Journées nationales des groupements techniques vétérinaires 2016 - Nantes
Dans ce nouveau contexte, les espèces animales de la catégorie bétail sont peu perçues, d'autant
moins qu'une partie importante est enfermée dans des bâtiments d'élevage industriel et donc peu
visible. Quant aux espèces sauvages, elles sont également de moins en moins visibles, sauf dans les
parcs zoologiques. Ces autres catégories d'animaux sont tellement méconnues des urbains qu'ils
finissent par les assimiler aux animaux familiers qu'ils côtoient. Pour une partie croissante de la
population, le caractère non comestible des animaux familiers s'étend alors à une partie des animaux
d'élevage.
Les catégorisations traditionnelles entre les espèces sont ainsi perturbées. La supériorité des humains
sur les animaux est remise en question. Assimilés aux humains, les animaux ont non seulement les
mêmes émotions primaires (la peur, la douleur) mais sont considérés comme ayant la même
conscience (par exemple la souffrance), des sentiments : « des êtres sensibles». La préoccupation du
bien-être des animaux se développe rapidement dans les pays occidentaux et se concrétise par des
réglementations sur leur protection et les méthodes d’élevage et d’abattage. Ainsi le droit français a
reconnu en 2014 le caractère « sensible » des animaux. Les reportages sur les conditions d’abattage
provoquent des réactions très médiatisées. Mais il faut bien noter qu’une partie des militants
dénonciateurs de ces conditions sont des antispécistes qui n’acceptent pas le principe même de mise à
mort des animaux. Il est paradoxal que dans le même temps, dans d’autres parties du monde, la
hiérarchisation entre les catégories humaines perdure : racisme, femmes violées et maltraitées…
4. LES COMPORTEMENTS DE CONSOMMATION DE VIANDES
Historiquement, les chasseurs et les éleveurs perçoivent les animaux comme des fournisseurs
potentiels de viande. Noëlie VIALLES (5) a appelés « zoophages » ces mangeurs d’animaux. Par
contre, quand les animaux deviennent des familiers amis de l’homme, ils ne sont plus perçus comme
des fournisseurs de viande et les mangeurs de viandes deviennent « sarcophages », c’est à dire ne
veulent pas voir les liens entre les viandes et les animaux qui les fournissent. Dans ce contexte, les
viandes rouges, dont l'image symbolisait le plus la vie et la force physique (le bœuf par exemple),
perdent leur caractère attractif au profit des viandes blanches (MECHIN C.) (4) (LAMBERT J.L, 2012)
(2), des poissons et surtout des produits laitiers. Les morceaux identificateurs des animaux (comme
les têtes, les pattes, les abats) disparaissent des assiettes et les préférences pour les muscles hachés
ou cachés (type viandes ou poissons panés) se développent. A défaut de comportement végétarien
pur, ce nouvel attrait pour ces produits carnés "blancs" (n'ayant pas l'image du sang) et pour les
produits d'origine végétale peut être considéré comme une sorte de néo-végétarisme.
D'autres modifications importantes des caractéristiques des rations portent sur les proportions de
produits d’origine animale et végétale. Il faut rappeler que c'est surtout l’environnement écologique qui
avait conditionné ces proportions. Les espaces de forêts, plus propices à la chasse puis l’élevage,
avaient favorisé la consommation de viandes alors que dans les zones plus chaudes et plus sèches,
ce sont plutôt les cultures notamment de céréales qui s’étaient développées, poussant à des régimes