MEMO/05/475 Bruxelles, le 13 décembre 2005 Proposition de la Commission en vue de moderniser la directive “Télévision sans frontières” : questions les plus fréquentes Comment la directive modernisée va-t-elle renforcer l’industrie européenne du contenu ? La nouvelle directive étendra les avantages du principe du pays d’origine, qui assure la prospérité du secteur européen de la radiodiffusion depuis 1989, à de nouveaux services non linéaires (c’est-à-dire des services à la demande), pour améliorer leurs perspectives de réussite commerciale. Pour ces services à la demande, le principe du pays d’origine s’appliquera dans toute l’Europe moyennant des mesures d’harmonisation minimales. Cela permettra aux fournisseurs de services audiovisuels d’offrir des contenus audiovisuels conformes à la législation de leur État membre d’origine aux fins de réception dans d’autres États membres, sans devoir adapter ces contenus pour respecter la législation de chaque État membre concerné. On en attend un élargissement du choix et l'accroissement de la diversité et des investissements dans le secteur audiovisuel européen. La Commission estime que dans la plupart des États membres la dynamique du marché audiovisuel lui-même, et notamment l’abaissement des seuils d'entrée pour les services audiovisuels non linéaires, créera un secteur du contenu audiovisuel sans frontières dynamique et fortement enraciné dans l'Union européenne. En même temps, le principe du pays d'origine promouvera le pluralisme audiovisuel grâce à l'ouverture des marchés nationaux à une concurrence accrue venant d'autres pays de l'UE. Le progrès technique et l’évolution du marché et des comportements (davantage de choix et de responsabilités) exige en outre un assouplissement des règles régissant la publicité. Premièrement, l’assouplissement des règles sur l’insertion de messages publicitaires dans les programmes télévisuels et sur les quantités maximales de publicité quotidiennes, et l’ouverture à de nouvelles formes de publicité (telles que l'écran partagé, la publicité “virtuelle” ou la publicité interactive) seraient profitables non seulement pour les publicitaires, mais aussi pour tout le secteur audiovisuel européen, car leur base économique sera renforcée. Deuxièmement, l’existence d’un cadre clair pour le “placement de produits” assurera de nouveaux revenus au secteur audiovisuel européen. En stimulant la créativité économique en Europe, elle renforcera la diversité culturelle. Le placement de produits est une pratique courante, mais il a besoin des règles précises contenues dans la nouvelle directive. Les consommateurs doivent avoir le droit de connaître la nature du contenu qu’ils regardent. Le but est de mieux les informer, tout en reconnaissant que le placement de produits est une forme de publicité, et qu’il ne doit pas affecter l’indépendance rédactionnelle. Les règles claires de la nouvelle directive sur le placement de produits aideront le secteur audiovisuel européen à devenir plus compétitif, notamment vis-à-vis des ÉtatsUnis. Selon une étude indépendante publiée en septembre 2005, le placement de produits représente 1,7% des recettes publicitaires totales des radiodiffuseurs d’émissions en clair aux États-Unis, et a connu une croissance annuelle moyenne de 21% entre 1999 et 20041. Cependant, en Europe, des règles ambiguës et disparates sur le placement de produits, voire l’absence de règles, ont empêché jusqu’à présent les producteurs de contenu audiovisuel d’utiliser ce mode de financement important. Pourquoi la Commission propose-t-elle d’alléger les restrictions en matière de publicité visant les radiodiffuseurs de télévision ? L’expérience acquise avec la directive “Télévision sans frontières” de 1989 montre qu’il faut simplifier et assouplir ces règles. La nouvelle directive proposée par la Commission éliminera certaines des restrictions quantitatives frappant la publicité et simplifiera considérablement les règles sur l’insertion de messages publicitaires dans les émissions de télévision. La limite actuelle de trois heures par jour pour la publicité sera supprimée, car en pratique aucune chaîne télévisuelle non spécialisée en Europe n’en approche. Cette limite donc est manifestement superflue et incompatible avec le principe “mieux légiférer”. Les règles d’insertion doivent être simplifiées et assouplies. Ce seront les radiodiffuseurs, et non les régulateurs, qui pourront choisir le meilleur moment pour insérer des messages publicitaires dans les émissions, plutôt