Institut Régional de Travailleurs Sociaux de la Réunion Et Université de la Réunion Rapport De Stage Vers un modèle d’économie sociale et solidaire adapté aux Comores En vue de l’obtention du Diplôme Licence en Economie Sociale et Solidaire Sous la Direction de : Docteur Mohamed MOURCHIDI Ali Marianne MIZELLI Sitti KASSIM Jean-Michel SAINGAINY Année Universitaire : 2008-2OO9 1 ARCHIPEL DES COMORES Source : Magazine ILES - n° 37 - Décembre 1994 2 La Grande COMORE Source : Magazine ILES - n° 37 - Décembre 1994 3 Sommaire Préambule Introduction Partie I- Cadre de Référence I- Aperçu historique et politique II- Situation socio-économique A- Ressources Naturelles B- Descriptif de l’économie nationale C- L’état sanitaire et l’emploi Partie II- Le terrain de stage I- Le secteur associatif A- Le monde associatif B- Enquête et observations II- Ministère de tutelle A- Contenu du PRRN B- Actions menées par l’Etat Partie III- Bilan et Perspectives I-Les partenaires identifiés pour la construction d’un modèle solidaire II-Propositions et Perspectives Conclusion 4 Préambule Dans le cadre de ma formation universitaire, j’ai été amené à effectuer un stage. Je me devais de choisir comme terrain de stage soit le Canada, soit une île ou pays de l’Océan indien : Mayotte, Madagascar ou les Comores. Au début je portais ma préférence sur le Canada. En effet, ce dernier étant un pays développé, cela allait me permettre de réunir les meilleures conditions pour obtenir les meilleurs outils pour l’ouverture de mon projet crèche à la Réunion. Mayotte, disposait de l’avantage d’être sur le territoire français. J’ai eu plusieurs fois l’occasion dans ma carrière d’y séjourner. Le champ de l’économie solidaire est amené à évoluer grâce notamment à la départementalisation de ce territoire. En même temps, le décalage, vu de l’extérieur entre Mayotte et ses îles sœurs des Comores à tous les niveaux m’incitait à privilégier l’Union des Comores. En réalité, j’ai la ferme conviction que mieux connaître les Comores, allait me permettre aussi, de mieux comprendre l’évolution de Mayotte. Mon objectif étant d’inscrire mon action dans la durée ; ma rencontre avec son excellence Monsieur Souleymana MOHAMED, Ambassadeur des Comores à Paris et la Secrétaire Particulière de son excellence Ahmed Abdallah MOHAMED SAMBI, Président de l’Union des Comores m’a convaincu d’opter pour les Comores. En effet, malgré les difficultés que traversent les Comores, la dynamique de changement en route est porteuse d’espoir. Les Comores sont une société associative par essence ; dont la solidarité ancestrale reste authentique. Aussi, l’économie solidaire existe bel et bien de longues dates, même si des changements aussi bien structurels que conceptuels sont nécessaires. Il est donc certain que tout programme de développement qui ne s’inspire pas l’architecture sociale serait à mon avis, voué à l’échec. 5 de Pour mener à bien cette étude; il m’a fallut en peu de temps pour m’adapter à ce pays, au combien attirant mais aussi complexe ; pour toute personne qui cherche à véritablement comprendre au-delà des préjugés et idées reçues. Pour mieux entrer en phase avec cette population ; j’ai vécu comme eux (confronté au paludisme ; coupure d’eau et d’électricité, gérer le quotidien avec tous ces aléas) et participé à la vie communautaire (cérémonies religieuses et coutumières). J’ai été accepté non comme un Mzungu (Blanc ; occidental) ; mais comme un des leurs. Ainsi, grâce aussi aux amis que je me suis fais sur place et ma façon d’être; je pouvais accéder de partout (Parents de tous les milieux; Notables; Autorités et citoyen lambda). Ce qui m’a permis de pouvoir être au fait des réalités. Aussi de par mon expérience professionnelle et militant ainsi que ma capacité à prendre du recul ; j’ai pu à bien des moments être d’une utilité certaine. Mon immersion dans cette culture ; plutôt proche de la culture réunionnaise (au moins d’antan) n’aurait pu se faire sans la présence de Abdérémane CHANFI en tant que surveillent général du lycée Saïd Mohamed CHEIK ; ce personnage incontournable connaît parfaitement l’histoire politique, culturelle et cultuelle de son pays et est un militant de toujours pour les causes humanitaires. C’est donc au quotidien qu’il accompagne la jeunesse de ce lycée d’Etat. Saïd MZE personnage très connu dans le milieu cultuel, son père ayant été un enseignant de renom dans l’île. Saïd Mohamed ALI responsable à TÉLÉ COM Moroni très bon cuisinier, qui m’a fait découvrir l’Art culinaire comorien. Je remercie tous ceux qui m’ont permis de réaliser ce stage et parmi eux : Son excellence le Président Ahmed Abdallah SAMBI, l’ambassadeur des Comores à Paris Soulaimana MOHAMED, les chefs religieux et la famille MLANAO plus précisément Nourdine MLANAO en tant que facilitateur et coordonateur de mon action sur le terrain et Marie Zahara Alphonse MLANAO pour son hospitalité; J’adresse aussi ma reconnaissance à ceux m’ayant permis d’avoir une grille de lecture socio-économique du pays et facilitant ainsi mon intégration sociale et la confiance des informateurs, seule garantie pour une vision juste des réalités d’une part et d’autre part, préconiser des réponses adaptables et adaptées issues de ma propre expérience. 6 Parmi eux, je citerai : - Mohamed Larif OUKACHA, Ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Infrastructure, de l’Urbanisme et de l’Habitat, - Docteur Dhoinine IKILILOU Ministre de la Santé, de la Solidarité et de la Promotion du Genre, - Sitti KASSIM, Secrétaire d’Etat auprès de la vice-Présidence chargée de la santé, solidarité et la promotion du genre humain, - le Secrétaire Général du vice-président chargé de la Santé, de la Solidarité et de la Promotion du Genre, Docteur Mohamed MOURCHIDI ; - Ali Marianne MIZELLI, secrétaire Général au Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Infrastructure, de l’Urbanisme et de l’Habitat, - Halima Abdoul KARIM Directrice Nationale de la Promotion du Genre, - Fatouma HADJI Directrice Générale de la Solidarité, - Mohamed Mdjassir ABDILLAH chef de service à la Direction de la Solidarité m’ont ouvert les portes du Ministère de tutelle et de la vice-Présidence de l’Union, C’est grâce à toutes ces personnalités que j’ai pu rentrer en contact avec les différentes autorités et les principaux acteurs du pays. Ensuite une grande pensée à tous ceux que je n’ai pas cité mais qui par leur présence m’ont permis de connaître ce peuple. Enfin je ne pourrais passer sous silence, Marie Claire SAINGAINY-MONGENOTY qui m’a soutenu tout au long de ce stage , riche en expériences. 7 Introduction Durant mes deux mois de stage, je m’étais fixé entre autres comme objectifs : - faire un constat sur les résultats de la coopération régionale et notamment sur le plan sanitaire et social ; de cerner l’action des ONG - évaluer les besoins et les attentes de la population notamment sur le plan sanitaire et social ; - enfin, prospecter des pistes de Formation pour les jeunes. Ce rapport de stage est constitué en trois parties. Dans la première partie, il s’agit d’une part d’avoir un aperçu historique et politique du pays et d’autre part cerner la situation socio-économique. Aussi, connaître les ressources naturelles, l’état de l’économie nationale ainsi que l’état sanitaire et celui de l’emploi aux Comores en constituaient la finalité. La seconde partie est consacrée à mon terrain de stage. Il m’a fallut, primo mener une enquête auprès des associations et autres mouvements afin de mieux comprendre le fonctionnement social. Secundo, j’ai présenté les actions étatiques et plus particulièrement le PRRN – programme de reconstruction et réconciliation nationale-. Enfin, j’expose brièvement les missions que m’ont confiées mes Ministres de Tutelle. - Mohamed Larif OUKACHA, Ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Infrastructure, de l’Urbanisme et de l’Habitat et Docteur Dhoinine IKILILOU Ministre de la Santé, de la Solidarité et de la Promotion du Genre. Dans la troisième et dernière partie, il s’agit de mettre en relief les voies et moyens pour le développement d’une économie solidaire adaptée au contexte et à la réalité comorienne. 8 Partie I- Cadre de Référence I- Contexte et Aperçu historique et politique D’origine volcanique, les Comores, situées à égale distance de l’Afrique et de Madagascar, sont essentiellement formées de montagnes, qui surplombent des plaines côtières étroites. Le sommet le plus élevé, le Karthala (2 361 m) sur la Grande Comore, est un volcan toujours actif dont la dernière éruption s’est produite en 1977. Les îles, soumises à un climat tropical humide, sont exposées à la mousson de l’océan indien de novembre à mai, et aux alizés, qui prévalent le reste de l’année. Les températures vont de 23 °C à 26 °C en moyenne. Les précipitations varient en fonction de l’altitude, Moroni reçoit 2 600 mm d’eau par an, mais le massif du Karthala en reçoit de 6 000 à 8 000 mm par an. La faune et la flore se rattachent à celle de Madagascar (les papillons et les lémuriens). Peuplées, selon la tradition, d’Antalaotres, une population née des contacts entre les populations locales et les immigrants d’Arabie et d’Orient, les Comores sont islamisées à partir du XIIème siècle par les Arabes. Dans le même temps, les premiers Européens, d’abord des Portugais, accostent dans l’archipel, certains d’entre eux entrant comme pirates au service des sultans. L’île d’Anjouan finit par s’assurer la prééminence sur l’archipel, où le pouvoir se trouve parfois aux mains de sultans. En 1843, les Français achètent Mayotte au sultan local (par une rente viagère). Un protectorat est mis en place, élargi en 1885-1886 aux trois autres îles. L’accaparement des meilleures terres par les Européens provoque de grandes insurrections comme en 1889 à Anjouan et en 1902 à Mohéli. Devenu colonie française, l’archipel est rattaché à Madagascar à la veille de la Première Guerre mondiale. Elles deviennent des contrées oubliées et la population se replie sur ses us et coutumes. En 1946, les Comores sont séparées de Madagascar et deviennent territoire français d’outre-mer. C’est sous le Docteur Saïd Mohamed CHEICK que les Comores accèdent à l’autonomie interne à partir de 1961. Ce dernier domine la vie politique local jusqu’à sa mort en mars 1970. Sous la pression populaire relayée par le gouvernement local, la France organise un référendum en 1974 sur leur destinée. Le résultat est sans appel, a plus de 90% le peuple réclame l’indépendance des Comores. Néanmoins le décompte île par île montre que Mayotte a voté à plus de 90% contre l’indépendance. Bien entendu, l’autre partie soutenue par les Nations Unies (par plusieurs résolutions de l’ONU) exige que le décompte soit national. 9 C’est dans ce contexte que le Président du Conseil de gouvernement des Comores, Ahmed Abdallah ABDEREMAN déclare unilatéralement l’indépendance des Comores le 6 juillet 1975. Le 3 août 1975, Ali SOILIH renversa Ahmed ABDALLAH et instaure la République laïque et sociale (75-78). Lors d’un second référendum, en 1976, organisé exclusivement à Mayotte, ce dernier devient une collectivité territoriale française. Depuis 30 ans, l’Etat comorien, soutenu dans cette démarche par les résolutions des Nations Unies, revendique le retour de l’île de Mayotte dans le giron comorien. Un différend qui a toujours fragilisé et empoisonné les relations franco-comoriennes. Depuis leur indépendance, les Comores ont connu près d’une vingtaine de coups d’Etat ou tentative de coups d’Etat. La durée moyenne d’un gouvernement n’excède pas six mois. Le record a été battu durant la période 1990 – 1995 où la durée moyenne d’un gouvernement était de quatre mois. Cette instabilité politique n’a pas permis aux gouvernements successifs de pouvoir mener une réflexion sur le développement. Une situation qui a engendré une certaine méfiance de la part des investisseurs potentiels extérieurs comme intérieurs. Elle a aussi été à l’origine d’une certaine discontinuité dans le suivi des dossiers des investisseurs qui dans la plupart des cas abandonnent le projet qui pourtant ayant été préalablement bien étudié. L’infiltration de certains opérateurs privés dans la vie politique des régimes successifs a créé une atmosphère malsaine au sein du secteur privé avec très souvent une concurrence déloyale. En août 1997, les Comores, déjà imputée d’une de ses îles (Mayotte) connaît une autre crise de type séparatiste sur l’île d’Anjouan. Pendant plusieurs année, l’île ne reconnaissait pas l’administration centrale. Une situation qui n’a fait qu’aggraver l’atmosphère d’une économie déjà très mal au point. En 2OO2, une nouvelle constitution est votée donnant une large autonomie aux îles. Les Comores deviennent l’Union des Comores avec 4 gouvernements, 4 assemblées et l’instauration d’une tournante par île pour la Présidence de l’Union. Malgré ces cadeaux donnés aux séparatistes de tout bord au détriment du bien être de la population, les tensions entre gouvernements des îles et Etat central persistent. Arrivée au pouvoir en 2006, Le Président Ahmed ABDALLAH SAMBI hérite de cette situation et décide de mettre un terme à cette rébellion avec le soutien de la communauté internationale. 