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1- MISE EN EVIDENCE DU PROBLEME
1-1 Situation d’appel
La situation se déroule en Août 2006 dans un service d’entrée de psychiatrie. Le service
comporte 16 chambres dont 2 chambres d’isolement et 3 chambres doubles.
L’équipe se compose d’un médecin, de 3 infirmières et d’une étudiante IDE de 1ére année.
A l’arrivée de l’étudiante dans le service, une patiente schizophrène Mme X âgée de 50 ans
était hospitalisée à la demande d’un tiers (sa fille). Elle se trouvait en chambre d’isolement parce
qu'elle s’était montrée agressive envers un autre patient et tenait des propos délirants (thème :
théâtralisme, hystérie, mysticisme, paranoïa). Quelques jours après le début de son stage, l’équipe
pluridisciplinaire décida de lever l’isolement lors des repas afin d’apprécier son comportement avec
les autres résidents. Elle se montrait calme lors de ses sorties et acceptait de prendre son traitement
(traitement: Tenormine® 100mg ¼ le matin, Seresta® 10mg 1 matin et soir, Risperdal® 1mg 1
matin et soir, Lepticur® 10mg 1 le matin, Depakote® 500mg 1 matin et soir et Imovane® 7,5mg 1
au coucher), c’est pourquoi elle a pu retourner en chambre normale au bout d’une semaine.
C’est à partir de ce moment que la stagiaire prit en charge la patiente, notamment en l’aidant
tous les jours pour sa toilette. Mme X se sentait à l’aise avec l’étudiante mais parlait peu de sa vie
privée. Au début de la troisième semaine, la patiente demanda à la jeune fille si elle avait le droit de
sortir du service pour aller se promener dans le parc. L’élève est donc allée se renseigner auprès de
l’équipe soignante qui lui a donné son accord, à condition que la patiente soit accompagnée.
Ce jour là, elle accompagna donc la patiente. Les jours qui suivirent, Mme X renouvela
quotidiennement sa demande auprès de celle-ci, et la promenade était donc devenue une habitude
pour les deux personnes. La patiente se livrait tous les jours un peu plus à l’étudiante. Elle lui confia
beaucoup de choses sur sa vie personnelle, notamment sur son ami, sa fille… Elle lui exprima
même son envie de sortir de l’hôpital et la questionnait sur le jour de sa sortie. L’équipe posait
beaucoup de question sur le comportement de la Dame lors des sorties et semblait plutôt satisfaite.
Une complicité s’était créée entre la patiente et l’étudiante. Une relation privilégiée s’était
2
installée. La patiente n’adressait ses demandes qu’à la jeune fille.
Lorsque l’étudiante annonça que c’était son dernier jour de stage, la résidente exprima un
sentiment de tristesse, elle lui dit qu’elle ne voulait pas qu’elle s’en aille car elle se demandait qui
l’accompagnerait pour ses promenades, l'aiderait pour sa toilette. La stagiaire lui expliqua qu’il ne
fallait pas qu’elle soit triste à cause de son départ, car une équipe était pour s’occuper d’elle et
qu’elle ne serait donc pas seule.
1-2 Cadre de référence et analyse de la situation
1.2.1- Introduction
Le thème principal de notre situation est la relation soignant/soigné. De ce thème découle
des sous-thèmes. Dans un premier temps, il y a la distance professionnelle et relationnelle en
rapport avec la relation privilégiée qu’a la patiente avec l’étudiante. Ensuite, le second thème est la
confiance, se traduisant par le fait que l’élève était devenue la confidente de la résidante. Puis, nous
avons mis en avant la notion de transfert pouvant se justifier par le fait que Mme X retranscrive ses
émotions sur l’étudiante par rapport à l’absence de sa fille. Le quatrième thème est l’empathie, qui
se définit par les processus qui permettent à l’étudiante de comprendre réellement ce que vit la
patiente. Enfin, le dernier thème parle de l'encadrement de l’étudiant en soins infirmiers.
