Cinquième partie : Les grands enjeux de l’ouverture des économies : Objectif : comprendre l’évolution des relations que les différentes économies entretiennent entre elles et les enjeux économiques et monétaires de ces relations. Chapitre 10 – Le commerce international : Objectif : comprendre le fonctionnement du commerce international On va maintenant voir ce qu’est la mondialisation, ce gros truc dont on nous parle constamment dans les journaux sans vraiment le définir. Tout le problème est de bien comprendre ce que c’est. En partant d’une présentation stylisée des évolutions du commerce mondial et en faisant référence à la notion d’avantage comparatif introduite en première, on s’interrogera sur les déterminants des échanges internationaux de biens et services et de la spécialisation. On analysera les avantages et les inconvénients des échanges internationaux pour les producteurs comme pour les consommateurs. On présentera à cette occasion les fondements des politiques protectionnistes et on en montrera les risques. Avantage , spécialisation, comparatif, échange marchand dotation factorielle gains à l’échange libre-échange et protectionnisme On va commencer par définir simplement ce qu’est la mondialisation. La mondialisation désigne l’extension des marchés à l’échelle de la planète. Dans une économie mondialisée, chaque pays dispose d’un marché intérieur qui est plus ou moins ouvert sur un marché extérieur. I. Les faits importants de l’histoire de la mondialisation : On va commencer en retraçant rapidement l’histoire de la mondialisation. Pour ce faire, on a besoin de quelques repères. A. Comment observer le commerce international ? On va devoir rapidement reposer les outils pour observer la mondialisation et plus spécifiquement le commerce international. Pour observer la mondialisation, on doit alors s’intéresser aux échanges marchands à l’échelle de la planète : on pourra s’intéresser aux marchés de biens et de services (ce qu’on appelle le commerce international), aux marchés de capitaux (marchés monétaires + marchés financiers + marchés dérivés ; ce qu’on appelle la finance internationale) et aux marchés du travail. Attention, dans ce chapitre et le chapitre 11, on ne traitera en profondeur que du commerce international. On parlera de finance internationale dans le chapitre 12. Le principal outil dont dispose les économistes pour étudier la place d’un pays dans la mondialisation est la balance des paiements. Transparent. La balance des paiements est une présentation comptable des échanges de richesses entre un pays et ses partenaires extérieurs. Par construction comptable, la balance des paiements est toujours équilibrée. C’est quelque chose de logique puisque l’on note l’entrée d’argent lorsqu’on exporte un bien ou un service, et inversement. Ce sont les comptes intermédiaires qui permettant d’analyser la situation d’un pays par rapport à l’étranger. Pour étudier le commerce international, les plus intéressants sont : 1 - 1.1.1. Le solde de la balance commerciale. C’est la différence entre les exportations et les importations de biens. 1.1.2. Le solde la balance des services. C’est la différence entre les exportations et les importations de services. Quand un solde est excédentaire, cela signifie qu’il y a eu plus d’entrées de richesses que de sorties de richesses. Exemple : excédent de la balance commerciale : il y a eu plus d’exportations de biens que d’importations. Quand un solde est déficitaire, cela signifie qu’il y a eu plus de sorties de richesses que d’entrées de richesses. Exemple : Faire une analyse de la balance commerciale française à partir du transparent. B. Quand commence la mondialisation moderne ? Alors, avant de partir en sucette, on va juste prendre un peu de recul historique pour éviter de raconter tout et n’importe quoi. Document 1 de la FD. Document 1 – Un peu d’histoire : « Le grand tournant de l’internationalisation des économies en ce qui concerne les flux commerciaux ne date pas du milieu du XXème siècle mais du milieu du XIXème siècle. On estime que le commerce mondial a augmenté de : 135% entre 1800 et 1840 a été multiplié par 4 entre 1840 et 1870 a été multiplié par 2 entre 1870 et 1900 