ous le terme d’allergie au latex, on désigne souvent
aussi bien les réactions pseudo- allergiques
(irritations) que les réactions allergiques véritables. Alors
que les réactions d’irritation sont imputables à l’effet
cutané de facteurs physiques (particules pulvérulentes)
ou chimiques (pH, occlusion), les
allergies véritables s’expliquent par des
réactions immunitaires excessives vis-à-
vis des constituants du gant. Parmi les
réactions allergiques aux gants à usage
médical, on distingue les allergies de
type I et les allergies de type IV.
Les allergies de type IV (à médiation
cellulaire) sont en principe imputables à
des produits chimiques utilisés lors de la
fabrication des gants. Ces allergies
impliquent essentiellement les accéléra-
teurs de vulcanisation, et notamment les
thiurames.
De nombreux composés chimiques sont
présents dans les gants en latex et dans les gants non
latex. Les réactions de type IV peuvent par conséquent
survenir aussi bien avec des gants en latex artificiel
qu’avec des gants en latex naturel.
Número 4 2004
Les allergies au latex provoquées par
les gants à usage médical, diagnostic
et dosage des protéines
Pour les gants à usage médical, le problème des allergies au latex reste d’une
actualité brûlante. Selon la norme européene EN 1441, les fabricants sont
tenus d’effectuer une analyse de risques qui, comme le précise la norme EN
455-3, concerne aussi le potentiel allergénique des gants. Cette dernière
norme décrit les méthodes classiques de détermination quantitative des
protéines contenues dans les gants en latex. De nouvelles techniques
commencent aussi à entrer dans la pratique courante, mais l’utilisateur en
ignore souvent la pertinence. Plus d’information avec SEMPERMED.
S
Lorsque des antigènes pénètrent dans l’organisme, le cellules du système immunitaire produisent des anticorps spécifi-
ques (immunoglobulines). Ces derniers s’accumulent sur les mastocytes et les sensibilisent. Lors d’un contact ultérieur,
les mastocytes seront capables de capturer «leurs» antigènes et il se produira une libèration d’histamine, totalement
incontrôlée chez le sujet allergique.
Antigéne Immunglobuline (Ig E)
Cellule immunitaire Mastocyte Mastocyte
Réserve
dhistamine
Histamine
Antigène
Ig E À
L
L
E
R
G
I
E
1
2
Les allergies de type I (médiées par les lgE) sont
imputables aux protéines contenues dans le latex. À
l’heure actuelle, il est possible de réduire la concentration
de ces protéines dans les gants produits mais il reste
impossible de supprimer totalement ces molécules. Nous
présenterons ici les méthodes de diagnostic les plus
couramment utilisées pour déceler une allergie au latex,
puis les principales techniques appliquées pour
déterminer le potentiel allergénique des gants en latex.
Diagnostic
En présence de réactions allergiques à des gants en
latex, le diagnostic fait appel à des tests in vivo et in vitro.
Diagnostic d’une allergie de type IV
Tableau clinique
Une allergie de type IV se traduit par un eczéma de contact
apparaissant 24 à 48 heures après le contact avec
l’allergène et s’aggravant progressivement. Outre
l’érythème prurigineux, les papules, les vésicules et la
desquamation, l’eczéma de contact allergique se
caractérise aussi par des phénomènes de dissémination,
c’est-à-dire des manifestations cutanées s’étendant sur
toute la zone de contact avec l’allergène (gants en latex par
exemple). Ces caractéristiques permettent de distinguer
clairement ces phénomènes des manifestations d’irritation.
Test in-vivo
Test épicutané ou patch-test
Ce test est pratiqué sur une zone normale non
enflammée du dos. Les substances à tester sont placées
dans de petits réservoirs en aluminium (chambre de
Finn, par exemple) fixés sur la peau à l’aide de bandes
adhésives commercialisées à cet usage. Les substances
à tester sont laissées pendant 48 heures au contact de
la peau, et les réactions sont contrôlées 24 ou 48 heures
plus tard, ainsi que 72, voire 96 heures après
l’application. L’interprétation est effectuée conformément
aux recommandations de l’ICDRG (Groupe de recherche
international sur les dermatites de contact). La
persistance des manifestations cutanées pendant au
moins 48 heures est le signe d’une réaction allergique.
