Titre de la thèse : Influence climatique sur l’érosion Himalayenne appréhendée par la
thermochronologie détritique des sédiments Miocène-Quaternaire du Golfe du Bengale
Laboratoire de rattachement : ISTerre
Téléphone : 04 76 63 59 36 / 04 76 51 40 62
Mots clés : Exhumation, érosion, climat, thermochronologie détritique (traces de fission sur
apatites), provenance, géochimie in-situ, Himalaya.
L’influence des variations climatiques intervenus depuis le début du Miocène sur l’érosion
himalayenne reste très débattu1-3. Notamment, les intensifications de la mousson indienne lors
du Miocène moyen (15-17 Ma) puis du Miocène tardif (7-8 Ma) semblent avoir déclenché des
réponses érosives opposées dans la chaîne. La période du Plio-Pléistocène (<5 Ma)
correspond à une intensification du refroidissement global associée à une grande variabilité
des conditions climatiques, et au début de l’englacement des chaînes de montagne. Cette
instabilité climatique est susceptible d’avoir amplifié l’érosion des reliefs, dont les produits
ont été transportés jusque dans les bassins océaniques.
La chaîne himalayenne, en raison de son altitude élevée, de sa couverture glaciaire et du
climat de mousson qui l’affecte est un chantier idéal pour analyser le rôle du changement
climatique Miocène-Quaternaire sur l’érosion. Le système himalayen produisant en outre les
plus grands volumes de matériaux érodés à l’océan, il est très adapté à l’analyse de
l’enregistrement sédimentaire à partir matériaux déposés dans le Golfe du Bengale. La
campagne de forages 354 de l’IODP (International Ocean Drilling Program) a eu lieu pendant
février-mars 2015 et a permis d’acquérir des échantillons inédits du Golfe du Bengale. L’une
de nous a été sélectionnée pour embarquer sur cette campagne. Nous aurons alors la priorité
pour l’exploitation des données acquises en mer pendant 1 an.
La méthode mise en œuvre dans ce projet est la thermochronologie par traces de fission sur
apatite des matériaux détritiques, qui permet de documenter l’évolution des taux
d’exhumation de la chaîne sur la période enregistrée par les sédiments. L’utilisation d’un
thermochronomètre basse température comme les traces de fission sur apatite (Tc=110
±10°C), couplé avec des systèmes de température de fermeture plus élevées comme (U-
Th)/He sur zircon (collaboration R. Pik, CRPG) ou Ar-Ar sur mica (collaboration Y. Najman,
embarquante de l’Université de Lancaster), permet en principe de déceler les variations de
dénudation aux échelles de temps géologiques. Les âges traces de fission sur apatites des
roches in-situ de l’Himalaya étant de l’ordre de quelques Ma seulement4-6, on peut espérer
déceler des variations des taux d’exhumation avec une résolution temporelle de 1-2 Ma. Afin
de contraindre les sources des apatites analysés par la thermochronologie traces de fission,
nous mettrons en oeuvre des méthodes novateurs de géochimie in-situ des isotopes du Nd7
(collaboration Y. Najman, Univ. de Lancaster et I. Millar, NERC, R.U.) et du Sr (collaboraton
A. Galy, CRPG Nancy) dans les monograins d’apatite.
Ainsi, à partir des matériaux détritiques du cône du Bengale, on peut espérer mettre en
évidence des variations des taux et de la distribution géographique de la dénudation à court
terme et rechercher des liens avec des facteurs climatiques en les comparant aux proxies
minéralogiques et géochimiques, aux taux d’accumulation et à l’analyse de la matière
organique acquis conjointement par les collègues de l’équipe scientifique embarquante.