Au départ, un instrument populaire peu
considéré qui trouve peu à peu sa place
dans l’orchestre
Au 16ème siècle lorsque le violon apparaît en Italie,
c’est un instrument populaire joué par des musiciens
ambulants, ménétriers et violoneux, qui animent les
danses et les bals.
C’est toujours en Italie au début du 17ème siècle
que le violon trouve sa place comme instrument de
concert. En France, Louis XIII crée «la Bande des
24 violons du Roy» en 1626, doublée en 1656 de la
«Petite Bande» sous l’impulsion de Lully.
Mais c’est véritablement à partir du 18ème siècle que la
place du violon dans l’orchestre est valorisée avec des
compositeurs comme Couperin (1668 -1733) et des
violonistes compositeurs comme Leclair (1697-1764).
A l’origine de trois grandes écoles de
lutherie européenne : italienne, allemande
et française
C’est à Crémone que se développe l’école italienne
de lutherie. André Amati (1535-1610) est le premier
à fabriquer des violons de qualité. Son fils Nicolas
(1596-1684) effectue les progrès nécessaires tant so-
nores qu’esthétiques. La lutherie crémonaise atteint
son apogée avec Antonio Stradivari (1664?-1737).
Jacob Stainer (1621-1683) et Léopold Widhalm
(1722-1776) sont parmi les plus appréciés des pre-
miers luthiers allemands. L’école allemande va se
développer à Mittenwald en Bavière.
A Mirecourt, le premier contrat d’apprentissage
connu est établi en 1629. La ville devient le centre
d’apprentissage de nombreux luthiers français à
partir du 19ème siècle.
Aujourd’hui encore la formation des jeunes luthiers
s’effectue principalement dans ces trois villes euro-
péennes.
A la forme normalisée
Trois grandes périodes marquent les changements de
structure du violon, baroque, classique et moderne.
Elles répondent aux exigences techniques
des violonistes ainsi qu’aux nouvelles conditions de
diffusion de la musique – dans des salles de plus en
plus grandes. Pour une sonorité plus puissante on
remplace les cordes en boyau de mouton par des
cordes métalliques qui augmentent la force exercée
sur la caisse. Il devient alors nécessaire d’allonger la
barre d’harmonie pour résister à cette tension.
Au 19ème siècle, de nombreux brevets d’inventions
sont déposés pour améliorer les performances so-
nores de l’instrument. Certains ingénieurs, médecins
ou luthiers, sur la base de principes acoustiques, ten-
tent d’innover en proposant de nouvelles formes de
violon. Citons Félix Savart (1791–1841) avec le violon
de forme trapézoïdale présenté à l’Académie des sci-
ences et à l’Académie des beaux-arts en 1819 mais
aussi François Chanot avec le violon sans coins ou
violon guitare. Ces tentatives sont restées sans suite.
Amplifié dans les musiques actuelles
L’hégémonie des cuivres dans les ensembles de mu-
siques populaires oblige les violonistes et les luthiers
à trouver des solutions techniques pour adapter
l’instrument à ces formations orchestrales de plus en
plus importantes et sonores !
Dans les années 1925, l’utilisation des micros
magnétiques et des amplificateurs est appliquée au
violon. Mais les premiers violons électroacoustiques
n’ont pas le succès des premières guitares ampli-
fiées. Une première solution arrive avec les micros-con-
tact, d’abord magnétiques puis piézo-électriques ; fixés
sur l’instrument, ils captent directement les vibrations
de la table ou du chevalet. Ils permettent le retour du
violon dans les musiques de jazz, de folk et de rock.
On fabrique aujourd’hui des violons électriques à
caisse pleine : conçus pour la scène et le studio, ils
libèrent le musicien des problèmes de sonorisation
et lui permettent d’exprimer pleinement la sensibilité
des cordes frottées dans les contextes musicaux
contemporains.
On trouve référence de l’ancêtre de la guitare dès
le 13ème siècle dans les enluminures espagnoles.
Et c’est précisément en Espagne que l’instrument
prend son essor. Avec le temps, les formes de la
guitare évoluent : ses courbes s’arrondissent, sa taille
s’affine et les éclisses, perpendiculaires à la table, dis-
tinguent peu à peu la guitare des autres instruments
de la même famille, tels le luth et la mandoline.
Des premières guitares aux guitares
romantiques
La première guitare conservée équipée de six cordes
simples est construite à Orléans en 1773 par le lu-
thier François Lupot, originaire de Mirecourt et père
du célèbre luthier Nicolas Lupot.
La facture de guitare apparaît à Mirecourt vraisem-
blablement au cours du 18ème siècle. Vers 1850, on
y réalise la plupart des guitares françaises, malgré
la présence à Paris de deux luthiers de renom, René
Lacotte et Etienne La Prévotte, nés tous deux à Mire-
court à la fin du 18ème siècle.
L’instrument à cette époque est un peu plus petit
que la guitare classique actuelle, sa taille est étroite,
la longueur des cordes en boyau est plus courte, le
manche est étroit et fin. Elle a un son plus clair que
de nos jours. On appelle aujourd’hui ces guitares des
«guitares romantiques ».
La guitare classique
C’est Antonio de Torres Jurado, luthier espagnol du
19ème siècle, qui donne corps à la guitare classique
moderne en accentuant les dimensions de la guitare,
tout en lui conservant une taille bien resserrée.
Il utilise des matériaux plus légers, des tables plus
fines. Il développe surtout le barrage. Constitué
de fines pièces de bois disposées à l‘intérieur de
l’instrument, le barrage consolide la table de la
guitare tout en lui laissant le maximum de liberté de
mouvement. Les guitares classiques sont montées
avec des cordes en boyaux ou en nylon.
Vers 1900, on observe une époque de transition : les
catalogues de la maison Thibouville de 1887-1893
et de 1912 et celui de la manufacture d’armes et de
cycle de Saint Etienne de 1914 proposent encore
des instruments des deux genres : les «guitares ro-
mantiques» et les «guitares espagnoles».
Les guitares d’aujourd’hui
Pour que le volume sonore des guitares puisse riva-
liser avec celui des autres instruments, les luthiers
américains, sollicités par les musiciens, inventent
la guitare montée avec des cordes en métal, soit
la guitare acoustique à table plate ou «flat top» ou
la guitare à table bombée et aux ouïes en « f » ou
«arch top» qui dérive des techniques de fabrication
employées pour le violon (table et fond sont voûtés,
sculptés dans une pièce de bois massive).
La naissance et l’évolution de la guitare électrique
sont d’origine américaine. Le micro tient lieu de point
commun entre toutes les guitares électriques.
La guitare électrique est dotée d’une caisse creuse
(électro-acoustique) ou d’une demi-caisse ou quart
de caisse (selon la hauteur des éclisses) ou d’une
caisse pleine (solid body), d’un manche pourvu de
barrettes et de 4 à 12 cordes.
Dans les années 1980, pour agrandir la palette
sonore des guitaristes, la guitare est dotée
de capteurs et de convertisseurs pouvant
piloter des synthétiseurs
ou des modules de sons en MIDI ou
Interface Numérique pour Instruments
de Musique, le langage de communications
des synthétiseurs et ordinateurs musicaux.
On convertit le signal analogique
provenant de la guitare en message
électronique compatible avec les
entrées des synthétiseurs.
C’est la guitare synthétiseur.
A chacun son style (violons) A chacun son style (guitares)
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