Chirurgie Thoracique Cardio-Vasculaire - 2010 ; 15 : 118-120
Fistule coronaire
T. Gandet et Coll.
Cas Clinique
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de différence notable. En revanche, les fi stules se drainent
pour 90% d’entre elles dans la circulation veineuse et se
partagent entre ventricule droit, oreillette droite et artère
pulmonaire occasionnant un shunt gauche -droit. Les cavités
gauches sont elles rarement touchées.
Les fi stules congénitales :
Représentent la majorité des fi stules coronaires et seront
classées par Ogden en 1969 comme une anomalie coronaire
majeure. Elles sont secondaires à la persistance anormale des
sinusoïdes qui suppléent le myocarde durant le début de la
période fœtale. Isolées dans 80% des cas, elles peuvent être
associées à d’autres malformations cardiaques congénitales
dans 20% des cas (CIA, CIV, retours veineux anormaux,
transposition des gros vaisseaux, ductus arteriosus…). (5,6)
Les fi stules acquises :
Sont minoritaires parmi les fi stules coronaires, elles peuvent
compliquer par exemple la maladie athéromateuse ou
bien être secondaire à une angioplastie coronaire trans-
luminale. Des fi stules post traumatiques ou compliquant la
chirurgie ont aussi été décrites : fi stule de l’artère circonfl exe
compliquant un remplacement valvulaire mitral ou fi stule
entre une dilatation anévrysmale du greffon saphène et
l’oreillette droite.
« The steal phenomenon » :
Principale explication de la physiopathologie, il correspond
au phénomène de vol vasculaire fonction du gradient
diastolique entre une région de haute pression, ici la
coronaire, et une zone de basse pression ; il est aussi fonction
du diamètre et de la longueur de la fi stule. Le principal
retentissement clinique chez l’adulte sera donc pour des
fi stules à haut débit la douleur thoracique à l’effort avec à
l’extrême une défaillance cardiaque ischémique et congestive.
Faisant suite à la dilatation anévrysmale de la fi stule ont
également été décrits ruptures, tamponnades, troubles du
rythme ou endocardites.
Modalités d’évaluation :
La coronarographie reste le gold standard avec une très
bonne sensibilité dans la détection mais en revanche elle ne
permet pas une description précise du trajet fi stuleux. Le
coroscanner est aujourd’hui indispensable, il permet une
exploration statique précise du trajet et du site de drainage
de la fi stule. Pour une évaluation dynamique et le calcul
du shunt occasionné par la fi stule plusieurs modalités
existent. Le cathétérisme droit permet une bonne évaluation
du rapport Qp/Qs dans les shunts gauche-droit mais a
l’inconvénient de rester invasif. L’échographie doppler
cardiaque trans-thoracique ou trans-œsophagienne sans ou
avec injection de produit de contraste prend toute sa place.
L’IRM, grâce à l’imagerie de phase, permet en réalisant une
coupe perpendiculaire de l’aorte ascendante et du tronc de
l’artère pulmonaire de connaitre avec précision le débit dans
chaque structure et de calculer de manière fi able le rapport
Qp/Qs. [7,8,9] N’oublions pas les épreuves de stress révélant
une ischémie silencieuse devenant décelable à l’effort.
Indications du traitement :
Les fi stules symptomatiques doivent être traitées mais le
problème se pose pour les fi stules asymptomatiques. Il
est reconnu qu’un shunt important avec le rapport Qp/Qs
supérieur à 1,5 ou qu’une ischémie silencieuse détectée aux
épreuves de stress justifi ent une prise en charge curative.
Les fi stules à faible débit de découverte fortuite doivent
être respectées à moins que, comme dans le cas décrit, une
chirurgie cardiaque pour une autre raison soit nécessaire.
[10,11]
En revanche, il n’existe pas de consensus concernant
la surveillance des fi stules asymptomatiques. Bien que
l’évolutivité globale semble à long terme inférieure à 20%
sur une petite cohorte, on note néanmoins des fi stules
rapidement progressives. [12] (Figure 3)
Modalités du traitement :
Le traitement historique est la ligature chirurgicale, pour
la première fois réalisé par Bjork et Crawford en 1946 en
l’absence de CEC. Elle peut être réalisée par voie épicardique,
endocardique ou combiner les deux. La fermeture peut être
directe ou réalisée à l’aide d’un patch dans le cas d’une large
communication entre la coronaire et la cavité cardiaque. Si la
fermeture de la fi stule compromet de fl
ux coronaire d’aval un
pontage devra être réalisé. Le traitement chirurgical montre
une excellente effi cacité et sécurité à long terme. Il sera le
traitement de choix des fi stules multiples ou volumineuses,
ou des fi stules associées à d’autres anomalies cardiaques.
[13,14,15]
Mais depuis le milieu des années 80, les fermetures
percutanées se développent sous de nombreuses formes.
Tout d’abord les stents couverts qui permettent l’exclusion
de la fi stule voient leur indication réduite aux situations
d’urgence ou lorsque la coronaire est protégée par un
pontage.
L’embolisation semble être plus satisfaisante avec néanmoins
un risque d’échec procédural non négligeable, variable
Figure 3 : traitement des fi stules asymptomatiques.
Figure 2 : vue chirurgicale après atriotomie par voie de Guirau-
don et ligature des orifi ces de la fi stule.