a augmenté encore de 50% entre 1900 et 1913 « La principale source de telles augmentations fut la diminution des coûts de transport grâce au développement du chemin de fer et de l’amélioration des moyens de transport maritimes. […] « Le monde a ensuite connu une période de fort ralentissement du commerce international suite à la Grande Dépression de 1929. Les pays ont alors tenté de soutenir leur production nationale et de réduire le chômage en produisant à domicile ce qu’ils importaient auparavant en érigeant des barrières commerciales importantes. Tous les pays développés adoptèrent cette stratégie commerciale (dite d’appauvrissement du voisin) qui entraîna une spirale à la baisse des échanges commerciaux et accéléra encore la chute de la production. […]. « La période de l’après-guerre fut à l’inverse marquée par une croissance du PIB mondial exceptionnelle accompagnée d’une augmentation des échanges encore plus spectaculaire. […] Ces évolutions sur longue période amènent certains économistes à considérer que le niveau actuel d’ouverture commerciale n’est qu’un retour à un niveau qu’elle avait déjà atteint au début du XXème siècle ». T. Mayer & J-L. Mucchielli, Economie internationale, 2005 A. Maddison, L’économie mondiale, une perspective millénaire, 2001 Quand commence la mondialisation ? A tout prendre, on dit qu’il y a un tournant au milieu du XIXème siècle. Les échanges internationaux de marchandises commencent à augmenter fortement aux alentours des années 1830. Petit rappel du chapitre 1 ? Quand commence la Révolution Industrielle et l’accélération forte de la croissance mondiale ? Au milieu du XIXème siècle également, plus proche de 1820 selon Maddison. Cette augmentation accompagne celle du PIB dont le premier rythme important de croissance a lieu à partir de 1820. Est-ce que la croissance du CI se voit bien dans les chiffres qu’on a dans le tableau chiffré ? Oui, clairement tous les pays augmentent leurs exportations (sauf Amérique Latine) de 1870 à 1913. 2 Y a-t-il une rupture particulière ? C’est après la Première Guerre Mondiale et surtout après le Crash de 1929 que cela va diminuer. Cette croissance du PIB et des échanges internationaux va prendre fin avec le Crash de 1929. Quelle date devons-nous attendre pour un retour à la situation passée ? Ce n’est qu’à partir des années 1970 que le monde retrouve l’importance du commerce international qu’il avait en 1913. Ce mouvement est amplifié au courant des années 2000 en raison de la montée des PVD dans le CI. Confirmer avec les transparents sur l’histoire du CI. C. Les évolutions fondamentales du commerce international depuis la Seconde Guerre Mondiale : On peut cela dit maintenant préciser les choses pour la période post-Seconde Guerre Mondiale. Que s’est-il passé dans le détail ? Prenons maintenant différents documents pour bien voir les choses. 1. Quelle quantité de produits ? Le volume des échanges internationaux : Document 2 – Taux de croissance annuel moyen du commerce international (rapporté à la production) : TCAM Commerce international Production Rapport CI / P 6.3 4.2 1.5 1950-1960 5.3 1.6 1960-1970 8.3 5.2 3.6 1.4 1970-1980 3.7 2.8 1.3 1980-1990 5.9 1.4 4.2 1990-1996 8.2 3.4 2.4 1996-2000 4.5 2.0 2.2 2000-2005 3.5 2.0 1.8 2005-2011 Données GATT, OMC, 2012 Question 1 : Donnez la signification du chiffre en gras. Question 2 : Recherchez différentes périodes dans ce tableau. Constats : On observe une corrélation positive entre la croissance économique et la croissance des échanges mondiaux. De 1950 à aujourd’hui, les taux de croissance du PIB mondial et des échanges mondiaux vont dans le même sens. De plus, les accélérations et ralentissements de ces deux variables sont simultanés sauf sur la période 1996-2000. Entre 1950 et 1990, les périodes de forte croissance économique s’accompagnent d’une croissance des échanges internationaux environ une fois et demie plus rapide. Depuis le début des années 1990, la croissance des échanges mondiaux acquiert une certaine autonomie par rapport à la croissance de la production mondiale. Entre 1990-1996, la croissance du commerce mondial est quatre fois plus rapide que celle de la production. Cet écart de croissance se réduit pour la fin de la période, mais le commerce mondial croît tout de même environ deux fois plus vite que la production. Etant donné cette croissance, qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui ? 