4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ 4 4.1 Résultats et discussion Choix d’une méthode de synthèse Rappelons que le but de ce travail est d’améliorer la radiosynthèse des acides aminés marqués au fluor-18 (6-[18F]fluoro-L-DOPA 1, 2-[18F]fluoro-Ltyrosine 2, 4-[18F]fluoro-L-phénylalanine 3 et 2-[18F]fluoro-L-phénylalanine 4) pour permettre son implémentation dans un automate de synthèse FASTlab présent dans notre laboratoire suite à une collaboration entre General Electric (GE) et le Centre de Recherches du Cyclotron. La chimie devant être incorporée dans le FASTlab devra être compatible avec le module et les rendements devront être aussi élevés que possible. Le temps de synthèse devra être inférieur à 2 heures (t1/2 18F). Les principales méthodes de préparation des acides aminés aromatiques marqués au fluor-18 ont été décrites dans la partie bibliographique de ce travail. Au départ de fluor électrophile, la synthèse comporte généralement 3 étapes : marquage d’un précurseur acide aminé protégé ou non, hydrolyse des groupements protecteurs éventuellement présents et purification sur HPLC semi-préparative. La méthode proposée par Namavari en 1992 semble la plus intéressante à mettre en œuvre. Elle permet d’obtenir la FDOPA 1 au départ d’un précurseur organostannique avec un rendement corrigé de 25 % après 50 minutes de synthèse. De plus, cette synthèse a été reprise par de nombreux auteurs afin de l’implémenter sur des automates disponibles ou non dans le commerces (de Vries 1999, Chang 2000, Fuchtner 2008, Kao 2011). Par la voie nucléophile, le fluor-18 est généralement introduit sur un précurseur facile à marquer et le squelette de l’acide aminé est élaboré au cours d’une synthèse multi-étapes ce qui implique une étape énantiosélective pour obtenir le carbone chiral de l’acide aminé avec la bonne configuration. Parmi les différentes méthodes de synthèse énantiosélective proposées dans la littérature pour la préparation de la FDOPA 1, celle impliquant l’alkylation énantiosélective d’un dérivé de la glycine au moyen d’un dérivé halogéné par PTC a été reprise par de nombreux auteurs (Lemaire et al., 1999-2001-2004 ; Zhang et al., 2002 ; Yin et al. 2003 ) fournit un rendement en produit final (25 – 30 %) et l’excès énantiomérique (> 95 %) est remarquable. Cette voie de synthèse a également été automatisée (Shen et al. 2009). Les principales caractéristiques de ces deux modes de production de la FDOPA 1 sont reprises dans le tableau 10. 82 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Voie électrophile Voie nucléophile Equation nucléaire 20 Ne(d,)18F 18 O2(p,n)18F H218O(p,n) Nature de la cible Gaz Eau Activité produite 9,25 - 37 GBq 250 - 1000 mCi 37 - 185 GBq 1 - 5 Ci Agent de fluoration [18F]F2 [18F-] Rendement radiochimique maximal théorique 50 % 100 % Quantité de fluor-19 50 - 200 µmol n.c.a. Activité spécifique 74 MBq/µmol 2 mCi/µmol > 37 GBq/µmol > 1 Ci/µmol Quantité (mg) 2 - 10 n.c.a. Rendement radiochimique (%) 25 25-30 Excès énantiomérique (%) 97 - 99 97 Temps de synthèse (min) 50 100 Activité théorique disponible en FDOPA 1 (EOS) 1,6 - 6,5 GBq 45 - 180 mCi 0,74 - 40,7 GBq 20 - 1100 mCi Tableau 10 : Comparatif des méthodes électrophiles et nucléophiles L’utilisation du fluor [18F]F2 pose divers problèmes. Sa production nécessite l’utilisation d’une cible gazeuse (18O2 ou 20Ne) et la présence de fluor-19 est indispensable dans la cible lors de l’irradiation ce qui entraine une diminution de l’activité spécifique (74 MBq (2 mCi)/µmol). Dans ce cas, l’activité maximale en [18F]F2 pour démarrer une synthèse est de maximum 1 Ci (37 GBq) alors qu’avec la méthode nucléophile, il est possible d’obtenir jusqu’à 10 Ci (370 GBq) de fluorure [18F]F-. La meilleure synthèse électrophile de FDOPA 1 est décrite dans la littérature par Namavari et al. en 1992 [90]. Son rendement est de 25 % après 50 minutes de synthèse. Pour la voie nucléophile, la méthode proposée par Lemaire et al. en 2004 [160] procède avec un rendement également de l’ordre de 25 % en FDOPA 1. La synthèse est cependant plus complexe à mettre en œuvre puisqu’elle nécessite plusieurs étapes et une durée de 100 minutes. Malgré ce temps de synthèse plus 83 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ long, la voie nucléophile est pour diverses raisons nettement plus avantageuse. En effet, l’activité disponible en début de synthèse sous formes de [18F]F- peut être supérieure à 10 Ci (370 GBq). Cette activité élevée est donc compatible avec un temps de synthèse plus long. Les excès énantiomériques obtenus par la voie électrophile (97 – 99 %) et ceux obtenus par la voie nucléophile (97 %) sont forts similaires. Dans la méthode électrophile, le précurseur de marquage est porteur du carbone chiral avec la bonne configuration alors que la méthode nucléophile implique une étape énantiosélective pour introduire le carbone chiral. Notons que l’activité spécifique obtenue fin de synthèse par la méthode nucléophile est au minimum 500 fois plus importante que celle obtenue par la méthode électrophile. Une activité spécifique élevée permet d’étudier des récepteurs présents en faible quantité sans risquer de saturer les sites de fixation ou d’induire des perturbations dans le processus métabolique étudié. La faible quantité de produit fluor-19 dans l’injectable est également un avantage du point de vue toxicologique. En effet, certains de ceux-ci sont extrêmement toxique et ce même en faible concentration (quelques g/l). L’utilisation de composés radiopharmaceutiques produit par voie nucléophile permet d’injecter, si nécessaire, un volume plus important (3 - 4 mL) sans dépasser la quantité au-delà de laquelle le composé froid associé est toxique. Au vu de ces différentes constatations, la voie nucléophile semble la plus appropriée pour la préparation d’acides aminés marqués au fluor-18. Parmi les nombreuses voies de synthèse évoquées dans la partie bibliographiques de ce travail, l’approche proposée par Lemaire et al. en 1999 résumée dans la figure 68 semble la plus prometteuse. Cette synthèse comporte deux étapes importantes. La première (I) consiste à préparer le dérivé bromé au départ de l’aldéhyde marqué au fluor-18. La seconde (II) consiste à introduire le centre d’asymétrie de la molécule. A notre avis, moyennant certaines modifications, il devrait être possible de la mettre en œuvre dans un automate de synthèse FASTlab (GE). 84 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 68 : Radiosynthèse de la FDOPA 1 par PTC énantiosélective Cependant avant toute automatisation, les points suivant de la radiosynthèse devront être améliorés: L’acide bromhydrique gazeux est un agent corrosif difficilement stockable et manipulable qui en cas de fuite peut provoquer des brûlures et des problèmes respiratoires chez les opérateurs ainsi que des dégâts (corrosion) au matériel environnant. L’acide bromhydrique gazeux doit impérativement être remplacé par un réactif plus simple à manipuler L’excès énantiomérique final dépend directement de la température durant l’étape d’alkylation. La synthèse décrite ci-dessus (Figure 68) nécessite le refroidissement préalable du dérivé halogéné 12 avant son utilisation dans la réaction d’alkylation qui doit impérativement se dérouler à 0°C. Si cette condition n’est pas respectée, les excès énantiomériques en produit final peuvent être relativement faibles (< 80 %). Le temps requis pour refroidir cette solution d’halogénure de benzyle de la température ambiante à 0°C rallonge d’autant la durée de synthèse et de ce fait, l’activité totale disponible pour l’injection chez l’homme en est d’autant réduite. Idéalement, cette réaction devrait se dérouler à température ambiante. La synthèse et l’étude de nouveaux catalyseurs chiraux s’avère donc indispensable. 85 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Les groupements méthoxy des précurseurs sont difficilement hydrolysables et nécessitent des conditions dures (HI, 200°C, 20 minutes). Des précurseurs possédant des groupements protecteurs plus labiles que les méthoxy permettraient également de diminuer le temps de la synthèse et ainsi d’accroitre l’activité disponible en fin de processus. Au cours de ce travail, nous tenterons d’optimiser ces différents points. Les solutions apportées à ces différents problèmes sont présentées dans ce chapitre qui comprend quatre sections. La première décrit les améliorations réalisées pour la préparation de divers halogénures de benzyle marqués au fluor-18. La deuxième est consacrée à la synthèse de nouveaux catalyseurs chiraux et à l’évaluation de leur efficacité dans la réaction d’alkylation. La troisième partie est dédiée à la recherche de nouveaux groupements protecteurs. La dernière est dédiée à l’automatisation de la synthèse ainsi modifiée au moyen d’un automate de synthèse du commerce (FASTlab). 4.2 Préparation des halogénures de benzyle marqués au fluor-18 4.2.1 Généralités Sur base de l’étude bibliographique réalisée ci-avant, il apparait que la synthèse des halogénures de benzyle marqués au fluor-18 implique le plus souvent la mise en œuvre de trois étapes clés : Marquage par substitution nucléophile aromatique d’un composé aromatique nitré ou de son sel d’ammonium quaternaire correspondant Réduction de l’aldéhyde en phase liquide ou sur SPE au moyen d’un agent réducteur Halogénation de l’alcool [18F]fluorobenzylique obtenu au moyen d’un réactif approprié Exceptionnellement, cette préparation au départ de l’aldéhyde fluoré peut être réalisée en phase liquide en une seule étape au moyen de diiodosilane. Même si dans ce cas, la synthèse du dérivé halogéné au départ du benzaldéhyde marqué au fluor-18 ne nécessite qu’une étape, cette méthode a été abandonnée car elle était complexe à mettre en œuvre. D’un point de vue chimique les réactions sur support solide sont particulièrement intéressantes car dans ce cas, la réduction et l’halogénation peuvent être réalisées sur le même support. De plus l’utilisation d’un large excès de ces réactifs est non problématique puisqu’ils sont facilement éliminés. 