10 II- Situation socio-économique A- Ressources Naturelles L’agriculture, principale richesse du pays utilise des moyens rudimentaires et fait face à des contraintes endogènes qui limiteront sa croissance future. Parmi ces contraintes, il y a le problème foncier qui est caractérisé par une diminution progressive des surfaces cultivables sous l’effet de la pression démographique. Sous l’effet des défrichements agricoles dans les hauts, les forêts sont en voie de destruction rapide. Ainsi l’érosion liée à la déforestation et à la surexploitation des sols est une réalité indiscutable. Elle est très grave à Anjouan, compte tenu de l’intensité du peuplement et de la nature du relief (pic). Il y a aussi le morcellement des parcelles agricoles qui empêche toute tentative de production à grande échelle. Les trois principaux produits d’exportation (Vanille, Ylang Ylang et Girofle) sont confrontés à une baisse progressive des prix à l’exportation. La production de la vanille qui constitue 80% des exportations connaît une tendance à la baisse due à la mévente de la vanille fortement concurrencée par la vanille malgache et d’Indonésie. Les producteurs ont cessé de planter de nouveaux vanilliers (éventuellement, ils arrachent les anciens pour les remplacer par une autre culture) ; En second lieu, la vanille comorienne est concurrencée par la vanilline de synthèse qui coûte plusieurs dizaine de fois moins chère. L’avenir du marché de la vanille est conditionné par l’attrait des consommateurs du « naturel » ou « biologique ». C’est ainsi que les Comores se placent sur le marché du « biologique ». L’Ylang Ylang deuxième produit d’exportation après la vanille connaît un marché mondial arrivé à saturation. Les Comores sont premiers producteurs mondiaux ; l’Ylang Ylang est en surproduction dans la mesure où la production potentielle est de l’ordre de 250 tonnes par an, pendant que le marché mondial est de 110 tonnes. Les Comores produisent en moyenne 55 tonnes par an. Le girofle est le troisième produit d’exportation des Comores. Le marché du girofle est hautement instable. Le principal consommateur est l’Indonésie (80% du marché total). Depuis les années 1970, l’Indonésie a étendu sa production de girofle et elle était devenue exportatrice. Il y a actuellement une surproduction du girofle au niveau mondial (80 000 tonnes de production contre une demande de 55 000 tonnes). L’incendie des plantations de girofle indonésien a changé les donnes. La majorité des girofliers des Comores a été plantée il y a vingt ans (âge de pleine production). 11 La culture vivrière maraîchère est de plus en plus pratiquée, et les quelques paysans substituent certaines cultures de rentes traditionnelles (vanille, Ylang ylang, Girofle) à des cultures maraîchères. La culture maraîchère risque de se heurter à un problème d’insuffisance de demande intérieure. D’où la nécessité d’étudier la possibilité d’autres débouchés. Les produits halieutiques Dans les années 1980, deux projets visant à augmenter la prise de poissons ont été initiés et avaient obtenu un financement de l’Union Européenne. Un projet thonier d’une durée de 7 ans (1987 à 1995) a fourni une base d’informations scientifiques d’appréciation du secteur et a permis d’améliorer d’une façon significative les rendements et le savoir-faire des pêcheurs. Un autre projet relatif au développement de la pêche artisanale avec l’introduction des embarcations motorisées a permis le doublement de la production des poissons passant de 6000 tonnes à 13000 tonnes. Ce projet a été couronné de succès ; il concernait la construction de pirogues, en fibre de verre motorisées dont l’efficacité est trois fois supérieure à celle d’une pirogue traditionnelle. Les pêcheurs bénéficiaient d’une formation à de nouvelles techniques, telle que celle de l’utilisation des DCP (Dispositifs de Concentration du Poisson, sortes d’épaves artificielles) et celle de la pêche à la traîne. L’objet de ce projet était aussi de diminuer la pression sur les ressources du plateau littoral (les poissons démerseaux), en surexploitation menaçant les espèces côtières. L’objectif était alors de développer la pêche des poissons qui migrent au large du plateau continental (les poissons pélagiques). La production de poisson est passée de 8 000 tonnes (avant le projet) à 13 000 tonnes (après le projet). Au niveau des espèces pêchées, les embarcations motorisées ont diminué la pression sur la côte. Ainsi, 70% des poissons capturés sont des pélagiques (poissons du large) et 30% des demerseaux (poissons côtiers). Une potentialité de ressources halieutiques demeure encore inexploitée, ainsi selon la FAO, la capacité de pêche (assurant le renouvellement) se situe entre 25 000 et 30 000 tonnes pour les pélagiques, et entre 6000 et 10 000 tonnes pour les demerseaux. Aucune pénurie de poisson n’est actuellement signalée contrairement à auparavant, on constate au contraire une certaine surproduction. Celle ci se manifeste par une baisse du prix du kilo de poisson qui peut varier de 1000 Fc à 250 Fc selon la période et l’île. Les pêcheurs ont alors tendance à diminuer volontairement leurs prises quand le prix à la production baisse. Les Comores n’importent plus de poissons, mais n’arrive pas encore à exporter, malgré la quantité suffisante. A l’état actuel, la régulation de la demande de poisson supposerait des capacités de congélation ou de fabrication de glace. Les installations disponibles actuellement n’absorbent qu’une quantité 12 insuffisante de poissons. Dans le cadre des accords de pêche entre la communauté européenne et les Comores, la contrepartie financière pour les possibilités de pêche par les bateaux de l’Union Européenne dans les eaux comoriennes est fixée annuellement à 200 millions de Fc. L’élevage Contrairement au poisson où les Comores sont autosuffisantes, la viande est encore en bonne partie importée de Madagascar, de Mombassa et d’Europe. L’élevage des bovins est pratiqué en symbiose avec l’agriculture. Elle est très peu productive, et souvent réduite à satisfaire aux propres besoins occasionnels familiaux (coutumières…). Son développement risquerait d’entrer en conflit avec la production agricole. Les Projets de développement de l’élevage bovin n’ont pas eu un grand succès. Une opération d’«embocagement» qui consistait à clôturer les champs par des haies susceptibles de nourrir les bovins. Cette nourriture provoquait la maladie de « gros ventre » qui tuait les bovins. L’élevage des volailles semble être plus approprié au contexte comorien, malheureusement, le coût de production est assez élevé (coût de l’électricité, des matériels de production …) ainsi les poulets importés de l’extérieur reviennent moins cher que ceux produits sur place. B- Descriptif de l’économie nationale Caractéristiques de l’économie comorienne : Economie peu compétitive L’économie comorienne est souvent citée comme étant non compétitive comparativement à celles des autres pays de la région, notamment Madagascar et Maurice. Un des aspects de la compétitivité est le coût salarial (il est aussi sujette à discussion dans la mesure où la productivité pourrait différer). Comparés à certains pays concurrents, en 1992 (avant la dévaluation) le coût du travail aux Comores était de 3 à 4 fois celui de Madagascar, 2 fois celui de l’Inde, 30% plus bas que celui de la Thaïlande, et à peu près la moitié de celui de Maurice, où la productivité est à peu près 4 fois celle des Comores. La dévaluation de 1994 a été une opération purement nominale. L’augmentation des prix s’est totalement répercutée sur les salaires dans le secteur privé. Ainsi selon une petite enquête menée auprès des opérateurs privés, les coûts salariaux du secteur privé aux Comores ont presque doublé après la dévaluation. 13 Capacités de production quasi inexistante Les moyens de production sont presque en totalité importés. Le choix de ceux ci ainsi que la technologie appropriée fait généralement défaut et ne correspond pas exactement au souhait de l’investisseur. Les entrepreneurs éprouvent beaucoup de difficultés à assurer la maintenance et l’entretien des moyens de production en raison du caractère aléatoire de l’approvisionnement des pièces de rechanges. Le cas le plus frappant cité est celui des unités de transformation des cultures de rente (vanille, ylang…) dont la vétusté du matériel a entraîné une baisse de rentabilité. Une étude réalisée par le projet AIEB (Appui aux Initiatives Economiques de Base), financé par le FIDA, sur l’identification des potentialités entrepreunariales en milieu rural confirme l’existence de nombreuses idées de projets difficilement réalisables en raison de la méconnaissance par les promoteurs des technologies adaptées. L’absence de référence technologique ainsi que l’impossibilité de procéder à un transfert technologique bloque les entrepreneurs potentiels et rend complexe la traduction des idées de projet en réalisation concrète. Le coût de la main d’œuvre est généralement considéré comme relativement cher aux Comores par rapport à certains pays de potentialités égales (Madagascar, Inde …). Les contraintes intérieures L’infrastructure routière ne couvre pas la totalité du pays. Le réseau routier couvre 83% des localités. Plusieurs zones de forte production agricole sont encore enclavées limitant ainsi le transport des produits et la mise en valeur de ces zones. Sur les trois îles, on estime à près de 17% les localités qui ne sont pas connectées par le réseau routier. Les quelques routes existantes et les voiries urbaines souffrent d’une sinuosité dont l’élargissement sera difficile compte tenu des constructions qui bordent de part et d’autre ces routes. Elles sont mal entretenues et sont très vulnérables des intempéries. Le seul aéroport international de la Grande Comore dispose d’un service au sol très limité et d’une capacité d’accueil de gros porteurs insuffisante pouvant faire face à un trafic aérien intense. De grands travaux viennent d’être menés, grâce à la coopération chinoise. Les aéroports secondaires sur les deux îles (Anjouan et Mohéli) accueillent des petits avions de type ATR (d’une vingtaine de place) et ne sont pas en mesure d’accueillir des Boeings, ni d’assurer des trafics nocturnes. Ces contraintes limitent considérablement les trafics aériens entre les îles et de ces îles vers d’autres destinations. 14 Le seul port en eau profonde se situe sur l’île d’Anjouan. Celui ci n’ayant pas bénéficié d’une étude d’impact préalable est dans un état d’ensablement qui pour assurer un trafic normal, nécessite des opérations fréquentes de désensablement ou la déviation du cours d’eau déversant dans le bassin du port pour éviter un ensablement ultérieur. Le coût de transbordement à Moroni (80% du trafic maritime) est au moins de trois fois plus cher que celui pratiqué dans les autres pays de la région océan indien. Le port de Moroni nécessiterait, pour que les services portuaires soient améliorés, la création d’une gare maritime qui permettrait de séparer le trafic inter île du trafic international ainsi qu’une amélioration des conditions de déchargement. De gros travaux allant dans ce sens sont prévus par l’actuel Gouvernement SAMBI. Le réseau téléphonique couvre seulement les zones urbaines (21% des localités). Le coût du téléphone est l’un des plus cher de la région, soit 75 Fc la minute. Il est assuré par une société nationale des postes et télécommunications. Les approvisionnements matériels et réseau international utilisé proviennent de France Télécommunication. L’électricité et l’eau sont des contraintes réelles au développement du pays. La noncouverture du pays par le réseau électrique limite non seulement la production mais aussi le stockage des produits primaires périssables (poisson, produits de la pêche …etc). Sur l’ensemble du territoire, 41% des localités sont connectés au réseau électrique. Le coût élevé de l’électricité par rapport à ceux des pays voisins est un handicap au développement des investissements. L’eau, source vitale de la population est manquante ou insalubre pour une bonne moitié de la population. Seulement 6% des localités ont accès à l’eau. Elle est non seulement vitale pour la population, mais aussi indispensable pour l’irrigation de certaines régions agricoles touchées durant une bonne partie de l’année par la sécheresse. Dans les deux autres îles (Anjouan et Mohéli), le problème de l’eau ne se pose pas en terme de disponibilité, mais plutôt en terme de réseau d’adduction d’eau inadapté aux besoins de la population et aussi en terme d’ouvrage d’assainissement des eaux pluviales. Elle constitue la priorité numéro un de l’actuel gouvernement en matière de développement. 