1.2.2-La relation soignant soigné
D'après le Décret n°93-221 du 16 février 1993 relatif aux règles professionnelles et
infirmières Titre I chapitre I (devoirs généraux) article 8: «L’infirmier ou l’infirmière doit respecter
le droit du patient de s’adresser au professionnel de santé de son choix.»
Puis, le Décret 2002-194 du 11 février 2002 relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la
profession d’infirmier article 2 nous dit que : «Les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs,
intègrent qualité technique et qualité de relation avec le malade.»
Enfin, le Décret n°93-221 du 16 février 1993 relatif aux règles professionnelles et infirmières Titre I
chapitre II (devoirs envers les patients) stipule que: «Dès lors qu’il accepte d’effectuer des soins,
l’infirmier ou l’infirmière est tenue d’en assurer la continuité, sous réserve de l’article 41 ci-
après.»
3
La loi nous dit que tout patient a le droit de s’adresser au professionnel de santé de son
choix et que l’infirmier ne peut s’opposer à son opinion ou lui imposer la sienne. Dans la situation,
on constate que la patiente a choisi de faire appel uniquement à l’étudiante et on s’aperçoit qu’il n’y
a pas d’opposition à cette relation de soins de la part du personnel soignant qui encadrait celle-ci.
On peut donc constater que sur ce point, il n’y a pas d’écart entre la loi et la situation.
Ensuite, selon Alexandre Manoukian et Anne Masseboeuf «les facteurs de relation sont nombreux:
-La communication verbale avec les paroles et le ton
- La communication non verbale avec les gestes, les mimiques, les positions corporelles, les
attitudes, les accessoires (tel que les vêtements, les instruments ou les bijoux)»
1
Dans la situation, on s’aperçoit que les moments de soins tels que la toilette, les gestes
ont une importance primordiale, ont installé une communication non verbale entre les deux
personnes alors que les temps de promenade ont permis de mettre en place une relation verbale. On
peut voir à travers ça que les gestes ont donc un rôle important dans la communication car cela a
permis à la patiente de cerner l’étudiante, comme le dit Alexandre Manoukian et Anne
Masseboeuf
2
«c’est avec le corps, sa parole et son affectivité que l’on entre en relation» et Hélène
Dazure
3
ajoute que «l’infirmière qui veut écouter ne perd jamais de vue que le langage non verbal
est souvent aussi riche sinon plus que le langage verbal».
Pour conclure, comme le dit Hélène Dazure «en relation d’aide, l’écoute est une habilité,
un outil essentiel que l’infirmière doit développer car c’est la seule voix d’accès à la
compréhension de ses clients»
4
. Cette phrase nous explique donc pourquoi les patients instaurent
parfois des relations plus privilégiées avec certains soignants qu’avec d’autres et nous montre que
les communications ont un rôle essentiel dans la prise en soins.
Questionnement:
- En quoi la prise en soins de l’étudiante a entraîné une relation adaptée d’après le décret de
compétence du 16 février 1993 ?
- Quelles pourraient être les conséquences d'une attitude non adaptée de la part du soignant pour le
patient ?
- Quels sont les facteurs pouvant entraîner une relation soignant/soigné adaptée?
1
La relation soignant/soigné page 11 de Alexandre Manoukian et Anne Masseboeuf edition Lamarre 2001
2
La relation soignant/soigné page 9 de Alexandre Manoukian et Anne Masseboeuf édition Lamare 2001
3
Vivre la relation d’aide page 17 De Hélène Dazure
4
Vivre la relation d’aide page15 de Hélène Dazure
4
- En quoi le comportement de l’étudiante était–il justifié ?
1.2.3-La confiance
La confiance se définit « comme étant une attitude générale, rencontrée dans des
circonstances multiples, une personne détermine son comportement sur la base d'un sentiment
plus que sur un raisonnement ou sur une recherche totale de preuves. Elle peut tout aussi bien
concerner la confiance en soi que celle envers les autres et celle envers la tournure que prendront
les évènements (optimisme). »
5
Faire confiance, c'est d'une certaine façon, se déterminer spontanément, en faisant
l'économie d'une analyse fouillée et rationnelle.