que d’être obligés, comme c’est le cas actuellement, de ménager un intervalle d’au moins vingt minutes entre les messages publicitaires. Cette mesure réduira l’irritation que la publicité provoque chez les téléspectateurs. La nouvelle directive prévoit néanmoins que les films cinématographiques, les émissions enfantines, les émissions d’actualités et d’informations ne doivent pas être interrompues plus d’une fois par tranche de trente-cinq minutes. Il est peu probable que les radiodiffuseurs abuseront du surcroît de souplesse prévu par la proposition, car dans un marché où l’offre de contenu audiovisuel connaît une croissance exponentielle, ils risqueraient de compromettre leurs propres intérêts : les téléspectateurs passeraient simplement sur d’autres chaînes ou changeraient de fournisseur de services. Les radiodiffuseurs pourront mieux affronter la concurrence en ne dérangeant pas les téléspectateurs et en respectant les droits des titulaires de droits. Dans sa proposition, la Commission maintient la limite de douze minutes par heure quelconque pour toute forme de publicité, afin d’empêcher toute augmentation de la quantité globale de publicité. 1 Voir le rapport final sur l’étude comparative de l’impact des mesures de contrôle sur les marchés de la publicité télévisée dans les États membres et dans certains autres pays, p. 60 et 61. 2 Pourquoi la Commission propose-t-elle des règles sur le placement de produits ? Le placement de produits n’est pas traité spécifiquement dans la directive “Télévision sans frontières”, qui ne l’interdit que s’il prend la forme de “publicité candestine”, dans la mesure où c’est un radiodiffuseur qui le pratique. Le placement de produits est néanmoins pratiqué couramment dans les oeuvres indépendantes et les longs métrages, sans la moindre protection adéquate du consommateur et sans règles claires assurant la sécurité juridique des investisseurs dans le domaine du contenu. En Europe, seule l’Autriche dispose de règles qui définissent le placement de produits et l’autorisent sous certaines conditions. Des chiffres récents relatifs aux pays qui autorisent le placement de produits montrent que des règles claires à cet égard aideront le secteur audiovisuel européen à devenir plus compétitif, surtout vis-à-vis des États-Unis. Selon une étude indépendante publiée en septembre 2005, le placement de produits représente 1,7% des recettes publicitaires totales des radiodiffuseurs d’émissions en clair aux ÉtatsUnis, et a connu une croissance annuelle moyenne de 21% entre 1999 et 2004 (voir tableau)2. La nouvelle directive imposera des règles claires qui interdisent le placement de produits lorsqu’il induit en erreur le consommateur, mais qui l’autorisent à condition qu’il soit clairement identifié en tant que tel au début de l’émission et soumis à des règles adéquates pour protéger les intérêts essentiels des téléspectateurs, telles que l’interdiction du placement de produits dans les émissions d’informations et d’actualités et dans les émissions enfantines. Dépenses pour le placement de produits dans les médias américains -Autres médias -Films -Télévision * Périodiques, journaux, jeux vidéo, internet, musique enregistrée, livres, radio Source: PQ Média LLC, mars 2005 2 Voir le rapport final sur l’étude comparative de l’impact des mesures de contrôle sur les marchés de la publicité télévisée dans les États membres et dans certains autres pays, p. 60 et 61. 3 La nouvelle directive va-t-elle autoriser une télévision “à l’américaine” sans restrictions concernant la fréquence des messages publicitaires ? Non. La nouvelle directive vise à sauvegarder le caractère spécifique de la télévision européenne, et prévoit en conséquence un certain nombre de restrictions qualitatives et quantitatives concernant la publicité et les messages commerciaux diffusés pendant les émissions. Le plafond de douze minutes par heure quelconque pour toute forme de publicité restera en vigueur. L’insertion de messages publicitaires continuera d’être soumise à des restrictions particulières dans le cas des émissions pour lesquelles une protection renforcée est nécessaire, telles que les longs métrages, les émissions enfantines et les émissions d’informations, dans le cas desquelles la proposition de la Commission n’autorise l’insertion de messages publicitaires que toutes les trente-cinq minutes. De même, la nouvelle directive prévoit que le placement de produits pourra être contrôlé et soumis au principe d’identitification, interdit dans certaines