15 Les Contraintes extérieures : L’Aide Publique au Développement (APD) L’Aide Publique au Développement est un des leviers de l’économie comorienne. Elle constitue une contrainte extérieure d’une importance capitale. L’APD représente 15 à 20% du PIB. Pendant les périodes d’Ajustement Structurel, l’aide publique au développement finance aussi le déficit budgétaire annuel à hauteur de 10 à 15% du budget pour éponger l’équivalent de 2 à 4 mois de salaires. L’aide publique finance à hauteur de 80 à 90% le Programme d’Investissement Public (PIP). A ce titre, la quasi-totalité des investissements publics est financée par l’extérieur. Evolution de l'aide extérieure par type d'assistance, 1996-1999 (milliers de $) La dévaluation de 1994 n’a pas eu un effet d’augmentation en terme nominal de l’aide publique au développement en général, et de l’investissement public en particulier. Ainsi en 1994, les investissements publics ont été réduits de 39% par rapport à 1993 en termes réels. Le transfert de la diaspora Le transfert de la diaspora constitue pour une grande partie de la population vivant surtout sur la grande île, une des principales sources de revenu des ménages. Il contribue d’une façon significative à la formation des revenus des ménages et à l’origine des divers investissements à caractère sociaux et à des financements communautaires. Les revenus de transfert de la diaspora comorienne sont menacés à la baisse avec la deuxième génération. Le transfert de la diaspora risque de diminuer dans la mesure où les enfants nés à l’extérieur et ayant vécu en dehors des Comores n’auront pas les mêmes obligations culturelles d’envoi de fonds que l’actuelle génération. Les restrictions que connaissent actuellement les candidats à l’émigration vers la France (principale destination de la diaspora) laissent présager que le transfert de fond de la diaspora aura une tendance future à la baisse. Le Poids de la dette extérieure La dette extérieure comorienne constitue un lourd fardeau et handicape sérieusement le développement économique du pays. Trouvant l’origine de son expansion dans les grands projets d’infrastructures routiers et portuaires des années 1980, la dette extérieure en 1983 équivalait à la richesse nationale. 16 Le tourisme Le tourisme est une des potentialités économiques des Comores, mais non encore exploité suffisamment. Le coût assez élevé des transports aériens n’encourage pas les touristes à venir aux Comores. La faible capacité d’accueil (700 chambres) est également une contrainte de taille au développement touristique. La non-fréquence des liaisons aériennes inter île, a beaucoup limité le tourisme dans les autres îles que la Grande Comore. Le tourisme étant réduit actuellement au mono-produit balnéaire, Ce qui positionne les Comores en concurrence avec presque toutes les destinations insulaires tropicales. L’accroissement de la part des marchés implique donc des coûts de commercialisation élevés. Comme vous pouvez le constater, l’économie comorienne est une économie de subsistance héritée de la colonisation. Elle est très peu productive et tire ses principales ressources de l’exportation des produits agricoles de rente. Sans aucun doute elle a atteint ses limites car nos exportations de produits de rente ont amorcé une tendance à la baisse ces dernières années. Ainsi, en 1969, nous exportions 1,3 milliards de Fc contre 2,1 milliards d’importations. En 1989 (soit vingt années plus tard), nos exportations avaient atteint 5,7 milliards. Aujourd’hui (trente années après), nous n’exportons plus que 3,7 milliards de Fc (1998). Et pendant ce temps, nos importations continuent à augmenter jusqu’à atteindre 20 milliards de Fc(1998). Les ressources issues de nos exportations ne peuvent plus à elles seules financer nos importations (seulement 8,5% de couverture), c’est ainsi que les transferts privés et publics deviennent une ressource de première nécessité. Les transferts privés représentent près 30 milliards de Fc par an selon une étude faite par Matisse1. Quant aux transferts publics, à dominance d’aides publiques au développement, ils ont atteint 10 milliards en 1998. Notre système économique actuel fonctionne grâce à trois leviers: Les exportations des produits de rente, l’aide internationale et le transfert de fonds des privés (majoritairement de la diaspora comorienne de France). Chacun de ces leviers a un avenir incertain: les exportations font face à la dévalorisation des produits de rente, l’aide publique suit une tendance à la baisse, le transfert de la diaspora risque de diminuer avec la deuxième génération. 17 C- L’état sanitaire et l’emploi 1- L’état sanitaire La part allouée à la santé s’élève à environ 10% du budget de l’Etat. Ce chiffre est important et manifeste un intérêt réel pour la santé. Cependant il faut souligner que ce budget est juste suffisant pour rémunérer les fonctionnaires et financer les évacuations sanitaires, et n’est donc pas en mesure de couvrir les autres dépenses liées aux investissements pour les constructions et équipements hospitaliers. De ce fait les centres de soins, sauf des grandes villes, sont peu fréquentés. De plus, la gestion des ressources humaines et matériels existants est d’une irrationalité telle qu’elle frise l’absurde. A titre d’exemple notons que la quasi-totalité des médecins est concentrée dans les trois hôpitaux de référence, implantés dans chaque île, laissant à l’abandon les postes de santé périphériques. Ainsi, même avec une couverture sanitaire jugée acceptable par les spécialistes, la qualité des soins laisse beaucoup à désirer, sauf pour une rare minorité habitant la ville principale. Cependant au niveau des soins primaires, des efforts significatifs ont été réalisés notamment en matière de vaccination. Le taux de croissance démographique est de l’ordre de 3,3%. A ce rythme, en 2050, les Comores compteront 3,5 millions habitants. Cette démographie galopante engendre un exode rural massif ; ainsi Moroni, la capitale, a vu sa population tripler en l’espace de 22 ans, passant de 6545 habitants en 1958, à à17 267 en 1980. Cette situation amplifie le problème de logement en l’absence de tout plan d’urbanisation efficace et réfléchi et de moyens adéquats. L’urbanisation anarchique à laquelle on assiste provoque l’aggravation des mauvaises conditions d’hygiène, surtout dans ce contexte caractérisé par la pénurie d’eau. 2- L’emploi La structure de l’emploi aux Comores est typique des pays les moins avancés puisque le secteur primaire occupe de loin la grande majorité des personnes actives. Le recensement officiel de 1966 indique que les activités les plus importantes sont l’agriculture, la sylviculture et la pêche. Ces domaines englobent 69% de la population active. Toujours selon cette même source, la production artisanale concerne 14% de la population active. Cependant, toutes ces activités relèvent surtout du secteur traditionnel avec des moyens techniques rudimentaires. 18 La situation n’est guère différente de nos jours puisque ce secteur n’a que très peu évolué, entre 1960 et 1980. La femme y occupe une place prépondérante avec 67% des emplois agricoles en 1966 et 25% dans l’artisanat. Les femmes sont par contre sous-représentées dans le secteur salarié. En 1980, à peine 16% du personnel des services de l’Etat et 8% des travailleurs qualifiés étaient des femmes. La quasi-totalité des travailleurs engagés dans le secteur des services sont en fait employés par l’Etat. Ils représentent 32% de tous les emplois de l’Etat. Quant à l’industrie, elle reste très peu développée, occupant seulement 5% de la population salariée. De fait, dans leur grande majorité, les établissements sont de petite taille, à la limite de l’artisanat. Les sociétés les plus importantes sont essentiellement commerciales avec quelques rares activités industrielles. Sur l’effectif total des salariés, 17% des travailleurs étaient employés à titre temporaire, dont 16% dans le secteur public et 20% dans les entreprises privées. La sous- qualification est légion. Tous les secteurs sont touchés. C’est ainsi qu’en 1980, seuls 8% des fonctionnaires de rang supérieur des catégories d’emploi 1 et 2 avaient suivi un enseignement supérieur, tandis que 55% n’ont pas dépassé le niveau primaire ou du collège. Dans la totalité des services publics, à peine 1% de l’ensemble du personnel de l’Etat avait suivi un enseignement supérieur. Dans le secteur privé, la proportion de personnel relevant des catégories 1 et 2 et ayant un niveau universitaire est plus élevé avec 20% des salariés. Ce manque de personnel qualifié est compensé par l’attribution d’un grand nombre de postes à des étrangers. A titre d’illustration, en 1980, 45% des postes de cadres, 52% des postes d’agents de maîtrise et 8% des postes d’employés de bureau, de commerce et de compatibilité sont occupés par des non autochtones. Au total, les salariés ne représentent que 20% de la population active. A cela il faut ajouter qu’il existe une disparité des salaires entre la campagne et les viles ; les salaires urbains étant en moyenne de 37% plus élevés que ceux des ruraux. Cette situation favorise l’exode rural déjà important et augmente le sous-emploi dans les villes où les employés de l’administration subissent d’énormes retards de paiement des salaires. 19 Les revenus ont peu évolué au fil des ans, alors que l’on assiste à des hausses vertigineuses des prix à la consommation, hausses estimées, de source officielle, à 69% entre janvier 1980 et janvier 1983. En effet, d’une part le salaire minimum reste inchangé à 10 000 CFA par mois ( soit 30€) dans le secteur public depuis 1973. D’autre part, en 1983 un ouvrier non qualifié dans le secteur du bâtiment privé, gagne environ 300 CFA (1€) par jour. Ce secteur avec celui des travaux publics occupe 5% de l’ensemble des emplois et 48% dans le secteur public. Le contexte socio-économique est caractérisé par une récession constante amplifiée à partir de 1985. Cette situation s’explique notamment par une paralysie de l’activité du secteur privé en raison du gel des comptes particuliers du Trésor Public, de la baisse des investissements et du ralentissement de la consommation locale, mais aussi par une gestion controversée des Sociétés d’Etat. Cette situation a amené les autorités de l’époque à engager un processus de négociation avec les institutions de Bretton Woods (Banque Mondiale et Fonds Monétaire International) pour la mise en place d’un plan d’Ajustement Structurel. La mise en pratique de ce plan consiste en la diminution des dépenses publiques et notamment de la masse salariale et par la liquidation ou la privatisation de certaines sociétés d’Etat. Les salariés licenciés par la fonction publique ( premier employeur du pays) ne peuvent malheureusement pas se faire embaucher dans le privé. La cause principale est la rareté des investisseurs potentiels dans ce secteur. En effet, les détenteurs de capitaux nationaux ont plutôt tendance à placer leurs fonds à l’étranger, dans le négoce ou l’immobilier. Ces pratiques ont l’avantage de procurer des profits à court terme et sans risque, comparés aux investissements. 