FICHE DE LECTURE 1/2
COUDRAY Marie-Ange, Le cadre soignant en éveil : la fonction d’encadrement au
défi de la quête de sens_ Paris : Editions Seli Arslan 2004.
Biographie
Conseillère pédagogique nationale à la Direction Générale de l’Offre de Soins.
Auparavant directrice de l’Institut de formation des Cadres de Santé de Ste Anne.
Rôle de liaison entre la DDASS, la DRASS et toutes les écoles paramédicales. En charge de la refonte des
filières de formation des professions paramédicales, elle a conduit la réflexion des groupes qui ont
participé à l'élaboration du nouveau référentiel de formation des infirmiers.
A participé aux travaux interministériels comme le plan Alzheimer et la Validation des Acquis de
l’Expérience.
A également publié Le défi des compétences.
L’ouvrage étudié se présentant en 2 parties, réunit des chapitres qui ont comme fondement la
question du soin et sa place dans la fonction d’encadrement, celle-ci faisant de plus en plus appel à des
compétences de manager.
La première partie met en lumière la deshumanisation des soins engendrée à la fois par :
- l’évolution des technologies médicales et la modernisation des hôpitaux,
- la hiérarchisation des actes de soin selon chaque catégorie professionnelle et leur nature,
- la structuration des métiers de la santé.
Dans les années 50, la nature des soins relevait à la fois du confort du patient et de l’aide à la profession
médicale le tout reposant sur les qualités humaines de linfirmière telles que le dévouement, la perfection
et le courage.
Aujourd’hui, les infirmières se cachent derrière les soins techniques, ayant peur de leurs propres émotions
parfois renvoyées par les patients, occultant la parole, n’osant plus communiquer sur ce qui touche
vraiment le patient, ce qui remet en question le soin et plus précisément ce que signifie aujourd’hui
prendre soin.
Ce malaise infirmier est né selon Marie-Ange Coudray :
- du décalage évident entre l’idéal infirmier que des textes ont légitimé et la réalité des soins
vécue dans les services ainsi que l’emprise de la science médicale au profit de la science
humaine,
- de la pénurie de personnel et des conditions de travail,
- des bouleversements des valeurs sociales de la société actuelle et de l’évolution des besoins de
santé (allongement de la durée de vie, précarité, solitude, chômage).
Elle nous amène à réfléchir sur le lien qui pourrait être fait entre la théorie et la pratique, en abordant par
exemple en Institut de Formation en Soins Infirmiers les notions telles que le sentiment d’impuissance,
d’incertitude ou encore la non-reconnaissance, qui pourraient donner aux soignants la possibilité de
mettre des mots sur ce qu’ils ressentent et qui les enferment parfois dans des sentiments de culpabilité
entrainant cette communication auprès des patients parfois si superficielle voire n’ayant aucun sens.
L’auteur reprend ensuite l’histoire des soins infirmiers en insistant sur le fait que les assistantes sociales et
les infirmières recevaient jusqu’en 1938 une formation commune et que la rupture entre le sanitaire et le
social serait peut-être à l’origine de la difficulté des soins infirmiers aujourd’hui.
Elle nous parle également chronologiquement de l’ouverture de la première école des cadres en 1951
jusqu’en 1995 avec la création du premier Institut de Formation de Cadres de Santé rassemblant la
fonction de management et de formation.
Ceci nous montre que l’évolution de carrière de l’infirmière tend plus vers des fonctions de management
plutôt que vers l’approfondissement de ses connaissances et qu’aujourd’hui celle-ci travaille toute sa
carrière avec le même diplôme d’état sans aucune remise en question de sa pratique professionnelle.
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FICHE DE LECTURE (suite)
COUDRAY Marie-Ange, Le cadre soignant en éveil : la fonction d’encadrement au défi de la quête de sens.
En deuxième partie, l’écart avec la réalité du terrain est également mise en avant mais cette fois-
ci à travers le rôle du cadre de santé ; suite à l’étude, réalisée par Marie-Ange Coudray en 2003, de lettres
de motivation de candidats pour l’entrée en IFCS où l’on peut constater que la fonction de cadre de santé
y est idéalisée en contraste avec les entretiens menés par l’auteur un an après la sortie de ces nouveaux
diplômés où deux sentiments sont mis en évidences : l’isolement et la non-reconnaissance, expliqués par
le fait que le cadre a de plus en plus de missions transversales le rendant de moins en moins présent
auprès de l’équipe soignante et des soins portés aux patients.
Ce qui nous amène alors à la question suivante : faut-il que le cadre soit soignant ?
D’autant plus que depuis la création d’un corps de cadre de santé en 2001(décret 2001-1375 du
31/12/2001) réunissant les 3 filières; infirmières, médico-techniques et rééducation, la formation
d’encadrement reçue est identique.
De ce fait, ces cadres de proximité quel que soit leur métier peuvent gérer des activités et du personnel.
C’est donc autour de la fonction de gestion et de management que sont réunis les professionnels dits
paramédicaux et non autour de la fonction soignante.
Le risque est que la pensée soignante soit négligée d’où l’idée de créer des filières universitaires sur la
clinique soignante qui atteigne le niveau de doctorat pour ainsi faire évoluer à la fois les pratiques
cliniques et l’enseignement dans le domaine du soin.
On peut ainsi imaginer dans les services, un professionnel experte en soins qui s’occuperait de guider le
personnel dans leur cheminement soignant tandis que le cadre s’occuperait de la logistique et de la
gestion des moyens, d’où la place des infirmières cliniciennes.
On s’aperçoit alors que l’enjeu aujourd’hui pour le cadre de santé formateur, est d’apprendre aux
étudiants à adapter la technique et la science à l’être humain souffrant et à ne pas se figer dans la maitrise
des situations par l’application de connaissances qui pourraient tout résoudre.
Utiliser ce que les étudiants rapportent des terrains de stage permettraient une évaluation et un
réajustement permanent de la théorie apportée en institut de formation et de la pratique vécue en situation
elle dans les services.
On retrouve la notion du prendre soin également dans le métier de formateur, non pas en ayant d’action
soignante mais en se mettant à la disposition de l’étudiant, il prend en quelque sorte soin de celui-ci.
Cadre de santé dans les services et formateurs demandent donc la même exigence: l’attention à la
personne soignée et formée.
Un acte soignant est celui qui se préoccupe de la personne soignée, il produit un résultat quand le
soignant et le soigné partagent les idées sur le but que va être le moment du soin.
Ce qui compte pour prendre soin, c’est la démarche soignante, le regard posé sur la personne soignée et la
volonté de travailler dans le sens d’une prestation de soin adaptée à une personne unique ayant des
besoins spécifiques.
Suite à la lecture de cet ouvrage, je pense également qu’afin de donner du sens à la fonction cadre
de santé, il ne faut pas faire le deuil de son métier initial car le regard soignant est essentiel à la fois pour
comprendre la personne soignée et pouvoir écouter l’équipe.
Plus l’activité du cadre de santé consistera à faire des actions qui demandent une compétence en
organisation jusqu’à devenir la compétence exclusive, plus il faudra en tirer des leçons quant au statut de
la personne qui tient ces fonctions d’encadrement.
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