18 000 milliards de $ de marchandises ont été exportés en 2011 (sur une production mondiale de 70 000 milliards de $, soit 1$ exporté pour 4$ produits) contre 59 milliards de $ de marchandises exportés en 1948 (sur une production mondiale de 6 000 milliards de $, soit 1$ exporté pour 10$ produits). Question : d’où vient ce phénomène ? D’un plus grand nombre de pays impliqués ou d’une plus grande ouverture des pays ? Etats-Unis France Document 3 – Taux d’exportation (en % du PIB) des principaux pays industrialisés : 1960 1970 1980 1991 2000 2005 2011 4 4.3 8.6 11 11 10 14 11.1 12.7 17.9 23 29 27 27 3 Royaume-Uni Japon Allemagne 14.3 9.4 20.7 15.9 9.8 18.5 22.3 12.6 23.4 24 10 34 27 26 32 11 16 15 33 40 50 Données GATT, OMC & Banque Mondiale Question 1 : Donnez la signification du chiffre en gras. Question 2 : Quelle régularité assez nette apparaît pour l’ensemble des économies citées ici ? On assiste à une ouverture croissante des économies, c'est-à-dire que les marchandises circulent de plus en plus d’un pays à l’autre. Depuis 1960, les taux d’exportation des principaux pays industrialisés ont doublé (ou presque doublé au Royaume-Uni et au Japon). FAIRE UNE PHRASE-TYPE POUR CE TAUX. 2. Quels produits ? La composition des échanges internationaux : La structure du commerce mondial par groupes de produits (hors services) s’est profondément transformée au cours du XXème siècle. Leur demander de noter ces idées ci-dessous sous forme d’un graphique à dessiner en même temps au tableau. Remarque fondamentale : étant donné ces évolutions, on peut alors voir que les différents pays dans le monde échangent désormais des produits similaires. Le commerce actuel est donc de plus en plus un commerce intrabranche. 3. Qui ? Les partenaires principaux des échanges internationaux : Document 4 de la FD. Document 4 – Les principaux partenaires du commerce international : Exportations mondiales de marchandises (en milliards de dollars et en %) par régions et pour certains pays OMC, Statistiques du commerce international, 2012 4 Quels sont les zones et les pays qui dominent dans les échanges internationaux ? Leur demander d’entourer de deux couleurs différentes les deux premières zones et les deux dernières zones pour 1948, 1963, 1983, 1993, 2010. ZONES : On constate que ce sont les pays développés qui sont les principaux partenaires commerciaux dans l’échange de biens et de services avec le rôle prépondérant de l’Europe. Parmi les autres pays du monde, l’Amérique du Nord reste importante mais a perdu son ascendant dans les exportations au profit de l’Asie. Les pays d’Amérique du Sud et d’Afrique, tout comme le Moyen-Orient, représentent par contre une faible part du commerce international. FAIRE UNE PHRASE-TYPE. Compléter avec les transparents. Pour passer aussi aux pays. PAYS : ATTENTION au détail. Le classement par pays est alors un peu différent puisque l’on rentre dans l’UE. On constate ainsi que, parmi les plus grands commerçants, on observe depuis peu la Chine, mais avec toujours les Etats-Unis, et l’Allemagne, qui sont les trois seuls pays à dépasser 1 000 milliards d’exportations et d’importations de marchandises en 2010. * Comment s’organisent ces échanges ? Attention, cela ne signifie pas que les échanges sont fait n’importe comment entre les pays. Bien au contraire. Document 5 de la FD. Document 5 – Les flux de commerce international entre et dans les différentes régions du monde (en milliards de $): OMC, Statistiques du commerce international, 2012 On constate que trois grandes zones concentrent la majorité du commerce international : c’est l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie qui représentent à eux trois 55% du commerce international en 2008 pour des échanges qui ont seulement lieu entre pays de la même zone. A ce titre, on peut d’ailleurs remarquer que le commerce est alors surtout un commerce intrabranche entre pays similaires. * Pourquoi une telle situation ? Document 6 de la FD. Document 6 – Les accords