
 
ORGANISATION D’ENSEMBLE DE LA PHILOSOPHIE 
 
 
 
 
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syllogisme en lui-même, ses différentes espèces, et les diverses formes 
d'argumentation grâce auxquelles la raison avance pas à pas. Conséquence de ce triple 
ordre évoqué, le traité des Catégories est ordonné à celui de l'Interprétation, lui-
même ordonné aux Premiers Analytiques et aux suivants. 
Développons de façon plus précise, à partir de ce principe qu’il faut conformer 
la division de la logique à la diversité des actes rationnels, au nombre de trois, dont 
deux l'identifient à l'intelligence. Le premier offre la compréhension des concepts 
indivisibles grâce auxquels elle saisit l'être des choses. A cette opération de la raison, 
Aristote destine la théorie de son livre sur les Catégories. La seconde opération de 
l'intelligence compose et divise les concepts pour y trouver le vrai et le faux, et 
Aristote nous livre dans son traité De l’Interprétation l’apport théorique nécessaire. 
Le troisième acte regarde ce qui est propre à la raison : passer d'un point à un autre, 
afin de découvrir ce que l'on ignore en s'appuyant sur ce que l'on sait déjà, à l'aide des 
autres livres de la logique. 
Notons tout de même que les actes de la raison sont assimilables jusqu'à un 
certain point à des actes naturels. L’art imite la nature dans une large mesure, et nous 
trouvons trois types d'actes naturels. Certains sont de toute nécessité et la nature n'y 
peut faire défaut. D'autres sont très fréquents, quoiqu'ils puissent parfois être 
détournés ; de sorte que de tels actes offrent nécessairement deux possibilités : un cas 
général comme la génération d'un animal normal à partir d'une semence par exemple, 
et un cas où la nature ne parvient pas à sa perfection en engendrant un monstre à partir 
de cette même semence, à cause de la dégradation d'un gène. 
Or on retrouve cette triplicité dans les actes de la raison. Un des processus 
rationnels conduit à la nécessité et ne peut tromper sur la vérité ; il mène la raison à la 
certitude scientifique. Un autre donne une conclusion vraie en général, sans pourtant 
avoir ce caractère de nécessité. Le troisième détourne la raison du vrai à cause d'une 
erreur de principe repérable dans le raisonnement. 
Le chapitre de la logique traitant du premier processus est dit «outil de 
jugement», car le jugement a la sûreté de la science. Or un jugement ne peut être 
certain qu'en résolvant un fait dans ses premiers principes, aussi nomme-t-on cette 
partie de la logique : «analytique», c'est à dire résolutoire. La résolution dans un 
jugement certain s'obtient par la seule forme du syllogisme, sujet des Premiers 
Analytiques ou par la matière dont sont tirées des propositions nécessaires, et dont 
traitent les Seconds Analytiques à propos de la démonstration. 
Le second processus rationnel utilise cette partie de la logique dénommée 
«outil de recherche», car l'investigation n'est pas toujours certaine, et ce que l'on 
découvre a besoin d'un jugement lui conférant quelque sûreté. La régularité des 
événements naturels est sujette à gradation : plus la force naturelle est puissante, 
moins ses effets risquent d'être aberrants, et de même, un raisonnement discutable 
approche plus ou moins de la certitude. A défaut de scientificité, ce processus donne 
une idée ou une opinion, car devant une alternative, la probabilité des arguments de 
base obtient l'assentiment de la raison pour l'une des deux éventualités, malgré une 
hésitation pour l'autre. C'est ce dont traitent les Topiques ou Dialectique, car le 
syllogisme dialectique abordé dans ces Topiques procède d'hypothèses probables.