20 Partie II- Le terrain de stage Pour mener à bien mon stage; je me devais d’entreprendre des recherches pour mieux connaître ce pays dans toutes ces latitudes. Un travail que j’ai pu mener à bien grâce aux différentes rencontres qui m’ont orienté vers les personnes ressources susceptibles d’alimenter ma réflexion. Un travail qui s’est fait en plusieurs temps : lectures des documents, rapports et plan de développement ; rencontres et travail de recherche auprès des autorités (structuration, programme de développement, les partenaires …). De nombreuses visites sur le terrain : - Associations et ONG - Lieux Cultuelles et Culturelles - Participation aux cérémonies coutumières Avec comme objectifs constants : Voir ; entendre ; observer ; faire une remontée d’informations sur les besoins et attentes des populations et aussi connaître au mieux le mode d’organisation de la société comorienne (structures traditionnelles et associatif). Un premier constat, les Comores sont une société associative par essence ou des structures formelles ou informelles tentent de répondre aux défaillances de l’Etat. I- Le secteur associatif Mes visites sur le terrain et les enquêtes menées m’ont permis de mettre en évidence les quatre points suivant : 1- La mobilisation 2-Les Disparités 3-La démarche du Projet 4- La démarche fédératrice 21 1-La Mobilisation Nous avons pu constater une forte mobilisation et une réelle implication des communautés villageoises, notamment parmi les jeunes, dans la démarche de développement. Cette démarche s’inscrit dans une dynamique associative qui s’articule autour des notions de solidarité, d’entraide, de bénévolat. En effet, à quelques exceptions près, le tissu associatif s’appuie largement sur le bénévolat, les bénévoles sont aussi bien les jeunes scolarisés ou sortis du système éducatif que des personnes ayant une activité professionnelle ou non. Les associations anticipent sur la réponse des bailleurs de fond et se lancent dans un certain nombre de projets de grande ampleur sans obtenir au préalable une garantie de financement. On constate alors des projets qui n’arrivent pas à terme. L’identification des besoins est mal maîtrisée ce qui entraîne une redondance dans les projets. En outre le bénévolat seul a des limites pour le fonctionnement des associations. 2- Les disparités Tous les villages n’ont pas le même niveau d’équipement, les disparités sont grandes entre les villages ruraux et ceux du littoral. Une association de Moroni dispose d’un atelier informatique et d’une télévision alors qu’un village des hauteurs d’Itsandra ne possède pas de une bibliothèque opérationnelle, seuls les murs bruts sont édifiés. Par contre, une association de Mohéli dans un village de 900 habitants dispose : Un atelier de menuiserie ; Soudure ; Un véhicule à usage de taxi ; Un groupe électrogène ; Une épicerie, d’une pharmacie, d’un dispensaire ; Une entreprise de bâtiment, d’une bibliothèque. Alors que dans un gros village de 6 000 habitants à Ngazidja on ne dispose que d’une maison rudimentaire en tôle servant de siège à l’association pour des cours de vacances, d’alphabétisation, les danses folkloriques, le théâtre. La disparité s’exprime également dans l’encadrement des associations. 3-La Démarche de projet L’élaboration des projets, et leur mise en œuvre sont très bien intégrés par les associations. Cependant certains semblent ne pas tenir compte des capacités de réalisation, la répartition des clés de financement entre les bailleurs de fonds et les associations engagent souvent une mobilisation financière trop importante pour la trésorerie. 22 La présence de plusieurs associations dans un même village entraîne des conséquences néfastes, de projets redondants et gaspillage des moyens, telle que nous l’avons perçu, la mobilisation de certaines associations se caractérise par des insuffisances méthodologiques et la non maîtrise de la dimension temporelle. La plupart des projets s’inscrivent dans une dimension socioculturelle, le volet économique et rarement pris en compte par les associations qui pourraient par ce biais, rendre pérennes leurs actions de développement. Les écueils et les manques constatés dans certains villages trouvent une réponse dans la volonté de certaines associations de se fédérer. Cette mise en réseau constitue parfois un relais entre les bureaux des associations et certaines personnalités du village. Des relations informelles s’établissent entre les différentes composantes de la communauté villageoise. Des projets communs sont ainsi identifiés et menés à bien dans l’intérêt de tous. Il y a une plus grande cohérence dans la démarche de développement communautaire inscrit dans une démarche participative. Dans nos prises de contacts avec les différentes associations nous avons relevé un certain nombre d’attentes exprimées par les associations villageoises. Nous avons répertorié quatre rubriques importantes : -Le positionnement de l’Etat -La prise en comptes des problèmes sociaux -L’encadrement technique et aides diverses -L’ouverture vers l’extérieur Le positionnement de l’Etat Dans leurs discours, les associations ont exprimé le souhait que l’Etat apporte davantage son soutien aux associations qui souhaitaient développer leur production afin de bénéficier de rentrée d’argent utile au financement de projets. Le deuxième point concerne, la reconnaissance attendue par les associations dans le travail qu’elles mènent au quotidien. Par exemple certaines associations souhaitent voir une plus grande participation de l’Etat dans leurs projets. 23 La prise en compte des problèmes sociaux Les responsables d’associations estiment que malgré les efforts fournis, leurs actions présentent des limites pour mener un développement réel. Ainsi par exemple, elles se sentent incompétentes pour apporter une réponse aux problèmes de chômage liés notamment à l’importance de jeunes qui sortent du système scolaire sans formation ni qualification. Par ailleurs le nombre important de bacheliers qui sont dans l’attente d’une possibilité pour poursuivre des études dans une université à l’étranger est sans cesse croissant. Par rapport à ce point les souhaits sont de deux ordres : Soit le développement des capacités d’accueil de l’université des Comores. Soit l’attribution d’un nombre plus important de bourses pour l’enseignement supérieur à l’étranger Encadrement technique et aides diverses Lors des différents rencontres que nous avons eues avec les associations villageoises, elles souhaiteraient bénéficier d’un encadrement technique dans la réalisation de leurs projets. Les associations demandent les formations suivantes : - Chef de projet - Animateurs - Gestionnaires - Techniciens dans différents domaines Elles sollicitent aussi une aide au fonctionnement et la maintenance de leurs projets déjà réalisés, notamment en ce qui concerne les projets importants tels que : - adduction d’eau - protection de l’environnement Une méconnaissance des différentes possibilités de financement empêche souvent d’avoir une démarche optimale dans la recherche de partenaires financiers. L’une des propositions souvent émise est le regroupement des associations sur le plan national. 24 L’ouverture vers l’extérieur Dans les discours recueillis lors de nos rencontres avec les associations, nous avons pu entendre les souhaits exprimés par leurs membres ainsi que les responsables sur les échanges à développer avec l’extérieur. Ils estiment que c’est pour eux un moyen de mieux comprendre ce qu’ils sont entrain de mettre en œuvre en partageant avec d’autres qui sont dans la même démarche qu’eux. De plus ils ont un sentiment d’isolement dans la zone Océan Indien. Sentiment renforcé par la difficulté d’obtenir un visa pour se rendre à la Réunion que cela soit pour des visites familiales, de soins, de stage ou d’études supérieures. Ces échanges pourraient selon leurs propositions revêtir différents caractères : - Jumelage entre les villes - Déplacements de groupages (Jeunes) - Voyages d’études ou stages en vue d’appréhender une pratique ou technique nouvelle. Descriptif : Fonctionnement des associations Dans toute communauté villageoise on assiste à une multitude d’organisations plus ou moins structurées qui participent tant bien que mal au développement. A l’origine on trouve des associations musicales de quartier pour arriver à des fédérations consacrées au développement communautaire. 1- Associations traditionnelles Association musicale hommes et femmes 2- Associations de jeunes Coopératives scolaires ; associations sportives ; association de développement économique et Scout-International ; associations musicales 3- Association de femmes On constate par ailleurs l’influence des notables et des religieux (ce sont des associations souvent informelles). Deux démarches différentes apparaissent dans le fonctionnement de ces associations au sein même de la communauté, mais aussi dans leur relation avec les pouvoirs publics et les bailleurs de fonds. 25 1- Dans le cas d’une démarche fédératrice formalisée auprès du FADC Chaque organisation est perçue comme un département appartenant à la fédération qui se charge de les présenter auprès des bailleurs et de superviser toutes les réalisations. Ainsi, elle recueille tous les projets, détermine ceux qui sont prioritaires et une fois le financement trouvé elle associe chaque département à la réalisation. 2- Dans le cas d’une démarche fédérée non formalisée auprès du FADC Chaque organisation fonctionne comme une association à part entière et indépendante. C’est là où on assiste par exemple à une compatibilité plus ou moins constructive entre associations musicales traditionnelles de quartiers qui rivalisent pour les réalisations : -l’une construit une école -L’autre, un dispensaire, ainsi de suite en passant par la construction des foyers, du bétonnage des routes… Dans le souci de dépasser ce clivage « socio -géographique » les associations de développement (jeunes) rassemblent les jeunes des deux parties et lorsqu’elles arrivent à inclure les notables, elles peuvent ainsi faire participer toutes les organisations de la communauté dans la réalisation des projets de développement : écoles, ponts, adductions d’eau …etc. 3- Dans le cas d’une démarche auprès des bailleurs de fond Deux options sont à retenir : a- Les associations peuvent s’adresser à l’Etat par le biais du Ministère de la Santé, de l’Environnement, de l’Education, de la Jeunesse et des Sports qui les orientent et les guident au besoin vers les filiales des Nations. Unies (OMS, UNICEF, FNUAP…) ou de l’Union Européenne, sur des projets pré-déterminés par ces derniers touchent les domaines suivants : Environnement, santé, éducation, et des activités génératrices des revenus ( agricultures, petit élevage, adduction d’eau…) dans ce cadre, et une fois le projet en marche, l’Etat joue le plus souvent un rôle d’observation. b-Les associations peuvent directement s’adresse aux bailleurs de fond et c’est le cas du F.A.D.C. qui demande la participation de toute la communauté par la création d’un comité de pilotage représentant toutes les organisations, laquelle participation s’exprime par un apport de 20% sur le montant du projet et par l’entretien de l’édifice. A noter qu’un projet excédant 300 Millions demande l’aval de la banque mondiale, principal financier de cet organisme. 