Noé, maître queux du réveillon arménien armenews.com - 3/1/2015 Un anouch abour (photo D.R.). Où qu'ils soient à travers le monde, les Arméniens se retrouvent toujours réunis au moment de Noël par un dessert : l'anouch abour (littéralement « soupe douce »), un entremet à base de blé entier garni d'abricots, de raisins secs, de noisettes, saupoudré de cannelle et délicatement arrosé d'eau de rose... Selon la légende, la recette vient de Noé dont l'arche s'est échouée après le déluge sur le mont Ararat, la montagne emblématique de l'Arménie. Noé à cours de provisions et ne pouvant tuer les bêtes qu'il avait sauvées pour préserver toutes les espèces vivantes, n'aurait eu d'autre choix que de mélanger les vivres restants : fruits secs et blé entier. Si les catholiques fêtent Noël le 25 décembre, et les orthodoxes le 7 janvier selon le calendrier julien, l'Eglise apostolique arménienne reste la seule à célébrer la naissance et le baptême de Jésus Christ Noël et l'Epiphanie - le même jour, à savoir le 6 janvier. Elle reste fidèle à la tradition des Eglises chrétiennes primitives qui célébraient à cette date, au cours des premiers siècles de notre ère, à la fois la nativité et le baptême du Christ dans les eaux du Jourdain. C'est au IVe siècle que l'Eglise romaine décida de transférer la date de Noël au 25 décembre, d'une part pour la substituer à la fête païenne célébrée en l'honneur du dieu soleil Mithra, et d'autre part pour fixer les deux événements à deux dates distinctes. Pour marquer les célébrations conjointement, l'Eglise arménienne, procède à une cérémonie spéciale de bénédiction de l'eau chaque année après la messe de Noël. La croix est immergée dans l'eau bénite avec le saint-chrême (Muron), puis retirée, symbolisant le baptême de Jésus. Le 5 janvier au soir, le réveillon rassemble les familles, une tradition toutefois bousculée par la dispersion des Arméniens après le génocide. La bénédiction de l'eau (photo D.R.). Si l'on suit les préceptes religieux à la lettre, un jeûne est prescrit la semaine précédant le repas de Noël. On proscrit la nourriture d'origine animale au profit des légumes, du riz pilaf et du boulghour (blé concassé). On dresse dans un coin de la salle principale une table garnie de fruits secs : raisins, abricots et figues, pestil (minces bandes de pâtes d'abricot), noisettes, noix et amandes. Aujourd'hui, le carême n'est plus guère respecté, mais la coutume des fruits secs reste très vivante. On ajoute à cette table traditionnelle, des feuilletés aux noix et au sirop (baklavas), des cheveux d'ange aux noix et au sirop (khadaïfs), des biscuits fondants (khourabias) et autres douceurs que l'on consomme en famille et qui restent à disposition des visiteurs pendant toute la période des fêtes. Il était d'usage de rompre le jeûne la veille de Noël, avec un repas composé d'épinards ou de blettes, de riz et de poisson frit, à l'instar dit-on de Marie, la veille de la naissance de Jésus. Aujourd'hui, on ne cuisine pas les mêmes plats de fêtes selon que l'on soit Arménien de France, d'Iran, de Syrie, de Turquie ou du Liban ou même d'Arménie. Chaque communauté de la diaspora adapte ses recettes au répertoire culinaire de son pays d'accueil ou de sa région : les Arméniens d'Iran intègrent au repas de Noël une sorte d'omelette aux herbes (le koukou) - qui évoquerait celles que Jésus aurait déposées sur la table au cours de son dernier repas - à côté du riz pilaf et du poisson très salé. Dans certaines régions, autour du mont Ararat ou à Anjar au Liban, le plat principal est à base de blé entier, de boeuf ou de volaille (le harissa) ; dans d'autres, on privilégie les farcis de légumes (dolmas), ou les boulettes de viande (keftés) comme au Karabagh. Les Arméniens d'Istanbul préparent des boulettes de pois chiche farcies (topig). En Arménie, même dans les familles les plus modestes, on recouvre la table de tous les plats, jusqu'à la disparition du dernier centimètre carré de nappe, et on arrose le tout de vin rouge ou de vodka, lors de multiples toasts portés par le tamada, le maître de cérémonie. Aux Etats-Unis ou en France, les cuisinières arméniennes se mettent en quatre plusieurs jours à l'avance pour préparer le mezzé, hors d'oeuvre composés de aucisson de boeuf séché et épicé (soudjoukh), de jambon de boeuf enrobé d'une couche d'épices (basterma), de feuilles de vignes au riz servies froides (yalanchi sarma), de moules farcies au riz (mitias), de feuilletés au fromage (soubeureg)... puis de la dinde farcie. Avant de finir le repas avec l'anouch abour... Recette de l'Anouch Abour Ingrédients pour 6 personnes : 250 g de blé décortiqué entier (gorgod) 150 g d'abricots secs 100 g de pruneaux 100 g de raisins secs 50 g de noisettes 50 g d'amandes 50 g de noix 1 cuillère à café de cannelle 2 cuillères à soupe d'eau de rose Préparation : Faire tremper le blé la veille. Cuire le lendemain le blé décortiqué entier dans 2 litres d'eau pendant une heure, puis rajouter les abricots secs coupés, les pruneaux et les raisin secs, et continuer la cuisson à feu doux environ 20 minutes. Rajouter de l'eau en cours de cuisson si nécessaire. Ajouter le sucre, l'eau de rose et verser dans un plat. Laisser refroidir. Saupoudrer de cannelle, et garnir de noix, d'amandes, de noisettes, éventuellement de grains de grenade. http://www.fait-religieux.com/nos-blogs/table-culte-/2014/12/31/noe-maitrequeux-du-reveillon-armenienhttp://www.armenews.com/article.php3?id_article=106593