Revue Médicale Suisse
Evaluation et prise en charge du pied
diabétique
Auteur : C. Pin B. Peter-Riesch J. Philippe
Numéro : 2440
Sujet: Diabète
L’augmentation mondiale de la prévalence du diabète de type 2 a comme
conséquence une augmentation de l’incidence d’ulcères du pied chez le patient
diabétique. Le pied diabétique est un problème économique majeur,
particulièrement lorsqu’une amputation est nécessaire, car il implique un
traitement et une hospitalisation prolongée, une réhabilitation dans des centres
de convalescence ainsi que l’intervention des services sociaux. D’autre part,
l’amputation implique un impact négatif, non négligeable, sur le plan
psychologique. Un grand nombre d’études prouvent qu’on peut réduire les
amputations de 50% si on suit une stratégie de prévention (inspection régulière
des pieds, chaussures adaptées, suivi des patients ayant présenté des ulcères
des pieds, à haut risque de récidive, diagnostic précoce d’une maladie
vasculaire périphérique…). L’objectif de cet article est de donner des critères
d’évaluation du pied diabétique pour déterminer le risque d’ulcérations et
d’amputations. Un programme éducationnel à transmettre aux patients
diabétiques est proposé.
Introduction
Le diabète est une maladie chronique secondaire, à la fois, à des facteurs héréditaires et
de l'environnement. En 1996, la prévalence mondiale du diabète était de 120 millions de
personnes atteintes, et la prédiction pour 2025 est un doublement à 250 millions ; cette
épidémie est due à une augmentation de la population âgée, de la prévalence de
l'obésité, de la sédentarité et aux changements des modèles diététiques.1 Nombreuses
sont les complications qui atteignent les diabétiques, comme les maladies
cardiovasculaires, l'insuffisance rénale et les problèmes oculaires, mais les complications
au niveau des pieds sont parmi les plus fréquentes et redoutées. 40% des amputations
des membres inférieurs sont en relation avec le diabète. La Déclaration de St Vincent,2
signée en 1990 par l'OMS, la Fédération internationale du diabète et d'autres
organisations nationales, avait comme objectif de réduire le pourcentage des
amputations de 50% en cinq ans, par dépistage et éducation des patients à risque.
Néanmoins, l'impact pratique d'une telle Déclaration est resté limité.
Les 85% d'amputations des membres inférieurs chez les diabétiques sont précédés d'un
ulcère des pieds. Les facteurs de risque les plus importants sont la neuropathie
périphérique, les traumatismes mineurs et les déformations du pied (tableau 1).