page 6 (éd. Minkoff) le terme « pétacheux ».
Giovanni Battista Gervasio
Il préconise dans sa thode que toutes les notes longues doivent êtres jouées avec des
« trilles ». Les blanches se jouent toujours en contre-plume rapide. Toutefois, Gervasio ne
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