Les 8 introductions philosophiques essentielles de Thomas d`Aquin

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Les 8 introductions philosophiques essentielles de Thomas
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Les 8 introductions philosophiques
essentielles de Thomas d'Aquin
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Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin
INTRODUCTIONS A LA PHILOSOPHIE PAR THOMAS
D’AQUIN
INTRODUCTIONS A LA PHILOSOPHIE PAR THOMAS D’AQUIN
1
PROŒME AU COMMENTAIRE DE L’INTERPRETATION.
4
PROŒME AU COMMENTAIRE DES SECONDS ANALYTIQUES.
6
PROŒME AU COMMENTAIRE DES PHYSIQUES.
7
PROŒME AU COMMENTAIRE DU TRAITE DU CIEL.
10
PREMIERE LEÇON DU COMMENTAIRE DU TRAITÉ DE L’ÂME.
11
PREMIERE LEçON DU COMMENTAIRE DE L’ETHIQUE A NICOMAQUE.
19
PROŒME AU COMMENTAIRE DE LA POLITIQUE.
25
première leçon du commentaire de la politique
27
PROŒME AU COMMENTAIRE DE LA METAPHYSIQUE
33
Une introduction à la philosophie de Thomas d’Aquin est toujours un exercice délicat auquel s’essayent les
meilleurs parmi les disciples du Docteur. Mais compte tenu de la personnalité toujours affirmée de ces
auteurs, la tentative prend fréquemment un tour original qui reflète autant la pensée propre du mentor que
celle du Maître, et pour tout dire, la vision personnelle de l’un sur l’autre. Il faut alors très bien connaître la
philosophie de Thomas d’Aquin pour apprécier à sa juste valeur l’introduction qui en est proposée. Ainsi se
boucle un cercle vicieux qui est la raison majeure des difficultés à pénétrer la pensée thomiste. La solution
ne serait-elle pas alors, d’aller chercher cette initiation chez Thomas d’Aquin lui-même ?
Mais ni lui, ni Aristote dont il est le disciple en la matière, n’ont écrit d’introduction à la philosophie.
Cependant, Aristote, dans certains de ses traités, prépare rapidement le lecteur à la discipline qu’il aborde
avec quelques définitions sur l’objet étudié, les articulations de la discipline, la méthode à utiliser et la
finalité poursuivie. A sa suite, mais de façon beaucoup plus systématique, Thomas d’Aquin fait précéder
ses œuvres d’un «proœmium» (ou prologue, ou préface) où il poursuit les mêmes intentions. Chacun de
ses commentaires des traités d’Aristote bénéficie ainsi de considérations préalables, et même, dans l’un
d’eux – sur le traité de l’âme – il explique les règles à respecter pour construire un bon «proœmium».
A défaut donc d’une introduction systématique, nous proposons au lecteur une traduction française (que
nous espérons abordable) des huit principales parmi ces préfaces : proœme au commentaire du traité «de
l’Interprétation», à celui du traité «de la Démonstration», à celui du traité des «Physiques», à celui du
traité «du Ciel», à celui du traité «de l’Âme», à celui du traité de l’ «Ethique», à celui du traité de
la «Politique», et enfin au commentaire du traité de la «Métaphysique».
A) A)
PREMIERE INTENTION.
Le but premier du présent travail est donc de proposer à l'amateur éclairé, un texte français significatif de
la philosophie d'Aristote commentée par Thomas d'Aquin.
1°) Par «significatif», nous voulons d'abord dire fidèle à la pensée de ces auteurs. A cet égard, le choix
de traductions est un gage de plus grande objectivité sur le fond, car le traducteur ne s’engage que très
peu personnellement. C'est aussi une solution de facilité, donc une sécurité, quant à la forme, car il
dispense l'auteur : 1°) de développer une pensée personnelle, et 2°) de prouver que cette pensée est bien
conforme à celle du maître qu'il veut présenter. La traduction est le genre littéraire permettant le mieux
d'éviter toute subjectivité, ou du moins de la déceler le plus facilement au vu du texte original.
