Vieillir féminin et écriture
autobiographique
- livre sous la direction d’Annette KEILHAUER, Cahiers de recherche du CRLMC (Centre de
Recherches sur les Littératures Modernes et Contemporaines), octobre 2007-
Dans le corpus de l’écriture autobiographique féminine du XIXe au XXIe siècle, on observe une
convergence particulière d’aspects anthropologiques, de traditions littéraires et de témoignages
individuels. Les femmes qui écrivent sur leur propre vie se trouvent dans une situation de double
décalage par rapport à la tradition littéraire. D’une part, la méfiance portée à la production artistique
féminine jette le doute sur la sincérité de la femme autobiographe. D’autre part, il existe jusqu’au XXe
siècle un discours social et culturel qui condamne la femme vieillissante en se focalisant presque
exclusivement sur la perte de sa beauté physique et de sa fertilité. Or les spécificités de production et
de publication de l’écriture féminine, en particulier de l’écriture autobiographique, ont une influence
indéniable sur les stratégies textuelles. Il reste deuxièmement un public dont le mode de lecture du
texte autobiographique est en partie guidé par le sexe de son auteur, bien que beaucoup d’écrivaines
tendent à refouler ce fait. Et enfin, certaines thématiques autobiographiques (construction de l’identité
sexuelle du « je » parlant, expérience du corps propre, activité sexuelle dans sa dynamique
biographique, procréation et relations intergénérationnelles...) revêtent un statut différent selon le sexe
de l’auteur. Loin de postuler un essentialisme du féminin, ce recueil permet d’observer la féminité
construite dans les textes comme une dimension identitaire qui interagit constamment avec de
nombreux autres aspects identitaires, qu’ils soient de nature culturelle, sociale, religieuse ou ethnique.
(note de l’éditeur)