«Histoires de vie, posture clinique et dimension formative du soin"

«Histoires de vie, posture clinique et dimension formative du soin"
Proposition de communication pour le colloque ESREA. 7 au 10 mars 2002
Christophe Niewiadomski. Université de Tours
Cette contribution se propose de montrer comment l’utilisation de l’approche histoire
de vie en alcoologie, lorsqu’elle est utilisée en groupe, permet la mise en œuvre d’une posture
clinique singulière qui vise à la prise en compte de l’individualité et de la subjectivité du
malade alcoolique afin de permettre à ce dernier d’instaurer ses propres normes vitales au
travers de la dimension formative de cette approche.
Nous verrons comment les modèles thérapeutiques habituellement employés en
alcoologie s’appuient généralement sur une pensée scientifique ouvrant à une posture clinique
de type médico-psychologique ”. Dans cette perspective, les professionnels fondent leur
action sur un ensemble de normes et de points de repères jugés nécessaires aux procédures de
diagnostic, de pronostic et de mise en œuvre du traitement. Cette approche, efficace en terme
de production d’abstinence, n’est cependant pas sans poser de nombreuses difficultés en
termes d’accompagnement, entraînant parfois une confusion préjudiciable entre identité et
appartenance.
L’approche histoire de vie, lorsqu’elle est utilisée en groupe avec les personnes
souffrant d’alcoolo dépendance, permet d’enrichir la perspective bio-médicale des troubles
addictifs en proposant un accompagnement privilégiant une posture clinique différente. En
résumé, il s’agit de favoriser un accompagnement de type maïeutique, ouvrant à une attitude
d’écoute le sens n’est désormais plus une donnée strictement scientifique ”, s’élaborant
dans un rapport d’extériorité au patient, mais qui reste à construire dans l’interaction entre la
parole du sujet et ce qui fait retour chez ses interlocuteurs. L’objectif ne se limite plus ici à la
seule production d’abstinence, mais également à la mise en œuvre d’un mouvement de
relecture existentielle destinée à interroger « l’expérience d’un savoir qui ne se sait pas ». Dès
lors, l’approche histoire de vie, en permettant de réintroduire la dimension du sujet et de sa
singularité dans l’accompagnement, relativise la dimension « normative » que produit le
discours sur la maladie alcoolique et cherche à favoriser l’expression de la « normativité » des
sujets impliqués de telle sorte que la finalité de l’accompagnement n'est plus ici la seule
perspective médicale du soin. L’on verra comment le recours au concept de « formativité » et
à la notion de « prendre soin », tous deux mis en œuvre dans l’approche histoire de vie,
permettent aujourd’hui de mieux saisir l’actualisation des liens étroits existants entre soin et
formation.
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