émissions telles que les émissions d’informations, les émissions d’actualités, les documentaires et les émissions enfantines, et soumis aux mêmes restrictions qualitatives ou interdictions que la publicité ordinaire. La nouvelle directive maintient les obligations incombant aux radiodiffuseurs quant au caractère indépendant et européen de la production, pour sauvegarder le “modèle” télévisuel européen. Que sont les services audiovisuels linéaires et non linéaires évoqués dans la proposition de la Commission ? Existe-t-il des exemples ? La proposition opère une distinction entre services “linéaires”, tels que des émissions régulières diffusées par la télévision classique, l’internet ou la téléphonie mobile, qui acheminent du contenu vers les téléspectateurs, et services “non linéaires”, tels que des films ou des informations à la demande, que le téléspectateur demande à un réseau. La distinction entre services linéaires et services non linéaires repose en dernière analyse sur la réponse à la question de savoir qui décide le moment où une émission spécifique est diffusée et s’il existe une programmation. Un service linéaire est un service acheminé par les radiodiffuseurs, tandis qu’un service non linéaire est défini comme étant “un service de média audiovisuel pour lequel l’utilisateur décide du moment où un programme spécifique est transmis sur la base d’un éventail de contenus sélectionné par le fournisseur de services de média”. Les règles actuelles en matière de radiodiffusion télévisuelle s’appliqueront aux services linéaires d’une manière modernisée et plus souple, tandis que les services non linéaires ne seront soumis qu’à un ensemble fondamental de principes minimaux, par exemple pour protéger les mineurs et empêcher l’incitation à la haine raciale. Les différences d’intensité de la réglementation selon qu’il s’agit de contenus acheminés par des fournisseurs ou demandés par les utilisateurs reflètent des différences en matière de choix et de contrôle par l’utilisateur et en ce qui concerne les effets possibles sur la société. 4 Sercices/plateformes3 linéaires et non linéaires Télévision terrestre analogique Service/ plateforme Télévision analogique par câble Télévision numérique terrestre Télévision numérique par satellite Télévision numérique par câble Télévision analogique par satellite Télévision classique (services linéaires) Paiement à la séance (services linéaires) Chaînes de PSB4, chaînes non cryptées et émissions à péage dans certains cas Chaînes de PSB, chaînes non cryptées et chaînes à péage dans certains cas Chaînes de PSB, chaînes non cryptées et chaînes à péage Événements sportifs, films et autres événements Événements sportifs, films et autres événements 8 9 Vidéo à la demande (services non linéaires) Chaînes de PSB, chaînes non crypées et chaînes à péage Événemen ts sportifs, films et autres événemen ts10 Films, séries, musique (concerts, clips)12 Services IP par des connexions à large bande (ADSL ou internet) Réception en continu par la téléphonie mobile (protocole internet) IPTV : chaînes de PSB chaînes non cryptées et chaînes à péage dans certains cas5 Chaînes de PSB, chaînes non cryptées et chaînes à péage6 Transmissio n numérique vers des téléphones mobiles Téléphones mobiles Chaînes de PSB, chaînes non cryptées et chaînes à péage7 Événements sportifs11 Films, séries, programmes télévisuels, événements sportifs, musique (concerts, clips, chansons), jeux vidéo1314 Actualités, “miniépisodes”, téléréalité, musique et clips sportifs15 Actualités, téléréalité, clips musicaux 3 Source: Observatoire audiovisuel européen Radiodiffuseurs de service public. 5 Principaux opérateurs/services : vingt-six opérateurs, quasiment tous des opérateurs de télécommunications et des fournisseurs de services internet (situation en décembre 2005) dans dix-huit États membres, et parmi lesquels : AON (A), Belgacom (B), T Online (D), TDC (DK), Free, MaLigneTV (FR), Fastweb (IT), KPN (NL), Fast, Teliasonera (SW). 6 Principaux opérateurs/services : SFR (FR), Vodafone (UK, D, GR,IT, NL, PO, ES, B, FR, A), Belgacom (B). 7 Pas encore opérationnel. 8 Principaux opérateurs/services: Mediaset (IT), Setanta (UK). 9 Principaux opérateurs/services: Canal+, TPS (FR), Sky Italia (IT), BSkyB (UK), Premiere (D), Viasat (SW), Sogecable (ES). 10 Principaux opérateurs/services: BSkyB, Telewest (UK), Premiere, Kabelvision, Tividi (D), UPC Chello (NL), ONO (ES). 11 Principaux opérateurs/services: Belgacom (B). 12 Principaux opérateurs/services: Telewest, NTL (UK). 