Lorsqu’on soupçonne qu’une allergie peut être imputable
à des gants à usage médical, on teste, outre les
substances habituelles (principaux allergènes de type
IV), les constituants essentiels du caoutchouc ainsi qu’un
échantillon du gant en latex.
Test in vitro
Dans les allergies de type IV, on utilise le test de
transformation lymphocytaire qui repose sur la
stimulation, par l’allergène, de la croissance
lymphocytaire dans le sang du patient. Ce test très
coûteux et difficile à mettre en oeuvre n’est utilisé
qu’exceptionnellement pour le diagnostic.
Diagnostic d’une allergie de type I
Tableau clinique
Contrairement aux allergies de type IV, la
symptomatologie clinique des allergies de type I apparaît
le plus souvent dans les 5 à 30 minutes suivant le contact
avec l’allergène. C’est pourquoi ce type de réaction est
également appelé „ allergie immédiate “. Selon von
Krogh et Maibach, l’allergie de type I comporte quatre
stades qui sont tous présents dans les allergies au latex.
Test épicutané: les substances à tester sont dèposées à l’aide d’une
bande adhésive à réservoirs, prévue à cet effet
Type IV Type I
In-vivo Test épicutané Test-prick
Cuti-réaction
Intradermoréaction
Test par frottement
Test de provocation
test cutané – essai de port du gant
test de provocation bronique –
avec gant poudré
In-vitro Test de transfor- Dosage des IgE spécifiques
mation lympho- Examples: -RAST
cytaire -CAP FEIA
Test de simulationExamples:
Example: -test de libération d’histamine
Tableau 1 (cette liste ne prétend pas être exhaustive)
3
Test in vivo
Parmi les tests in vivo, on compte avant tout les tests
cutanés dans lesquels l’allergène est introduit dans le
tissu conjonctif du derme, qui est riche en mastocytes.
L’allergène déclenche alors une réaction de type
immédiat, mediée par les lgE. La standardisation des
différentes méthodes est délicate car les résultats du test
dépendent de plusieurs facteurs, entre autres de la
quantité d’allergène contenue dans l’extrait déposé sur
la peau ou introduit dans l’organisme, ainsi que du type
de protéine par lequel le patient a été sensibilisé.
Prick-test
Dans le prick-test, l’allergène est
déposé sur la peau de la face
interne de l’avant-bras. Une aiguille
fine, ou une lancette, est utilisée
pour piquer et relever la couche
superficielle de la peau au centre
de la goutte déposée, sachant
qu’aucun saignement ne doit se
produire. La réaction est lue au bout
de 20 à 40 minutes, en respectant
des règles bien définies.
Cuti-réaction
Dans ce test, la peau est scarifiée (sans saignement) à
l’aide d’une lancette d’environ 5 mm de long, avant
l’application de la substance contenant l’allergène. La
lecture des résultats s’effectue comme dans le prick-test .
Intradermoréaction
Ce test consiste à effectuer une injection intradermique
de 0,02 à 0,05 ml d’une solution d’allergène fortement
diluée (selon la substance à tester).Les réactions sont
lues au bout de 20 à 40 minutes, de la même manière
que dans le prick-test. Ce test est cependant rarement
utilisé pour le diagnostic des allergies au latex.
Test par frottement
En cas de risque de réaction allergique majeure (choc
anaphylactique), l’allergène à tester est appliqué par
frottement léger sur la peau. La lecture se fait comme
dans le prick-test mais, en cas de résultat négatif, un
prick-test est effectué à la suite.
Test de provocation
Le test de provocation consiste à mettre le patient en
contact avec le matériel allergénique, dans des
conditions aussi proches que possible de la réalité. En
cas d’allergie à des gants, on peut faire appel à un essai
de port du gant et à un test de provocation bronchique.