26 DECRIPTION DU MECANISME DU DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE Il existe trois mécanismes de financement qui peuvent concerner soit : Une association fédérale formalisée ou non Directement une association Ministères Bailleur de Fond FADC Autres Financeur Association de femmes Association des Jeunes Espace village Notables Religieux Association traditionnelle 27 Association Fédératrice II- Une expérience pilote : Groupement pour une société d’économie solidaire : DLM –Djumba La Massiwa- (le palais des îles) 2002 à nos jours A l’origine, un jeune sociologue et Acteur franco-comorien s’installe à Moroni après 26 ans de vie en France. Ce dernier connaît bien le terrain ; il a été l’initiateur de la dynamique associative aux Comores et en France depuis 1985, soutenu par la suite par les différents partenaires des Comores dont les Nations Unies. Un des temps forts a été l’organisation du premier séminaire national sur le rôle des ONG dans le développement socio-économique en 1990, financé par les Nations Unies. Parmi les résultats de cette étude, outre le fait de réaliser une photographie sur le monde associatif et l’impact de la coopération internationale sur le bien être de la population ; différentes initiatives ont abouti entre autre à la mise en place du FADC –Fonds d’appui au développement communautaire- ; du centre Mavouna à Moroni (pépinière d’entreprises) et à l’ouverture de la MECK –Banque communautaire-. Auparavant, cet acteur a produit une thèse en 1992, à l’Université Lumière Lyon II intitulé : « Pour une contribution du mouvement associatif au développement socioéconomique des Comores » ; ce qui lui a permis de posséder les différents outils pour mieux entreprendre. Le projet DLM initiait en 2002, consistait en la mise en place d’un jardin botanique (promotion des plantes médicinales) avec plusieurs espaces liés entre autre à la culture et au tourisme (voire tableau joint page 31). La démarche de DLM est de partir des richesses et du savoir-faire local (souvent dénigré : le complexe de la goyave de France) autant que faire ce peut. Tout salarié de DLM se devait d’être polyvalent et être en formation continue en permanence (deux axes : technique lié au poste et instruction civique). Par ailleurs le chantier et notamment pour l’aménagement du site, a bénéficié d’une pratique d’antan, dénommé « Msaanda ». Ainsi au-delà des salariés (15) ; tous les week end une vingtaine de personnes venait travailler sur le site en solidarité et bénévolement ; en contre partie un repas est organisé en commun. Le chantier a durée toute l’année 2002 et l’ouverture de DLM a eu lieu en janvier 2003 ; devenu en un temps une référence dans la capitale des Comores ; le départ de son initiateur en juillet 2005 a limité son essor. 28 Comme pour de nombreuses initiatives économiques menées sous le régime AZALI (0206), loin d’encourager les promoteurs, le régime mit tout en œuvre pour nuire à ces promoteurs : Pressions psychologiques; confiscation de bien dont une voiture neuve, matériel et équipement informatique; instrumentalisation de la justice pour intimider …etc. Groupement pour Société d’Economie Solidaire - DLM - DJUMBA LA MASSIWA PDG Conception / Orientation CA / AG Conseil d’Administration COMITE D’ENTREPRISE Groupement d’achats- Gestion Sanitaire et sociale Comité scientifique : Recherche - Action COMITE DE GESTION Gestion / Suivi / Evaluation DLM SECURITE Production et vente de produits Sécurité Interne et Externe DLM AGRICOLE DLM MARCHE DLM EMPLOI DLM RADH Gestion du Personnel et Formation M’DJALI « L’étincelle des Comores » : Site Net – Radio Télévision et Presse écrite Continue RESTAURATION DIVERTISSEMENT ANIMATION DLM SPORT 29 TTTTTTT HEBERGEMENT III- Ministères de tutelle Le choix du Ministère chargé de la Santé, de la solidarité et de la promotion du genre ainsi que celui en charge du Territoire et de l’Infrastructure, de l’Urbanisme et de l’Habitat n’est nullement anodin. Effectivement, à la lecture des orientations politiques du Président SAAMBI nous nous rendons compte que demeure sa priorité le capital humain. Ce capital humain doit bénéficier d’amélioration des conditions de vie qui se traduisent sous deux formes essentielles la Santé d’une part et d’autre part le cadre de vie. Par ailleurs, l’action de chacun des Ministères convergent à travers des programmes et actions globalisant dont le contenu mérite d’être exposé, du fait de leur caractère transversal. Présentation des Ministères de tutelle 1- Le ministère de la santé Nous nous intéresserons davantage à un modèle de médecine de proximité via le fonctionnement des districts sanitaires. Effectivement, au vu du nombre de moyens 1 répartis sur l’ensemble du territoire, il semble plus opportun de concentrer notre étude sur ce point. a- Diagnostique sur la situation sanitaire de proximité De manière générale, la gestion des districts sanitaires2 est défaillante malgré le fait que 69% ont déclaré avoir un comité de gestion fonctionnel. En effet, par rapport aux normes, ils ne réalisent que 23% des réunions de staff, 23% de monitorage et 40% des activités de supervision. En plus, il n’y a que 13% des districts qui disposent de plans annuels de travail et seulement 13% qui ont été impliqués dans des activités de recherche. La contribution des districts sanitaires est très mitigée. En effet, les formations sanitaires de district s’occupent très peu , voir pas du tout du le dépistage du VIH, ne disposent pas non plus de moyens pour assurer la prise en charge des urgences obstétricales. La formation dans le secteur sanitaire bénéficie d’une relative bonne accessibilité géographique près de 100% dans un rayon de Quinze (15) km, les formations sanitaires ne disposent pas du personnel et de l’équipement requis. Par contre 73% des centres de santé de district travaillent dans des bâtiments convenables. Annexe 1- Données chiffrées sur l’ordre national des pharmaciens, médecins, chirurgiens dentistes et biologistes médicaux des Comores entre 2004 et 2006 (sources OMS et Ministère de la Santé) 1 2 Annexe 2- Carte Sanitaire des Comores 30 S’agissant des ressources humaines, seulement Trois (3) districts sur Quinze (15), soit 20% des districts disposent d’équipe cadre complète mais d’aucun médecin spécialisé en santé publique. Il a été, également, relevé que le ratio personnel/population au niveau des districts sanitaires est nettement inférieur à la moyenne nationale et que le personnel est très mal réparti entre les districts. Au niveau des ressources financières, les recettes issues du recouvrement des coûts sont relativement importantes. Elles constituent 64% des ressources financières des centres de santé de district. L’essentiel de ces ressources financières est utilisé pour le paiement de salaires ou d’indemnités du personnel (47%) et pour le renouvellement du stock de médicaments essentiels (32%). Il n’y a que 13% de ces ressources qui sont octroyées au fonctionnement courant des centres de santé. Quant à la performance, aucune formation sanitaire de district n’offre la totalité du Paquet Minimum d’Activités. Les formations sanitaires fonctionnent donc partiellement avec 32% qui ne mènent que des activités curatives. b- Propositions et suggestions Compte tenu d’un bilan lourd relatant une situation sanitaire des plus déplorables. Il est apparu nécessaire de dresser des pistes de réflexion : La nécessité de restructurer le système de santé de district pour qu’il soit fonctionnel. Concrètement, il conviendrait de créer de plus grands districts autour des hôpitaux et centres de santé existants, et de les doter de véritables équipes de santé en mesure d’assurer la planification et la gestion des activités de santé des districts. Faire en sorte que l’Etat, aussi bien au niveau des îles autonomes qu’au niveau national, et les collectivités locales, contribue mieux au fonctionnement des districts sanitaires Réexamen du recouvrement des coûts de manière à alléger le coût de la santé et à mieux orienter l’utilisation des ressources financières des districts - Réviser la carte sanitaire pour ramener les districts à une dimension raisonnable. Ainsi, on pourrait avoir trois districts à Ngazidja, trois à Ndzouani et un à Mohéli soit 7 districts de santé au lieu de 17 actuellement. Chaque district comprendra un hôpital , des centres de santé et des postes de santé. - Réglementer la tarification des prestations et de l’utilisation des recettes du recouvrement des coûts au niveau des formations sanitaires et faire appliquer des tarifs accessibles aux populations. Les recettes des formations sanitaires doivent contribuer en priorité au financement de leur fonctionnement courant. 31 - Doter les formations périphériques de lignes budgétaires avec une gestion décentralisée dans les lois de finances des îles autonomes pour leur fonctionnement courant. Cette mesure est plus facile à prendre quand les districts se réduiront à sept comme proposé. - Renforcer les capacités techniques des conseils d’administration des Centres de Santé de District en mettant plus d’accent sur la responsabilisation des collectivités locales dans la gestion des formations sanitaires. Les préfets et les maires devront faire partie des conseils de gestion des centres de santé de district qui couvrent les localités relevant de leur responsabilité. 2- Le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Infrastructure, de l’Urbanisme et de l’Habitat La mission qui m’a été confiée par le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Infrastructure, de l’Urbanisme et de l’Habitat consistait à partir d’un diagnostique de la situation du logement aux Comores et d’inventorier les pistes de concrétisation du projet de résorption de l’habitat insalubre. Pour ce faire, j’ai participé à la recherche de soutiens humains et logistiques, repérer les dispositifs existants pouvant contribuer à cette reconstruction. a- Diagnostique La majorité des Comoriens vivent dans des conditions d’insalubrité entraînant des difficultés d’hygiène et favorisant toute sorte de maladie et en particulier chez les enfants. Cet état de fait favorise l’oisiveté et ainsi le manque de productivité et de création de la population et de ses dirigeants. L’objectif de ma prospection est double : - Créer les conditions pour que le peuple comorien vive dans des habitats décents et ainsi participe activement à la reconstruction de son pays. - Eliminer progressivement les bidonvilles existants aux Comores La démarche que j’ai choisi d’employer se décline de la façon suivante : - Faciliter l’accès au logement des populations à faible revenu 32 - construire des petites maisons familiales, avec une sensibilisation d’une culture du bien vivre et de l’habitat, mené par un petit centre commercial en étage, un parc, des espaces verts tout en respectant l’environnement et la beauté des sites. - développer le sentiment de Nation (confiance en soi) à partir du vivre ensemble harmonieusement permis par la conception et la disposition des logements. - mettre en valeur des produits locaux dans des lieux de vente aménagés (centre commercial) des milieux et des dynamiques de développement durable dans le cadre de projets socio-économiques et commerciaux collectifs. - valoriser les produits et matériaux locaux et démontrer qu’ils ont les potentialités de s’ en sortir à partir de leur savoir-faire encore négligé. Mes expériences de plus de vingt ans et mon réseau de connaissances m’assurent de la faisabilité de ce type de projet : trouver les voies et moyens pour l’éradication des logements insalubres aux Comores, aider à l’élaboration du cahier de charges. b-Pistes de réflexion pour une réalisation Il est nécessaire de mettre en place une équipe de coordination pouvant comporter entre autres : - des architectes - des urbanistes - des sociologues - des Socio-économistes - des techniciens en bâtiment ayant une ouverture intellectuelle plurielle sur la conception des logements privilégiant le climat, l’environnement social et culturel. Il va de soi que la formation de cette équipe tiendrait compte au prime abord des compétences locales et des comoriens de l’extérieur. Sur un autre plan il pourrait être envisagé un comité interministériel de suivi. Un comité regroupant notamment le ministre du logement et de l’urbanisme ; le ministre de l’éducation et de la culture ; le ministre de l’agriculture et de l’industrie est souhaitée pour une meilleure coordination ministérielle de tel projet. Quatre étapes sont incontournables à la réalisation de ce projet : Implication de la population dans la nouvelle conception des logements : enquête (mode de vie; lieux.etc) et questionnaires - Etude des espaces habitables (mesure de protection des terrains cultivables) - Construction de logement de transition - Programme de construction pluriannuelle 33 Enfin, les expériences menées dans différents pays africains et Européens, notamment, sont concluant (comme par exemple dans 40 communes en Isère). Les Comores disposent de la plupart des matières premières nécessaires dont l’existence d’un réseau de partenariat technique et financier ainsi que l’apport financier non négligeable de la diaspora et ses soucis du bien être des siens. Néanmoins la condition principale de réussite reste une réelle volonté politique. Il faut aussi envisager une enquête préliminaire par une équipe pluridisciplinaire et intègre, une bonne communication auprès de la population et des propriétaires terriens voire des bidonvilles. A- Programme de Reconstruction et Réconciliation Nationale Les objectifs globaux en matière de développement aux Comores se résument en deux points essentiels : Réduction de la pauvreté et Croissance économique. Même si ces deux éléments devaient aller de pair, la situation d’extrême pauvreté que connaissent actuellement plus de 70% des milieux ruraux comoriens, nécessite une prise en considération de la pauvreté comme étant une préoccupation majeure du pays. Il est admis que la pauvreté enracinée et les graves inégalités touchant aux possibilités et au patrimoine économique peuvent constituer en elles-mêmes des obstacles à la croissance durable. C’est pourquoi, avec l’assistance de la Banque Mondiale, un programme transitoire de 18 mois a pour objectif principal la réduction de la pauvreté. Le Programme de Reconstruction et Réconciliation Nationale (PRRN) est négocié avec la Banque Mondiale et l’ensemble des partenaires au développement présents aux Comores. Les Comores est un pays pauvre qui fait face à une crise politique interne due à un mouvement séparatiste sur l’une des îles ; le pays connaît un déclin de son économie et des problèmes sérieux en matière de gestion économique. Le pays est dans une phase de transition en vue d’une réforme économique et d’une stabilité politique. C’est dans ce contexte que s’inscrit le PRRN qui est une stratégie transitoire d’aide en négociation avec la Banque. Cette stratégie intérimaire de 12 à 18 mois est un programme opérationnel qui essentiellement consiste à réduire la pauvreté et supporter le processus de la décentralisation. 