2°) En outre, « significatif « équivaut à essentiel. Essentiel, non pas pour le sage accompli, mais pour le
lecteur désireux de s'initier. Or rien ne l'est plus que ces «proœmes», où Aristote et Thomas d’Aquin
cadrent nos idées en quelques pages. Pour chaque sujet abordé, nous découvrons les grandes
interrogations et les principales conclusions le concernant, son organisation interne, son importance et ses
difficultés, ainsi que sa place et son originalité dans l'économie générale de la philosophie. Ainsi mis sur
rails, nous avançons à grands pas. Reportons-nous tout de suite à la première leçon du commentaire du
traité de l'âme : un proœme doit «... mettre l'auditoire en appétit, en lui montrant l'utilité d'une science, (...)
le discipliner en lui donnant l'ordre et les subtilités du traité, (...) enfin éveiller son attention en relevant les
difficultés «.
Nous avons respecté la séquence donnée par les auteurs eux-mêmes dans l'exposition des différentes
branches de la philosophie : Logique, Physique et Psychologie, Ethique, Politique, Métaphysique. Lorsque
Aristote commet lui-même un proœme à ses traités, Thomas d’Aquin se contente le plus souvent de le
commenter, sans rien ajouter. De sorte que nous aurons soit des proœme de la main même de Thomas
d’Aquin, là ou Aristote reste muet : «Interprétation», «Démonstration», «Du Ciel», soit des commentaires
de proœmes d'Aristote : «L'Ame» et «Ethique», soit les deux - proœme de Thomas d’Aquin et
commentaire du proœme d’Aristote - : «Physique», «Politique» et «Métaphysique».
3°) Mais nous entendons aussi par «significatif» que ce texte soit parlant pour le lecteur. Et là, pensonsnous, se trouve notre valeur ajoutée. Le fil directeur de ce travail fut constamment de ne livrer du texte latin
que la richesse de la pensée, sans l'obscurcir par un jargon inconnu de tout dictionnaire français. Les
traductions littérales, bien que souvent émaillées d'inventions de vocabulaire et d’incongruités
grammaticales, ont leur pleine justification comme documents de travail. Thomas d’Aquin a lui-même fondé
ses commentaires philosophiques sur ce genre de textes. Reste qu'elles sont tout à fait indigestes pour le
profane, même cultivé.
S'il n'a pas prétention à la science, le traducteur peut, semble-t-il, ne pas se soucier de la technique,
lorsqu'elle alourdit le style, sachant que l'étude rigoureuse d'une pensée ne peut se faire que dans sa
langue originelle. Nous avons donc supprimé ce qui, chez les thomistes, existe au moins autant que chez
les philosophes germanisants : tout un apparat de mots consacrés et d'expressions intraduisibles, qui ne
devraient pas avoir le droit de franchir les murs des écoles. Plus encore, nous avons souvent abrégé, voire
omis, des passages de Thomas d’Aquin correspondant à la technique du commentaire : rappels du plan,
situations des extraits commentés, références ... Nous avons enfin essayé de trouver une expression qui
fasse bon ménage avec les usages de la langue française, sans trahir les auteurs.
Dans cette optique, il a fallu souvent supprimer des répétitions logiquement nécessaires, mais
désagréables, et à l'inverse, gloser là où la concision latine pouvait être obscure. Le choix du vocabulaire
fut aussi un problème épineux. Si certains mots latins sont difficilement traduisibles autrement que par leur
calque français (genre, âme, substance, puissance, …), il a fallu d'abord éviter de recopier
systématiquement le latin (le terme latin perfectum a un sens différent du mot français parfait), mais nous
avons dû tout autant nous défendre contre le refus systématique de calquer ce même latin, sous prétexte
de déontologie.