régionaux structurent le commerce international : OMC, Statistiques du commerce international, 2008 5 Ceci s’explique par l’existence d’accords de commerce qui incitent aux échanges localisés dans une zone. C’est le cas de l’Union Européenne dont les pays réalisent 68% des échanges avec d’autres pays de l’Union Européenne en 2007. Voir transparents pour confirmer. II. Pourquoi faire du CI ? Le débat théorique entre libre-échange et protectionnisme : Cela dit, pourquoi les pays échangent-ils des produits entre eux ? Ne serait-il pas plus simple de produire tout à la maison ? Quel est l’intérêt pour un pays de s’ouvrir au CI ? Et dans quelle mesure doit-il s’ouvrir ? Attention, sur cette question, il y a deux grandes positions possibles : celle du libreéchange et celle du protectionnisme. Mais ces deux positions sont dans un continuum. Par conséquent, ne jamais oublier dans un sujet : Gains du protectionnisme = Ce qu’on perd avec du libre-échange !! Gains du libre-échange = Ce qu’on perd avec du protectionnisme !! On va essayer de voir ce qui peut se passer quand un pays ouvre totalement ses frontières aux biens et services produits à l’étranger puis montrer pour quelles raisons les pays limitent l’ouverture par le protectionnisme. A. Les effets positifs du libre-échange sur la croissance économique : Pourquoi les pays peuvent-ils décider de pratiquer le libre-échange, c'est-à-dire l’ouverture totale des frontières aux échanges internationaux. 1. Les raisons de l’ouverture commerciale : Qu’est-ce qui incite un pays à ouvrir ses frontières aux échanges internationaux ? On va essayer de distinguer un petit peu les cas. Les économistes ont formulé quatre grandes explications. Document 7 de la FD. Document 7 – Avantages absolus, avantages comparatifs et dotations factorielles : « Si un pays étranger peut nous fournir une marchandise à meilleur marché que nous ne sommes en état de l’établir nous même, il vaut bien mieux que nous la lui achetions avec quelque partie du produit de notre industrie, employée dans le genre dans lequel nous avons quelque avantage ». Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776. « Supposons deux ouvriers sachant l’un et l’autre faire des souliers et des chapeaux : l’un d’eux peut exceller dans les deux métiers ; mais, en faisant des chapeaux, il ne l’emporte sur son rival (…) que de 20 %, tandis qu’en travaillant à des souliers, il a sur lui l’avantage (…) de 33 %. Ne serait-il pas de l’intérêt des deux que l’ouvrier le plus habile se livrât exclusivement à l’état de cordonnier, et le moins adroit à celui de chapelier ? ». David Ricardo, Principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817 « Un pays va exporter les biens qui nécessitent intensément, pour être produits, les facteurs abondants du pays, et va importer les biens qui nécessitent intensément, pour être produits, les facteurs rares du pays. Par exemple, si l’on ne considère que deux facteurs, le travail et le capital, un pays fortement doté en capital exportera les biens qui nécessitent intensément du capital pour être produits et importera les biens qui nécessitent intensément du travail pour être produits ». Théorème de Heckscher-Ohlin, 1933 « Lorsque deux économies en concurrence imparfaite peuvent échanger, les économies d’échelle incitent à l’échange et produisent un gain à l’échange même si les deux économies ont des consommateurs aux préférences identiques, ainsi que des technologiques et des dotations factorielles identiques ». Krugman, « Economies d’échelle, différenciation des produits et la structure du commerce », American Economic Review N°70(5), 1980 On va voir à partir de ces trois citations les quatre configurations. Cf. TD6 pour un approfondissement sur ces différents points. 