12 logie La place de la bioeutique p dans le suivi théra e de la femm SUIVI DE GROSSESSE Diagnostic pré-natal TORCH, un enjeu primordial dans le suivi de grossesse Le diagnostic des TORCH (toxoplasmose, rubéole, CMV, herpès) est essentiel pour la prise en charge des femmes enceintes. Panorama de ce qu'il recouvre, par le Dr Christelle Vauloup-Fellous, Hôpital Antoine Béclère de Clamart. De nombreux micro-organismes peuvent être à l’origine d’infections transmissibles de la mère à l'enfant et responsables de pathologies parfois graves chez le fœtus, dont Toxoplasma gondii (toxoplasmose), le virus de la rubéole, le cytomégalovirus (CMV) et le virus herpès simplex (HSV1 et 2). L’enjeu de leur détection précoce est important pour les biologistes et les cliniciens qui doivent veiller à la réalisation et à la juste interprétation des tests. En France, 48 équipes sont spécialisées dans le diagnostic et la prise en charge de ces infections en cours de grossesse, les Centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal (CPDPN). • ZOOM SUR... Toxoplasmose Le toxoplasme est un protozoaire cosmopolite. Son dépistage systématique par sérologie est recommandé chez toute femme, en pré-conceptionnel ou à l’occasion de la première consultation pré-natale. Situations possibles : • IgM-/IgG- : absence d’immunité. Un suivi sérologique mensuel sera réalisé, jusqu’à un mois après l’accouchement. Le respect des règles d’hygiène est recommandé pendant toute la grossesse. • IgM-/IgG+ : immunité ancienne. • IgM+/IgG+ : un test d’avidité des IgG sera nécessaire pour évaluer l’ancienneté de l’infection. • IgM+/IgG- : présence d’IgM non spécifiques ou début de séroconversion. Un contrôle devra être réalisé à 2 semaines. Chaque année en France, près de 1000 femmes font une primo-infection en cours de grossesse, à l’origine d’environ 300 infections congénitales. Seuls 20 % des enfants infectés in utero sont symptomatiques 1. [1] Grangeot-Keros L. et Vauloup-Fellous C., Les infections virales transmissibles de la mère à l'enfant in utero : actualités, la Santé de la Femme, Cahier 3, n°210, décembre 2008. 10 000 BIO - N° 92 - NOVEMBRE 2014 MAG_10MBIO_92_GYNECO_24P_235*300_VF3_BAT_21112014.indd 12 21/11/2014 11:43 13 Rubéole La séroprévalence du virus de la rubéole étant élevée en France, les cas d’infection materno-fœtale sont rares. Pourtant, le virus circule toujours puisque 15 à 25 infections maternelles 1 sont rapportées chaque année. Situations possibles : > Dépistage systématique : • IgG- : absence d’immunité. Un deuxième prélèvement sera nécessaire vers 20 SA. • IgG+ : présence d’anticorps à interpréter en fonction du contexte clinique. > En cas de contexte évocateur : • IgM-/IgG- : absence d’immunité, absence de marqueur de primo-infection récente. • IgM+/IgG+ : continuer l’investigation par mesure de l’avidité des IgG. • IgM-/IgG+ : primo-infection peu probable. • IgM+/IgG- : primo-infection possible. À confirmer sur un nouveau prélèvement sous 5 à 10 jours. En cas d’infection maternelle avant 12 SA, le risque malformatif est majeur pour le fœtus et une interruption de grossesse pour raison médicale peut être envisagée. En cas d’infection maternelle entre 12 et 20 SA, en cas d’infection congénitale, le risque principal est la surdité. Il est recommandé que les femmes dépistées séronégatives en cours de grossesse soient vaccinées après l’accouchement. « En cas de difficultés d’interprétation ou de discordances entre techniques, des investigations complémentaires peuvent être réalisées au centre national de référence des infections rubéoleuses materno-foetales. » Dr Vauloup-Fellous. Virus Herpès Simplex Chaque année, en France, environ 20 cas d’herpès néonatal 1 sont recensés. La transmission materno-fœtale est d’autant plus importante que l’infection ou la poussée a lieu dans les jours précédant l’accouchement. 75 % des cas 1 font suite à une primo-infection maternelle dans le dernier mois de la grossesse. Le délai d’apparition des anticorps pouvant varier de 3 semaines à 3 mois, la recherche directe du virus après prélèvement des vésicules est la méthode de référence en cas de signes maternels. Le risque majeur pour le fœtus est l’infection herpétique néonatale cutanée ou neurologique, à l’origine de 50 % de décès 1, de lourdes séquelles ou de nombreuses récurrences. « Le dépistage systématique des HSV ne fait pas l’objet d’une recommandation en France et les sérologies sont réalisées au cas par cas. Et bien que HSV2 semble plus virulent, les deux types d’herpès sont retrouvés dans les infections materno-fœtales. » Dr Vauloup-Fellous. Docteur Christelle Vauloup-Fellous, Hôpital Antoine Béclère, Clamart Cytomégalovirus (CMV) Le dépistage systématique de l’infection à CMV pendant la grossesse n’est pas recommandé en France, comme dans la plupart des pays d’Europe. On estime à 50 % la proportion de femmes immunisées contre ce virus, et entre 0,5 et 2 % l’incidence de la primo-infection pendant la grossesse. La réinfection/réactivation du virus en cours de grossesse est également à risque pour le fœtus et doit être explorée en cas d’apparition de signes échographiques évocateurs. Situations possibles : > Dépistage systématique : • IgG- : absence d’immunité. • IgG+ : présence d’anticorps. L’investigation doit être poursuivie par la recherche d’IgM et la mesure de l’avidité des IgG. > En cas de contexte évocateur (signes cliniques maternels ou signes échographiques) : • IgM-/IgG- : absence d’immunité, absence de marqueur de primo-infection récente. • IgM+/IgG+ : primo-infection possible. Continuer l’investigation par mesure de l’avidité des IgG. • IgM-/IgG+ : Primo-infection récente peu probable (à interpréter en fonction du terme de la grossesse). • IgM+/IgG- : Primo-infection possible. À confirmer par l’apparition des IgG sous 5 à 10 jours. L’infection à CMV est en générale asymptomatique ou se présente sous la forme de symptômes non spécifiques chez la mère (fatigue, adénopathies). En revanche, il peut être à l’origine de fœtopathies chez le fœtus, dont la gravité est liée au terme de l’infection maternelle. Des mesures d’hygiène, telles qu’éviter le contact avec la salive (baisers, partage de cuillères…) des jeunes enfants, et le lavage fréquent des mains sont efficaces en prévention de l’infection maternelle. « Les conseils de prévention réduisent fortement les risques d’infection. Dans le cas du CMV, les mesures simples d’hygiène diminuent par quatre le risque de primo-infection par le CMV. » Dr Vauloup-Fellous. • LE MAGAZINE D’INFORMATION BIOMÉDICALE DE ROCHE DIAGNOSTICS FRANCE MAG_10MBIO_92_GYNECO_24P_235*300_VF3_BAT_21112014.indd 13 21/11/2014 11:43