Un même mot est souvent traduit de façons différentes, soit parce que le sens latin, trop riche, ne trouve
pas son correspondant français (ratio, ars, habitus, ...), et il est alors rendu, selon le contexte, par des
synonymes plus limités, soit parce que la répétition, fréquente chez Thomas d’Aquin, nuirait au style. Mais
ce que l'on gagne en précision ou en art, on le perd en technicité, et surtout en élévation de pensée. C’est
la marque en effet d’une intelligence profonde, de voir sous un même concept - et donc sous un même
mot -, une multiplicité de concepts inférieurs, dans leur communauté de racine. Rectitude et profondeur ne
sont pas des traits de génie de la langue française, qui est plus celle de dialecticiens et de poètes que de
philosophes.
L’usage du mot «proœme» est une des rares concessions au vocabulaire scolastique, faite par goût
d'exotisme, plutôt que par souci de rigueur. «Habitus» est le seul mot dont la traduction ne nous a jamais
vraiment satisfait. Sa signification la plus exacte serait : «caractère acquis», mais cette expression relève
d’un autre jargon, scientifique celui-là, et nous ne l'utiliserons pas.
Enfin certaines traductions font appel, dans une faible mesure, au vocabulaire scientifique moderne, afin
de mettre en relief, tant que cela est légitime, l’actualité de la pensée des auteurs. Elles « tirent» parfois le
texte, pour exprimer de façon plus concrète ce qui n'est qu'implicite et virtuel. Nous avons cependant
l'impression de rester fidèle à Thomas d'Aquin, qui donne justement ce processus comme définition du
progrès de la connaissance.
Ces choix nous paraissent d'autant plus légitimes qu'il s'agit d'introductions. Nous n'aurions certainement
pas conçu ainsi la traduction du corps des commentaires scientifiques de st Thomas, où la rigueur
d'organisation, de progression et d'expression est extrême, et ne peut être levée sans remettre en cause
la consistance même du savoir qu'il offre.
Il n'en est pas de même ici, car ces textes sont par définition : «pré-scientifiques», au moins du point de
vue du lecteur, et leur rigueur, quoique réelle, est d'un ordre différent. Elle s'appuie essentiellement sur
l'expérience courante, le bon sens humain, l’histoire, les comparaisons, et s'exprime souvent dans des
mots très universels ou très analogiques, sans préciser encore toutes les distinctions possibles. Les auteurs
y offrent parfois des conclusions issues d'arguments qui supposent une maîtrise approfondie de la
philosophie pour être appréciés. On lit par exemple dans la politique que l'art imite la nature parce que
: «... L'intelligence humaine est semblable à l'intelligence divine ...» Il est clair qu'à notre niveau d’initiation,
nous sommes incapables de juger du bien-fondé de tels arguments, et c'était bien aussi l’avis de Thomas
d’Aquin. Il en est de même lorsqu'il donne les grandes parties de la philosophie, leurs articulations et leurs
objets, ou lorsqu'il s'exprime sur des sujets ardus tels que le cosmos, l’âme ou les «substances séparées».
A ce stade, Thomas d’Aquin ne vise pas la science, il veut simplement nous laisser entrevoir l’élévation du
sujet abordé et sa situation parmi les autres, tout en montrant que ce n'est pas sans raison, même si nous
ne pouvons encore les recevoir. De sorte que le style adopté pour ces traductions respecte tout à fait cette
intention.
Nous hésitons donc à appeler « traductions» les œuvres présentées. Parlons plutôt d'adaptations, ce qui
correspondrait mieux à notre objectif : mettre en relation deux cultures, plutôt que deux textes.
2) SECONDE INTENTION.
Au fur et à mesure de l'avancement de ces traductions, se mit à germer une idée de plus en plus pressante
: chacun de ces prologues introduit à la substance du traité auquel il appartient. Il se sert pour cela
notamment d'arguments très généraux et assez accessibles par leurs thèmes concrets et courants. Bien
souvent, ces réflexions se retrouvent, se répondent et s'enrichissent d'un proœme à l'autre. De sorte qu’une
mise en ordre systématique de ces données éparses en un seul ouvrage offrirait en quelque sorte une
introduction générale à la philosophie comme par les auteurs eux-mêmes.