6 * R1 : les pays étrangers ont des AA dans la production de certains biens et services (Smith) : quand on compare la productivité entre pays, on constate que certains sont les plus productifs. Dit simplement : un pays est internationalement le plus productif et on ne trouvera donc jamais un meilleur rapport qualité/prix. Quelqu'un peut-il me donner un exemple ? Par exemple, le Brésil est plus productif que la France dans la production de café. La France est plus productive que le Brésil dans la production de voitures. Si les deux pays échangent leurs marchandises, chacun pourra donc payer moins cher les produits consommés. Et alors, quelle conséquence cela va-t-il avoir à plus long terme ? Par conséquent, chaque pays aura intérêt à se spécialiser. En se spécialisant dans les productions pour lesquelles le pays est le productif, chaque pays utilise plus efficacement ses facteurs de production. Avec cette production supplémentaire, chaque pays dispose de plus de richesses échangeables avec les pays étrangers, ce qui rend intéressant l’ouverture. C’est ce phénomène de spécialisation qui accompagne l’ouverture qu’on appelle la division internationale du travail. Exemple : Document 8 – Une preuve de la spécialisation internationale selon les avantages absolus : le cas français : CEPII, Panorama de l’économie mondiale, 2011 Problème : pourquoi un pays qui est moins productif que l’étranger dans tous les domaines peut-il malgré tout avoir intérêt à faire du commerce international ? *R2 : tout pays a des AC qu’il peut mieux exploiter en acceptant de faire du CI (Ricardo) : si on compare d’abord à l’intérieur du pays les différentes productivités par secteur, on constate qu’un pays a toujours un secteur dans lequel la productivité est supérieure à celle des autres secteurs. Dit simplement, même le plus mauvais pays sait faire quelque chose, même mal, et il peut s’y spécialiser, ce qui permet aux autres de ne plus s’occuper de cette tâche. Exemple : comparaison de deux individus, la chirurgienne, le secrétaire. Exemple ensuite avec le document 9 Document 9 – Un exemple illustrant la théorie des avantages comparatifs : Stern & Robert, « British and American Productivity and Comparative Costs in International Trade », Oxford Economic Papers, 1962 Question 1 : Pour quels produits les Etats-Unis disposent-ils d’un avantage absolu? Question 2 : Selon quel principe (les avantages absolus ou les avantages comparatifs) s’organisent les échanges internationaux entre l’Angleterre et les Etats-Unis dans les années 1950 ? 7 On peut juste ajouter une chose. Comme tous les pays ont des avantages comparatifs, que risquent de faire les pouvoirs publics ? NB : comme tous les pays ont des avantages comparatifs, même mineurs, il est fréquent que les pouvoirs publics interviennent pour développer les avantages comparatifs et pousser à l’exportation. Exemple : ce sont les politiques économiques qui ont aidé les secteurs de l’industrie automobile et de l’informatique à se développer en Corée du Sud. Mais, problème : d’où viennent les avantages comparatifs, c'est-à-dire les différences de productivité relatives entre pays ? *R3 : Pour répondre à cette question, trois économistes ont développé ensemble un modèle permettant d’expliquer ce fait. C’est le modèle HOS (Heckscher-OhlinSamuelson) fondé sur les dotations factorielles de chaque pays : dit simplement, selon les quantités et les qualités de chaque facteur de production au sein d’un pays, la structure de sa productivité sera différente et sa spécialisation internationale ne sera donc pas la même. Exemple concret qu’on appelle le paradoxe de Leontieff (1947, revérifié par Baldwin en 1962) : les Etats-Unis ont une dotation importante en travail qualifié et en capital et une dotation faible en travail peu qualifié ; par conséquent, ses exportations sont surtout dans des biens qui nécessitent du travail qualifié et du capital et ses importations dans des biens qui nécessitent du travail peu qualifié. Autre exemple concret : le modèle de vol d’oies sauvages qui montre qu’à mesure que les pays se développent, et donc changent leurs dotations factorielles, la structure de leurs exportations changent. Document 10 – La relation entre développement, dotation factorielle et exportations : le modèle du vol d’oies sauvages Kojima, « Le modèle de vol d’oies sauvages du développement asiatique », Journal of Asian Economics n°11, 2000 Problème cependant : comment expliquer le commerce entre les pays qui ont des dotations factorielles proches ? * R4 : Il faut alors invoquer une dernière cause : dans les économies similaires, comme les consommateurs ont