Henri-Dominique GARDEIL, Initiation à la philosophie de Saint-Thomas d'Aquin, Paris : Cerf (Collection « Initiations »), 19,7 cm, 2007, tome I: 421 p., ISBN 978-2-204-08396-6, 24 €; tome II: 500 p., ISBN 978-2-204-08397-3, 24 € (préface: François-Xavier PUTALLAZ) Ces deux tomes reprennent deux par deux les IV tomes de l'édition de 1952 (Logique, Cosmologie, Psychologie, Métaphysique), en conservant la pagination originale à côté d'une pagination de l'ensemble. La préface justifie cette réédition par la clarté et la cohérence de l'exposé dont il explique la genèse. Il s'agit de cours de philosophie délivrés dans le cadre du studium dominicain, qui se limitent donc aux textes purement philosophiques de Thomas D'AQUIN, sa théologie relevant d'une autre chaire. Il est souligné que dans ce cadre la morale relève de la théologie et n'est donc pas traitée ici. Le père GARDEIL donne dans son introduction des indications quant au contexte historique de l'ouvre de Thomas D'AQUIN ainsi qu'à sa biographie, suivies de quelques explications sur la méthode de Thomas, les différentes écoles thomistes et les éditions disponibles. Il livre finalement des considérations plus générales sur ce qu'est la philosophie et sur sa propre démarche. L'ouvre philosophique de Thomas est répartie en quatre parties, développées respectivement dans chacun des volumes de l'édition originale. Chaque volume est organisé en deux parties: d'abord une présentation systématique des questions traitées, présentation qui retrace la pensée thomiste en la condensant ou la paraphrasant, entrecoupée de citations du maître, soit en français suivi du latin, soit sous forme de résumé suivi du seul texte latin, soit encore en français ou latin seulement; cette partie systématique est chaque fois suivie d'un choix de textes de Thomas, en latin et en traduction française, réalisée par l'auteur, pour certains en collaboration avec R.P. ISAAC ou M.J.M. PAUPERT. Henri-Dominique GARDEIL explique dans son introduction que l'essentiel de la philosophie de Thomas D'AQUIN correspond à un commentaire de l'ouvre d'Aristote. On se rend rapidement compte à quel point c'est le cas. En effet, non seulement le père GARDEIL commence généralement chaque question traitée en exposant l'enseignement d'Aristote à ce sujet, parfois en le mettant en relief par rapport à ses précurseurs, notamment Parménide et Platon. Mais surtout, GARDEIL commentant Thomas commentant Aristote - le commentaire de Thomas suivant rigoureusement le texte du philosophe - on a souvent l'impression de lire ici un commentaire sur Aristote plutôt que sur Thomas. C'est le cas surtout pour les deux premiers volumes, traitant donc respectivement de la logique et de la cosmologie. Pour les deux volumes reliés dans le deuxième tome, à savoir la psychologie et la métaphysique, les choses sont un peu plus nuancées. Thomas s'écarte ici davantage d'Aristote, évidemment chaque fois que celui-ci entre en concurrence avec l'enseignement biblique. GARDEIL souligne que dans ces cas, Thomas, au bénéfice de la révélation divine, est amené à « dépasser » Aristote, ou encore à intégrer les conceptions plutôt néoplatoniciennes d'Augustin dans le système du philosophe. C'est le cas notamment pour sa compréhension de l'âme, corruptible pour Aristote et éternelle pour Thomas (il est à souligner que l'auteur ne questionne pas cette conception d'une âme immortelle qu'il tient pour donnée par la révélation), ou encore celle de la création, située dans le temps, contre l'éternité de la matière chez Aristote. Dans le dernier volume, GARDEIL considère l'ontologie comme l'intuition constituante de la pensée thomiste, avant d'en retracer tous les méandres. La bibliographie se limite à quelques indications données à la fin des introductions de chaque volume. Il n'y a pas d'index mais la présentation systématique permet de retrouver facilement les différents sujets traités. L'ensemble se lit aisément et permet au lecteur de se familiariser avec des conceptions qui ont marqué la pensée chrétienne, voire la philosophie toute entière, pendant des siècles. Waltraud Verlaguet