86 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Cette approche sur support solide est maintenant couramment utilisée pour la conversion de l’aldéhyde en alcool [136, 156, 160, 161, 179, 185-187]. Celui-ci est cependant généralement élué du support avant de poursuivre la synthèse Néanmoins, dans la synthèse nucléophile que nous avons retenue, la préparation du bromure de 2-[18F]fluoro-4,-5-diméthoxybenzyle 12 est entièrement décrite sur la phase solide (Figure 69). Dans cette méthode, l’aldéhyde 9 fixé sur un support solide est réduit par du borohydrure de sodium en solution aqueuse. L’excès d’eau présent sur la cartouche est déplacé au moyen d’hexane. La cartouche est conservée mouillée avec ce solvant avant d’y faire passer un flux d’acide bromhydrique gazeux. Figure 69 : Préparation des halogénures de [18F]fluorobenzyle sur SPE Bien que cette approche fournisse le bromure de benzyle avec de bon rendement, la manipulation d’un gaz n’est pas facile à mettre en œuvre surtout pour du matériel destiné à être utilisé en milieu hospitalier. De plus, cette approche n’est pas adaptée à la préparation du bromure de 2-[18F]fluorobenzyle 29 et du bromure de 4-[18F]fluorobenzyle 28, intermédiaires clés requis pour l’obtention de la 4-FPhe 3 et 2-FPhe 4. En effet, dans ce cas le processus s’accompagne d’une perte importante d’activité sous forme de produit gazeux et le rendement en bromure de 2[18F]fluorobenzyle 29 et du bromure de 4-[18F]fluorobenzyle 28 sont très faibles (± 15 %). Avant de poursuivre cette synthèse d’acides aminés, il s’avère donc nécessaire d’optimiser cette étape. 4.2.2 Marquage du [18F]fluorobenzaldéhyde La première étape de la synthèse des halogénures de benzyle marqués au fluor-18 nécessite le marquage d’un [18F]fluorobenzaldéhyde. Cette étape de substitution nucléophile sur aromatique au départ d’un précurseur ammonium ou nitro est actuellement réalisable dans le diméthylsulfoxyde sans problème particulier. La durée du marquage est cependant un peu plus courte au départ d’un sel d’ammonium (2,5 min / 15 min). Certains aldéhydes pouvant être obtenus au départ de 2 précurseurs différents (dérivé nitré et sel d’ammonium quaternaire). Les précurseurs testés au cours de ce travail pour la synthèse des acides aminés aromatiques marqués au 87 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ fluor-18 sont décrits dans le tableau 11 et leurs structures décrites dans la figure 70. Différents précurseurs peuvent être utilisés pour obtenir le même acide aminé aromatique marqué au fluor-18. Figure 70 [18F]fluorobenzaldéhydes Précurseurs NMe3+ NO2 18 F Acide aminés Rendement de marquage (d.c., %) H OMe 31 R2, R3, R4 - R1 - 34 R1 69 ± 3 (n = 5) 2-FPhe 4 33 R2, R3, R4 - - R1 34 R1 73 (n = 2) 2-FPhe 4 32 R1, R2, R4 - R3 - 6 R3 73 ± 4 (n = 15) 4-FPhe 3 5 R1, R2, R4 - - R3 6 R3 71 ± 5 (n = 25) 4-FPhe 3 30 R2, R4, R3 R1 - 23 R1 74 ± 5 (n=50) FTYR 2 16 R2 R3, R4 R1 - 9 R1 50 ± 5 (n = 10) FDOPA 1 8 R2 R3, R4 - R1 9 R1 61 ± 4 (n = 5) FDOPA 1 7 R2 OCH2O (R3,R4) - R1 35 R1 70 ± 3 (n = 3) FDOPA 1 Tableau 11 : Précurseurs et rendements de marquage corrigé de la décroissance (d.c.) 88 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ La procédure utilisée pour réaliser la préparation des différents [ F]fluorobenzaldéhydes comporte deux étapes. La première consiste à activer le fluor-18 et la seconde à réaliser l’introduction de ce fluor-18 sur le noyau aromatique. Comme précédemment expliqué, le fluor-18 récupéré du cyclotron en solution dans l’eau enrichie n’est pas réactionnel. La technique permettant d’augmenter sa réactivité implique la fixation du fluorure [18F]F- en solution dans l’eau sur une résine échangeuse d’ions (cartouche QMA; Waters) et l’élution de celle-ci avec 500 µL d’une solution composée d’eau et d’acétonitrile (v/v 1/1) contenant du carbonate de potassium (0.1 M) et du cryptand K222 (0.1 M). L’éluat obtenu est évaporé à 110°C sous flux d’azote puis séché de manière azéotropique avec de l’acétonitrile (3 X 100 µL) pour finalement obtenir du fluorure « anhydre » (1000 - 10000 ppm eau). 18 Les différents précurseurs préalablement solubilisé dans le DMSO sont alors ajoutés au résidu obtenu après évaporation. Les conditions de marquage des composés décrits dans le tableau 10 sont légèrement différentes selon la nature du groupement partant (NO2, NMe3+). La réaction est réalisée soit pendant 3 minutes au départ des précurseurs ammoniums soit en 15 minutes au départ des dérivés nitrés. Les rendements de marquage ont été déterminés en tenant compte de la pureté radiochimique du produit marqué. Celle-ci a été déterminée par des analyses TLC et HPLC. Pour ce calcul de rendement, l’activité en solution a également été mesurée pour tenir compte du fluor-18 adsorbé sur les parois du réacteur de marquage. Le rendement de marquage a finalement été déterminé en utilisant la formule ci-dessous. Les résultats obtenus sont repris dans le tableau 11: Le marquage au départ de deux précurseurs différents (sel d’ammonium quaternaire ou dérivé nitré) fournit le même [18F]fluorobenzaldéhyde. Par exemple le trifluorométhanesulfonate de 2-formyl-N,N,N-triméthylbenzenaminium 31 et le 2nitrobenzaldéhyde 33 permettent d’obtenir le 2-[18F]fluorobenzaldéhyde 34. Le trifluorométhanesulfonate de 4-formyl-N,N,N-triméthylbenzenaminium 32 et le 4nitrobenzaldéhyde 5 fournissent le 4-[18F]fluorobenzaldéhyde 6. Le 6[18F]fluorovératraldéhyde 9 est obtenu au départ du trifluorométhanesulfonate de 2formyl-4,5-diméthoxy-N,N,N-triméthylbenzenaminium 16 et du 6nitrovératraldéhyde 8. A l’exception du composé 9, les rendements sont généralement élevés. 89 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Récemment Machulla et son équipe ont décrit le N,N-diméthylformamide (DMF) comme un solvant plus approprié que le DMSO pour réaliser le marquage des benzaldéhydes [165, 192]. Cependant, dans notre cas l’utilisation de DMF n’a pas permis d’obtenir de meilleurs rendements en [18F]fluorobenzaldéhydes. Les précurseurs ammoniums quaternaires peuvent générer des rejets gazeux radioactifs sous forme de [18F]fluorométhane lors de l’étape de marquage [193]. Lors de l’utilisation de ce type de précurseur, le bilan d’activité réalisé à la fin de la synthèse est supérieur à 95 %. 4.2.3 Préparation des alcools [18F]fluorobenzylique L’exploitation de la stratégie sur support solide à la préparation des halogénures de benzyle marqués au fluor-18 implique la fixation de l’aldéhyde préalablement marqué sur une cartouche en phase inverse (SPE) de type C18. Des cartouches contenant différentes quantité de phase ont été évaluées (400 mg et 1 g). Les détails de ces investigations sont repris dans le paragraphe dédiés aux halogénures de benzyle. Après marquage, la solution de DMSO contenant le [18F]fluorobenzaldéhyde a été diluée dans l’eau (20 mL) et la solution résultante passée au travers d’une cartouche SPE C18. Ceci s’accompagne de la fixation du [18F]fluorobenzaldéhyde sur le support solide tandis que le DMSO et les réactifs n’ayant pas réagi ([ 18F]F-, carbonate de potassium, précurseur ammonium quaternaire, K222) passent au travers de la cartouche. Lors de l’utilisation d’un précurseur nitré, ce dernier reste fixé sur la cartouche et suit la même chimie que le dérivé [ 18F]fluoré. Lors de la purification finale du composé radiopharmaceutique, il faudra séparer le composé marqué au fluor-18 du dérivé nitré. L’aldéhyde fixé sur SPE est ensuite converti en alcool benzylique par passage d’une solution aqueuse de borohydrure de sodium (50 mg/mL) comme décrit dans la partie bibliographique de ce travail. Cette méthode n’est pas vraiment innovante puisqu’elle est déjà en usage au Centre de Recherches du Cyclotron mais de par sa facilité, nous avons décidé de la conserver. Pour l’étape suivante d’halogénation, contrairement à beaucoup de méthodes décrites dans la littérature, l’alcool [18F]fluorobenzylique est maintenu sur la cartouche SPE pour l’étape subséquente d’halogénation. 4.2.4 Intermédiaires halogénures Les principales méthodes de synthèse d’halogénure de benzyle [18F]fluorés décrites dans la littérature ont été présentées dans la partie bibliographie de ce travail. Nous avons notamment vu que les bromure de benzyle peuvent être préparés soit au moyen d’acide bromhydrique en solution aqueuse (HBr 48%) [191], soit 90 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ d’acide bromhydrique en solution dans un solvant organique (HBr dans l’éther diéthylique) [186] soit en phase gazeuse (HBrg) [156, 160]. L’acide bromhydrique en solution dans l’éther est incompatible avec la synthèse sur support solide puisque dans ce cas, le dérivé bromé serait plus que probablement élué du support solide. L’acide bromhydrique gazeux est un réactif corrosif et difficile à manipuler rendant l’automatisation difficile. Dès lors, nous avons décidé d’utiliser l’acide bromhydrique en solution aqueuse sur support solide. En effet, la synthèse sur le support solide comme nous l’avons évoqué précédemment possède plusieurs avantages. Pas ou peu de purifications nécessaires Après réduction, l’alcool précédemment obtenu est conservé sur le support solide Le dérivé halogéné devrait être disponible en fin de préparation dans un faible volume (1,5 - 2,5 mL) du solvant organique de notre choix. Aucune étape d’évaporation ne devrait être requise ce qui simplifiera d’autant l’automatisation La stratégie envisagée est résumée sur le schéma suivant (Figure 71). Figure 71 : Stratégie mise en œuvre pour la préparation du bromure de [18F]fluorobenzyle 24 sur SPE Cette approche a tout d’abord été utilisée pour préparer le bromure de benzyle de la 2-[18F]fluoro-L-tyrosine 2. Pour ce faire, le 2-[18F]fluoro-4méthoxybenzaldéhyde 23 a d’abord été préparé à partir du sel d’ ammonium par substitution nucléophile au moyen de fluor-18 et réduit sur support solide comme décrit ci avant pour obtenir l’alcool 2-[18F]fluoro-4-méthoxybenzylique 25. Pour l’étape d’halogénation subséquente, l’alcool benzylique a été gardé sur le support solide et une solution aqueuse d’acide bromhydrique (HBr 48%) passée directement sur la cartouche. Après 5 minutes de réaction à température ambiante, l’activité fixée sur la cartouche a été éluée au moyen de 2 mL d’acétonitrile. Ce