34 L’objectif principal du PRRN est la lutte contre la pauvreté. En l’absence d’une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, les actions ciblées dans ce programme ont été recueillies auprès des secteurs techniques qui travaillent en étroite collaboration avec les communautés et la société civile dans l’objectif d’identifier les vraies préoccupations des communautés pour lutter contre la pauvreté. Ce programme comporte quatre volets : - Réduction de la pauvreté: 71% - Appui au secteur économique et financier: 20% - Bonne Gouvernance: 4% - Appui à la décentralisation: 5% L’étude sur la pauvreté réalisée en 1999 sur la base de l’enquête Budget – Consommation de 1995 a démontré que, parmi les catégories les plus touchées par ce phénomène de pauvreté, figurent au premier plan le monde rural et les jeunes sans activité. De ce fait, le PRRN prévoit que 71% des financements seraient affectés à des activités visant à améliorer les conditions de vie de ces populations vulnérables. Ces activités touchent à l’accès aux soins de santé, à l’eau et au micro crédit ; au développement des activités génératrices de revenues ainsi que des infrastructures rurales nécessaires a cet effet ; à l’encadrement et à la formation des jeunes et à la promotion de la femme comorienne. L’accès aux soins de santé par les différentes catégories de la population comorienne constitue un problème majeur aux Comores ; la réduction de la pauvreté passe nécessairement par la résolution de ce problème qui touche plus de la moitié de la population soit environ 62% de la population. L’eau est une denrée de première nécessité et constitue une priorité nationale du fait que plus de 90% de la population comorienne n’a pas accès à l’eau potable. 2) Appui au secteur économique et financier: Parallèlement aux mesures de réduction de la pauvreté, la levée des contraintes structurelles de l’économie est nécessaire afin d’enclencher le redressement économique du pays ; c’est pour cette raison que 20% des fonds du PRRN sont affectés à l’appui au développement du secteur économique et financier ; cet appui vise à limiter la trop forte dépendance par rapport aux importations, à favoriser l’exportation de produits semitransformés nouveaux en vue de compenser la dégradation des termes de l’échange des produits traditionnels d’exportation ; à réviser une fiscalité inadaptée à une économie mondiale de plus en plus globalisée ; et à développer une administration économique et sociale efficace. 35 3) Bonne Gouvernance La mise en oeuvre du PRRN implique nécessairement l’existence d’un climat de paix, de stabilité et de sécurité dans le pays. Aussi est-il nécessaire dans ce programme de veiller, d’une part, au renforcement de l’appareil judiciaire et de l’Etat civil afin de permettre à l’Etat de se doter des moyens adéquats pour assurer la sécurité des biens et des personnes, d’assurer la justice et de maintenir, ainsi, la paix et la stabilité ; d’autre part, il y a lieu de développer les infrastructures de communication de façon à couvrir l’ensemble du territoire national et éviter les crises sociales qui menacent le pays. C’est dans ce sens qu’il est prévu que 5% des fonds du PRRN serait réservé au domaine de la bonne gouvernance. 4) Appui à la décentralisation L’Etat comorien se dirige vers une logique de décentralisation politique, certes, mais surtout économique ; les nouvelles structures à mettre en place devraient fonctionner avec les compétences locales ; dans cet ordre d’idée, le PRRN prévoit d’apporter un appui (5%) au renforcement des capacités locales afin que ces dernières puissent être en mesure de prendre en charge le développement local. B- Actions menées par l’Etat De l’Intégration de la femme La population féminine représente 51% de la population comorienne. La majeure partie de cette population est soit inactive soit sous employée dans les foyers ou les milieux ruraux agricoles. Les principales contraintes liées aux femmes dans le processus de développement relevées par le Réseau Femme et Développement (ONG nationale pour la promotion de la femme) sont les suivantes: - L’analphabétisme et les abandons scolaires - Le manque de formation et de qualification - La pauvreté - Le manque d’appui de l’Etat comorien aux initiatives économiques de base et aux activités génératrices de revenus. - L’absence de législation adéquate - L’ignorance des femmes de leurs droits (code de la famille en cours d’élaboration et donc inexistant actuellement) - L’affaiblissement de l’état de droit et l’augmentation des conflits sociaux. 36 - Au vue du constat précédent : de l’émergence de l’idée de la structure Les inégalités manifestes tant pour l’éducation que dans le monde du travail ont engendré une ségrégation, un fossé entre le genre au détriment de la fille ou de la femme écrasée par les poids de valeurs, pratiques et modes d’organisations socio-traditionnels. Partant du constat, l’Union des Comores a depuis bientôt un an porté une attention particulière et ce d’autant que l’environnement légal s’y prête bien. La constitution et les textes législatifs et réglementaires prônent et garantissent l’égalité des citoyens homme, femme en droits et devoirs. L’Etat comorien a signé et ratifié plusieurs conventions internationales relatives à la protection des droits de l’enfant, contre toutes les formes de discrimination de la femme et enfin la plate-forme d’action de Beijing et Africaine pour ne parler que de cela en ce qui concerne le genre. Quant au volet solidarité, les Comores sont propices en la matière et regorgent d’atouts qui n’attendent que la valorisation. L’Union des Comores s’est choisi comme devise « Unité, solidarité, développement ». Une nation qui se manifeste dans la vie de tous les jours de chaque citoyen et qui donne au pays sa vocation. L’Union des Comores entend par-là affermir l’unité nationale et promouvoir le développement des îles en mettant à contribution cette solidarité déjà enracinée dans les mœurs. Dans cette lancée, les constitutions des îles autonomes s’inscrivent dans cette dynamique et prônent des mesures visant d’encourager le respect et la promotion d’une solidarité active entre les individus, les familles et les populations vulnérables. C’est ce qui permettrait aux citoyens d’exercer pleinement leurs droits dans la liberté, la dignité et lutter contre toutes les formes de discrimination, d’abandon, d’exploitation ou de violence, afin de créer un environnement saint où chacun a le devoir de préserver. Comme nous l’avons souligné précédemment, il existe dans les communautés d’énormes potentialités de solidarité qui se traduisent, dans le quotidien par des actions concrètes qu’on relève dans les structures traditionnelles et coutumières qui aident à partager la 37 cohésion sociale dans le village et à soutenir les ménages et les individus en situation de précarité. Partant de l’existant, une volonté forte du gouvernement a structuré ces secteurs afin d’avoir une efficacité opérationnelle auprès de la population. Pour se faire, le gouvernement a mis en place trois structures sous la responsabilité d’une Secrétaire d’Etat. Les missions des trois secteurs Au vu de l’historique et de l’expérience qui existe, force est de constater que l’ensemble des activités des mutuelles et autres associations reflète bien une économie sociale et solidaire. Forces mobilisées L’Etat n’a pas lésiné sur les moyens à mettre en œuvre pour aboutir à cet objectif qui était de pallier le vide démocratique du au fait qu’une partie de la population et pas la moindre (50% de femmes) était soit écartée sinon ignorée. C’est dans ce sens qu’il a opté à créer ses structures en mobilisant toutes les ressources à sa disposition à savoir : 1. Volonté politique Un décret est venu légitimer et légiférer la démarche, un des extraits porte des missions du domaine de la solidarité et du domaine de la promotion sociale et du genre3. 2. Secrétariat d’Etat Il est créé au sein de la Vice- présidence un Secrétariat d’Etat chargé de la solidarité et la promotion du genre ayant à sa tête une dame comme Secrétaire d’Etat. 3 Cf. Annexe 3 38 Permettez-moi de souligner que ce n’est pas une figuration qu’on a voulu et mis en place car la locatrice du ministère a l’étoffe, la garantie, le charisme, les talents et les mérites que ses fonctions obligent. 3. Un consultant La désignation d’un consultant a permis de faire l’étude de faisabilité du projet donner son estimation qualitative et quantitative4. 4. Nomination de responsables Trois Directeurs généraux sont nommés pour assurer les directions respectives des secteurs identifiés5. 5. Les ressources humaines Des fonctionnaires sont détachés de leurs postes initiales pour venir former le corps exécutif du Secrétariat d’état. 6. Les ressources financières Le Secrétariat d’Etat est pris en charge par le budget de l’Etat pour son fonctionnement et pour la rémunération de son personnel6. 7. Formation Pour le secteur de la solidarité, un atelier regroupant 40 personnes était organisé en vue de valider l’analyse de la situation aux Comores sous l’égide de l’UNFPA et un autre atelier programmé, mais les fonds ne sont pas encore réunis. En ce qui concerne le genre, une délégation s’est rendue à Sana du 5 au 8 novembre 2007 pour participer à un atelier sur le rôle de la famille et de la population et à la prise en charge des personnes âgées, financé par la Ligue des Etats arabes. Une requête a été formulée pour la formation de « leaderships » des femmes à Maurice et une délégation de cinq personnes était déjà formée, mais la requête n’a pas eu de réponse. 4 Cf. le rapport de Houledi AHMED Consultant National, Novembre 2007 Cf. Annexe 4- Organigramme « redéploiement du personnel de la vice-Présidence ». 6 Cf. Annexe 5- Loi de finance n°08-008/AU exercice budgétaire 2008- Ministère Santé, Solidarité et Promotion du Genre 5 39 8. Des évaluations Des évaluations intermédiaires sont programmées pour mesurer l’état d’avancement, donner les corrections s’il y a lieu et fournir les orientations à suivre. 9. Local Le Ministère des Finances auprès duquel travaille le service du logement a apporté sa contribution en attribuant le Secrétariat d’Etat des locaux plus ou moins fonctionnels. Les partenaires Comme pour les forces, les partenaires étaient multiples à concourir pour la réalisation de l’objectif. La Mobilisation du Gouvernement Six ministères étaient mobilisés pour œuvrer chacun en ce qui le concerne d’apporter sa part ; il s’agit de la Vice-présidence en charge de la santé, du Ministère des Finances et du Budget, du Ministère de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat, du Ministère de l’Education Nationale, de la Justice … Comparaison des objectifs initiaux en fonction des résultats actuels A. Solidarité Concevoir et élaborer une politique en matière de solidarité, tel est l’objectif principal. Des études ont été menées suite à une commande du Gouvernement et il a été élaboré par le Dr OULED en 2007 et validés par les politiques. Néanmoins, les résultats restent timides qui peuvent se comprendre par l’émergence d’une structure nouvelle et d’organisation. - l’organisation des mutuelles et le renforcement des nombres de mutuelles villageoises contribuent un résultat positif mais qu’on ne peut encore évaluer au vu de sa nouveauté. - Un travail considérable a été rendu par le DSCRP via le Commissariat au Plan, et approuvé par les partenaires en 2005 à l’Île Maurice où des axes stratégiques et programmes prioritaires ont été arrêtés conjointement entre le gouvernement : o o Créer les conditions d’un développement économique durable Relancer le secteur privé en mettant l’emphase sur les secteurs porteurs 40 o Renforcer la gouvernance et la justice o Améliorer l’état sanitaire de la population o Promouvoir l’éducation et la formation professionnelle en vue d’améliorer le capital humain o Promouvoir un environnement sain et garantir la durabilité du développement o Promouvoir la sécurité et lutter contre le terrorisme. B. Promotion du genre - Existence d’un code de la famille édité en septembre 2008 mais non encore en vigueur - Existence d’une convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes - La stratégie du genre élaborée par le Secrétariat d’Etat - La stratégie nationale sur la protection des enfants les plus vulnérables aux Comores (voir programme stratégique national en partenariat avec l’Union des Comores et l’UNICEF - Projet conjoint d’appui à la mise en œuvre du cadre stratégique et d’orientation de la politique nationale de la promotion du genre. C. Protection sociale - Mise en chantier du document sur la conception et l’élaboration d’une politique nationale de la solidarité et de la sécurité sociale Les autres objectifs vont suivre à savoir : - Voir les missions de la solidarité et la promotion du genre Sécurité sociale villageoise co-financée par l’Union européenne à 75% et l’EED à 25%, il est exécuté par le CIDR qui fait un travail considérable pour la prise en charge sanitaire des habitants de l’île. Dans un village, la Sécurité Sociale Villageoise, les soins sont soit gratuits ou par paiement d’une franchise. Les difficultés - Structure nouvellement créée - Formation insuffisante des agents - Les locaux exigus - Absence d’information entre l’administration et les agents d’où l’inoccupation nette d’un grand nombre de fonctionnaires 41 - Manque de coordination entre les ONG qui oeuvrent dans le secteur de la protection sociale, la santé ,le genre et les associations. - Une hiérarchie peu définie voire indéfinie non accompagnée des fiches de postes et des missions respectives. - Manque de moyens financiers - La traçabilité du budget émanant du gouvernement n’est pas claire - Pendant une bonne période, le manque d’énergie (électricité) et d’outil informatique - La confusion de trois structures au vu de l’exiguïté de locaux pose un problème organisationnel pour les missions qui étaient arrêtés par le décret. - Manque de coordination entre les îles au vu de l’éloignement Evolution de la structure en terme d’emploi et de marché et le public cible Bien structuré cela peut générer : - plus de contractuels à court et long terme - plus de fonctionnaires - professionnaliser le bénévolat via la formation En terme de marché : - pharmacie - appareil médical - matériel de petit soin - matériel scolaire - mobilier Public cible - En respectant le DSCRP, le public cible serait les personnes vulnérables, l’enfant, l’intégration de la femme dans le monde du travail et accès à des postes de responsabilité, les handicapés et les personnes âgées. 42 Les Missions confiées es qualité de Stagiaire 1) Rôle et réalisation Le gouvernement comorien m’a chargé de contribuer à l’organisation de la nouvelle structure sur le plan de l’information et du management. Par ailleurs j’ai accompagné les divers projets d’action notamment : le recensement des associations ; les ONG et les mutuelles. Il me fallait organiser un classement de ces derniers par secteur d’intervention. Ensuite j’ai participé au pré projet de la sécurité sociale pour les personnes vulnérables7. Enfin j’ai proposé la mise en place d’une fiche de poste8 ainsi qu’une grille d’évaluation des activités du 1er semestre ( en particulier la formation des jeunes) et élaboré des projets de courriers aux différents partenaires. 2) Missions confiées - Accompagnement des projets en cours ainsi que les projets à réaliser tant sur le plan financier que la recherche des partenaires. 7 8 3) Action de Résultats attendus - Efficacité et mise en place des projets - Une traçabilité du budget de l’Etat et des subventions des ONG - La prise en charge totale des soins aux personnes les plus vulnérables - Une traçabilité de l’information tant sur le plan administratif et du personnel - Une meilleure gestion du personnel 4) Compétences développées - Management du personnel - Accompagnement de projet - Participation au Montage financier du budget - L’organisation et fonctionnement de la nouvelle structure Cf. Annexe -6 Cf. Annexe -7 43 5) Regard sur votre pratique professionnelle Ce stage m’a permis de constater mes points forts et mes points faibles sur l’accompagnement d’une équipe ainsi que dans la recherche de partenaires et le montage financier des projets. Organisation de la structure (forces et faiblesses) a) Mode d’organisation administrative Une structure évoluant au sein de la vice-Présidence en charge de la protection sociale, du genre et de la solidarité.Cette structure a à sa tête un Secrétariat d’Etat , deux directrices nationales, des chefs de service et des agents administratifs. b) Constats : - Manque d’outil d’observation et de suivi - Manque de quantification dans l’économie du pays - Carence des données fiables sur la satisfaction du public ciblé par manque d’outils et d’enquêtes de satisfaction. Mise en relief des apports du réseau formel et informel - Maintien d’une harmonie bien que le constat de la pauvreté, de la misère soit réel - Avec des réseaux formels tels que les mutuelles qui s’organisent à travers la CIDR créé en 1961 qui se présentent sous trois formes : Mutuelle de santé institutionnelle Mutuelle de santé scolaire -villageoise9 9 Cf. Annexe 8-Présentation de la mutuelle de santé communautaire- Organisation mutualiste et sécurité sociale villageoise 44 - Des réseaux sont issus d’une organisation mutualiste et sécurité sociale villageoise - Les réseaux informels restent ancestraux et l’identification du circuit est difficilement identifiable. - Durant l’échec des différents gouvernements dans la prise en charge de la population tant sur le plan travail, santé, formation, etc., la solidarité se consolide pour faire respecter le droit à la dignité humaine et garantir la survie de l’être ainsi que le droit à l’indépendance de l’homme et des communautés. - Entre les réseaux formels et informels, il n’existe pas de partage des savoirs et des compétences par manque de coordination. - Par contre, dans l’informel les compétences se transmettent de génération en génération. Ce qui consolide cette solidarité ancestrale Contribution à la promotion de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) - Le budget consacré aux différents ministères est maigre par conséquent, la mobilisation des ressources via les ONG et autres partenaires constitue une des conditions nécessaires et indispensables à la mise en œuvre des actions arrêtées par le gouvernement pour combattre la pauvreté et garantir la prise en charge de la santé de la population. - L’ESS est incontournable voire évolutive Types d’actions - L’accès aux services sociaux de base par les enfants les plus vulnérables - L’amélioration des conditions d’accès aux services de santé - L’amélioration d’accès à l’éducation primaire obligatoire, gratuit et adapté - Renforcer, soutenir les capacités des familles - Mobiliser et renforcer les initiatives communautaires - Mettre en place des structures de protection - Offrir des services d’aide sociale adaptée - Relancer la formation technique et professionnelle 45 Niveau d’engagement - le partenariat du gouvernement et des ONG et des associations est indispensable - l’implication de la société civile, religieuse et du partenaire au développement - la concertation de l’Union et des îles Capacité d’innovation de la structure C’est les orientations pour lutter contre la pauvreté, les différents projets en attente de budget et en cours de réalisation Sollicitation des interlocuteurs institutionnels - La structure est appelée à travailler en étroite collaboration avec le gouvernement, le réseau formel, les partenaires internationaux et la diaspora Contraintes externes pouvant perturber ou compromettre l’activité - le désengagement de l’Etat - Le manque de formation et de coordination - L’instabilité politique du pays Pertinence du lieu de stage L’archipel des Comores, au vu de ses difficultés économiques, la solidarité et à travers l’ESS est présente en permanence et est exemplaire sur le plan mondial. Le Ministère nouvellement créé est en attente des apports et de toutes les suggestions, surtout d’un regard extérieur pour l’efficacité dans la conduite des projets et au développement de la structure. 46 Partie III- Bilan et perspectives I- Les partenaires identifiés pour la construction d’un modèle solidaire L'économie sociale et solidaire recouvre une série d'activités et de services présentant des caractéristiques d'utilité collective qui ne relèvent ni du marché ni de la redistribution organisée sous l'égide de l'Etat. Ce secteur regroupe des structures à mode de gestion participatif qui produisent des biens ou services d'utilité sociale ou qui favorisent l'insertion économique de personnes en difficulté. Les associations exerçant une activité économique, les coopératives, les mutuelles, les organismes d'insertion et le commerce équitable sont les principales composantes de ce secteur. Les activités relevant de l'économie sociale et solidaire contribuent à la diversité économique du territoire. Faire reconnaître l'économie sociale et solidaire comme un secteur complémentaire des interventions publiques et des activités privées. Evaluer l'impact positif de ces actions pour les habitants et leurs retombées sur l'économie classique Encourager l'innovation sociale par l'appui aux projets émergents et la détection des obstacles à l'innovation Les principaux partenaires pour la construction d’un modèle solidaire sont les mutuelles , les syndicats , les directions et institutions nationales telles que - la caisse de retraite, la caisse de prévoyance sociale, la protection civile , les structures de solidarités locales dans toutes ses variantes : quartiers, villes ou villages, régions et la diaspora , les solidarités internationales dans la coopération bilatérale et multilatérale ainsi que les ONG. II- L’environnement institutionnel et social 1) Bonne gouvernance et environnement juridique Les textes et structures existent (codes des investissements, journal officiel, tribunal de commerce…). Ce qui fait défaut c’est l’application de la loi et non la loi elle-même. Il est difficile dans le contexte juridique actuel d’attirer des investisseurs surtout extérieurs. Les investisseurs ne viendront installer des projets durables sans que ne soit établi au préalable un climat de confiance dans l’impartialité et l’efficacité de la justice. 47 2) Ressources humaines ou formation L’abondance de la main d’œuvre sans activité est un des défis à relever par les stratèges en développement. L’un des problèmes préoccupants actuellement est cette main d’œuvre au chômage. Aucun chiffre exact, mais on estime le chômage à près de 30% de la population active, en grande partie des jeunes déscolarisés ou même des diplômés. C’est dire combien est important de mener une stratégie en vue de valoriser les ressources humaines. L’amélioration des services d’enseignement et de formation professionnelle offerte à la population n’entraînera pas seulement à une amélioration du bien être individuel, mais va contribuer à accroître la productivité de la main d’œuvre et facilitera la diversification de l’économie, vers de nouveaux secteurs et activités. En améliorant sa compétitivité par une qualification de la main d’œuvre, l’économie comorienne sera à même de tirer des gains de l’exportation, ce qui constitue pour elle la principale source de dynamisme vu l’étroitesse du marché intérieur. 3) Pression démographique Des études en cours par la Direction Générale du plan (Département population) permettront d’identifier les axes stratégiques pour une politique en matière de population. Il est bien évident que pour assurer une croissance rapide des revenus par tête, il faut songer à diminuer le rythme actuel de croissance de la population (2,7%). Parmi les facteurs prédéterminés qui pourraient contribuer à une amorce de la croissance de la population on peut citer : l’éducation des femmes et l’emploi de celles ci. III- Proposition et perspectives Les ressources humaines existent, bien qu’insuffisantes mais elles sont mal utilisées. En l’absence d’un secteur privé pouvant absorber des cadres supérieurs de niveau universitaire, la Fonction Publique est devenue le seul employeur des diplômés. Ainsi toute la matière grise capable de produire et augmenter la richesse nationale se retrouve sous utilisée dans la Fonction Publique, généralement comme enseignant avant de devenir administrateur en fin de carrière. Il y a cependant un manque manifeste des techniciens intermédiaires dans le domaine productif. Ainsi, on comptabilise par exemple une cinquantaine d’Ingénieurs agronomes contre seulement une trentaine de techniciens agricoles. Le dysfonctionnement de l’administration publique et l’étroitesse du marché de travail font que les fonctions exercées par la plupart des cadres supérieurs ne correspondent pas généralement à la formation de ceux ci. 48 L’absence d’orientation stratégique en matière de formation, et l’absence d’établissements de formation professionnelle ont fait que les jeunes sont obligés de s’inscrire dans les établissements à l’extérieur pour continuer leur formation. Les disciplines suivies ne correspondent pas toujours à la demande intérieure en matière d’emploi potentiel. Le chômage est omniprésent aussi bien chez les jeunes diplômés que les non diplômés. Il touche beaucoup plus les jeunes désœuvrés ou déscolarisés. Les statistiques sur l’emploi ne sont pas très fiables ; on estime le taux de chômage à 13,5 % (y compris le chômage déguisé)10. Ce taux est sous estimé si l’on se réfère à la réalité sociale. Feedback sur les apports de cette expérience - Un accompagnement, un encadrement et un tutorat efficace, un accueil chaleureux de la population - Une avidité d’apprentissage sur les expériences extérieures - La découverte d’une solidarité réelle sans faille qui permet à ce pays de rester avec sa dignité - La relation directe avec ce stage m’a permis d’avoir une autre vision dans mon projet « crèche hospitalière ». Suite aux divers contacts avec des directions de crèches privées, lucratives qui contribuent à l’épanouissement des couples (souvent des fonctionnaires non payés depuis 6 mois) ,continuant de bénéficier des prestations (prise en charge des enfants), force est de constater l’existence de cette solidarité, source de mon questionnement . - Au vu de ces expérience et divers contacts, mon projet me semble réalisable voire évolutif jusqu’au Cours Préparatoire (CP). - Le revenu des ménages n’est pas une fin en soi : cela m’a conforté, pour orienter mon projet dans le secteur lucratif Actions complémentaires : - Enrichir mon projet afin d’offrir au couple une prise en charge de l’enfant plus élargie avec une équipe pédagogique efficace - Une démarche à l’éducation nationale pour obtenir l’agrément d’encadrer les enfants jusqu’au CP 10 Annexe 9- Profil socio- démographique et socio-économique des Comores, in Rapport de HOULEDI Ahmed, nov. 2007, source Commissariat Général au Plan – RGEH 2003 et EIM 2004 49 Préconisation - garder le réseau établi pendant mon séjour, échanger des expériences mutuellement - garder le mode de solidarité et le renforcer - continuer d’élargir le champ de partenariat - mettre en place un outil de traçabilité sur les subventions attribuées par les ONG pour les actions - établir un budget prévisionnel plus proche de la réalité du pays - établir un plan de formation accompagné d’un point budgétaire - améliorer les conditions de travail des agents - créer des fiches de poste inévitables approuvé par le Ministère - traçabilité de l’information administrative et au personnel - mise en place des outils d’évaluation des activités du projet - mise en place d’un outil d’évaluation des agents afin de permettre à ces derniers d’évoluer dans sa carrière, ainsi que dans les choix dans les formations - une meilleure participation de Mohéli et d’Anjouan dans le programme et les projets Contexte propice à l’investissement ; a) Bonne gouvernance (démocratie, droits de l’homme) . Rappel des objectifs du stage J’avoue que j’ai eu une chance inouïe. J’ai pu vivre avec et comme le comorien ; ce qui m’a permis de connaître en profondeur ce pays où les notions d’honneur, de solidarité, de respect sont essentielles. J’ai pu ainsi rencontrer ; voir ; observer ; découvrir des pratiques qui ne sont pas « permis » pour les non-autochtones. Ce sont aussi, encore dans d’autres champs comme la santé et les services sociaux que j’ai pu développer une vision novatrice sur les rapports inédits qui se sont tissés entre l’État et des associations qui dispensent des services de base (mutuelles de santé par exemple). Ces initiatives ont été le plus souvent développées pour répondre à des besoins longtemps négligés par le service public. L’essor de ces pratiques dans un contexte de reconfiguration d’un État en crise le mouvement associatif dans plusieurs domaines a été capable au fil des ans d’obtenir une certaine reconnaissance sociale et politique, d’avoir une place dans certains lieux décisionnels, d’avoir un rôle proactif dans certaines politiques publiques, etc. 50 Un autre exemple d’arrimage, pris cette fois-ci dans le secteur du développement local. Des ONG se sont attachées à réaliser un partenariat autour de la revitalisation des territoires et déploient des initiatives locales cherchant à concilier objectifs économiques et sociaux avec des partenaires (privés et publics) qui ont emboîté le pas. Cette conception solidaire du développement qui s'appuie sur des pratiques associatives peut être une des clés pour rendre l’économie et la société davantage plurielles et démocratiques. Ici, la synergie ne se fait plus à deux (le marché et l'État) mais à trois (marché, État et associations). Par ce biais, il est propulsé un modèle promotionnel de la qualité démocratique de l’action de l'État et des institutions publiques. Cette qualité dépend pour une bonne part de la capacité des pouvoirs publics à se laisser interpeller par ces initiatives issues des communautés et des régions et à accepter de décentraliser, de co-produire des services collectifs et de co-habiter dans le cadre de nouvelles institutions de gouvernance démocratique. D’ailleurs, cette expérience m’a permis de renforcer un partenariat associatif entre la Réunion et les Comores m’apportant bon espoir pour la suite de ma formation et de mon projet crèche. En conclusion, nous pouvons dire que la crise économique, loin de s’atténuer, s’amplifie. Ainsi malgré la volonté ferme des autorités en place d’établir une société de droit, le processus démocratique enclenché reste fragile et incertain. En effet, il est ainsi démontré, si besoin était, que, si la liberté de réflexion, d’expression et d’organisation crée les bases d’une société démocratique, il faut impérativement que cela s’accompagne d’un développement socio-économique afin d’en garantir la pérennité. Dans ce climat d’incertitude politico-socio-économique le rôle de l’économie sociale et solidaire est fondamental. Faire en sorte de construire une place pour tous dans la société comorienne. C’est là un enjeu capital pour que l’être humain soit au centre des préoccupations. L’Économie Sociale et Solidaire occupe ainsi une place non négligeable aux Comores via ses structures associatives à l’échelon de la Ville, du village voir du quartier. 51 Force est de constater que le contexte favorise la remontée du «local» avec le croisement des solidarités territoriales et des entreprises locales (privées et collectives), des services de proximité et des agences qui, en tant que dispositifs de développement ou de revitalisation, peuvent être porteurs de nouvelles approches de lutte contre la pauvreté et de développement. La crise a ainsi libéré un espace inédit pour l’innovation sociale, notamment dans la zone où le «social» et l’«économique» se superposent, ce qui est le cas de l'économie des Comores, économie dans laquelle les différentes approches de développement local et de coopération peuvent opérer pour la transformer par la constitution de réseaux d’entrepreneurs locaux, sa consolidation en amont et en aval (financement, formation, commercialisation des produits…) et des mesures législatives appropriées. Cependant, participer pleinement à la construction de nouvelles régulations sociales ou d’une démocratisation du développement faisant sienne l'idée d'une économie plurielle suppose que les nouvelles initiatives d’économie sociale et solidaire et de développement local dépassent le stade de l'innovation et puissent se généraliser. La question de l’institutionnalisation de ces initiatives se pose donc, notamment leur reconnaissance et la coopération effective avec les pouvoirs publics. Dans cette perspective se pose la question d’un renouvellement des politiques et des stratégies de développement pour favoriser une économie à visage humain. 52 LISTE DES ABREVIATIONS et CIGLES AIERD : Appui aux Initiatives économiques de base APD : Aide publique au Développement ATR : Appareil de la flotte aérienne CIDR : Centre international de développement et de recherche DCP : Dispositif de concentration du poisson DLM : Djumba La Wassiwa DSCRP : Document de stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté EED : Enfant et Développement FADC : Fonds d’Appui au Développement Communautaire FAO : Food And Agriculture Organisation FC : Franc Comorien FIDA : Fond International pour le développement agricole FNUAP : Fonds des nations unies pour la population Franc CFA : Unité monétaire principale des Comores ( 1 000 F.C.F.A. = 1,524 euros) MECK : Mutuelle d’épargne et de crédit ya komori OMS : Organisation Mondiale pour la Santé ONG : Organisation Non Gouvernementale ONU : Organisation des Nations Unies PRRN : Programme de reconstruction et réconciliation nationale PIP : Programme d’initiative Publique UNICEF : Fond des nations unies pour l’enfance UNFPA : United Nations Population Fund 53 ANNEXES ET ATTESTATION DE STAGE 54 ANNEXE 1 Données chiffrées sur l’ordre national des pharmaciens, médecins, chirurgiens dentistes et biologistes médicaux des Comores entre 2004 et 2006 (sources OMS et Ministère de la Santé) 55 DONNEES SUR LE TERRITOIRE Population 798 000 2004 Superficies (en km²) 2 200 DONNEES SUR L'ETAT SANITAIRE DE LA POPULATION Espérance de vie à la naissance 64 ans Mortalité infantile 70 ‰ en 2004 DONNEES PHARMACEUTIQUES Nombre total de pharmaciens : 15 Nombre de pharmaciens : 12 Pharmaciens / millions d’habitants : 18,79 Nombre d’officines : 12 Nombre de dépôts pharmaceutiques : 59 Nombre de laboratoires d'analyses biologies et médicales : 6 Nombre de laboratoires d'analyses biologiques et médicales sous la responsabilité d'un pharmacien : 0 Nombre de médecins : 115 Nombre d’infirmiers : 588 Nombre de chirurgiens dentistes : 29 56 ANNEXE 1 Attestation de Stage 57 ANNEXE 2 Carte Sanitaire des Comores 58 59 ANNEXE 3 Extrait du Décret portant des missions du domaine de la solidarité et du domaine de la promotion sociale et du genre. 60 ANNEXE 4 Organigramme « redéploiement du personnel de la vice-Présidence » 61 ANNEXE 5 Loi de finance n°08-008/AU exercice budgétaire 2008- Ministère Santé, Solidarité et Promotion du Genre 62 ANNEXE 6 Pré projet de la sécurité sociale pour les personnes vulnérables 63 ANNEXE 7fiche de poste des activités du 1er semestre pour les fonctionnaires du Ministère de la Santé 64 ANNEXE 8 Présentation de la mutuelle de santé communautaire- Organisation mutualiste et sécurité sociale villageoise 65 ANNEXE 9 Profil socio- démographique et socio-économique des Comores 66