14 POINT DE VUE DES EXPERTS Angioplastie Les tests de réactivité plaquettaire passés au crible Le texte du consensus 1 fait l’état des lieux des connaissances acquises sur les tests de réactivité plaquettaire et de leur intérêt en pratique clinique. Discussion autour de ce consensus avec le Docteur Laurent Bonello, cardiologue spécialiste des coronaropathies, à l’Hôpital Universitaire Nord de Marseille, qui a participé à son élaboration. Pourquoi ce consensus ? Nous souhaitions rassembler sur un même document l’ensemble des données disponibles concernant l’intérêt des tests de réactivité plaquettaire et leur utilité en pratique clinique dans le cas de patients ayant subi une angioplastie. Le but était de dégager un consensus définissant les situations où ces tests peuvent être envisagés et leurs modalités d’utilisation. Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est une intervention coronarienne percutanée (ICP) ou angioplastie ? Cette intervention est réalisée pour traiter des occlusions ou des sténoses artérielles dans le cas de maladies coronariennes. Elle consiste à mettre en place une endoprothèse métallique ou stent afin de maintenir l’ouverture d’une artère coronaire. [1] " Expert position paper on the role of platelet function testing in patients undergoing percutaneous coronary intervention” D. Aradi et al., European Heart Journal , 19 Août 2013. Les complications consécutives à cette intervention, notamment les thromboses de stent et les resténoses, nécessitent de traiter les patients par des antiagrégants plaquettaires. Quels sont les traitements et quels sont leurs risques ? Les patients victimes d’un syndrome coronarien aigu (SCA) et ayant subit une ICP sont traités par des antiplaquettaires en bithérapie comprenant de l’aspirine et un inhibiteur du P2Y12, qui est l’un des récepteurs plaquettaires de l’ADP. En première intention, nous prescrivons du prasugrel ou ticagrelor, ou du clopidogrel si le patient présente un risque hémorragique élevé. élevé (infarctus ou thrombose de stent), de façon indiscutable. Par ailleurs, une réactivité plaquettaire basse sous traitement expose le patient à un risque accru d’évènements hémorragiques. Les tests de réactivité plaquettaire permettent donc d’identifier et de surveiller les patients à risque et ont une valeur pronostic indéniable. Ces résultats ouvrent également la voie au concept de fenêtre thérapeutique. Ces tests ont permis de faire de belles avancées dans la compréhension des mécanismes d’action des médicaments, et notamment de comprendre pourquoi le clopidogrel n’est pas efficace chez 40 % des patients. C’est à partir de ces tests que de nouvelles molécules, comme le prasugrel ou le ticagrelor, ont été développées. Dans ce contexte, les tests de réactivité plaquettaire ont-ils un intérêt, et si oui, lequel ? Ces tests permettent-ils d’ajuster ou de modifier le traitement ? Chez les patients coronariens stentés, et a fortiori chez les patients victimes d’un SCA, une réactivité plaquettaire élevée sous traitement est corrélée à un risque thrombotique La possibilité d’ajuster le traitement en fonction de la réactivité plaquettaire sous traitement est très controversée à l’heure actuelle et nous ne disposons pas de preuves suffisantes 10 000 BIO - HORS-SÉRIE SPÉCIAL HÉMOSTASE N°3 - JUIN 2014