13 Principaux opérateurs : trente-cinq services opérationnels en décembre 2005 dans la plupart des États membres, notamment : opérateurs de télécommunication, fournisseurs de service internet, exploitants de câble, radiodiffuseurs, fournisseurs de contenu. spécialisé, archives cinématographiques, éditeurs video et iTunes Music store d’Apple (FR,D,US). 4 14 Principaux opérateurs/services: AON (A), Belgacom (B), T Online, Arcor, 4 friends (D), Svensk Filmindustri, Live Networks, Bredbansbolaget (S), Imagenio (ES), Canalsatellite, TF1, TPS, Cinezime (F), Video Networks, World Cinema (UK), Fastweb, RAIClick, Telecom Italia, Tiscali (IT), Casema, RTLNederland, Tiscali (NL). 15 Principaux opérateurs/services: Orange, SFR, Proximus, E-Plus, Cosmote, Endemol et certains radiodiffuseurs. 5 Quels services la proposition couvre-t-elle? Films, téléfilms, séries à la demande Événements sportifs à la demande Variétés à la demande Téléréalité à la demande Transmission vidéo de concerts et de spectacles artistiques en direct à la demande Actualités télévisuelles à la demande Publicité - autre que des textes et des images fixes – diffusée en liaison avec les services à la demande précités Publicité – clips vidéo “pop-up” autres que des textes et des images fixes – qui n’est pas diffusée en liaison avec les services à la demande précités Clips vidéo contenus dans des sites internet, lorsque l’objectif principal n’est pas de diffuser un contenu audiovisuel, mais d’informer sur les activités (tant commerciales que non commerciales) du propriétaire du site Images animées introduites dans des sites internet de presse (journaux, périodiques, agences) – à condition qu’elles soient accessoires “Blogs” à but non lucratif Service de média audiovisuel X X X X Autres services non couverts par la proposition X X X X X X X Pourquoi la Commission propose-t-elle des règles différentes pour les services de médias audiovisuels linéaires et non linéaires? Les règles de radiodiffusion télévisuelle traditionnelle doivent être mises à jour, à la lumière de l’expérience acquise, pour tenir compte du progrès technique et des développements du marché, tels que les nouveaux comportements des téléspectateurs. Il faut donc moderniser les règles relatives à la publicité et au placement de produits, le cas échéant. En revanche, la Commission ne voit pas de raisons de réglementer les contenus audiovisuels fournis à la demande au-delà de la protection des intérêts publics essentiels, tels que la protection des mineurs et la prévention de l’incitation à la haine. Les différences de réglementation concernant les contenus diffusés par les fournisseurs ou demandés par les consommateurs reflètent donc des différences en matière de choix et de contrôle des utlisateurs et en ce qui concerne les effets sur la société. La nouvelle directive encourage également des régimes de corégulation et d’autorégulation, notamment pour les services non linéaires. Ces régimes doivent cependant être acceptés largement par les parties intéressées et doivent pouvoir être appliqués efficacement. 6 Existe-t-il déjà dans les États membres des règles sur les services audiovisuels non linéaires ? Comment ces règles pourraient-elles créer des problèmes pour le marché unique ? La plupart des États membres disposent déjà de règles protégeant les mineurs contre les contenus nocifs et interdisant les incitations à la haine. Ces règles doivent cependant être désormais harmonisées dans toute l’Union européenne, pour que les fournisseurs de services de médias audiovisuels doivent respecter seulement les règles de l’État membre dans lequel ils sont établis, et non les règles disparates de tous les États membres où leurs services peuvent être reçus. Par la suppression de l’obligation de respecter des règles nationales différentes, la nouvelle directive va abaisser le seuil d’entrée sur le marché pour les fournisseurs de services audiovisuels non linéaires, et, partant, va stimuler la croissance d’un secteur du contenu dynamique profondément enraciné dans l’Union européenne. La Commission va-t-elle réglementer l’internet ? Non. La Commission a basé sa proposition sur l’analyse approfondie des développements économiques et techniques, et n’a aucunement l’intention de réglementer l’internet en tant que tel. Selon la proposition de la Commission, les règles contenues dans la nouvelle directive concerneront seulement les services de médias audiovisuels et non les infrastructures ou la régulation des réseaux. Cependant, eu égard