sanitaires, en raison de la crainte d'une épidémie de peste. Roméo ne recevra donc jamais
cette lettre, tandis que la nouvelle de la mort de Juliette arrive jusqu'à lui. Il se procure du
poison, revient de nuit dans le cimetière de Vérone. Là, il affronte le « mari » que le père
avait choisi pour sa fille, et qui l'empêche de passer... Roméo ne peut que lui ôter la vie.
Puis, reposant auprès de Juliette, il avale le poison. Juliette se réveille et découvre Roméo
mort, elle voit le couteau qu'il porte attaché à sa ceinture, elle s'en saisit et se perce le
cœur.
Au matin, les deux familles ennemies découvrent leurs enfants morts, et devant le
sacrifice de ces deux êtres, se réconcilient.
Pour écrire cette tragédie (1597) Shakespeare s'est inspiré d'un récit d'Ovide : Pyrame et
Thisbé, qui paraît dans Les Métamorphoses, texte source d'inspiration de nombreux
auteurs antérieurs au dramaturge, ou contemporains. En tout cas dans la version d'Ovide,
il s'agit de deux personnages empruntés à la mythologie grecque et latine, et Ovide prend
la liberté d'en faire deux jeunes babyloniens. Pyrame et Thisbé sont amoureux, malgré
l'interdiction des familles, et ils finissent par se suicider.
Voici mon projet :
Il y a quelques années j'ai réalisé une adaptation du Macbeth, que je raconte seule en
scène. J'ai intitulé ce récit L'histoire de Macbeth, roi d’Écosse. Ce récit est toujours à mon
répertoire et j'aime beaucoup le jouer. C'est un honneur et un bonheur d'être auprès de
Shakespeare. Je veux à présent réaliser un récit à partir de la tragédie de Roméo et
Juliette, et le raconter seule en scène. Dans ce récit, il s'agit de nouveau de faire entendre
les personnages, la parole et la scénographie de Shakespeare.
Selon moi, il y a une correspondance entre les deux tragédies, je rapproche Roméo et
Juliette de Macbeth. Dans Roméo et Juliette, pas de rois, ni de grandes batailles, ni
d'enjeux nationaux, nous sommes au niveau du familial, et pourtant là aussi règnent la
folie et la fureur, les affrontements et les combats, là aussi le poison circule sous le
manteau et le sang coule. Les deux tragédies mettent en scène un couple tragique, mais
l'un est sombre, obscur, tandis que l'autre est tourné vers le jour.
Macbeth et Lady Macbeth ont mis leur confiance dans les prophéties des sorcières, et
rêvent d'être roi et reine. Quant à Roméo et Juliette, c'est leur amour qui est souverain. Ils
ont eux aussi parfois de troublantes prémonitions, et ils se réfugient auprès d'un moine
franciscain, espérant de lui un secours. Ils recherchent la protection du divin. Ces deux
tragédies sont comme en miroir, mais des miroirs aux reflets inversés.
Pour moi il est intéressant de travailler sur les deux aspects de la nature humaine :
Macbeth incarne le mal, les ténèbres, quant à Roméo et Juliette, ils sont du côté du bien,
de la lumière. Ces deux penchants de notre humanité se complètent.
Mais je voudrais montrer au public que nous ressemblons surtout à Roméo et Juliette.
Comme eux nous voulons sentir notre liberté, être vivants dans une société souvent à
l'esprit grégaire. Roméo et Juliette ne sont pas des fanatiques, ils sont des êtres fragiles,
naïfs, vulnérables, ils ne poursuivent pas une stratégie, un plan de carrière, ils sont au jour
le jour, comme des enfants, et ils découvrent l'Absolu dans l'instant fugitif de leur