Le Petit Robert nous définit la confiance « comme une espérance ferme, une assurance de
celui qui se fie à quelqu'un ou à quelque chose. »
6
Le Décret n°93-221 du 16 vrier 1993 relatif aux règles professionnelles des infirmiers et
infirmières article 4 nous dit que « le secret professionnel s'impose à tout infirmier ou infirmière et
à tout étudiant infirmier dans les conditions établies par la loi. Le secret couvre non seulement ce
qui lui a été confié, mais aussi ce qu'il a vu, lu, entendu, constaté ou compris. »
Mary Durand Thomas nous dit que « La confiance qui peut rapprocher le malade et
l'infirmière est fondamentale pour atteindre pleinement les buts des soins infirmiers. L'infirmière,
en aidant une personne à avancer vers la santé, observe, diagnostique, intervient et évalue les
résultats », elle nous explique que « La confiance a été nommée la pierre angulaire d'une
personnalité saine parce qu'elle permet à la personne d'être ouverte à elle-même et à s'accepter elle
même, facilitant ainsi un développement constructif. »
7
Dans la situation, l'étudiante a ussi à instaurer une relation de confiance avec la patiente
car celle-ci a su l'écouter, la rassurer, sans la juger. Mme X pouvait se confier en toute liberté sans
craindre que l'élève ne divulgue ses souvenirs. Comme nous dit la loi précédemment écrite,
l'étudiante a su faire preuve de secret professionnel. Elle a su faire preuve de professionnalisme en
différenciant les choses essentielles qu'elle devait partager avec l'équipe, des choses plus
personnelles qu'elle pouvait garder pour elle, par respect pour la patiente. Comme nous l'explique
5
Site Internet: http://fr.wikipedia.org/wiki/Confiance
6
Dictionnaire de la langue Française Le petit Robert
7
Les comportements humains concepts et applications aux soins infirmiers de Carolyn e. Carlson et Betty Blackwell
p. 270-273
5
Mary Durand Thomas ci-dessus, la confiance est un facteur essentiel dans la relation
soignant/soigné car cela a pour objectif de personnaliser les soins en fonction de chaque patient.
En conclusion, nous pouvons dire que, avant de pouvoir aider les malades à avoir
confiance, les infirmières doivent être elles-mêmes dignes de confiance.
Questionnement:
- Quels sont les facteurs pouvant induire chez un patient une relation de confiance envers le
soignant ?
1.2.4-La distance professionnelle et relationnelle
La distance relationnelle est un degde proximité avec l’autre dans lequel l’individu se
sent plus à l’aise.
En référence au roman de Pascal Prayez « Julie ou l’Aventure de la Juste Distance, Une
Soignante en Formation », on comprend l’importance fondamentale de la distance professionnelle
autant pour le patient que pour le soignant lui-même.
La complexité de cette distance professionnelle est de ne pas paraître trop froid ou
indifférent envers le patient, mais de ne pas non plus se perdre dans la relation et de trop
s’impliquer personnellement. Les émotions font partie intégrante de la relation soignant/soigné et
font que nous sommes humains avant d’être soignants.
Aussi faut-il se demander si l’attachement que nous manifeste le patient ne vient pas
rencontrer nos propres besoins de reconnaissance, de tendresse, de soutien surtout en tant
qu’étudiant.
La stagiaire avait en effet la sensation d’être perçue comme les autres soignants par la
patiente bien qu’elle ne soit qu’étudiante. Elle avait besoin d’avoir une relation plus particulière
avec un patient.
Dans notre situation, Mme X s’est attachée à la jeune fille et vice-versa donc sur ce point,
la distance professionnelle était respectée.
Il y a une interaction entre distance physique et distance psychique. L’étudiante avec la
patiente, lors de leurs promenades, entretenait une distance que E.T. Hall qualifie de sociale, c’est-
à-dire que nos deux interlocutrices se parlaient à voix haute en accrochant le regard de l’autre. Elles
étaient en interaction avec les mots et non directement avec leur corps.
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