aux effets des services de médias audiovisuels sur l’économie et la société, la Commission propose que certaines règles s’appliquent à tous les services de contenu audiovisuel en tant que tels, indépendamment des techniques de diffusion utilisées. À l’heure actuelle, les services de médias audiovisuels fournissant des contenus identiques sont traités très différemment sur le plan de la réglementation, car il n’est tenu compte que du mode de diffusion (plateforme). Une telle façon de faire n’est plus justifiable objectivement par des raisons économiques et sociales. Les règles applicables ne dépendront plus de la plateforme, mais de la nature du service. C’est la raison pour laquelle la nouvelle directive contiendra des règles applicables seulement aux services de médias audiovisuels spécifiques transmis par l’internet ou toute autre plateforme. La définition de la notion de service de médias audiovisuels couvre les moyens de communication de masse utilisés pour informer, divertir, et éduquer, mais exclut toute forme de correspondance privée, notamment les messages électroniques envoyés à un petit nombre de destinataires ou les sites internet individuels ("weblogs"). En outre, la nouvelle directive ne couvre pas les versions électroniques des journaux ou périodiques, ni la transmission de séquences sonores ou d’émissions radiophoniques. Elle ne modifie non plus en rien les règles de responsabilité contenues dans la directive sur le commerce électronique, qui limitent la responsabilité des fournisseurs de services internet aux contenus qu’ils n’ont pas produits eux-mêmes, mais sont diffusés par leurs plateformes de services. Comment la directive promeut-elle la diversité culturelle? La promotion de la diversité culturelle dans les médias audiovisuels est souvent réduite à la question fondamentale de savoir si le bon moyen d’atteindre cet important objectif est d’imposer des quotas de contenu stricts aux radiodiffuseurs et autres fournisseurs de services. La directive actuelle permet aux États membres d’imposer aux radiodiffuseurs de télévision traditionnelle des quotas de contenu en faveur de productions européennes dans la mesure du possible, ce qui donne aux États membres une grande marge d'appréciation. Quelle que soit l'option retenue par les États membres individuellement, ces quotas flexibles ont fortement stimulé une production de contenu européenne et indépendante. À l'heure actuelle, les vingt-cinq États membres respectent ces quotas sans difficulté. 7 Une étude des effets de la directive “Télévision sans frontières” actuelle montre qu’il n’est pas nécessaire de modifier la proportion maximale de productions européennes ou la proportion minimale de productions indépendantes. Ces quotas atteignent déjà leurs objectifs culturels. proportions (% du temps total de diffusion pris en compte) Évolution des principaux indicateurs dans l'UE-15 (1999-2002) OE: 80% 70% 66,95% 62,18% 60,68% 66,10% 60% 61,96% 61,78% 50% 55,71% 53,80% 40% 30% 40,47% 37,51% 34,03% 37,75% OE 20% 22,55% 20,18% 23,32% 21,10% 10% PI OR (% de PI) OR 0% 1999 2000 2001 2002 Œuvres européennes (en proportion du temps total de diffusion pris en compte) PI: Œuvres européennes de producteurs indépendants (en proportion du temps total de diffusion pris en compte16) OR (% de PI): Œuvres européennes récentes de producteurs indépendants (en proportion des œuvres européennes de producteurs indépendants) OR: Œuvres européennes récentes de producteurs indépendants (en proportion du temps total de diffusion pris en compte). Source: sixième communication de la Commission au Conseil et au Parlement européen relative à l’application des articles 4 et 5 de la directive 89/552/CE (directive “Télévision sans frontières”), telle que modifiée par la directive 97/36/CE, pour la période 2001-2002 (COM(2004) 524, p. 12). 16 Ou, selon le choix opéré par l’État membre lors de la transposition de la directive, le budget moyen de programmation réservé aux œuvres européennes émanant de producteurs indépendants. 