brut de réaction a ensuite été analysé par TLC et HPLC. Ces analyses montrent la présence d’un composé majoritaire possédant un Rf (0,88 ; DCM/EtOAc 90/10) et 91 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ un temps de rétention (3,1 min ; 70/30 ACN/eau, 1 mL/min) correspondant à la référence froide du bromure de 2-[18F]fluoro-4-méthoxybenzyle 24. Dans ce cas, un séchage préalable à l’hexane comme précédemment décrit lors de l’utilisation de HBr gazeux n’est plus nécessaire. Le rendement de conversion de l’aldéhyde [18F]fluoré en bromure de benzyle est supérieur à 85 % et la pureté radiochimique est de 89 %. Les « wastes » correspondant à l’étape de réduction et d’halogénation contiennent très peu d’activité et les analyses réalisées dessus montrent que l’activité perdue l’est uniquement sous forme de fluorures [18F]F-. Dans un souci d’optimisation du temps de réaction, la cinétique de la réaction a été étudiée. Pour cela, l’acide bromhydrique a été laissé en contact avec la cartouche durant des temps plus courts (5; 3; 1; 0,5 min). L’activité est ensuite éluée de la cartouche au moyen d’acétonitrile. Les analyses ont été réalisées comme décrit ci-dessus et les résultats ne montrent pas de différences significatives de rendements entre 30 secondes et 5 minutes de réaction. Tous les résultats acquis au cours de ce travail l’ont été après 2 minutes. De ces résultats, il apparait que l’acide bromhydrique gazeux initialement utilisé par Lemaire et al. peut-être substitué avantageusement par une solution aqueuse d’acide bromhydrique concentré. Des études complémentaires réalisées au moyen d’acide de concentration inférieure (24%) fournissent un mélange d’alcool benzylique et de dérivé halogéné dans un rapport 80/20. La réaction nécessite donc l’utilisation d’acide concentré. Lorsque le bromure de 2-[18F]fluoro-4-méthoxybenzyle 24 est élué de la cartouche avec un solvant organique non miscible à l’eau tel que le toluène, dichlorométhane, éther diéthylique,…, une seconde phase apparait (300 – 400 µL). Cette phase aqueuse à caractère acide est gênante pour la réaction d’alkylation que nous envisageons de réaliser par la suite puisque cette réaction nécessite un milieu fortement basique. De plus, la base de Schiff 19 nécessaire à la réaction s’hydrolyse en milieu acide. Pour résoudre ce problème diverses solutions ont été envisagées La plus simple à mettre en œuvre consiste à laver la cartouche après l’halogénation avec un faible volume d’eau (< 5 mL). Lors de cette opération, aucune perte d’activité n’a été observée. L’activité a ensuite été éluée de la SPE soit au moyen de toluène soit d’acétonitrile. Dans les deux cas, l’activité décrochée (15 20 %) est présente essentiellement sous forme d’alcool 2-[18F]fluoro-4- 92 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ méthoxybenzylique 25. La présence d’eau dégrade le dérivé halogéné. Cette voie a donc été abandonnée. Nous avons alors envisagé d’éliminer l’excès d’acide en passant l’éluat au travers d’une cartouche contenant un composé capable de le neutraliser. Bien qu’envisagée dans un premier temps, les résines échangeuses d’ions et les résines porteuses d’une fonction amine tertiaire n’ont pas été utilisées à cause de leur faible capacité. Il faudrait 4,4 g de résine à 1 milliéquivalent par gramme pour neutraliser 500 µL d’acide bromhydrique concentré (HBr 48%). Pour éliminer cet excès d’acide, nous avons placé en ligne une cartouche contenant du carbonate de potassium (1.8 g). Dans ces conditions, après élution au toluène, l’éluat recueilli ne contient qu’une seule phase. Le bromure de 2[18F]fluoro-4-méthoxybenzyle 24 est obtenu avec un rendement de l’ordre de 63 %. La nature de l’activité restée sur la cartouche de carbonate a été déterminée après lavage de celle-ci à l’acétonitrile. La TLC montre que la cartouche retient 3 % de bromure de benzyle. L’utilisation d’une cartouche de 1 g de carbonate de potassium permet de réduire les pertes en halogénure de benzyle à moins de 0,5 % 4.2.5 Halogénures de benzyle : autres Cette méthode d’obtention du bromure de 2-[18F]fluoro-4-méthoxybenzyle 23 a été extrapolée à la synthèse des dérivés iodés et chlorés. Pour cela, l’acide bromhydrique a été substitué respectivement soit par de l’acide iodhydrique (HI 57%), soit par de l’acide chlorhydrique (HCl 37%). Les rendements en iodure de 2[18F]fluoro-4-méthoxybenzyle (65 %) et en chlorure de 2-[18F]fluoro-4méthoxybenzyle (60 %) sont similaires à ceux du dérivé bromé (63 %) Cette technique de préparation des halogénures de benzyle (X= Cl, Br, I) a également été appliquée à la synthèse d’autres dérivés halogénés (Figure 72). Dans ce cas la synthèse a été réalisée au départ des [18F]fluorobenzaldéhydes 6, 9, 23, 34 et 35 eux-mêmes préparés au départ des précurseurs ammonium quaternaire (@) et nitrés (#) correspondants. Les résultats sont repris dans le tableau 12. A l’exception des halogénures de benzyles 6 et 34 qui ont nécessité l’utilisation d’une cartouche SPE contenant 1 g de phase C18, les résultats repris dans le tableau ci-dessous (Tableau 12) ont été obtenus avec des cartouches C18 de 400 mg. 93 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 72 : Structure des halogénures de [18F]fluorobenzyle [18F]fluorobenzaldéhyde Halogénures de benzyle (Figure 72) [18F] H OCH3 X=Cl X=Br X=I 23@ 24 R1 R2, R4 R3 60 63 ± 3 (n = 23) 65 ± 5 (n = 26) 9@ 12 R1 R2 R3, R4 40 40 ± 3 (n = 3) 45 ± 5 (n = 6) 9# 12 R1 R2 R3, R4 - 51 52 35# 27 R1 R2 OCH2O (R3,R4) - 48 65 6@ 28 R3 R1, R2, R4 - - >2 - 34@ 29 R1 R2, R3, R4 - - >2 - Tableau 12 : Rendements en halogénures de [18F]fluorobenzyle (d.c.) au départ de précurseurs ammoniums quaternaires (@) ou nitrés (#) Les résultats repris dans ce tableau montrent que la réaction est presque quantitative avec les composés 24, 12 et 27 à température ambiante. Cependant dans ces conditions, aucune réaction n’est observée pour les composés 28 et 29 et ce même après un temps de réaction relativement long (30 minutes). Cette méthode développée pour obtenir les halogénures de benzyles nécessaires à la préparation de la FDOPA 1 et de la FTYR 2 n’est malheureusement pas applicable tel quel à la préparation des dérivés halogénés nécessaires à la synthèse de la 2-[18F]fluoro-L-phénylalanine 4 et de la 4-[18F]fluoro-Lphénylalanine 3. En effet dans ces conditions, le rendement maximum en dérivé halogéné est 2 %. Les améliorations réalisées pour tenter d’augmenter le rendement sont décrites dans les paragraphes suivants. 94 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ 4.2.6 Halogénures de benzyles de la [18F]fluorophénylalanine 4.2.6.1 Acides halogénés aqueux à 60°C Il existe plusieurs méthodes qui permettent d’augmenter la vitesse d’une réaction chimique: emploi d’un catalyseur, augmentation de la température de réaction, changement de solvant, … . Pour une application future, la solution la plus simple à mettre en œuvre serait de chauffer la cartouche. Dans ce cas aucun réactif additionnel ne serait requis et la stratégie sur SPE toujours d’actualité. Pour tester cette approche, l’alcool 4-[18F]fluorobenzylique 36 a été préparé comme décrit précédemment sur des cartouches contenant 1 g de phase C18. La cartouche préalablement mouillée au moyen d’acide halogéné concentré (HI 57%, HBr 48%, HCl 37%) a été chauffée à 60°C durant 5 minutes. Après réaction, l’activité a été éluée avec 3 mL d’acétonitrile et l’éluat analysé par HPLC et par TLC. Sur base de la pureté radiochimique obtenue, le rendement global de ces synthèses a été calculé. Les résultats obtenus sont repris dans le tableau 13. D’après les résultats y figurant, il apparait que cette approche est adaptée à la synthèse des halogénures de 4-[18F]fluorobenzyles 28 (X = Cl, Br, I) (Figure 73). Les rendements sont bons et la conversion du benzaldéhyde en dérivé halogéné est supérieure à 85 %. Néanmoins, un rendement plus faible est observé pour le dérivé chloré. (Tableau 13) Figure 73 Halogénures de 4-[18F]fluorobenzyle 28 (Figure 73) Rendement (d.c., %) X = Cl X = Br X = I 45 67 67 Tableau 13 : Rendements en halogénures de 4-[18F]fluorobenzyle Comme précédemment décrit, l’élution finale a été réalisée au moyen d’un solvant organique tel que le toluène, le dichlorométhane et l’éluat passer au travers d’une cartouche de 1 g de carbonate de potassium connectée à la sortie de la C18. Malheureusement dans ces conditions et contrairement au composés halogénés 12, 24 et 27, le dérivé halogéné 28 se décompose pour fournir l’alcool 4[18F]fluorobenzylique 36. 95 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Pour éviter ce problème, d’autres sels inorganiques ont été testés : le formiate de sodium (HCO2Na), l’hydrogénocarbonate de sodium (NaHCO3) et le dihydrogénophophate de potassium (KH2PO4). Parmi ces cartouches, seule celles au formiate de sodium permettent d’éviter la dégradation de l’halogénure de benzyle 28. En pratique, cette cartouche est également connectée directement à une seconde colonne contenant un peu de desséchant (sulfate de sodium ou carbonate de potassium). Ces conditions permettent la récupération du dérivé halogéné non dégradé en phase homogène et en l’absence d’une seconde phase. Les résultats obtenus pour les halogénures de 2-[18F]fluorobenzyle 29 et de 4-[ F]fluorobenzyle 28 au départ des sels d’ammoniums (@) et des dérivés nitrés (#) sont présentés dans le tableau 14. 18 Figure 74 : Halogénures de [18F]fluorobenzyle 28 & 29 Halogénure de benzyle (Figure 74) R1 R2 X = Cl (%) X = Br (%) X = I (%) 29@ 18 F H 12 ± 2 (n = 3) 40 52 29# 18 F H 14 59 62 28@ H 18 F 41 64 ± 4 (n = 9) 63 ± 5 (n = 6) 28# H 18 F 36 59 58 Tableau 14 : Rendements (d.c.) en halogénures de benzyle 28 et 29 au départ de précurseurs ammoniums quaternaires (@) ou nitrés (#) Au vu de ces résultats, les dérivé bromés et iodés sont obtenus avec d’excellents rendements et ce aussi bien au départ des dérivés nitrés que des sels d’ammoniums quaternaires. Par contre, la synthèse du dérivé chloré est moins aisée comme en témoigne le faible rendement obtenu pour le chlorure de 2[18F]fluorobenzyle 29 dont le taux de conversion au départ de l’aldéhyde n’est que de 18 %. 