Il n'y a peut-être pas de parole, dans l'Évangile,
plus émouvante que celle-là : Celui qui fait la volonté de
Dieu est mon frère, et ma sœur, et
ma mère (Mt 12, 50).
Il s'agit donc d'être le
berceau de Jésus, de lui donner en
nous une humanité de surcroît, de
le laisser - en nous - envahir tout
notre être pour qu'il soit une présence actuelle dans
l'histoire d'aujourd'hui.
Si nous cherchons une aventure, en voilà une à
notre taille, et qui sollicite sans cesse notre amour, car il
n'y a pas un instant où notre absence, notre indifférence
ou notre refus ne mette en péril la vie de Dieu dans
l'histoire. Et pour les hommes, ce qui n'entre pas dans
l'histoire n'est rien, puisque inaccessible et invariable.
Pour que Dieu soit une présence effective aux hommes
d'aujourd'hui, il faut que nous taillions un berceau tout
neuf à chaque battement de notre cœur.
Nous avons donc une tâche immense à accomplir,
parce qu'il est d'une urgence infinie - pour que le règne
de Dieu se réalise - que notre consentement soit donné
sans défaillance, à chaque minute, dans les plus petites
choses. Ce sont les toutes petites choses qui ont des
conséquences infinies.
Si chacun de nous se consacre à cette divine
maternité, si chacun de nous comprend qu'il a à devenir le
berceau de Dieu, alors le mystère de la Vierge sera pour
nous un mystère brûlant d'actualité, et nous
comprendrons qu'aujourd'hui, chaque jour, à chaque
minute, à chaque battement de notre cœur, le Verbe, à
travers nous, veut se faire chair pour habiter parmi nous.
Maurice Zundel
Notre Dame du silence,
confiant en ta maternelle sollicitude,
je te demande la grâce du silence.
Notre Dame du silence,
toi qui accueillis la puissance de l'Esprit
pour donner chair à la Parole de Dieu,
accorde-moi le silence de l'humilité
qui permet à l'Amour de s'incarner
dans tous les gestes de ma vie
sans rien m'approprier.
Notre Dame du silence,
toi qui, à Noël contemplas l'Enfant de Bethléem,
accorde-moi le silence de la foi
qui accueille l'imprévisible
et voit en tout homme le visage de Dieu.
Notre Dame du silence,
toi qui, au pied de la Croix,
pleure la mort de ton Fils,
accorde-moi le silence de l'espérance
qui espère en l'avenir de Dieu
et attend les fruits du grain de blé qui meurt.
Notre Dame du silence,
toi qui es entrée, éblouie, dans la lumière de Pâques,
accorde-moi le silence de la joie pascale
qui discerne dans la trame du quotidien
les germes du printemps de la résurrection.
Notre Dame du silence,
toi qui, avec les apôtres,
prie pour recevoir l'Esprit Saint,
accorde-moi le silence de l'adoration
qui s'ouvre aux dons du Christ vivant
pour témoigner de sa nouvelle Présence.
Notre Dame du silence,
toi qui méditais dans ton cœur
tous les événements de ta vie,
heureux ou douloureux,
accorde-moi le silence de la vigilance
qui scrute dans la nuit les passages du Seigneur.
Michel Hubaut
Au cœur des nuits sans étoiles
et des jours sans soleil,
au cœur des foules denses
où danse le cafard,
au cœur des cœurs d'où le cœur est absent,
Mon Dieu, tu ne viens pas,
et pourtant je t'attends.
Au cœur des temps immobiles,
où demain n'a plus de sens,
au cœur de nos désespoirs et de nos solitudes,
au cœur, malgré tout, de nos restes d'espérance,
Mon Dieu, tu ne viens pas,
et pourtant je t'attends.
C'est alors qu'au cœur de nos silences,
au cœur de nos attentes,
Mon Dieu, je t'entends murmurer
Je suis au cœur de tes nuits sans étoiles,
je suis au cœur des temps que tu crois immobiles,
je suis au fond de ton désespoir et de ta solitude,
je suis dans la nuit de Bethléem.
Et toi viendras-tu ?
De toute éternité, je t'attends.
Albéric de Palmaert
Service des Vocations du diocèse de Reims
13 rue Carnot 08300 Rethel