Essai de port du gant
Ce test consiste à enfiler le gant (ou uniquement un
doigt) après avoir humidifié la main à l’eau. Le gant est
laissé en place pendant 30 minutes. Les réactions sont
ensuite évaluées comme dans le prick-test. Cette
méthode est surtout utilisée lorsque les antécédents du
Test prick
Cuti-réaction
Intradermoréaction
Evaluation Quaddel-size (mm) Erythem-size (mm)
00 < 3
+2– 3 3 – 5
++ 3 6 – 10
+++ 4 – 6 11 – 20
++++ > 6 (pseudopodia) > 20
Tableau 3: évaluation des réactions au test prick selon Ring (1988)
Tableau 2
Stade I Urticaire de contact localisée
Stade II Urticaire généralisée avec oedème
péri-orbitaire
Stade III Uriticaire et signes muqueux (asthme
bronchique allergique, rhinoconjuncti-
vite oedème laryngé et manifestations
digestives)
Stade IV Choc anaphylactique
4
patient indiquent clairement une allergie au latex mais
que les lgE spécifiques ne sont pas décelables dans le
sang.
Test de provocation bronchique
Ce test comporte une exploration fonctionnelle des voies
respiratoires supérieures et inférieures, en présence d’un
allergène administré par un nébulisateur. Pour les gants,
on utilise généralement la poudre des gants incriminés
dont on sait qu’elle véhicule les protéines allergènes du
latex. Les réactions bronchopulmonaires sont
enregistrées en continu (spirométrie, pléthysmographie
du corps entier, rhinomanométrie).
MISE EN GARDE:
Tous les tests in vivo portant sur des allergènes de type
I doivent être pratiqués exclusivement par des médecins
expérimentés, et à proximité du matériel nécessaire en
cas d’urgence car, même si elles sont rares, les réactions
anaphylactiques ne peuvent être exclues. Le patient et
le personnel des services effectuant ce type de tests
doivent être correctement informés des risques
possibles.
Test-in-vitro
Parmi ces tests, il faut citer le dosage des lgE
(immunoglobulines ou anticorps de classe E) spécifiques
des allergènes ainsi que différents tests de stimulation.
Dosage des lgE spécifiques des allergènes RAST
Le RAST (Radio Allergo Sorbent Test) mis au point par la
société Pharmacia (Uppsala) a été la première méthode
de dosage des lgE spécifiques des allergènes. Par la
suite, lorsque ce test est tombé dans le domaine public,
toute une série d’autres méthodes équivalentes reposant
sur le même principe ont été développées. On a
cependant pris l’habitude d’utiliser le terme „RAST“
comme synonyme de dosage des lgE spécifiques des
allergènes, même si ajourd’hui les anticorps ne sont plus
dosés en utilisant un marquage radioactif.
Dans toutes ces techniques, l’allergène est avant tout fixé
à une phase solide (disque en papier, récipient ou billes
en polystyrène). Lorsque le sérum du patient y est ajouté,
les lgE correspondantes se lient à l’allergène fixé. Après
lavage du sérum, les molécules d’lgE qui se sont ainsi
également fixées peuvent être décelées à l’aide
d’anticorps dirigés contre les IgE humaines (anti-IgE).
Ces anti-IgE sont obtenues par injection d’anticorps
humains chez des animaux de laboratoire. Lorsque ces
anticorps de détection portent un marquage radioactif, la
quantité d’lgE fixées peut être déterminée par un compteur
gamma.Lorsque les anticorps de détection sont marqués
par une enzyme, la méthode comporte également une
réaction enzymatique (immuno-enzymo essai). Après
addition des anti-IgE marqués par une enzyme, on ajoute
une solution qui provoque la formation d’une substance
colorante ou fluorescente. La concentration du colorant est
quantifiée à l’aide d’un photomètre.
Photométrie
Le principe de base de la détermination photométrique
de la concentration consiste à utiliser: un rayon lumineux
d’intensité donnée qui frappe le liquide à tester,
provoquant ainsi une atténuation de la lumière qui peut
être alors mesurée. Une courbe d’étalonnage permet
de déterminer la concentration de la substance à doser.