96 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ 4.2.6.2 Bromation au moyen de HBr/HOAc (33%) La méthode présentée ici apparait avantageuse puisqu’elle permet de réaliser facilement, en un laps de temps très court, la conversion d’un aldéhyde [18F]fluoré aromatique à l’halogénure de benzyle correspondant (X = Cl, Br, I). Cependant, pour la préparation des composés 28 et 29, le chauffage de la cartouche est requis ce qui complique une automatisation éventuelle. Pour surmonter ce problème, nous avons décidé de tester un autre acide couramment utilisé en chimie organique : il s’agit de l’acide bromhydrique en solution dans l’acide acétique (HBr/HOAc 33%). Le 4-[18F]fluorobenzaldéhyde 6 a été préparé comme décrit ci-avant et la réaction d’halogénation sur support solide testée au moyen de cet acide (HBr/ HOAc 33%). La réaction a été réalisée pendant 5 minutes à température ambiante et après élution à l’acétonitrile, le milieu a été analysé par TLC et HPLC. Ces analyses montrent que l’utilisation de cet acide est compatible avec une préparation à température ambiante du dérivé bromé 28. Le rendement non purifié est de 58 %. Dans une seconde série d’expériences, lors de l’élution au toluène, une seconde phase non miscible est présente. L’éluat récupéré a ensuite été neutralisé et séché par passage au travers d’une cartouche de formiate de sodium et de sulfate de sodium. Dans ce cas, le processus s’accompagne d’une contre-pression élevée rendant difficile une automatisation future. Alternativement, l’excès d’acide halogéné peut également être éliminé au moyen d’une solution aqueuse de formiate d’ammonium [194]. Nous avons préféré utiliser la forme sodique de ce sel qui évite la formation d’ammoniac (NH3) capable de réagir avec les halogénures de benzyle. Cependant, l’automatisation de ce procédé par lavage au formate de sodium devrait être plus complexe à mettre en œuvre que l’utilisation d’un support solide. Après l’halogénation, la cartouche a été lavée avec 5 mL d’une solution de formiate de sodium. Cependant, ce lavage s’accompagne d’une élution partielle et d’une perte importante du dérivé halogéné qui se retrouve dans le waste. Néanmoins, l’activité encore présente sur la C18 est majoritairement du bromure de 4-[18F]fluorobenzyle 28 qui peut être élué au toluène. Dans ces conditions, le rendement de la réaction n’est plus que de 28 %. Pour éviter cette perte, différentes cartouches ou associations de cartouches ont été testées. Après différentes optimisations, il s’avère qu’une cartouche Oasis HLB (400 mg) placée en série avec une cartouche C18 (1 g) permet de conserver le bromure de 4-[18F]fluorobenzyle 28 durant l’étape de lavage au formiate de sodium. Lors de cette étape de lavage, l’activité migre de la C18 vers la cartouche Oasis placée en ligne et par conséquent l’activité n’est plus perdue. Après élution des deux cartouches au moyen de toluène, les analyses HPLC et TLC réalisées sur l’éluat 97 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ confirment bien la présence du produit recherché. Les rendements de synthèse en bromure de 4-[18F]fluorobenzyle 28 et bromure de 2-[18F]fluorobenzyle 29 sont de respectivement 58 ± 9 % (n = 4) et de 32 % par la voie acide acétique sur support solide au départ des précurseurs ammoniums quaternaires. L’écart type important observé lors de ces synthèses est dû à la présence d’un produit radioactif secondaire non identifié qui apparait quelques fois lors ces préparations. Actuellement, cette approche n’a pas été optimisée. 4.2.7 Halogénures de benzyle : résumé Au cours de la première partie de ce travail, la synthèse des différents halogénures de [18F]fluorobenzyle (X = Cl, Br, I) a été simplifiée. L’implémentation de la méthode sur un support solide au moyen d’acide en solution aqueuse ou dans l’acide acétique facilement manipulables simplifie grandement l’automatisation de cette partie de la synthèse. En modifiant la nature de l’acide (HCl 37%, HBr 48%, HBr/HOAc 33%, HI 57%), il est possible d’obtenir le dérivé chloré, bromé ou iodé de divers halogénures de benzyle substitués ou non. Ces différents réactifs en combinaison avec un support solide (C18, Oasis HLB) ont permis de convertir rapidement l’alcool [18F]fluorobenzylique en halogénure de [18F]fluorobenzyle et ce avec d’excellents rendements. Selon le substrat de départ, la synthèse des dérivés halogénés (X = Cl, Br, I) est possible à température ambiante ou à 60°C. La synthèse des dérivés bromés est cependant réalisable à température ambiante soit au moyen de HBr 47% ou d’HBr/HOAc 33%. L’excès d’acide utilisé pour la réaction d’halogénation est facilement éliminé par passage sur une colonne de carbonate de potassium, de formiate de sodium ou une combinaison de ces deux réactifs. La neutralisation peut également être réalisée au moyen d’une solution aqueuse de formiate de sodium. Les halogénures de benzyle marqués au fluor-18 peuvent être récupérés au moyen d’un faible volume (2 - 2,5 mL) de solvant organique (dichlorométhane, acétonitrile, toluène, …) Comme les réactions de réduction et d’halogénation ainsi que les purifications sont réalisées sur support solide, cette synthèse devrait facilement être implémentée sur un automate de synthèse (FASTlab). Les rendements des principaux halogénures de benzyles (Figure 75) synthétisés au cours de ce travail sont résumés dans le tableau 15. 98 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 75 : Structure halogénures de [18F]fluorobenzyle Rendement en halogénures de benzyle (d.c., %) (Figure 75) [18F] H OCH3 12@ R1 12 R2 X = Cl X = Br X=I RT 60°C RT 60°C HBr/HOAc RT 60°C 40 - 40 ± 3 (n = 3) / - 45 ± 5 (n = 6) - - - 51 - - 52 - R3, R4 # 24@ R1 R2, R4 R3 60 - 63 ± 3 (n = 23) - - 65 ± 5 (n = 26) - 27# R1 R2 OCH2 (R3,R4) - - 48 - - 65 - - 36 - 59 - - 58 R3 R1, R2, R4 - 41 >2 64 ± 4 (n = 9) 58 ± 9 (n = 4) - 63 ± 5 (n = 6) - 12 ± 2 (n = 3) >2 40 32 - 52 - 14 - 59 - - 62 28# 28@ 29@ R1 29# R2, R3, R4 - Tableau 15 : Rendements en halogénures de [18F]fluorobenzyle au départ de précurseurs ammoniums quaternaires (@) ou nitrés (#) Dans la seconde partie de ce travail, ces halogénures de [18F]fluorobenzyle seront utilisés pour réaliser la réaction d’alkylation de la base de Schiff 19 en présence de différents catalyseurs chiraux. 99 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ 4.3 Catalyseurs chiraux 4.3.1 Généralités Dans la littérature, l’alkylation énantiosélective d’un dérivé de la glycine au moyen d’un halogénure de [18F]fluorobenzyle peut être réalisée soit par utilisation d’un auxiliaire de chiralité [128, 129, 131, 134, 161], soit par PTC [146, 156, 160]. Actuellement au Centre de Recherches du Cyclotron, la réaction d’alkylation de la base de Schiff 19 est réalisée par PTC à 0°C au moyen d’un catalyseur de type spiroammonium 22 (Figure 76). Cette méthode permet d’obtenir un excès énantiomérique supérieur à 95 %. Figure 76 : Alkylation énantiosélective par PTC Cette approche présente néanmoins certaines limitations. Le temps requis pour refroidir la solution d’halogénure de benzyle de la température ambiante à 0°C rallonge d’autant la durée de synthèse et de ce fait, l’activité totale disponible pour l’injection chez l’homme en est d’autant réduite. D’autre part, cette étape de la synthèse nécessite un système de refroidissement ce qui complique l’automatisation. Celle-ci serait grandement simplifiée si la réaction d’alkylation pouvait être réalisée à température ambiante. Afin d’atteindre cet objectif, nous avons étudié l’influence de divers catalyseurs chiraux sur l’excès énantiomérique de cette réaction. La structure des catalyseurs est présentée dans la figure 77 et le tableau 16. Figure 77 : Catalyseurs chiraux 100 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Catalyseurs à base de cinchonidine (Figure 77) R1 20 -CH=CH2 37 -C2H5 38 -C2H5 39 -C2H5 R2 R3 -CH2-anthracén-9-yl -CH2-CH=CH2 -CH2-C6H4-2-CN -CH2-CH=CH2 -CH2-C6H2-(3,4,5-F3) -CH2-CH=CH2 CH2-anthracén-9-yl CH2-C6H5 Tableau 16 : Catalyseurs chiraux à base de cinchonidine Le catalyseur 22 est un dérivé du binol. Les catalyseurs 20, 37, 38 et 39 sont des dérivés de la cinchonidine 21 tandis que le catalyseur 40 est un dérivé diphénique. Les catalyseurs présentés ci-dessus sont soit disponibles commercialement (20 et 22), soit ont déjà été synthétisés dans notre laboratoire (37 et 38). Les catalyseurs 39 et 40 devront quant à eux être préparés. Leurs caractéristiques ainsi que leurs synthèses [160, 161] sont décrites dans les paragraphes ci-après. 4.3.2 Préparation des catalyseurs 4.3.2.1 Catalyseur à base de cinchonidine 39 Notre intérêt s’est tout d’abord porté sur le catalyseur 39 décrit par Lygo [154]. Il s’agit du bromure de (1S, 2S, 4S, 5R)-1-(anthracèn-9-ylméthyl)-2-((R)benzyloxy(quinolin-4-yl)méthyl)-5-éthyl-1-azoniabicyclo-[2.2.2]- octane 39 dont la structure est reprise dans la figure 78 . Les excès énantiomériques en chimie classique obtenus à température ambiante (25°C) pour l’alkylation de la base de Schiff 19 par divers dérivés bromés en présence de ce catalyseur sont repris dans le tableau 17. 101 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 78 : Alkylation de la base de Schiff 19 au moyen de divers halogénures de benzyles en présence du catalyseur 39 Quantité de catalyseur (mol %) R-X Rendement (%) Excès énantiomérique (%) (R) 10 PhCH2Br 85 94 10 4-Br-C6H4-CH2Br 80 94 10 (2-naphtyl)-CH2Br 83 93 10 CH2=CH-CH2Br 87 92 Tableau 17 : Excès énantiomérique et rendement obtenu en présence du catalyseur 39 Les excès énantiomériques sont très bons à température ambiante et plus particulièrement avec le bromure de benzyle et le bromure de 4-bromobenzyle (94 %). Ces résultats prometteurs nous ont incités à réaliser la synthèse de ce catalyseur dans notre laboratoire. Cette synthèse, bien décrite dans la littérature implique trois étapes au départ de la cinchonidine 21 (Figure 79). 