L’ethos c’est le caractère intrinsèque de l’homme africain ; ce qu’il fut, ce qu’il
est devenu et certainement aussi ce qu’il préfigure dans un contexte fluctuant de
changement de mentalité. Il y aurait-il une mentalité africaine ou des mentalités
africaines ; et d’ailleurs, ces mots ont-ils réellement un sens ? Je voudrais d’emblée par
ces mots, réaffirmer la démarche critique qui caractérise cet essai. Et donc, le caractère
de l’africain, cet ethos existentiel, tiendra bien aussi de la culture africaine ou des
cultures africaines. La culture est certainement l’une des dimensions fondamentales qui
impact la reconnaissance tangible ou non du continent noir dans ses relations
internationales. La praxis, quant à elle, c’est l’Afrique en pratique. L’Afrique pratiquée
par les africains eux-mêmes dans leur géographie propre mais aussi l’Afrique pratiquée
par des africains hors de l’Afrique dans une mesure mais encore et surtout aussi
l’Afrique pratiquée par les non-africains en Afrique et l’Afrique pratiquée par ces non-
africains dans les périmètres de leurs propres sphères géographiques. Conceptualiser le
progrès social en Afrique suppose, dans cette perspective, de bien articuler les corrélats
de l’ethos et de la praxis. Mais mon ambition d’une théorisation pertinente demeurera
partielle et partant non-opératoire sans prendre en compte une troisième dimension de
l’être africain ou de l’être tout court : l’éthique. Toute pensée et toute pratique de et/ou
sur l’être devrait s’articuler à des principes éthiques, à une culture de l’éthique qui
protège l’être africains plutôt que de le détruire. Ces principes éthiques ont un impact
sur les fondamentaux de l’économie – et la globalisation nous offre aujourd’hui un
modèle presqu’achevé de l’interdépendance des économies au niveau supra national –
et sur les enjeux politiques qui, en dernière instance, ont vocation à maintenir, soutenir
et entretenir les enjeux économiques.
Après ces quelques préalables sur la filiation de ma pensée, commençons donc
cette ébauche de réflexion par des questions très simples. Qu’est-ce que le progrès
social
aussi bien à l’échelle des nations dites souveraines qu’à l’échelle des grands
ensembles étatiques ? Et quels sont les facteurs explicatifs des états perçus comme en
situation de réel progrès et d’autres définis comme en absence de progrès voire même
en situation de régression
? La notion même de progrès social, est-ce un fait de culture
ou un trait universel ? Qu’est ce qui est à l’entrelacs des liens transactionnels entre les
peuples, les nations et les états au fondé de ce même principe du progrès social ? La
première question est de nature définitionnelle quand la deuxième est d’ordre
conceptuel et la troisième d’ordre interactionnel.
Dans la suite de cet exposé, j’utiliserai progrès social dans un sens plus global englobant aussi bien le
progrès démocratique que le progrès démocratique. Je soulignerai les spécificités liées aussi bien au
progrès social, au progrès économique et au progrès démocratique si nécessaire.
Certaines comparaisons historiques montrent le recul dans beaucoup de domaines depuis la fin de l’ère
coloniale.