8 Eu égard à la nature différente des services non linéaires, et aux différences de possibilités de contrôle ouvertes aux utilisateurs, la Commission européenne a dès le départ annoncé clairement que la fixation de quotas de contenu pour ces services ne constitue certainement pas le bon instrument pour réaliser la diversité culturelle, et qu’elle pourrait même avoir l’effet inverse. En conséquence, la nouvelle directive proposée se borne à obliger les États membres à assurer que les fournisseurs de services non linéaires promeuvent l’accès à des oeuvres européennes, mais seulement dans la mesure du possible, et par des moyens laissés à la discrétion des États membres. La Commission ne propose pas de seuils de contenu européen, et elle ne tente pas non plus de dire comment des services non linéaires doivent fournir un accès à des oeuvres européennes. La Commission estime que dans la plupart des États membres, la dynamique du marché audiovisuel lui-même, et notamment des seuils d'entrée abaissés pour les services audiovisuels non linéaires, engendreront un secteur du contenu dynamique et enraciné profondément dans l'Union européenne. Autres instruments pour promouvoir la diversité culturelle contenus dans la nouvelle directive Pour protéger l’intégrité des oeuvres cinématographiques, la nouvelle directive “Télévision sans frontières” prévoit un intervalle de trente-cinq minutes entre les pauses publicitaires pendant les films. Les règles plus claires concernant le placement de produits proposées par la Commission encourageront les investissements dans la production audiovisuelle. La directive “Télévision sans frontières” modernisée autorisera le placement de produits dans les limites d’un cadre juridique adéquat protégeant les intérêts essentiels des téléspectateurs, tels que le droit d’être informé. Y aura-t-il des quotas de contenu européen sur l’internet? Il n’en est absolument pas question. L’internet est en effet un réseau mondial dans lequel il serait impossible d’imposer la présence de contenus provenant de régions particulières du monde. Ce sera la demande des consommateurs qui, finalement, déterminera si les fournisseurs de services de médias audiovisuels non linéaires désireront offrir des contenus à caractère plus local ou régional. En conséquence, pour ce qui concerne de tels services non linéaires ou de vidéo à la demande, la proposition de la Commission se borne à disposer que les États membres “veillent à ce que les fournisseurs de services de médias relevant de leur compétence facilitent, lorsque cela est réalisable, et par des moyens appropriés, l’accès aux oeuvres européennes au sens de l’article 6”. Il s’agit là d’un signal politique fort que les services à la demande, tout comme les services programmés, doivent promouvoir les productions européennes et la diversité culturelle. Cependant, cette disposition n’introduit pas de quotas. Elle ne fixe pas de seuils, ni ne précise des moyens de mise en oeuvre. La mention “lorsque cela est réalisable” donne aux États membres la marge de manoeuvre nécessaire pour tenir compte des caractéristiques spécifiques de leurs marché audiovisuels nationaux respectifs, et éviter de réglementer à l’excès les services non linéaires émergents. 9 Pourquoi le principe du pays d’origine est-il depuis 1989 la pierre angulaire de la directive “Télévision sans frontières”? Y a-t-il moyen de lutter contre les applications abusives de ce principe? Le principe du pays d’origine, selon lequel tout fournisseur de services de médias relève d'un seul État membre, est la pierre angulaire de la directive “Télévision sans frontières” et la base de tous les plans d'entreprise pour de nouveaux services. Les fournisseurs de service de médias audiovisuels doivent pouvoir être juridiquement certains de ne pas avoir à respecter vingt-cinq législations nationales différentes, mais seulement la législation du pays dans lequel ils sont établis. La liberté des fournisseurs de services de médias audiovisuels de s’établir dans l’État membre de leur choix est inscrite au traité CE. Ils utilisent de plus en plus cette liberté fondamentale pour fournir de nouveaux services dans les États membres et par-delà les frontières. Quelque trois cents chaînes sont actuellement disponibles dans l’Union européenne17, et le simple fait qu’un fournisseur de services n’offre pas de services dans l’État membre dans lequel il est établi ne saurait être considéré en soi comme un abus de ce principe. Un tel abus n’existe que s'il peut être prouvé que le choix d'un lieu d'établissement particulier par un fournisseur de services repose sur l'intention d'éviter frauduleusement des règles nationales qui, autrement, lui auraient été applicables. Dans sa jurisprudence constante, la Cour a toujours affirmé que les États membres conservent le droit d’agir contre les fournisseurs de services qui abusent clairement du principe du pays d’origine et de la liberté d’établissement. Jusqu’à présent, les États membres convaincus qu’un fournisseur