Introduction Comme beaucoup d’élèves entrant dans un nouveau cursus, le métier de l’infirmière reste un monde inconnu par les étudiants qui passent le concours d’entrée des IFSI. Le plus souvent, ils sont motivés par le côté relationnel de ce métier : aider les autres, être utile… « La relation est au centre des professionnels de santé » : 1(manque la page) Infirmière, médecin, aide soignante, kinésithérapeute, sage femme, élève infirmier, externe… Lors de mon concours, je percevais l’infirmière comme quelqu’un qui apporte quelque chose au patient le temps de son hospitalisation, représentant un acteur provisoire dans la vie de celui-ci et ne s’attachant pas à lui. L’essentiel pour moi était ce qu’elle avait pu lui apporter. Puis au cours de la formation, on apprend qu’il faut garder une « distance » dans la relation avec le patient. Distance et recul qu’au fond, on ne se représente pas vraiment. Je restais donc dans cette vision de l’infirmière qui restait distante du patient. Jusqu’où jour où lors d’un de mes stages, une situation avec un de mes patients m’a fait totalement remettre en question mon point de vue… Situation de stage La situation que j’ai vécue en stage s’est déroulée dans un servie ce Médecine lors de ma première année de formation. A mon arrivée dans le service, en vue de mon niveau et afin de perfectionner mes acquis dans les soins du rôle propre, je commence à travailler une semaine en collaboration avec les aides soignantes. Comme dans beaucoup de services hospitaliers, le travail était réparti entre le personnel où d’un côté et de l’autre du service se trouvait plus particulièrement une infirmière et une aide soignante pour prendre en charge les patients. Lors de cette première semaine, je travaillais avec une aide soignante qui effectuait les mêmes horaires que moi, plusieurs jours consécutifs du même côté de service. Chaque matin, nous effectuions les toilettes des patients ensemble. C’est avec elle que je pris en charge les soins d’hygiène de Mr N. Mr N était hospitalisé dans le service pour une pathologie lourde nécessitant un isolement septique et avait de nombreux antécédents. Son état de santé nécessitait donc beaucoup de soins et de précautions. Malgré tout, chaque matin, alors que nous parlions beaucoup lors de sa toilette, je trouvais qu’il gardait un moral positif, un sens de l’humour face à sa maladie. J’avais par ailleurs le sentiment que nous lui apportions un soutien psychologique par notre présence et que je lui apportais quelque chose. Après une prise en charge répétée sur plusieurs jours, c’est instauré une complicité particulière entre lui et moi, favorisée par nos discussions et la bonne entente que j’avais avec l’aide soignante qui travaillait avec moi. La semaine suivante et jusqu’à la fin de mon stage, je partis travailler avec les infirmières de l’autre côté du service suite à l’arrivée d’autres stagiaires. Je n’ai donc pas continué à prendre ne charge Mr N pour ses soins infirmiers. Cependant, pendant cette période, l’aide soignante avec qui j’avais travaillé me raconta qu’il avait remarqué mon absence lors de sa toilette et qu’il m’avait réclamé. Malgré que je ne prenne plus en charge Mr N, je lui rendais tout de même visite lorsque je le pouvais. 1 MANOUKIAN Alain, Pratiquer…la relation soignant soigné , Moulins les Metz : Editions Lamarre, 1995, p J’appris lors des transmissions quelques jours plus tard, que son état de santé s’était amélioré et qu’il serait transféré dans un service de soins de suite. Le jour de son départ et à la fin de mon quart, je lui rendis une dernière fois visite. Lors de la dernière semaine de mon stage, j’ai été amenée à aller porter un examen dans un autre service, situé un étage en dessous du mien. Le service accueillait notamment des patients ayant décompensé leur pathologie et était identifié comme un service de réanimation. Le service était petit avec peu de chambres et chacune de celles-ci avaient des baies vitrées. Il était donc possible de voir les patients. C’est en passant dans le couloir que je vis par hasard Mr N hospitalisé. Après un moment d’étonnement et de tristesse, j’hésitais à lui rendre visite et à savoir le motif de cette nouvelle hospitalisation. Finalement, je décidais de ne pas le faire. Mes raisons étaient multiples. Tout d’abord, la peur de connaître le motif de sa décompensation et peut être l’annonce d’une pathologie grave ou d’une fin de vie. De plus, je me questionnais sur la relation soignant/soigné : est que la relation instaurée serait allée trop loin si j’étais allée le voir ? Par ailleurs, je n’arrivais pas à me situer dans ce service qui n’étais pas celui de mon stage. Après être partie du service, j’ai continué à ressentir une certaine tristesse pendant quelques jours et je n’ai pas pris l’initiative d’en parler avec l’aide soignante qui avait travaillé avec moi. Je n’ai jamais revu Mr N ni su ce qui lui était arrivé mais je n’ai pas regretté ma décision en pensant aux éventuelles conséquences qu’auraient eu une probable visite. Constats : - Je soignant prend en charge les soins d’hygiène de Mr N Mr N se trouvait en isolement septique Lors de la toilette, je parlais beaucoup avec Mr N Ne prenant plus en charge Mr N, je continue à lui rendre visite de façon répétée le temps de son hospitalisation Après sa sortie, je revois par hasard Mr N, hospitalisé en réanimation par l’intermédiaire des baies vitrées situées dans la chambre Je me trouve alors dans un service étranger Je me questionne sur la relation instaurée avec Mr N Je décide de ne pas aller le voir Question de départ : Lors d’une prise en charge infirmière, quelle distance donner à la relation pour un bon équilibre entre le soignant et le soigné ?