C'est cette intuition qui fut à l'origine de la création (en 1984) du «Centre d'Etude Saint Thomas d'Aquin
(CESTA)», dont l'objet fut d'offrir sous forme de conférences-débats, une initiation suivie à la philosophie
d'Aristote et de Thomas d’Aquin, sur la base de ces traductions. Les textes de l’ «Initiation
philosophique», proposés au menu 3 du «Grand Portail Thomas d’Aquin» ne sont autres que la
rédaction de ces conférences. Suivant le conseil d'Aristote, nous avons réuni tous les points communs,
avant d'aborder les traits particuliers de chaque introduction philosophique. L'ensemble peut s'articuler
selon trois axes :
1°) Tout d'abord, une conception générale du monde et de l'homme, qui va du bien à l'être au travers du
mouvement et de l'âme. Ce premier ordre d'idées constitue l’objet de la philosophie, ce qu'elle cherche à
connaître. Il nous rend compte du regard spontané que le philosophe porte sur la réalité qui l'entoure, et à
partir duquel il va travailler. Vision pré-philosophique donc, commune dans ses grandes lignes à tout
homme, avant qu'il ne se mette à réfléchir de façon méthodique. Jugement immédiat et principe
indémontrable (puisque aucun principe antérieur n'existe pour lui servir de preuve), mais jugement qu'il faut
étayer solidement, notamment par la réfutation des objections et dénégations.
2°) Le deuxième axe, extrait du premier, rassemble tout ce qui concerne la connaissance. Philosopher est
en effet un acte de compréhension de la réalité extérieure. Il nous faut donc, après avoir vu l'objet, expliquer
le sujet, le siège : Les facultés de connaître propres à l’homme, ce dont traitent abondamment les proœmes,
soit pour comparer l’homme à l'animal, soit pour l'en distinguer, soit enfin pour l'immortaliser.
3°) Enfin, le troisième axe jaillit de l’union des deux précédents. Qu'est ce que la philosophie, sinon
l'application de l'intelligence à l'univers ? Cette dernière partie nous développe les grandes articulations de
la philosophie, conformément à celles du réel, selon notamment la relation que l'homme entretient avec le
monde : contemplation ou action.
Cet essai de synthèse introductive veut montrer l'actualité, voire la pérennité de la philosophie, au cœur
même de nos problèmes contemporains, et par conséquent le grand intérêt que l'on a à la fréquenter. C'est
pourquoi nous n'avons pas hésité à l'illustrer de préoccupations du XX siècle finissant, dans le domaine
des sciences comme au sein des mœurs de notre civilisation.
ème
PROŒME AU COMMENTAIRE DE L’INTERPRETATION.
Comme le dit Aristote dans son étude sur l'âme, il y a deux opérations de l'intelligence :l’une, dite intuition
des indivisibles, appréhende l'essence même des choses, tandis que l'autre compose et divise. Il en ajoute
même une troisième, le raisonnement, grâce à laquelle la raison scrute l'inconnu à partir de ce qu'elle sait
déjà. La première opération est destinée à la seconde car on ne peut composer ou diviser que des concepts
simples, et la seconde à la troisième car il est clair qu'on ne peut acquérir de certitude sur ce qui est encore
inconnu qu'à partir d'un véritable savoir préalable ayant l'assentiment de l'intelligence.
La logique est dite science rationnelle. Sa considération doit donc porter sur ce qui touche à ces trois
opérations de la raison. L'intelligence des concepts simples, qui concerne la première est traitée par
Aristote dans son livre sur les «Catégories». L'énonciation affirmative ou négative, qui regarde la seconde,
est étudiée dans le traité de «l’Interprétation». Ce qui a trait à la troisième enfin, est vu dans «les Premiers
Analytiques» et les livres suivants, où sont abordés le syllogisme en lui-même, ses différentes espèces, et
les diverses formes d'argumentation grâce auxquelles la raison avance pas à pas. Conséquence de ce
triple ordre évoqué, le traité des Catégories est ordonné à celui de l'Interprétation, lui-même ordonné aux
Premiers Analytiques et aux suivants.