102 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 79 : Voie de synthèse du catalyseur 39 La première consiste à réduire au moyen d’hydrogène la double liaison présente sur le noyau quinuclidine de la cinchonidine 21. La seconde consiste à quaterniser l’amine aliphatique de la dihydrocinchonidine 41 par le 9chlorométhylanthracène [152, 195]. La dernière étape implique la protection de la fonction alcool sous forme d’éther benzylique [151]. Ces différentes étapes sont décrites plus en détails dans les paragraphes suivants. Préparation de yl)méthanol 41 (R)-((2S,4S,5R)-5-éthylquinuclidin-2-yl) (quinolin-4- La première étape de la synthèse consiste à hydrogéner la cinchonidine 21 (Figure 80) Figure 80 : Hydrogénation de la cinchonidine 21 Cette réaction a été réalisée à l’aide d’hydrogène et d’un catalyseur au palladium. Le rendement de cette étape de réduction conduisant au (R)-((2S,4S,5R)- 103 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ 5-éthylquinuclidin-2-yl) (quinolin-4-yl)méthanol) 41 est de 66 %. Ce faible rendement résulte vraisemblablement de la mauvaise solubilité du produit hydrogéné dans le solvant de la réaction. Les analyses par ESI-MS et la RMN 1H 13C (Annexes 1 & 2) ont permis de confirmer la structure du composé. Synthèse du chlorure de (1S,2S,4S,5R)-1-(anthracèn-9-ylméthyl)5-éthyl-2-((R)hydroxy(quinolin-4-yl)méthyl)-1-azoniabicyclo[2.2.2]octane 42 La dihydrocinchonidine 41 a été quaternisée par réaction avec le 9chlorométhylanthracène. La réaction procède à reflux dans le toluène (Figure 81). Figure 81 : Quaternisation de l’amine 41 Le produit 42 précipite dans le milieu réactionnel et peut selon ces auteurs après filtration être directement utilisé pour l’étape suivante [195]. Cependant, dans notre cas, cela n’a pas été possible car sa pureté était insuffisante. Pour cette raison le produit a été purifié sur une colonne de silice au moyen d’un éluant composé de dichlorométhane et de méthanol (93/7). Après évaporation des solvants, un solide jaune a été obtenu avec un rendement de 63 %. La structure de l’ammonium quaternaire a été confirmée par RMN (Annexes 3 et 4) et ESI-MS. Synthèse du bromure de (1S,2S,4S,5R)-1-(anthracèn-9-ylméthyl)-2((R)benzyloxy(quinolin-4-yl)méthyl)-5-éthyl-1-azoniabicyclo-[2.2.2]octane 39 Lors de la dernière étape de cette synthèse, la fonction hydroxyle présente sur l’amine 42 a été protégée sous forme d’éther benzylique (Figure 82) au moyen de bromure de benzyle. 104 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 82 : Protection de la fonction alcool pour obtenir le catalyseur 39 La protection a été réalisée dans un mélange eau/dichlorométhane. Dans ce cas, l’agent de transfert est le réactif lui-même. Le produit a été récupéré en phase organique puis purifié sur colonne de silice avec un rendement de 60 %. Les caractéristiques du catalyseur 39 sont conformes à celles décrites dans la littérature. Le spectre RMN 1H et 13C sont présentés dans les annexes 5 et 6. Le rendement global de synthèse pour le catalyseur 39 à partir de la cinchonidine 21 est de 25 %. 4.3.2.2 Catalyseur diphénique 40 Le deuxième catalyseur à avoir attiré notre attention est le catalyseur décrit par l’équipe de Maruoka [196]. Quelques-uns des résultats obtenus par ces auteurs au moyen de ce catalyseur de configuration (S) sont décrits dans le tableau cidessous (Figure 83 et tableau 18). Figure 83 : Alkylation énantiosélective en présence du catalyseur 40 105 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Quantité de catalyseur 40 (mol%) R-X (Figure 83) Conditions (°C / h) Rendement (%) Excès énantiomérique (%) (R) 1 PhCH2Br 0/6 95 98 1 PhCH2Br 25 / 4,5 97 97 0,1 PhCH2Br 25 / 11 96 97 0,05 PhCH2Br 25 / 20 94 97 0,01 PhCH2Br 25 / 24 95 96 Tableau 18 : Rendements et excès énantiomériques obtenus en présence du catalyseur 40 Les excès énantiomériques générés avec ce catalyseur 40 sont de l’ordre de 98 % à 0°C et sont toujours supérieurs à 95 % lorsque la réaction est menée à température ambiante. Même en très faible quantité (0,01 mol%), le catalyseur s’avère toujours aussi efficace (97,5 % d’isomère R). Ces données intéressantes nous ont conduits à synthétiser le catalyseur 40. Sa synthèse au départ de l’acide 4,4’,5,5’,6,6’hexaméthoxydiphényl-2,2’dicarboxylique 43 n’est cependant que partiellement décrite par les auteurs de l’article [196] (Figure 84). Figure 84 : Schéma de synthèse du catalyseur 40 au départ de l’acide diphénique 43 106 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Par exemple, la préparation de l’acide diphénique 43 de configuration R ou S n’est pas décrite. Les auteurs indiquent seulement que ce composé clé peut être préparé au départ de l’acide 3,4,5-triméthoxybenzoïque 46. Sur base de ces informations partielles, nous avons donc élaboré un schéma de synthèse de ce diacide 43 au départ de 46. Celui-ci est repris dans la figure 85. Figure 85 : Synthèse et résolution de l’acide diphénique 43 La première partie de la synthèse consiste à préparer un mélange racémique du composé 43 (Figure 85). La seconde partie de cette synthèse implique la résolution du mélange racémique au moyen de quinidine. Ces différentes étapes présentées en détails dans les paragraphes ci-dessous nous permettrons d’obtenir les deux formes énantiomériquements pures du composé 43. Synthèse du 3,4,5-triméthoxybenzoate de méthyle 47 Comme dit plus haut, la première partie de la synthèse est consacrée à la préparation de l’acide 4,4’,5,5’,6,6’-hexaméthoxydiphényl-2,2’-dicarboxylique 43 et à sa résolution. Le produit de départ pour cette synthèse est l’acide 3,4,5triméthoxybenzoïque 46. Lors de la première étape, celui a été estérifié sous forme d’ester méthylique (Figure 86). 107 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 86 : Estérification de l’acide 3,4,5-triméthoxybenzoïque 46 Le réactif utilisé est le chlorotriméthylsilane. Comparativement à d’autres agents d’estérification, ce réactif possède plusieurs avantages : des conditions de réactions plus douces, une moindre toxicité et l’absence de work-up, puisque dans ce cas il suffit d’évaporer le milieu brut de réaction pour récupérer l’ester méthylique attendu. Le rendement de cette étape est de plus quasi-quantitatif. Mais des inconvénients sont aussi à noter : cinétique plus lente (quelques jours) et un apport de chlorotriméthylsilane s’avère nécessaire au cours de la réaction. L’analyse du spectre RMN 1H (Annexe 7) confirme la présence d’un groupement méthyle supplémentaire (3,9 ppm). En RMN 13C (Annexe 8), le signal à 52 ppm confirme la présence de l’ester méthylique. Le spectre de masse (GC-MS) est conforme à celui attendu. Synthèse du 2-bromo-3,4,5-triméthoxybenzoate de méthyle 48 Pour réaliser la réaction d’Ullmann, troisième étape de ce schéma de synthèse (Figure 85), le composé doit être porteur d’un atome d’halogène sur la position où aura lieu le couplage. Dans notre cas, la réaction de bromation a été réalisée au moyen de brome en solution dans le chloroforme (Figure 87) Figure 87 : Bromation de l’ester 47 au moyen de dibrome Après réaction, le brome en excès a été neutralisé par lavage avec une solution aqueuse de métabisulfite de sodium (10%) et le dérivé halogéné extrait au moyen de dichlorométhane. Après évaporation de ce solvant, le dérivé halogéné 48 a été obtenu avec un rendement de 95 %. La pureté du dérivé bromé est suffisante que pour pouvoir réaliser la réaction d’Ullmann sans purification préalable. Cependant, 108 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ le chloroforme et le brome sont des composés toxiques. Pour cette raison, une autre méthode d’halogénation a été envisagée (Figure 88) : Figure 88 : Bromation de l’ester 47 au moyen de la N-bromosuccinimide Dans ce cas, le brome peut avantageusement être remplacé par la Nbromosuccinimide (NBS) et la réaction réalisée dans un solvant moins toxique que le chloroforme, à savoir l’acétonitrile. Le rendement obtenu par cette seconde méthode, plus aisée à mettre en œuvre et qui utilise des réactifs plus faciles à manipuler, est identique à celui de la première méthode. Le spectre de masse confirme la présence d’un brome : un doublet (1/1) est présent m/z = 304 m/z = 306. De plus, le spectre RMN 1H (Annexe 9) ne comporte plus qu’un proton aromatique (7,1 ppm). Les autres signaux observés en RMN 1H correspondent aux groupements méthyles présents sur la molécule. Le spectre 13C est disponible dans les annexes de ce travail (Annexe 10) Synthèse de dicarboxylique 43 l’acide 4,4’,5,5’,6,6’-hexaméthoxydiphényl-2,2’- Un couplage d’Ullmann avec le dérivé bromé 48 en présence de cuivre permet d’obtenir le composé 49. La réaction est réalisée dans la Nméthylpyrrolidone (NMP) à reflux pendant 5 heures. Après purification par extraction liquide/liquide, le diester a été saponifié au moyen d’hydroxyde de potassium (Figure 89). 109 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 89 : Couplage d’Ullmann et saponification Le rendement du couplage n’est que de 40 % si l’on utilise du cuivre rouge et du N,N-diméthylformamide comme solvant. Par contre, si la réaction est réalisée sous atmosphère inerte, avec du cuivre bronze et de la N-méthylpyrrolidone comme solvant le rendement de la réaction augmente jusqu’à 70 %. L’étape de saponification n’a posé aucun problème particulier. Le diacide 43 a été caractérisé par RMN 1H et 13C (Annexe 11 et 12). Le tableau suivant (Tableau 19) reprend les différents signaux observés en RMN 1H et leurs interprétations. Déplacement (ppm) Nombre de protons Attribution 12,26 2H Protons acides (1) 7,32 2H Protons aromatiques (2) 3,87 6H Protons 3,80 6H OCH3 (3) 3,48 6H Tableau 19 : Signaux RMN 1H et attributions pour l’acide diphénique 43 110 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Résolution de l’acide 4,4’,5,5’,6,6’-hexaméthoxydiphényl-2,2’-dicarboxylique 43 L’acide 4,4’,5,5’,6,6’-hexaméthoxydiphényl-2,2’-dicarboxylique 43 obtenu via cette synthèse est racémique. La synthèse de nos acides aminés marqués au fluor-18 nécessite l’utilisation d’un catalyseur énantiomériquement pur. Ce mélange des deux isomères doit donc être résolu. A ce stade, nous ne disposons pas de beaucoup d’informations. Une recherche bibliographique réalisée sur des composés similaires montrent que l’éphédrine, la strychnine et la quinidine peuvent être utilisées pour la formation de diastéréoisomères [197]. Nous avons choisi la quinidine pour résoudre le diacide 43. Ce choix s’est avéré le bon puisque dans le brevet publié quelques années plus tard, la quinidine est également utilisée par l’équipe de Maruoka pour la résolution des isomères. Cette technique est basée sur la formation de deux diastéréoisomères par réaction du diacide 43 avec de la quinidine dans un solvant composé pour moitié d’eau et pour moitié d’éthanol. Le principe de cette résolution est repris sur la figure suivante (Figure 90). Figure 90 : Résolution de l’acide diphénique 43 au moyen de la quinidine 111 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Les deux diastéréoisomères possèdent des propriétés chimiques et physiques différentes ce qui confèrent à ces deux composés des solubilités différentes dans le solvant utilisé. De ce fait, l’acide de configuration (R) est essentiellement présent dans le filtrat tandis que le précipité contient essentiellement le diacide de configuration (S). Les détails pratiques des différentes opérations réalisées pour résoudre le mélange racémique sont repris dans la figure 91. 