sa liberté. Il faut reconnaître que le point de vue médical sur les transfusions, dans
les cas de décisions différées, a évolué ces dernières années. D'une part, à cause
du sang contaminé (VIH, VHB et C) ; d'autre part, parce que les mentalités ont
évolué. On est passé de l'attitude du médecin paternaliste dont on discute à peine la
prescription, à celle du soignant qui dialogue et qui respecte le choix du malade,
même si ce n'est pas le sien.
Deux attitudes guideront en cette circonstance :
- Expliquer, informer, écouter, dialoguer respectueusement en comprenant les
raisons du patient.
- Prendre conseil a posteriori auprès de spécialistes ou de référents. Ceci implique
de développer un réseau de relations pour connaître au bon moment la personne qui
guidera et qui aidera au choix.
Les situations sont si complexes, si particulières, qu'il semble impossible de les
codifier ou d'avancer des conduites à tenir, des recettes. Néanmoins, trois questions
de type éthique peuvent aider, à condition de faire preuve de beaucoup de finesse
psychologique, d'empathie (faculté intuitive de se mettre à la place d'autrui), de
respect et d'humilité.
- L'acte envisagé, qu'il soit diagnostique ou thérapeutique, est-il nécessaire ? Va-t-il
améliorer la santé du malade ?
- Est-il indispensable ? Sa non-réalisation aura-t-elle des conséquences
dommageables pour le patient.
- Quels seront ses effets secondaires négatifs ? Le malade est guéri, mais au prix
d'un inconfort de vie ou de troubles de toute sorte.
En fait, ces trois questions doivent s'envisager du double point de vue du médecin et
du patient.
Prenons l'exemple d'une femme de 38 ans porteuse d'un volumineux fibrome utérin,
à qui l'on propose une hystérectomie. D'emblée, elle refuse, cela ne lui convient pas,
elle a peur. Durant votre formation, on vous a appris qu'un fibrome s'opère. Mais
par honnêteté, vous acceptez de mettre sur la table du débat, vos propres
arguments, les siens et de les confronter.
- Est-ce nécessaire ? Le médecin dit : si elle n'est pas opérée, elle risque une
anémie chronique, des complications de compressions urinaires, une fonte brutale
du fibrome par nécrobiose aseptique, des malaises ; l'intervention lui sera bénéfique.
La patiente ne dit rien, car c'est une réponse technique avec des informations
apportées par le soignant.
- Est-ce indispensable ? Peut-être pas. La patiente pose cette question, et le
soignant doit étudier une alternative : l'absence d'intervention est-elle possible ? sous
progestatifs, peut-on espérer des hémorragies moindres, en attendant la ménopause
?