des goûts différents, et comme les entreprises ont plus intérêt à produire en grande quantité qu’en petite quantité en raison des économies d’échelle, il existe des échanges internationaux de produits presque similaires (Krugman). Dit simplement, les pays se spécialisent dans des marques plus que dans des produits et elles s’exportent pour satisfaire la diversité des goûts des consommateurs. Document 11 – Les limites de l’analyse en matière de dotations factorielles : « La théorie de l'avantage comparatif ignore la présence dans de nombreuses activités de rendements croissants (le fait que les coûts diminuent au fur et à mesure que la production augmente). Dans ce cas, les avantages comparatifs se construisent de manière cumulative : une hausse de la production se traduit par une baisse des coûts unitaires de production, donc par une hausse de la productivité qui accentue l'avantage comparatif originel au point de donner lieu à un avantage quasi absolu. Certains biens sont ainsi fabriqués dans un nombre très réduit de pays, par exemple les motos (Japon), les films à grand spectacle (Etats-Unis, Inde) ou les voitures de luxe (Allemagne). 8 « L'avantage comparatif interdit également de rendre compte des échanges de biens très proches : pourquoi exporter des 207 et des Clio vers l'Allemagne ou l'Italie, si c'est pour importer des Fiat Punto ou des Volkswagen Polo en échange ? La nouvelle théorie du commerce international, initiée dans les années 1980 par l'Américain Paul Krugman, explique ces échanges par le goût des consommateurs pour la variété (tout le monde ne veut pas la même voiture) et par (à nouveau) les rendements croissants : si développer un nouveau modèle coûte 2 milliards d'euros, par exemple, ce coût fixe représente 1 000 euros par voiture si on vend 2 millions de voitures, mais 4 000 euros si on n'en vend que 500 000. Plus le marché est grand et plus la variété de produits disponibles à un prix accessible est grande, ce qui incite à l'échange international sans que l'avantage en termes de dotation factorielle y soit pour quelque chose ». Parienty, « Les mécanismes du commerce international », Alternatives Economiques n°298, 2011 Question 1 : Avec vos propres mots, répondez à la question soulignée. 2. Les gains à l’échange : Quels vont être les avantages du commerce international ? On peut résumer assez simplement. Pour ce faire, on peut partir du document 12. Document 12 – Pourquoi consommer à l’étranger ce que l’on peut produire en France ? « Pour éviter que la situation ne se dégrade davantage, j'ai décidé de consommer responsable en respectant ce mantra un peu culpabilisateur, relancé par François Bayrou, et occupant désormais tout le débat public : « Achetez Français ! ». « Mais bien sûr ! », ont renchéri Nicolas Sarkozy et son ancien ministre Yves Jégo, qui se targuent d'avoir eu l'idée les premiers – une idée vieille de cinquante ans. « Pour acheter français, […] j’ai préféré aller de commerce en commerce pour repérer les produits fabriqués en France. Cette dernière méthode ayant l'avantage de faire parler les commerçants. Au bout d'une semaine, je me suis aperçu que comme pour les voitures, la plupart des produits dits « made in France » sont en réalité un assemblage de pièces d'origines diverses. La difficulté du « consommer français » réside dans l'impossibilité pour le consommateur de retracer l'origine de toutes les composantes d'un produit. « Et ma tasse ? Elle vient d'où ma tasse ? De Chine. Ma théière ? De Chine. Mes couverts ? Pareil. Mon mug ? Ah, ouf ! Il est français. Et il coûte 25 euros. J'ai besoin d'ampoules. J'en ai marre de retourner les produits dans tous les sens pour trouver le « made in » qui n'y est que rarement. Je m'en remets à nouveau à Google. Sur le site de Phillips, je découvre qu'il y a près de dix usines en France. De fabrication d'ampoules. Au supermarché, je vérifie quand même : « made in Poland ». Je pense à une erreur. J'en prends une seconde : « made in China ». J'ai plus de lumière, j'achète étranger, tant pis. Premier échec. […] « […] Je fais un petit inventaire dans ma salle de bain. Quand j'ai fini, je me dis que si François Bayrou passait par là, il me tiendrait pour