112 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Acide racémique + quinidine (2 équivalents) EtOH/H2O 50/50 Filtrat 1 Précipité 1 Précipité 3 Filtrat 3 Précipité 5 Extraction basique Extraction basique Extraction basique Phase organique Phase aqueuse quinidine Phase organique Phase aqueuse quinidine Phase organique Extraction acide Extraction acide Phase organique isomère S e.e. = 99.1% Filtrat 2 Précipité 4 Précipité 2 Phase aqueuse Phase organique isomère R e.e. = 97% Phase aqueuse quinidine Extraction acide Phase aqueuse Phase organique isomère R e.e. = 99.9% Figure 91 : Résolution de l’acide diphénique 43 113 Phase aqueuse 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ L’acide diphénique 43 et la quinidine (2 équivalents) ont été dissous à chaud dans un minimum de solvant composé d’eau et d’éthanol (50/50) et la solution maintenue à reflux durant une minute. Après refroidissement de la solution, un précipité 1 est apparu dans la solution. Celui-ci a été récupéré par filtration sur Buchner et lavé abondamment au moyen d’éthanol froid. Ce solide a été recristallisé dans l’éthanol à chaud ce qui nous a permis de récupérer le précipité 2. Celui-ci a été recristallisé dans les mêmes conditions pour obtenir le précipité 3. Finalement, l’acide (S)-4,4’,5,5’,6,6’-hexaméthoxydiphényle-2,2’-dicarboxylique libre a été généré à partir de ce précipité 3 via une extraction à pH contrôlée. Pour réaliser cette étape, le diastéréoisomère énantiomériquement pur a été dissous dans un minimum d’eau puis une solution aqueuse d’hydroxyde de sodium (20 %) a été additionnée jusqu’à l’obtention d’un milieu basique (pH = 14). Après extraction de la quinidine au moyen de dichlorométhane, la phase aqueuse contenant le dicarboxylate a été acidifiée au moyen d’une solution aqueuse d’acide chlorhydrique (1 M) jusqu'à l’obtention d’un pH acide (pH = 1). L’acide (S)-4,4’,5,5’,6,6’-hexaméthoxy diphényle-2,2’-dicarboxylique 43 qui a précipité sous forme d’un solide beige a été extrait au moyen d’acétate d’éthyle. Dans un second temps, le filtrat 1 contenant l’isomère (R) a été évaporé. Le résidu obtenu a ensuite été recristallisé dans l’éthanol à chaud. Malheureusement après refroidissement du milieu réactionnel, aucun solide n’est apparu. La solution a de nouveau été évaporée et le résidu recristallisé cette fois dans un mélange d’acétone et d’eau. Après refroidissement, le précipité 4 récupéré par filtration sur Büchner a été de nouveau recristallisé dans l’éthanol. A l’issue de cette recristallisation, le précipité 5 et le filtrat 3 ont été récupérés et traités séparément pour régénérer le diacide 43 de configuration R par extraction à pH contrôlé. Les excès énantiomériques ont été mesurés par HPLC chirale (colonne ODH Daicell) (Figure 92). Pour l’élution, un mélange composé de nhexane/isopropanol/TFA dans les proportions suivantes 90/10/0,1 a été utilisé. Le flux était de 0,8 mL/min et la colonne était thermostatisée à 37°C. Dans ces conditions, l’isomère de configuration R possède un temps de rétention de 8,3 minutes et l’isomère de configuration S possède un temps de rétention de 11 minutes. Avec cette méthode, les isomères R et S du diacide ont pu être récupérés avec un excès énantiomérique proche de 99 % Le rendement de la synthèse au départ de l’acide 3,4,5-triméthoxybenzoïque 46 est de 18 % pour l’isomère R et de 18 % pour l’isomère S. 114 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ 1.0 2.0 3.0 4.0 5.0 6.0 7.0 8.0 Time (min) 9.0 10.0 11.0 12.0 13.0 14.0 15.0 1.0 2.0 3.0 4.0 5.0 6.0 7.0 8.0 Time (min) 9.0 10.0 11.0 12.0 13.0 14.0 15.0 Figure 92 : Chromatogrammes du diacide mélange racémique (A) et isomère R (B) (220 nm) (OD-H Daicell (5 µm; 150 mm * 4 mm), n-hexane/isopropanol/TFA 90/10/0,1 ; 37°C; 0,8 mL/min) Tous les exemples publiés par l’équipe de Maruoka montrent que l’acide aminé de configuration R nécessite l’utilisation du catalyseur chiral de 18 configuration S (Tableau 18). Or la 6-[ F]fluoro-L-DOPA 1, la 2-[18F]fluoro-Ltyrosine 2, la 4-[18F]fluoro-L-phénylalanine 3 et la 2-[18F]fluoro-L-phénylalanine 4 sont des acides aminés de configuration S. Nous en avons déduit que pour obtenir cette configuration, le catalyseur chiral utilisé pour la réaction d’alkylation doit être de configuration R. Dans la littérature [196], la synthèse décrite pour obtenir le catalyseur chiral 40 de configuration S est réalisée au départ du diacide 43 de configuration S. Dans notre cas, le catalyseur chiral de configuration R devra donc être synthétisé au départ du diacide 4,4’,5,5’,6,6’-hexaméthoxydiphényl-2,2’-dicarboxylique 43 de configuration R. 115 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Synthèse du (R) 3,3’-dibromo-4,4’,5,5’,6,6’-hexaméthoxydiphényl-2,2’diméthanol 44 Disposant du diacide 43 de configuration R, nous avons entrepris la synthèse du catalyseur 40 sur base de la stratégie décrite dans la figure 84. Alors que nous abordions ces étapes, un article sur le sujet est paru dans la littérature [198]. Nous nous sommes donc inspirés des modes opératoires repris dans cette publication. Le composé dibromé 44 nécessaire au couplage de Suzuki a pu être synthétisé en deux étapes successives à partir du diacide 43 (Figure 93). La mise au point des étapes suivantes a d’abord été effectuée avec le mélange racémique, puis avec le bon énantiomère. Figure 93 : Réduction et halogénation du diacide 43 La première de celle-ci consiste à réduire les fonctions acides en fonctions alcools. Cette étape nécessite l’utilisation du borane comme agent réducteur. Etant donné que le borane est un gaz, il a été additionné dans le milieu réactionnel sous forme de complexe avec le diméthylsulfure. Le triméthylborate a été utilisé afin d’accélérer la cinétique de la réaction [199]. Lorsque l’entièreté du diacide a été consommée, l’excès d’agent réducteur a été détruit par ajout de méthanol Après évaporation des solvants organiques (THF, méthanol) une solution aqueuse d’acide chlorhydrique dilué (1 M) a été ajoutée sur le résidu. Le 4,4’,5,5’,6,6’hexaméthoxydiphényl-2,2’-diméthanol a été extrait au moyen d’acétate d’éthyle. La structure du composé obtenu a été confirmée par analyses RMN (1H et 13C). L’étape suivante de bromation électrophile sur aromatique a été réalisée sur le dérivé de l’alcool benzylique sans aucune autre purification préalable. L’addition du brome sur le cycle aromatique a été réalisée comme décrit dans l’article de Maruoka [198]. Après traitement et purification, le rendement de 40 % que nous avons obtenu peut être considéré comme faible par rapport aux 95 % décrit dans l’article de Maruoka [198]. 116 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Diverses modifications ont été envisagées pour augmenter ce rendement: sécher le THF avant l’utilisation, acheter une nouvelle bouteille de complexe borane diméthylsulfure, utiliser de la pyridine fraichement distillée puis séchée, mise sous atmosphère inerte du milieu réactionnel, … Malgré toutes ces modifications, nous n’avons jamais pu atteindre un rendement supérieur à 50 %. Dans le spectre RMN 1H, le signal présent à 4,5 ppm, est attribué aux hydrogènes en positions benzylique. Les protons hydroxyles sont également visibles à 3,3 ppm tandis que le signal à 12,24 ppm correspondant aux hydrogènes acides a disparu. En RMN du carbone, le signal correspondant à la fonction carbonyle (167,7 ppm) n’est plus présent. Synthèse du (R) 3,3’-bis(3,4,5-trifluorophényle)-4,4’,5,5’,6,6’hexaméthoxydiphényl-2,2’-diméthanol 45 L’étape suivant consiste à ajouter le motif 3,4,5-trifluorophényle sur notre substrat au moyen d’une réaction de Suzuki (Figure 94). Figure 94 : Réaction de Suzuki pour obtenir le composé 45 De nombreux essais de mise en œuvre de cette réaction tels que décrits dans les articles de références [196, 198] ont été effectués pendant plusieurs semaines et ce sans succès. Après réaction, le dérivé halogéné 44 était entièrement consommé. Cependant, la très faible quantité du produit de couplage formé n’a jamais pu être isolée du milieu réactionnel largement contaminé par un précipité de palladium. Afin de favoriser la formation du catalyseur métallique au palladium, nécessaire à la réaction de Suzuki, in-situ, certains paramètres ont été modifiés : 117 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ - Un essai a été effectué avec un nouveau lot de tri-o-tolylphosphine et d’acétate de palladium. Le milieu a été placé sous atmosphère inerte durant toute la réaction. Le solvant utilisé a préalablement été dégazé par passage d’azote. Des solvants secs ont été utilisés Le tétrahydrofurane a été remplacé par le dioxane pour pouvoir augmenter la température de travail. Malgré ces essais, le rendement est toujours resté proche de 0 % Suite à ces différents échecs, nous avons contacté les auteurs des articles [196, 198]. Selon ceux-ci, nos mauvais rendements seraient dus à la pureté de l’acide boronique. De l’acide boronique pur à 99,9 % a alors été utilisé pour ces manipulations. Malgré cette modification, il ne nous a jamais été possible d’obtenir le produit de couplage de cette réaction de Suzuki La synthèse du