de services particulier a abusé de cette liberté devaient entamer une procédure d’infraction complexe et souvent très longue. La nouvelle directive permettra aux États membres de poursuivre un radiodiffuseur qui abuse de cette liberté fondamentale, et elle met en place une procédure d’infraction simplifiée assortie de délais impératifs sous la surveillance de la Commission européenne. Il sera désormais plus facile pour les États membres de poursuivre tout fournisseur de services audiovisuels qui abuse de la liberté d’établissement, et la Commission européenne veillera à protéger le marché unique au cours de cette procédure. Comment peut-on mieux protéger l’Europe contre des émissions de pays tiers incitant à la haine? La directive “Télévision sans frontières” actuelle impose déjà aux radiodiffuseurs de pays tiers de respecter les règles européennes, notamment celles relatives à la dignité humaine, à la non-discrimination et à la protection des mineurs, si leurs émissions peuvent être captées en Europe et s’ils utilisent un système satellitaire européen ou une liaison montante située dans un État membre. Dans un tel cas, l’État membre compétent peut, en dernier ressort, interdire une radiodiffusion si elle est contraire à des règles européennes, et obliger l’exploitant du satellite ou de la liaison montante à mettre fin à la radiodiffusion en cause. 17 Observatoire audiovisuel européen, annuaire 2004. 10 En pratique, selon les règles européennes actuelles, les États membres, et surtout la France et le Luxembourg, doivent surveiller un nombre énorme d’émissions provenant de pays tiers, parce que la plupart de ces programmes sont diffusés par Eutelsat ou Astra. L’expérience acquise avec la directive “Télévision sans frontières” indique qu’il y a lieu de répartir plus équitablement parmi les États membres la responsabilité de surveiller les programmes provenant de pays tiers, et que l’avènement de la radiodiffusion numérique par satellite interdit à un exploitant de satellite de fermer une chaîne particulière. Les chaînes de télévision numérique ne sont en effet plus diffusées individuellement, mais regroupées dans un “multiplex”. La seule possibilité pour les exploitants de satellite est de fermer tout le multiplex, ce qui pénaliserait un certain nombre d’autres chaînes respectant les règles. C’est la raison pour laquelle la Commission propose des modifications techniques qui répartiront plus équitablement parmi plusieurs États membres la charge de surveiller les programmes de pays tiers, et garantiront ainsi une surveillance et, le cas échéant, un contrôle efficaces. La responsabilité en incombera à l’État membre qui a la responsabilité technique de fermer une chaîne particulière. Il est bien évident que l’interdiction de chaînes de télévision ou d’autres médias audiovisuels ne peut être justifiée que par des violations très graves des principes de notre société démocratique, pluraliste et ouverte. Qu’apporte la directive en matière de pluralisme des médias? L’Union européenne est tenue de protéger le pluralisme des médias, le droit à l’information et la liberté d’expression proclamés à l’article 11 de la Charte des droits fondamentaux. La directive “Télévision sans frontières” prévoit d’importantes mesures pour assurer le pluralisme des médias au niveau communautaire. La présente directive modificative les renforce. L’étude d’incidence réalisée pour préparer la proposition d’une nouvelle directive18 a montré que les mesures en vue de promouvoir les productions européennes et indépendantes ont eu des effets positifs considérables : par exemple, les oeuvres européennes réalisées par des producteurs indépendants occupent un tiers du temps d’émission, et constituent environ la moitié de toutes les oeuvres européennes. Il s’agit là d’une importante source de contenus indépendante, et donc d'une contribution importante au pluralisme des médias. La nouvelle directive prévoit de nouvelles règles pour tous les services audiovisuels en ce qui concerne l’accès à des oeuvres européennes. La nouvelle directive oblige également les États membres à garantir l’indépendance des autorités de régulation nationales. Une autorité de régulation indépendante ne doit pas faire partie de la structure proprement dite d’une administration gouvernementale, et doit disposer d’un appareil qui lui est entièrement réservé. L’exercice adéquat de pouvoirs réglementaires indépendants est essentiel pour le pluralisme. Ces pouvoirs comprennent l’administration du secteur de la radiodiffusion (l’octroi de licences d’émission, par exemple), la surveillance (le contrôle des programmes, par exemple) et la réglementation (des codes de pratique, par exemple). 