«Perihermeneias», titre du livre que nous avons sous les yeux, signifie :au sujet de l'interprétation. Boèce
définit l'interprétation :«un son de voix qui en lui-même signifie quelque chose», qu'il soit complexe ou
simple. Les conjonctions, les prépositions, et tout ce qui n'a pas de signification propre ne seront pas dits
interprétations. De même ne pourront l'être les sons de voix ayant une signification naturelle, mais ni
codifiée, ni représentative, comme les cris d'animaux par exemple, car qui interprète veut exposer quelque
chose. C'est pourquoi seuls le nom, le verbe et l'expression seront dits interprétations, telles que
déterminées dans ce livre.
Mais plutôt, le nom et le verbe en seraient surtout les principes, car, peut-on dire, l’interprétation est ce qui
exprime le vrai ou le faux. C'est pourquoi seule l'expression énonciative, lieu du vrai et du faux, sera appelée
interprétation. Les autres formes d'expression comme le souhait ou l'ordre, sont destinées à exprimer des
désirs plutôt qu'à interpréter la pensée de l'intelligence. Par conséquent le titre «De l'Interprétation»
équivaut à «De l'Expression Enonciative», lieu du vrai et du faux. On ne traite ici du nom et du verbe qu'en
tant que composants de l'énonciation. Il est propre, en effet, à chaque science de déterminer les parties de
son sujet, ainsi que ses propriétés.
On voit maintenant à quelle branche de la philosophie appartient ce livre, quelle est sa nécessité et sa
place dans la logique.
PROŒME AU COMMENTAIRE DES SECONDS
ANALYTIQUES.
Les premières pages de la métaphysique affirment que le genre humain vit de raison et d'art. Aristote
touche là une des propriétés qui différencient l'homme des autres animaux. Ceux-ci agissent par instinct
naturel, tandis que l'homme règle ses actes sur des jugements rationnels. Cela lui permet d'acquérir des
gestes aisés et harmonieux dans l'expression artistique. Aussi l'art se définit-il comme un ordre particulier
permettant à l'activité humaine d'atteindre une fin précise, à l'aide de moyens déterminés.
La raison peut certes contrôler les puissances humaines qui lui sont inférieures, mais aussi sa propre
activité. L'intelligence a en effet la propriété de s'auto-comprendre, et la raison de réfléchir sur elle-même.
Or s'il a fallu que la raison se penche sur l'activité manuelle pour mettre au point une façon de bâtir ou de
forger qui permette à l'homme de s'y exercer avec méthode et facilité, pour le même motif il faut un art qui,
en dirigeant l'activité de la raison, lui permette de réfléchir avec ordre, aisance et sans erreur. Cet art, c'est
la logique ou science rationnelle. «Rationnelle», elle l'est parce que, comme tous les arts, elle est conforme
à la raison, mais surtout parce que l'acte de la raison est son sujet spécifique. C'est pourquoi elle se révèle
être l'art des arts en dirigeant l'œuvre de la raison, d'où naissent les autres arts.
Il faut diviser la logique en suivant la diversité des actes rationnels. Or il y en a trois, dont deux l'identifient
à l'intelligence. L'un d'eux est la compréhension des concepts indivisibles ( ou «incomplexes» ), par
lesquels elle saisit l'être des choses. A cette opération de la raison, Aristote destine la théorie de son livre
sur les «Catégories». La seconde opération de l'intelligence compose et divise les concepts pour y trouver
le vrai et le faux, et Aristote nous livre dans son traité de «l’Interprétation» l’apport théorique nécessaire.
Le troisième acte regarde ce qui est propre à la raison :passer d'un point à un autre, afin de découvrir ce
que l'on ignore en s'appuyant sur ce que l'on sait déjà, à l'aide des autres livres de la logique.
