l’Église, dont la construction de la basilique du Sacré-Cœur à Paris fut l’illustration la plus
spectaculaire. Elle lutta avec une insigne maladresse contre les radicaux et les républicains,
dont la presse fut soumise à une censure aussi impressionnante qu’inefficace. De plus, le
comte de Chambord, enfermé dans ses principes, rendait impossible tout retour à la
monarchie. En attendant, le président du Conseil, le duc de Broglie, fit voter l’allongement
à sept ans du mandat présidentiel (19 novembre). Ce faisant, il se coupait des « chevau-
légers » qui votèrent avec les républicains et firent tomber le gouvernement. Pendant ce
temps, les républicains avaient progressé, d’élections partielles en élections partielles ; une
mouvance bonapartiste se reconstituait même. Ce fut une coalition hétéroclite de radicaux,
du centre gauche, d’orléanistes qui négocia la forme du régime qui devait être donné à la
France.
Le 30 janvier 1875, l’amendement Wallon entérina définitivement la IIIe République ; par
353 voix contre 352, il fut décidé que le président de la République serait élu pour sept ans
par la Chambre des députés et le Sénat réunis en congrès. Les autres lois constitutionnelles
furent votées jusqu’au 16 juillet. Le nouveau régime, sans préambule, reposait sur une
succession de textes relativement vagues, adaptables à toute situation : par exemple, le
président, irresponsable, élu pour sept ans, ressemble tout à fait à un monarque
constitutionnel. Le Sénat fut souhaité, pour des raisons diamétralement opposées, par
Gambetta et par Broglie. Il s’agissait d’un régime parlementaire dans lequel les ministres
étaient solidairement responsables devant les deux Chambres du Parlement. Il s’agissait
aussi d’un régime préservant soigneusement, Conseil d’État compris, les organes de
l’administration.
Contrairement aux espoirs des conservateurs monarchistes, les progrès républicains
continuèrent ; le Sénat même connut un certain équilibre des représentations politiques.
Mac-Mahon fut confronté aux échecs répétés de ses gouvernements devant la Chambre. Il
tenta, pour diviser les républicains, de nommer Jules Simon président du Conseil ; le
16 mai 1877, celui-ci fut contraint de démissionner. Le 20, les républicains signèrent le
manifeste des 363 contre une « politique de réaction et d’aventure » ; le 16 juin, Mac-
Mahon obtenait du Sénat, avec difficulté, la dissolution de la Chambre.
Les élections, malgré les multiples mesures techniques et politiques prises par le ministère
de l’Intérieur pour faire battre les républicains, confirmèrent leur implantation : les 363
s’étant présentés, il y eut 323 élus et, à droite, les bonapartistes étaient une centaine
contre une cinquantaine de légitimistes. Mac-Mahon dut reconnaître les limites des
pouvoirs du président et accepter un gouvernement de centre gauche dans lequel un
radical, Freycinet, obtenait les Travaux publics. Les élections suivantes, municipales et
surtout sénatoriales en janvier 1879, confirmèrent les victoires républicaines : les
conservateurs ayant été mis en minorité à la Chambre et au Sénat, Mac-Mahon
démissionna le 30 janvier. Les républicains avaient déjà choisi son successeur : Jules Grévy
devint le deuxième président de la IIIe République.
La république faisait maintenant consensus dans l’électorat, à quelques régions près. Le
débat politique allait désormais, essentiellement, opposer entre eux des républicains
modérés, radicaux ou socialistes. La victoire de la république, largement liée au sens