18 Étude de l’impact des mesures concernant la promotion de la distribution et de la production de programmes télévisés (communautaires et nationaux) au titre de l’article 25 bis de la directive “Télévision sans frontières”: http://europa.eu.int/comm/avpolicy/stat/studi_en.htm. SIXIÈME COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU CONSEIL ET AU PARLEMENT EUROPÉEN relative à l’application des articles 4 et 5 de la directive 89/552/CE “Télévision sans frontières” pour la période 2001-2002: http://europa.eu.int/comm/avpolicy/regul/twf/art45/art45-intro_en.htm 11 La nouvelle directive opère-t-elle une distinction entre règles pour les radiodiffuseurs publics et règles pour les radiodiffuseurs commerciaux ? Non. Le traité CE et toutes les règles communautaires concernant les médias, notamment la présente directive et la nouvelle directive proposée, laissent aux États membres le soin de définir le mandat des radiodiffuseurs de service public et de choisir le modèle de financement des activités des radiodiffuseurs de service public couvertes par ce mandat. Ce sera donc aux États membres qu'il appartiendra de décider de permettre aux radiodiffuseurs de service public d'exploiter la flexibilité renforcée qu'introduit la nouvelle directive en ce qui concerne la publicité. Les parties intéressées ont-elles été consultées sur la proposition de la Commission ? Oui. La nouvelle directive proposée exploite les résultats d’une consultation intensive réalisée dans toute l’Union européenne, qui a commencé en juillet (voir IP/05/908), et à laquelle ont participé des représentants du secteur audiovisuel, des opérateurs de télécommunications, des fournisseurs de services internet, des organisations de consommateurs et d’autres parties intéressées. Il a été tenu compte des résultats de ces consultations dans une évaluation d’impact approfondie publiée en même temps que la proposition d’une nouvelle directive. Le Parlement européen s’est-il déjà exprimé sur la nécessité de moderniser la directive “Télévision sans frontières”? Oui. Le Parlement européen a participé très activement au réexamen de la directive “Télévision sans frontières” existante. Demande de révision de la directive “Télévision sans frontières” Dans une résolution adoptée le 4 septembre 2003, le Parlement européen a demandé un réexamen complet de cette directive pour tenir compte du progrès technique et des changements dans la structure du marché audiovisuel. Voir la résolution du Parlement européen sur la télévision sans frontières (2003/2033(INI)) adoptée par le Parlement européen du 4 septembre 2003, et le rapport du 25 juin 2003 (PE 312.581 A5-0251/2003) sur la télévision sans frontières (2003/2033(INI)), de la Commission de la culture, de la jeunesse, de l’éducation, des médias et des sports (rapporteur : M. Roy Perry): http://www.europarl.eu.int/omk/sipade3?PUBREF=-//EP//NONSGML+REPORT+A52003-0251+0+DOC+PDF+V0//EN&L=EN&LEVEL=1&NAV=S&LSTDOC=Y Demande en vue de promouvoir une production européenne indépendante et la pluralité Dans sa présentation du rapport du 21 juin 2005 établie par le Parlement de sa propre initiative, le rapporteur, M. Henri Weber, a déclaré que la Commission doit maintenir au moins les normes minimales actuelles concernant les productions indépendantes et européennes lors du réexamen de la directive “Télévision sans frontières”. M. Weber a demandé que des mesures soient prises pour empêcher la radiodiffusion de devenir entièrement commerciale et que des exigences minimales soient fixées pour assurer la pluralité. 12 Voir la résolution du Parlement européen sur l’application des articles 4 et 5 de la directive 89/552/CE (directive “Télévision sans frontières”), telle qu’elle a été modifiée par la directive 97/36/CE, pour la période 2001-2002 (2004/2236(INI)) adoptée par le Parlement européen le 6 septembre 2005, et le rapport du 21 juin 2005 (PE357.689) sur l’application des articles 4 et 5 de la directive 89/552/CE (directive “Télévision sans frontières”), telle qu’elle a été modifiée par la directive 97/36/CE, pour la période 2001-2002, de la Commission de la culture, de la jeunesse, de l’éducation, des médias et des sports (rapporteur: M. Henri Weber): http://www.europarl.eu.int/omk/sipade3?PUBREF=-//EP//NONSGML+REPORT+A62005-0202+0+DOC+PDF+V0//EN&L=EN&LEVEL=4&NAV=S&LSTDOC=Y 13