Notons tout de même que les actes de la raison sont assimilables jusqu'à un certain point à des actes
naturels. L’art imite la nature dans une large mesure, et nous trouvons trois types d'actes naturels. Certains
sont de toute nécessité et la nature n'y peut faire défaut. D'autres sont très fréquents, quoiqu'ils puissent
parfois être détournés ; de sorte que de tels actes offrent nécessairement deux possibilités :un cas général
comme la génération d'un animal normal à partir d'une semence par exemple, et un cas où la nature ne
parvient pas à sa perfection en engendrant un monstre à partir de cette même semence, à cause de la
dégradation d'un gène.
Or on retrouve cette triplicité dans les actes de la raison. Un des processus rationnels conduit à la nécessité
et ne peut tromper sur la vérité ; il mène la raison à la certitude scientifique. Un autre donne une conclusion
vraie en général, sans pourtant avoir ce caractère de nécessité. Le troisième détourne la raison du vrai à
cause d'une erreur de principe repérable dans le raisonnement.
Le chapitre de la logique traitant du premier processus est dit «outil de jugement», car le jugement a la
sûreté de la science. Or un jugement ne peut être certain qu'en résolvant un fait dans ses premiers
principes, aussi nomme-t-on cette partie de la logique :«analytique», c'est à dire résolutoire. La résolution
dans un jugement certain s'obtient par la seule forme du syllogisme, sujet des «Premiers Analytiques» ou
par la matière dont sont tirées des propositions nécessaires, et dont traitent les «Seconds Analytiques» à
propos de la démonstration.
Le second processus rationnel utilise cette partie de la logique dénommée «outil de recherche», car
l'investigation n'est pas toujours certaine, et ce que l'on découvre a besoin d'un jugement lui conférant
quelque sûreté. La régularité des événements naturels est sujette à gradation :plus la force naturelle est
puissante, moins ses effets risquent d'être aberrants, et de même, un raisonnement discutable approche
plus ou moins de la certitude. A défaut de scientificité, ce processus donne une idée ou une opinion, car
devant une alternative, la probabilité des arguments de base obtient l'assentiment de la raison pour l'une
des deux éventualités, malgré une hésitation pour l'autre. C'est ce dont traitent les «Topiques» ou
«Dialectique», car le syllogisme dialectique abordé dans ces Topiques procède d'hypothèses probables.
Mais il arrive parfois qu'on ne puisse même se faire une opinion. Tout au plus avons-nous quelque soupçon,
et bien que nous ne prenions pas vraiment parti, nous inclinons vers une conclusion plutôt qu'une autre.
Cet état d'esprit constitue l'objet de la «Rhétorique».
D'autres fois enfin, nous préférons telle partie d'un débat contradictoire pour la présentation qui nous en
est faite, de la même façon que nous savourons un met pour l'art avec lequel il est dressé. Tel est l'objet
de la «Poétique», car la tâche du poète est de faire aimer la vertu en l'ornant comme elle le mérite. Ces
démarches intellectuelles relèvent toutes de la science rationnelle, car le propre de la raison est de faire
avancer la connaissance. Le troisième processus fait l'objet d'un chapitre logique intitulé «Sophistique» et
dont traite Aristote dans son livre sur les arguments fallacieux.
PROŒME AU COMMENTAIRE DES PHYSIQUES.
Nous ouvrons l'analyse du livre des physiques qui est le premier de toute la science de la nature, et nous
devons commencer par déterminer sa matière.
Toute science ayant son siège dans l'intelligence, on parvient à concevoir une réalité en l'abstrayant de la
matière, et selon les divers rapports que les choses entretiennent avec elle, elles sont l'objet de différentes
sciences. En outre, une science se construit par la démonstration, dont le nœud est la définition. Par
conséquent, les sciences se différencient également par les diverses façons de définir.
Il faut donc savoir que certaines réalités dépendent de la matière pour exister et pour être définies. D'autres
ne peuvent exister sans une matière tangible, quoique celle-ci n'intervienne pas dans leur définition ; elles
diffèrent des premières comme le courbe du camus. Il faut de la matière pour l'existence et la définition du
camus, car c'est la courbure d'un nez. Il en va de même pour toute réalité naturelle comme l'homme ou la
pierre. Mais la courbe, qui ne peut exister sans matière concrète, s’en dispense dans sa définition, comme
tout être mathématique tel que le nombre, la grandeur ou la figure. Il est enfin des êtres qui ne dépendent
de la matière ni pour exister, ni pour être conçus, soit qu'ils soient libres de toute matière comme Dieu et
les êtres spirituels, soit qu'ils ne soient pas toujours matériels comme la puissance, l’acte, la substance et
l'être lui-même. Ces derniers sont le sujet de la métaphysique, les précédents celui des mathématiques et
les premiers celui de la science de la nature ou physique.