catalyseur ne fonctionnant pas par cette voie, nous avons revu notre schéma de synthèse. Modification du schéma de synthèse Alors que nous nous débattions avec ces problèmes de synthèse, l’équipe de Maruoka a déposé un brevet concernant la synthèse de ce catalyseur par transfert de phase [200]. Dans cette demande, diverses approches sont décrites pour la préparation du catalyseur 40. Citons notamment un couplage de Suzuki réalisé cependant cette fois sur l’ester méthylique de l’acide 4,4’,5,5’,6,6’hexaméthoxydiphényle-2,2’-dicarboxylique 49. Cet intermédiaire de synthèse ayant été préparé précédemment, un nouveau schéma de synthèse a été élaboré. Celui-ci est décrit ci-dessous (Figure 95): 118 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 95 : Schéma de synthèse optimisé du catalyseur 40 Synthèse du (R) 4,4’,5,5’,6,6’-hexaméthoxybiphényle-2,2’-dicarboxylate de méthyle 49 Cette nouvelle voie de synthèse nécessite dans un premier temps la conversion de la fonction acide (composé 43) en ester méthylique correspondant 49, au moyen de chlorotriméthylsilane (Figure 96). Figure 96 : Estérification du diacide 43 Cette réaction très facile à mettre en œuvre est identique à celle utilisée lors de la synthèse du 3,4,5-triméthoxybenzoate de méthyle 47. Cette réaction est presque quantitative 92 % 119 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Sur le spectre RMN du carbone (Annexe 13), un nouveau signal correspondant au groupement méthyle de l’ester méthylique apparait à 51,7 ppm. Sur le spectre RMN 1H (Annexe 14), six protons supplémentaires correspondants 2 groupements méthyles sont présents. Synthèse du (R) 3,3’-dibromo-4,4’,5,5’,6,6’-hexaméthoxybiphényle-2,2’dicarboxylate de méthyle (50) Le diester 49 ainsi synthétisé est au cours d’une deuxième étape halogéné par addition électrophile de brome sur le noyau aromatique (Figure 97). Figure 97 : Bromation du diester méthylique 49 L’addition du brome a été réalisée à basse température. Ensuite, la réaction a été poursuivie à température ambiante. En fin de réaction le brome excédentaire a été détruit au moyen d’une solution de sulfite de sodium. Le composé dibromé a finalement été recristallisé au moyen de méthanol. Le composé 50 est obtenu avec un rendement de 78 %. Lors de la synthèse du 2-bromo-3,4,5-triméthoxybenzoate de méthyle 48 le brome avait avantageusement été remplacé par la N-bromosuccinimide. Malheureusement dans ce cas, le produit 50 n’a pas pu être obtenu si la réaction est réalisée avec la N-bromosuccinimide. Le dérivé dihalogéné a été caractérisé par RMN 1H et 13C (Annexes 15 et 16). En RMN du proton, le signal à 7,32 ppm correspondant aux deux protons aromatiques a disparu. Synthèse du (R) 3,3’-bis(3,4,5-trifluorophényl)-4,4’,5,5’,6,6’hexaméthoxybiphényle-2,2’-dicarboxylate de méthyle 51 Au cours de cette étape, l’acide 3,4,5-trifluorophénylboronique est couplé avec le dérivé halogéné 50 obtenu précédemment (Figure 98). 120 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 98 : Réaction de suzuki au départ du diester bromé 50 Tous les réactifs ont été placés dans un ballon maintenu sous atmosphère inerte et le milieu réactionnel porté à reflux. Directement, un composé de couleur vert-kaki, probablement le complexe de palladium servant à catalyser la réaction de Suzuki, apparait dans le milieu réactionnel. Lors de cette réaction de couplage, un nouveau produit majoritaire identifié comme étant le produit attendu apparait après quelques heures. Une filtration sur célite permet d’éliminer la majeure partie des dérivés insolubles du palladium, avant la purification par HPLC préparative (250 g de silice 15 - 40 µm) au moyen d’un éluant composé d’hexane et d’acétate d’éthyle en proportion 60/40 (70 mL/minute). Le rendement de la réaction de couplage est de 81 %. Le produit obtenu lors de cette synthèse a été caractérisé. Sur le spectre RMN du proton (Annexe 17), un signal à 6,91 ppm sous forme de multiplet confirme la présence des 4 hydrogènes aromatiques présents sur les noyaux trifluorophényles. En RMN 13C (Annexe 18), les carbones substitués par un fluor sont présents sous forme de multiplets : 150,6 (ddd JC-F = 247,9; 9,8; 2,5 Hz), 139 (dt, JC-F = 250,6; 15,2 Hz) et 132,4 (m). Les autres carbones du cycle trifluorophényle sont présents à 128,9 et 114.1 ppm. Synthèse du (R) 3,3’-bis(3,4,5-trifluorophényl)-4,4’,5,5’,6,6’hexaméthoxybiphényle-2,2’-diméthanol 45 Le composé 51 ainsi obtenu a ensuite été traité par de l’hydrure de lithium aluminium (LiAlH4) et ce pour réduire la fonction ester en alcool benzylique (Figure 99). 121 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 99 : Réduction du diester 51 En fin de réaction, l’excès d’hydrure a été décomposé par ajout d’acide chlorhydrique et les aluminates formés lors de la neutralisation de l’hydrure remis en solution avec de l’acide chlorhydrique. Le produit de réduction a été extrait du milieu réactionnel par extraction liquide/liquide. Aucune purification supplémentaire n’a été nécessaire. La conversion de l’ester en alcool benzylique est de 90 %. Sur le spectre RMN 1H (Annexe 19), les signaux correspondant aux protons benzylique (4,0 – 3,9 ppm) associés aux protons de deux groupements éthers méthyliques et aux protons de la fonction alcool (3 ppm) sont présents. Les signaux à 3,8 et 3,7 ppm sont associés aux 4 groupements méthyliques encore présents dans la structure. En RMN du carbone (Annexe 20), le signal à 167,1 ppm du carbone de la fonction carbonyle a disparu. Synthèse de l’ammonium quaternaire 40 Le diol 45 obtenu lors de l’étape précédente a d’abord été converti en composé dihalogéné par réaction avec du tribromure de phosphore (Figure 100). La réaction a été réalisée dans le dichlorométhane sec à 0°C en présence d’un excès de tribromure de phosphore (3 équivalents). Figure 100 : Préparation du catalyseur 40 par formation du bromure de benzyle puis quaternisation avec la dibutylamine 122 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ La synthèse du dérivé dihalogéné est rapide (2 h) et sa purification réalisée par extraction à pH basique. Après évaporation, le résidu obtenu a été utilisé pour la réaction avec la dibutylamine, étape ultime de cette synthèse. La dibutylamine joue le rôle de nucléophile et vient se substituer aux deux atomes de brome présents. Le milieu doit être suffisamment dilué pour éviter la formation de chaines dimères, trimères, etc. Le composé 40 a été purifié par HPLC préparative (250 g de silice 15 - 40 µm) au moyen d’un éluant dichlorométhane / méthanol (91 / 9) (70 mL/min). Dans ces conditions, le produit possède un temps de rétention de 18 minutes. Le produit a finalement été recristallisé dans le toluène. La structure du composé 40 a été confirmée par RMN du proton (Annexe 21) et du carbone (Annexe 22). Une masse exacte a également été réalisée (Annexe 23). La valeur obtenue de 748,306691 est conforme à la valeur présentée dans l’article [198]. Le rendement en catalyseur depuis le diacide résolu est de 34,5 % et celui au départ de l’acide 3,4,5-triméthoxybenzoïque 46 de 4,1 %. 4.3.3 Utilisation des catalyseurs chiraux 4.3.3.1 Comparaison des catalyseurs chiraux Au terme de ces synthèses, six catalyseurs (22, 20, 37, 38, 39 et 40 (Figure 77)) sont maintenant disponibles pour réaliser la réaction d’alkylation énantiosélective de la base de Schiff 19. L’efficacité de ces catalyseurs a donc été évaluée dans cette réaction au moyen des halogénures de [18F]fluorobenzyle (12, 24 et 28) nécessaires à la préparation de la 6-[18F]fluoro-L-DOPA 1 de la 2-[18F]fluoroL-tyrosine 2 et de la 4-[18F]fluoro-L-phénylalanine 3. Lors de ces essais, l’avancement de la réaction de la réaction d’alkylation a été contrôlé par HPLC. L’excès énantiomérique a été déterminé par HPLC chirale sur colonne (CR (+) CROWNPACK, DAICELL) au moyen d’un détecteur radiochimique et ce après hydrolyse du produit alkylé au moyen d’acide iodhydrique et purification de l’acide aminé généré par HPLC semi-préparative. Ces différentes opérations sont reprises dans la figure 101. Figure 101 : Alkylation énantiosélective et hydrolyse des groupements protecteurs 123 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ L’étape d’alkylation a été réalisée avec 3 mg de catalyseur et 25 mg de base de Schiff 19 (84 µmol). Deux bases inorganiques différentes ont été utilisées : l’hydroxyde de potassium en solution aqueuse (9 M, 200 µL) ou l’hydroxyde de césium monohydraté sous forme solide (140 - 160 mg). Le solvant choisi pour réaliser la réaction est le toluène. Dans chaque cas, l’entièreté du dérivé halogéné est consommée après 5 minutes de réaction. Les excès énantiomériques obtenus avec les différents catalyseurs pour divers acides aminés sont repris dans le tableau 20. Entrée catalyseur Base Température (°C) Excès énantiomérique (%) FDOPA FTYR 4-FPhe 1 22 CsOH.H2O 0 96 96 / 2 22 CsOH.H2O RT 38 79 / 3 20 KOH 9M RT 93 92 / 4 37 KOH 9M RT 87 91 / 5 38 KOH 9M RT 84 87 / 6 39 CsOH.H2O RT / 84 / 7 39 KOH 9M RT 96 97 / 8 40 CsOH.H2O RT / 93 / 9 40 KOH 9M RT 97 97 95 Tableau 20 : Excès énantiomériques obtenus au moyen des catalyseurs 20, 22, 37, 38, 39 et 40 Le catalyseur 22, utilisé en routine au Centre de Recherches du Cyclotron pour réaliser la synthèse des acides aminés, fournit d’excellents résultats à 0°C (96 %) (Entée 1) mais perd sa sélectivité lorsqu’il est utilisé à température ambiante (38 % et 79 %) (Entrée 2). Le catalyseur 20 a précédemment été utilisé dans la littérature pour réaliser la réaction d’alkylation à 0°C ou à RT. Dans ce cas cependant, les auteurs [158, 159] annoncent un excès énantiomérique de 100% ce qui est surprenant sur base des résultats décrits dans notre laboratoire (e.e. = 97 %) [146, 160]. Les essais réalisés dans le cadre de ce travail à température ambiante et avec ce catalyseur 20 sont très décevants. Les excès énantiomériques sont à peine supérieurs à 92 % (Entrée 3). Quant aux catalyseurs 37 et 38, leurs énantiosélectivités à température ambiante sont nettement plus faibles et ces composés n’ont pas retenus notre attention pour des études complémentaires (Entées 4 et 5). 