responsable de la désindustrialisation de la France : brosse à dents chinoise ; dentifrice italien ; dentifrice néerlandais ; tampons hongrois (tous les tampons sont hongrois d'ailleurs) ; vernis américain ; crèmes belge et allemande ; démaquillant anglais ; papier toilette, coton et coton-tiges européens (« made in EU ») ; déo bio thaïlandais (oui, c'est vrai) ; baume pour les lèvres anglais ; shampoing américain ; crème pour les cheveux anglaise ; éponge italienne... Mes produits français sont ceux qui m'ont coûté le plus cher, mais je les aime : maquillage, parfum, savons (de Marseille), crème. […] « Sur une journée, j'ai essayé de déterminer l'origine de mes repas et de mes courses. Petit déjeuner café : d'après un site « made in France », ma machine Nespresso est française, les capsules aussi mais le café est étranger ; thé : il est évidemment étranger ; sucre : « Saint-Louis ». L'entreprise est on ne peut plus française mais rien sur l'emballage – si ce n'est le nom – ne permet de déterminer l'origine. Pourtant, il s'agit bien d'une entreprise française, installée en France. A l'usine d'Etrepagny (dans l'Eure), on transforme des betteraves provenant des régions alentours ; pain : « La France est un grand producteur de farine, mademoiselle. Votre pain est français », me répond la boulangère. « M'habiller : très coûteux. […] Certaines marques dont on imagine qu'elles sont forcément 100% françaises (Comptoir des Cotonniers, Zadig et Voltaire, Monoprix, Camaïeu...) sont 100% fabriquées « ailleurs ». Les baskets Springcourt ou Le Coq Sportif, qui affichent un marketing très hexagonal (bandes tricolores...), sont fabriquées en Thaïlande ou en Chine. Mais prenons les véritables charentaises ou toutes ces pantoufles qu'une commerçante corrézienne m'a présentées. « Tout cela est bien français », mais dieu que c'était laid. En matière de vêtements, le « made in France » connaît donc deux écueils : le luxe : la plupart des vêtements et souliers fabriqués en France sont plus chers que la moyenne ; ou la laideur : le côté terroir appliqué au textile, c'est très vite folklorique. Il reste les espadrilles. Je trouve des collants fantaisie d'une marque française. Prix : 33 euros. Soit trois fois le prix des Dim, symbole de la délocalisation (roumaine) mais en quantité dans mon placard ». Dryef, « J'ai essayé d'acheter français, je suis presque ruinée », Rue89, 19 décembre 2011 Question 1 : Listez toutes les raisons expliquant pourquoi l’auteur n’achète pas « français » ? 9 Les effets du commerce international sur l’économie et donc la croissance économique sont de deux ordres : - avec l’ouverture des frontières, les consommateurs bénéficient de la diversification des produits. Il y a donc une augmentation du niveau de vie grâce aux nouvelles possibilités de consommation. De plus, comme les entreprises nationales vendent également à l’étranger, elles augmentent leurs possibilités de vente, ce qui incite à augmenter la production (compétitivité hors-prix croissance). - avec la spécialisation qui accompagne l’ouverture internationale, les pays réalisent des gains de productivité. Comme on peut produire plus avec autant ou moins de moyens pour produire, il y a une augmentation de la production qui peut s’accompagner d’une baisse des prix (compétitivité-prix croissance). B. Les raisons des politiques protectionnistes : Pourquoi alors ne pas ouvrir les pays complètement à l’échange international ? Pour quelles raisons doit-on se restreindre ? Le protectionnisme est une décision politique par laquelle on limite plus ou moins fortement l’ouverture du pays au commerce international. Quels arguments conduisent les pays à adopter des mesures protectionnistes ? Document 13 de la FD. Document 13 – Les arguments en faveur du protectionnisme : Différents arguments sont évoqués pour expliquer que les pays n’ouvrent que de manière limitée leurs frontières au commerce international : - l’argument de l’industrie naissante : selon Friedrich List dans Système national d’économie politique (1841), il est dans l’intérêt d’un pays de limiter le commerce international des produits fabriqués par un nouveau secteur industriel. En théorie, une industrie naissante