Tectonique et Processus d’exhumation récente (1-8 Ma) des Cordillera Blanca et Negra, Pérou
Central : Apports de la thermochronologie basse température et des isotopes cosmogéniques
Laboratoire ISTerre, équipe Tectonique Reliefs Bassins
Directeurs de thèse : Laurence Audin et Xavier Robert
Problématique :
Les Andes péruviennes sont l’exemple classique d’un orogène de subduction océanique. De nombreuses
problématiques de premier ordre sont débattues à l’heure actuelle. Parmi ces questions, le rôle et la nature de
l’épaississement crustal (magmatique ou tectonique) ainsi que les interactions entre le processus de subduction
et les soulèvements tectoniques observés le long de la Cordillère de la côte reste à contraindre.
Parmi les plus importants des reliefs andins, les Cordillères Blanca (6768 m) et Negra (5181 m) s’alignent de
part et d’autre de la vallée du Rio Santa dans une direction NW-SE le long de la côte Pacifique au Pérou Central.
Les sommets englacés de la Cordillère Blanca présentent sur leur flanc ouest un système majeur de failles
normales continu sur plus de 200 km et présentant un rejet vertical de ~4500 m depuis 5 Ma [Bonnot, 1984]. Ce
système tectonique se localise en bordure du vaste pluton granitique de 8 Ma. En dépit de nombreux indices
géomorphologiques témoignant d’une activité néotectonique croissante du Sud vers le Nord (0.5 à 5 mm.a-1),
aucun grand séisme historique n’a été associé à ce système de failles. Schwartz et al. [1988] proposent à partir
d’études paléosismologiques que le faisceau de failles de la Cordillera Blanca, produit des séismes de Magnitude
7-7.5 avec une récurrence de 2000 ans. L’exhumation de cette cordillère semble être associée à la mise en place
du pluton [Montario, 2001] mais son origine reste incomprise. De plus, la mise en place du pluton et l'activité
volcanique actuelle localisée à l'aplomb d'une géométrie de subduction plane reste anormale et incomprise.
Contrastant avec la Cordillère Blanche, la cordillère Noire est une chaine plus ancienne [Noble et al., 1999]
qui reste complètement inexplorée. En effet, son évolution en terme d’exhumation n’a jamais été étudiée. Sur le
plan structural, l’extension de la trace de la faille vers le Nord et le Sud des massifs granitiques n’a pas été
poursuivie.
Ce contexte géodynamique fait de cette région une cible privilégiée pour l’étude des processus tectoniques
accompagnant l’exhumation. Plus particulièrement, la mise en place du relief dans la chaîne de montagne
nécessite d’être abordée avec les questions suivantes : Quelle sont les histoires d’exhumation respectives des
deux cordillères ? Quelle est la relation entre ces exhumations différentielles, les processus d’exhumation et
l’évolution morphostructurale des Cordillères Blanche et Noire dans le cadre géodynamique de la subduction?
Quel est l’impact de ces mécanismes dans l’évolution globale de la chaîne des Andes ?
L’étude combinée de l’histoire d’emplacement de ces deux massifs, de leur exhumation, des mécanismes
d’érosion (glaciaire ou non) associés et de leur évolution structurale dans le cadre de l’édification de la chaîne
des Andes en font un objectif unique pour ce sujet de thèse. Pour répondre à ces questions, nous proposons de
comprendre l’évolution à court terme (103-105 ans) et à long terme (105-107 ans) des deux unités. Nous nous
appuierons sur des études de SIG associées à de la cartographie structurale et des datations nucléides
cosmogéniques (TCN) pour déterminer les taux d’érosion ainsi que l’activité et l’extension spatiale du système de
failles normales. Nous couplerons à ce travail une étude thermochronologique de basse température (optically
stimulated luminescence/OSL, et traces de fission sur apatites). Ces données seront intégrées aux modèles
numériques afin de quantifier l’exhumation au travers des deux cordillères ainsi que l’évolution de leur relief.
En parallèle, en complément à la problématique scientifique présentée, cette thèse permettra d’améliorer et
de valider la technique de thermochronologie OSL en cours de développement par F. Herman. Ce tout nouveau
thermochronomètre (T fermeture = 30-35°C), actuellement appliqué uniquement aux Alpes de Nouvelle Zélande,
permet l’accès au processus d’exhumation les plus récents (Processus jusqu’alors non décrit par les méthodes
traditionnelles). Cette nouvelle technique, de mise en œuvre relativement simple s’applique tout particulièrement
dans des régions à taux de soulèvement élevés (1-10 mm.a-1 ; Herman et al. [2010]). La région ciblée dans ce
projet en est un exemple de choix.
Moyens analytiques : Serveurs SIG, Laboratoires de préparation des échantillons, TCN et traces de fission,
Cluster de calcul.