4 processus psychologiques et cognitifs
ne sont pas élaborés et utilisés efficacement en situations scolaires / Jean-Paul Artis
1 - La maîtrise du corps pour mentaliser :
Toute situation d’apprentissage exige une inhibition motrice, temporaires et suffisante pour accéder à la mentalisation or
pour ces publics qui se signalent par une agitation corporelle intense, cette contenance corporelle est fluctuante et
fragile. Elle leur coûte beaucoup d’énergie psychique…
L’effort mental demandé par l’enseignant entraîne une tension psychique qui cherche à s’évacuer par des manifestations
corporelles.
L’élève d’ITEP, n’ayant pas acquis cette maîtrise corporelle, anticipe l’effort de mentalisation qui va lui être demandé. Il
développe des conduites d’évitement face à la tension psychique qu’il pourrait ressentir.
La faiblesse de la capacité de mentalisation le conduit à utiliser les modes d’expression corporel et comportemental :
manifestations bruyantes, comportements déviants, passages à l’acte qui ne sont que des défenses face aux
dysfonctionnements de la mentalisation.
2 - Le passage de la symbolisation pulsionnelle à la symbolisation cognitive
Symboliser est rendre conscient ce qui est absent. La symbolisation pulsionnelle est liée aux représentations psychiques
des thématiques humaines inconscientes, la vie, la mort, la sexualité, la haine... La réactivation de ces représentations
suscite des états d’excitation ou d’angoisse et de sidération qui bloquent la symbolisation cognitive comme étayage des
processus de pensée. Cf. Boimare, Jacqueline Liegeois…
Ce sont les filtres entre ces niveaux de symbolisation qui font défaut aux élèves d’ITEP. Le moindre déclencheur
extérieur, un énoncé verbal, une image ou une situation peut activer ces représentations pulsionnelles et entraîner
l’échec. L’affect bloque la cognition.
3 - Le manque de stratégies cognitives pour apprendre
Pour apprendre, il est nécessaire d’utiliser des stratégies cognitives. Les injonctions de l’enseignant sont : "Ecoute,
réfléchis et produit…"
.
"Ecoute" demande un effort d’attention et un effort d’inhibition des autres messages perceptifs. Ces 2 efforts
sont conjoints et concomitants, l’un entraîne l’autre, et ils sont coûteux pour un élève d’ITEP. Il se retrouve
souvent à côté de ce qui est demandé, attirés par d’autres messages et échappe ainsi aux situations
d’apprentissage.
"Réfléchis" sollicite un travail d’élaboration mental : prendre des informations, trier les plus pertinentes, solliciter
la mémoire et sélectionner la réponse pertinente. C’est un travail difficile pour un élève d’ITEP qui croit savoir
avant d’apprendre, qui privilégie les réponses immédiates…
"Produit" appelle une réalisation qui réponde à une injonction de l’enseignant et ça met en jeu 2 enjeux
psychologiques : la confrontation aux attentes d’autrui, "Me croit-il capable de réussir cela ?" et la compétence
personnelle et son sentiment de valeur, "Suis-je capable de réaliser cela ?". Par son histoire, l’élève d’ITEP a une
fragilité narcissique et une vulnérabilité psychologique. Pour éviter ces affects douloureux, voire persécutoires, ils
développent des conduites d’évitement et/ou d’attaque des situations scolaires…
4 – Des relations conflictuelles avec l’entourage
L’école est le lieu des relations sociales avec les pairs et avec les adultes tutélaires.
Les pairs sont considérés comme alliés ou ennemi sans position intermédiaire entre ces positions antagonistes.
Certains pairs sont des alliés dans la confusion d’être pareil, d’éprouver les mêmes affects. Ils s’entraînent alors
mutuellement dans des conduites déviantes et s’excitent réciproquement dans des conflits avec les autres. Les
autres sont des ennemis dans des situations de rivalités, d’opposition et d’agressions répétées. Ils sont pris dans
des relations binaires passionnelles et exclusives.