ne dispose pas de la meilleure technique de production possible et est donc concurrencée facilement par les industries déjà implantées. L’ouverture au commerce international empêcherait le nouveau secteur de se développer. Il faut donc limiter temporairement l’exposition du nouveau secteur au commerce international afin de permettre la maturation du secteur. C’est ce qu’on appelle le « protectionnisme éducateur ». C’est un tel protectionnisme que l’on retrouve notamment dans le cas du développement des pays asiatiques avec un modèle du vol d’oies sauvages guidé par les pouvoirs publics. - l’argument de l’industrie vieillissante : une autre raison au protectionnisme est de défendre les anciennes industries qui ont perdu leur avantage comparatif. Il s’agit pour les pouvoirs publics de défendre les intérêts de tous les acteurs (propriétaires et salariés) des anciennes industries en retirant les secteurs de la concurrence issue du commerce international. C’est pour une telle raison que l’on propose par exemple la défense du « made in France » dans l’industrie. - l’argument général des limites à la redistribution : le deuxième argument sur l’industrie vieillissante renvoie à l’idée qu’il y a des gagnants et des perdants à l’ouverture internationale, car on conduit certains secteurs à se reconvertir ou à disparaître lorsqu’ils sont relativement peu productifs. Mettre en place le protectionnisme est un moyen pour éviter les effets redistributifs spécifiques au commerce international. - l’argument des ressources des pouvoirs publics : il peut être dans l’intérêt des pouvoirs publics de mettre en place des mesures protectionnistes car ce sont des sources de revenus pour eux. Ces mesures sont intéressantes pour les pouvoirs publics car elles paraissent indolores aux consommateurs qui ne subissent pas le coût de la mesure directement (paiement d’une taxe) mais indirectement (ils ne bénéficient pas des réductions de prix liées à la spécialisation internationale mais ne s’en rendent pas compte). - l’argument des termes de l’échange et des « mauvaises » spécialisations : les termes de l’échange désignent le rapport des prix entre les produits exportés et les produits importés. Pour certains auteurs, comme Samir Amin, dans Le développement inégal (1973), le commerce international est une situation défavorable aux pays en voie de développement comme l’Afrique et le Moyen-Orient : en exportant des produits liés aux ressources naturelles et à l’agriculture, et en important des produits manufacturés, ces pays vendent des produits à faible prix contre des produits à prix élevés, ce qui entretient le sous-développement des pays en voie de développement. En ce sens, cet argument est une reformulation de la conception marxienne (Le Capital, 1867) indiquant que le commerce international est un signe de l’exploitation capitaliste. A partir de : Mayer & Mucchielli, Economie internationale, 2004 10 Maintenant qu’on a dit cela, se pose une question importante. Comment mettre en place des mesures protectionnistes ? A votre avis ? Il y a deux manières : - par les barrières tarifaires : les pouvoirs publics mettent en place des taxes sur les importations pour limiter le commerce international. On constate que les barrières tarifaires sont en forte diminution depuis la Seconde Guerre Mondiale. Alors que les taxes représentaient 40% de la valeur des importations dans les années 1940, elles n’en représentent plus que 4% en 2000 selon le GATT. - par les barrières non tarifaires : les pouvoirs publics mettent en place des réglementations sur les échanges, sur le produit ou sur son processus de production pour réguler et implicitement limiter le commerce international. Exemples de règles : quotas : les pouvoirs publics fixent une limite numérique à l’importation. Exemple : jusqu’en janvier 2005, les produits textiles arrivant en France et provenant de Chine étaient soumis à des quotas. normes sanitaires, normes environnementales, etc. : un produit n’est accepté par les douanes que s’il respecte certaines règles (visant à limiter les effets néfastes pour l’environnement de la composition du produit ou du processus de production). Ces règles sont très nombreuses. 11