Tout ce qui est matériel est le lieu de mouvements, de sorte que l'être mobile est le sujet de la philosophie
de la nature. Celle-ci porte en effet sur les réalités naturelles dont le principe est la nature, source intime
du mouvement et du repos de l'être. Seront donc sujet de la science de la nature les êtres qui ont en eux
le principe de leurs mouvements.
Lorsque plusieurs réalités ont quelque chose en commun, il vaut mieux d'abord traiter de ce commun pour
lui-même, afin de ne pas se répéter dans les différentes études particulières. De là, la nécessité d'un livre
au début de la science de la nature, qui analyse les traits communs de l'être mobile, de même qu'une
«philosophie première» traitant des caractères communs de l'être en tant que tel, précède toutes les autres
sciences. C'est du livre des «Physiques» dont il est question. Il est aussi intitulé «Propos sur la Physique»
ou «Leçons sur la Nature», car il est bâti comme un enseignement destiné à des élèves. Son sujet est l'être
capable de mouvement. Je ne dis pas «... Les corps capables de mouvements», car ce livre démontre que
tout être mobile est un corps, alors qu'aucune science ne prouve son sujet. D'ailleurs, le premier livre du
«Traité du Ciel», qui succède à celui-ci, examine dès le début ce que sont les corps.
Viennent après lui tous les autres traités de la science de la nature, qui analysent les différentes espèces
d'êtres mobiles : Le «Traité du Ciel» aborde les êtres en déplacement local, première espèce de
mouvement ; le «Traité de la Génération», la formation des êtres et les transformations communes aux
premiers mobiles que sont les éléments ; le «Traité des Météores», les transformations particulières de ces
éléments ; le «Traité des Minéraux», les substances mobiles inanimées ; le «Traité de l'Âme» et les
suivants, les êtres animés.
Aristote fait précéder son livre d’un proœme sur la méthode en sciences naturelles : Il faut commencer par
considérer les principes, et d'abord les plus universels d'entre eux. Dans toute science où se trouve
principes, causes ou éléments, la compréhension et la science débutent avec eux. Comme c'est le cas de
la physique, il faut d'abord étudier ses principes. La compréhension réfère à la définition, et la science à la
démonstration, car toutes deux procèdent des causes, et une définition complète ne diffère d'une
démonstration que par la position de ses termes.
Par les mots «principes, causes ou éléments», on n'entend pas signifier la même chose. Cause dit plus
qu'éléments, car ceux-ci sont les ultimes composants intrinsèques des choses. Les éléments d'une phrase
par exemple, sont les lettres et non les syllabes, alors que la cause est ce dont dépend l'être et le devenir.
Contrairement aux éléments, une cause peut donc être extrinsèque ou même intrinsèque sans être un
composant ultime de la réalité. Principe dit processus ordonné, et quelque chose peut être principe sans
être cause. Le départ par exemple, est le principe du mouvement ou le point celui de la ligne, sans être
cause. C'est donc en donnant à «principe» le sens de cause motrice qu'on rend le mieux l'idée de processus
ordonné. De même «cause» doit s'entendre des causes formelle et finale, dont dépendent d'abord l'être et
le devenir. Les «éléments» enfin, sont proprement les causes matérielles primordiales. L'auteur énumère
ces concepts, mais ne les associe pas, pour montrer que toutes les sciences ne démontrent pas par toutes
les causes. Les mathématiques n'utilisent que la cause formelle, la métaphysique essentiellement les
causes formelle et finale, et parfois la cause efficiente, tandis que la physique se sert des quatre.
...
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