Test de stimulation (test de libération d’histamine,
par exemple)
Ce test consiste à faire incuber des cellules sanguines
(sang total ou lymphocytes isolés) en présence de
différentes concentrations de l’allergène. Cette procédure
RAST (Radio-Allergo-Sorbent-Test)
Allergène fixé
sur un disque
en papier
Prélèvment du patient
contenant des
IgE spécifiques
Anti-IgE à marquage
radioactif
Complexe allergène-IgE
sur disque en papier
Complexe allergène-IgE-
anti-IgE-sur disque en papier
Rayon lumineux Absorption
Liquide à tester Concentration
Signal de mesure
5
stimule les lymphocytes B qui présentent à leur surface
la molécule d’lgE correspondante, ce qui déclenche la
réaction caractéristique d’une allergie de type I. Il se
produit, entre autres, une libération d’histamine ainsi
qu’une nouvelle synthèse et une libération de
prostaglandines. Ces substances (médiateurs) peuvent
être mesurées, ce qui renseigne sur l’intensité de la
réaction allergique. Ces techniques sont cependant
coûteuses et très difficiles à mettre en oeuvre; elles sont
par conséquent réservées à certains cas particuliers.
Potentiel allergénique des gants en latex
Il existe différentes méthodes dont les unes permettent
de déterminer la teneur totale en protéines des gants en
latex et les autres la teneur en allergènes. Les méthodes
décrites ci-après utilisent les différentes propriétés des
protéines pour connaître le potentiel allergénique des
gants en latex.
Les méthodes de dosage des protéines totales prennent
en compte l’ensemble des protéines solubles contenues
dans un gant en latex, y compris celles qui ne
proviennent pas du latex mais sont ajoutées par certains
fabricants (caséine par exemple).
Dans le latex utilisé pour la fabrication des gants, 240
protéines différentes ont été identifiées à ce jour. Ces
protéines se distinguent essentiellement par leur poids
moléculaire qui varie entre 2 et 200 kilodaltons (kD).
Elles n’ont cependant été mises en évidence que dans
le latex sous forme de matière première et non dans les
extraits préparés à partir de gants en latex. Ces extraits
ne contiennent en effet que quelques-unes des protéines
initiales mais renferment en revanche un grand nombre
de peptides dont la masse moléculaire est inférieure à
10 kD. Dans la mesure où il s’agit de produits de
dégradation des protéines initiales, on peut partir du
principe que, contrairement au latex sous forme de
matière première, toutes les protéines du latex
contenues dans les gants ont une signification
allergologique. Certains allergènes ont depuis lors été
identifiés et leur structure primaire a pu être analysée.
On connaît également en partie la structure primaire de
trois protéines dont le poids moléculaire est
respectivement de 27, 36 et 100-110 kD.
Difficultés de dosage des protéines contenues dans
un gant en latex
Les méthodes usuelles de dosage des protéines sont
prévues pour caractériser les protéines en tant que
constituants principaux d’un échantillon biochimique.
Dans un gant en latex, les protéines ne sont présentes
qu’à l’état de traces (concentrations mesurées en ppm,
c’est-à-dire en parties par million) et celles-ci doivent être
dosées en présence de toute une série de substances
Tous les allergénes sont des antigénes mais la réciproque
n’est pasnécessairement vraie
Allergéne Masse moléculaire (kD) Nb d’acides aminés
Prohévéine
Hévéine (N-terminale)*
Hévéine (C-terminale)*
REF**
Hévamine
Préntyltransférase
20
4,7
14
14,6
29,6
38
187
43
138
137
273
Table 4
* Issue de la prohévéine
** Rubber Elongation Factor, Facteur d’élongation du caoutchouc
Allergène important dans le spina bifida
kD: kiloDalton – unité de masse moléculaire
Protéines allergéniques
IgE
Teneur
totale en
protéines
Protéines
antigèniques IgG
** Mikrogramme de protéines par gramme de latex
* UA = unité arbitraire (non standardisée)
Tableau 5 (cette liste ne prétend aucunement être exhaustive)
Techniques Unités
Méthodes de chimie
analytique -Lowry µg/g**
(teneur totale en protéines) -HPLC µg/g
-Bradford
Méthodes immunologiques -Inhibition du RAST UA*/ml
(teneur en allergènes) -Inhibiton ELISA UA/ml
-LEAP µg/g
1 / 8 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !