COMORES : INVESTISSEMENT DES MONARCHIES DU GOLFE
Les opérateurs comoriens s’impliquent
DE NOTRE CORRESPONDANT SPÉCIAL ALI MOHAMED
Longtemps boudés par les milieux d’affaires, les Comores vivent ces derniers
mois au rythme des délégations d’investisseurs arabes. Si le Kuwait et les
Emirats Arabes Unis ont déjà pris pieds sur de nombreux projets, les
Saoudiens sont dans la phase de prospection.
LE 30 octobre dernier, les aéronefs privés des opérateurs koweitiens et saoudiens se
sont croisés à 2 heures d’intervalle à l’aéroport de Moroni-Hahaya. Les premiers
quittaient le pays après 24 heures de travail et les seconds démarraient une visite de
48h.
Au cours d’une cérémonie officielle au Palais du peuple le lendemain, les autorités
politiques ont présenté la stratégie de développement économique du pays et
souhaité la promotion et le renforcement des relations économiques et commerciales
entre l’Union des Comores et le Royaume d’Arabie.
Aussitôt après, la délégation conduite par le président de la Banque Islamique et
composée d’une vingtaine d’investisseurs privés a eu une séance de travail et
plusieurs entretiens avec les opérateurs et les autorités nationales.
Il s’agissait, selon Chamsoudine Ahmed, Président du patronat comorien, de voir
ensemble les domaines d’intervention pouvant faire l’objet de partenariat entre les
deux parties : « Nos membres avaient envoyé à l’avance des propositions de projets
nécessitant des apports financiers extérieurs, et cette rencontre nous permet de les
examiner ensemble ».
Capitaux privés ou publics ?
Les hôtes du gouvernement et du patronat ont eu à visiter les chantiers mis en
œuvre par leurs homologues, et ce, le jour même du lancement des travaux à l’hôtel
Galawa.
Selon M. Bachar, le responsable des projets koweitiens, les travaux d’extension de
l’hôtel Itsandra et de réhabilitation du siège de la Banque Fédéral du Commerce
devront s’achever dans 3 mois, pour ouvrir la voie à des investissements beaucoup
plus conséquents, notamment le complexe touristique du Lac salé, la construction
d’un port en eau profonde à Ngazidja et de 3 petits ports pour faciliter les liaisons
inter-île. Sur le plan des lécommunications, le Kuwait vient d’obtenir une licence
d’exploitation dans la téléphonie mobile, et se positionne sur un accès local à
Internet, une télévision locale par satellite et une radio en FM.
Cette manne financière, tout en constituant une aubaine pour l’économie
comorienne, suscite néanmoins des appréhensions : « Pourquoi ne pas faire appel à
des investisseurs d’autres origines au lieu de s’enfermer dans ce cercle
hégémonique des Arabes dans le contexte actuel », s’exclamait un importateur au
passage du cortège saoudien. La réponse à cette question vient de Hakim Loutfi,
haut fonctionnaire au Ministère de l’Economie :« Notre instabilité chronique, et
l’inexistence d’infrastructures de base dissuaderont toujours les vrais capitalistes.
Les sociétés arabes qui viennent aux Comores ont la particularité d’appartenir aux
princes dirigeants des pays du Golf, soucieux d’aider un pays frère ».
Il est vrai que le prince koweitien, Sabah Al-Jaber Moubarak Al-Sabah, a fait 2 fois le
déplacement à Moroni en novembre 2006 et en mai 2007 pour lancer les activités du
groupe privé “Cheikh Sabah Al-Jaber Moubarak Al-Sabah & Associés”. Par ailleurs,
la “Dubaï World Holding Ltd” qui a acheté le Galawa est présidée par l’Emir de Dubaï
en personne.
A. M.
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