124 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ De ce tableau (Tableau 20), il ressort que les deux catalyseurs, 39 et 40, préparés dans le cadre de ce travail possèdent une sélectivité supérieure (Entrées 7 et 8) aux autres (Entrées 1, 2, 3 ,4 et 5) lorsque la réaction est réalisée à température ambiante en présence d’hydroxyde de potassium. En effet dans ce cas, les excès énantiomériques obtenus sont toujours supérieurs à 95 %. Sur base de ces résultats, les deux catalyseurs 39 et 40 ont donc été sélectionnés pour optimiser la synthèse des acides aminés aromatiques marqués au fluor-18 (FDOPA 1, FTYR 2 et 4-FPhe 3). 4.3.3.2 Influence de la température Le solvant et la température interviennent au niveau de l’équilibre de dissociation de la paire ionique (Figure 102) catalyseur chiral / énolate. Lorsque celle-ci est dissociée, le dérivé halogéné peut attaquer les deux faces de l’énolate et donc il y a formation des deux énantiomères. Le solvant déplace l’équilibre de la réaction en (dé)stabilisant les espèces dissociées. Un solvant qui stabilise bien les espèces chargées déplace l’équilibre vers la dissociation des charges. Le solvant devra donc être suffisamment polaire pour permettre la déprotonation de la base de Schiff à l’interface et la migration de la paire ionique au sein de la phase organique. Figure 102 : Equilibre paire ionique Vu les excellents excès énantiomériques obtenus à température ambiante (25°C) avec les catalyseurs 39 et 40 (Tableau 20), la réaction d’alkylation a également été étudiée à températures plus élevées. Les graphiques ci-dessous reprennent les valeurs obtenues à 35°C, 50°C, 55°C, 65°C et 80°C et ce pour la 2[18F]fluoro-L-tyrosine 2 (Figure 103) et pour la 6-[18F]-fluoro-L-DOPA 1 (Figure 104). 125 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ 100 E.e. (%) 98 96 94 92 90 10 20 30 40 50 60 Température (°C) E.e. avec le catalyseur 39 70 80 90 E.e. avec le catalyseur 40 Figure 103 : Graphique des excès énantiomériques obtenus à différentes températures au moyen des catalyseurs 39 et 40 pour la FTYR 2 Dans la figure 103, il apparait qu’avec le catalyseur diphénique 40 l’excès énantiomérique en 2-[18F]fluoro-L-tyrosine 2 est toujours égal ou supérieur à 96 % jusqu'à la température de 60°C ce qui est vraiment remarquable. A 80°C, cet excès énantiomérique est toujours supérieur à 90 %. Par contre, le catalyseur à base de cinchonidine 39 est moins performant. A 35°C, l’excès énantiomérique n’est plus que de 93 % mais les valeurs obtenues restent cependant supérieures à 90 % jusqu'à la température de 60°C. A température ambiante, les deux catalyseurs fournissent le même excès énantiomérique (Figure 103). 126 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ 100 E.e. (%) 98 96 94 92 90 88 10 20 30 40 50 60 Température (°C) E.e. avec le catalyseur 39 70 80 90 E.e. avec le catalyseur 40 Figure 104 : Graphique des excès énantiomériques obtenus à différentes températures au moyen des catalyseurs 39 et 40 pour la FDOPA 1 Dans le cas de la 6-[18F]fluoro-L-DOPA 1 (Figure 104), la différence entre les deux catalyseurs est moins marquée que dans le cas de la FTYR 2. En effet avec ces deux catalyseurs, les excès enantiomériques obtenus similaires à 20°C (97 %) et à 35°C (95,5 %). Cependant à 75°C, l’excès énantiomérique est supérieur à 93 % avec le catalyseur diphénique 40 et n’est plus que de 90 % avec le catalyseur dérivé de la cinchonidine 39. Dans les deux cas, nous pouvons remarquer que le catalyseur diphénique 40 possède une efficacité remarquable. En effet, les excès énantiomériques avec ce catalyseur sont supérieurs à 94 % jusqu’à 65°C. 4.3.3.3 Influence du solvant de la réaction Afin de faciliter l’étape d’évaporation lors de l’automatisation de la synthèse, la réaction d’alkylation en présence du catalyseur diphénique 40 a été évaluée dans divers solvants (éther diéthylique, dichlorométhane, éther méthyle tertbutylique, éther diisopropylique, 1,2-dichloroéthane, éther méthyl cyclopentylique, toluène et xylène). Les résultats obtenus sont repris dans le tableau 21. 127 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Entrée Solvant Point d’ébullition (°C) E.e. FTYR (%) E.e. FDOPA (%) 1 Ether diéthylique 35 - 97 2 Dichlorométhane 40 73 51 3 Ether méthyle tert-butylique 55 97 97 4 Ether diisopropylique 68 97 98 5 1,2-dichloroéthane 83 67 47 6 Ether méthyle cyclopentylique 106 96 98 7 Toluène 115 97 97 8 Xylènes 138 98 - Tableau 21 : Excès énantiomériques obtenus dans différents solvants en présence du catalyseur 40 De ce tableau, il apparait que l’utilisation des solvants chlorés (Entrées 2 et 5) est à proscrire car ils fournissent dans tous les cas des excès énantiomériques inférieurs à 75 %. Les solvants éthérés (Entrées 1, 3, 4 et 6) et aromatiques (Entrées 7 et 8) fournissent d’excellents excès énantiomérique (> 96 %). Ces données signifient que le toluène pourrait être avantageusement remplacé par un de ces éthers possédant un point d’ébullition plus faible. 4.3.3.4 Essais avec les bases organiques Nous avons également envisagé le remplacement de la solution d’hydroxyde de potassium par une base forte soluble en milieu organique de type phosphazène. Les phosphazènes (Figure 105) suivants ont été testés: 2-tert-butylimino-2-diéthylamino-1,3-diméthylperhydro1,3,2diazaphosphorine (BEMP), tétramethyl(tris(diméthylamino)phosphoranylidène)phosphorictriamidéthyl-imine (P2Et), tert-butylimino-tri(pyrrolidino)phosphorane (BTPP). 128 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 105 : Structures des bases organiques BEMP, P2Et et BTPP Les résultats obtenus lors de l’alkylation de la base de Schiff 19 par l’halogénure de 2-[18F]fluoro-4-méthoxybenzyle 24 en présence du catalyseur 40 dans le toluène sont repris dans le tableau 22. Dans cette réaction, le phosphazène était en léger excès par rapport à la base de Schiff 19 (1.5 équivalents). Temps de réaction T° (°C) E.e. (%) (min) Base pKa (ACN) BEMP 27,6 > 20 RT ND BTPP 28,4 > 20 RT ND P2Et 32,9 > 15 0 94 P2Et 32,9 5 RT 55 Tableau 22 : Excès énantiomérique en FTYR 2 avec les différentes bases organiques (ND = non déterminé) La réaction d’alkylation est très lente lorsque le BEMP ou le BTPP sont utilisés comme base. Le P2Et, une base plus forte que les deux précédentes a dès lors été utilisée. A température ambiante, avec cette base, l’alkylation est complète en 5 minutes mais les excès énantiomériques (55 %) sont décevants. Lorsque la réaction est réalisée à 0°C dans le toluène, l’excès énantiomérique est supérieur à 94 %. Cependant, la cinétique de la réaction est fortement ralentie (tréaction > 15 minutes). Vu les résultats mitigés obtenus, cette approche n’as pas été approfondie. 4.3.4 Catalyseurs chiraux : résumé L’alkylation énantiosélective de la base de Schiff 19 par les halogénures de benzyles marqués au fluor-18 peut désormais être réalisée à température ambiante grâce à l’utilisation de deux catalyseurs par transfert de phase synthétisés au cours de ce travail (39 et 40) (Figure 106). 129 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 106 : Structures des catalyseurs synthétisés dans le cadre de ce travail A température ambiante, les excès énantiomériques pour la 6-[18F]fluoro-LDOPA 1, la 2-[18F]fluoro-L-tyrosine 2 et la 4-[18F]fluoro-L-phénylalanine 3 sont supérieurs à 95 % (Tableau 23). Catalyseur Base Excès énantiomérique (%) FDOPA FTYR 4-FPhe 39 KOH 9M 96 97 / 40 KOH 9M 97 97 95 Tableau 23 : Excès énantiomériques pour la FDOPA 1, la FTYR 2 et la 4-FPhe 3 en présence des catalyseurs 39 et 40 La synthèse du catalyseur 39 est relativement simple puisqu’elle implique seulement 3 étapes (hydrogénation, quaternisation et protection sous forme d’éther benzylique de la fonction alcool) au départ de de la cinchonidine 21. Le rendement de cette synthèse est de 25 % Ce catalyseur donne d’excellents excès énantiomériques à température ambiante (> 96 %) mais une faible élévation de la température fait vite chuter celui-ci. Par exemple dans le cas de la 2-[18F]fluoro-Ltyrosine 2, lorsque la réaction d’alkylation est réalisée à 30°C, l’excès énantiomérique chute à 93 % et à 95,5 % dans le cas de la 6-[18F]fluoro-L-DOPA 1. D’autre part, la synthèse du catalyseur diphénique 40 est nettement plus complexe à mettre en œuvre puisqu’elle nécessite de nombreuses étapes (> 10) au départ de l’acide 3,4,5-triméthoxybenzoïque 46. De plus, sa préparation inclut une étape de résolution de l’acide 4,4’,5,5’,6,6’-hexaméthoxydiphényl-2,2’dicarboxylique 43 au moyen de quinidine ce qui entraine une perte de 50 % en diacide sous forme du mauvais énantiomère. De plus, le rendement au départ de 130 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ l’acide 3,4,5-triméthoxybenzoïque 46 n’est que de 4 %. Cependant, ce catalyseur est redoutablement efficace à température ambiante mais également à des températures plus élevées. A 80°C, l’excès énantiomérique est encore de 91 % pour la 2[18F]fluoro-L-tyrosine 2 et à 73°C celui de la 6-[18F]fluoro-L-DOPA 1 est de 93 %. De plus son utilisation est compatible avec le toluène ou de nombreux solvants du type éther. 4.4 Groupements protecteurs 4.4.1 Généralités et choix des groupements protecteurs Dans la littérature, l’élimination des groupements éthers méthyliques, couramment présents sur les précurseurs utilisés pour la synthèse de la 6-[18F]fluoroL-DOPA 1 et de la 2-[18F]fluoro-L-tyrosine 2 requiert l’utilisation d’acide fort concentré et de hautes températures (180°C) durant 20 minutes [160, 201]. Des précurseurs possédant sur la(les) fonction(s) phénol(s) des groupements protecteurs plus labile(s) permettrai(en)t de réduire le temps de synthèse et donc d’augmenter, en fin de processus, l’activité disponible en acides aminés marqués au fluor-18. Dans cette partie, nous avons donc évalué la possibilité de remplacer les groupements méthoxy par d’autres groupements protecteurs à priori plus faciles à éliminer. Le choix de ceux-ci a été réalisé sur base des considérations suivantes. Ils devront : Etre stables dans les conditions basiques du marquage et de l’alkylation Résister aux conditions réductrices lors de l’utilisation du borohydrure de sodium Etre insensibles aux conditions acides mise en œuvre lors de l’halogénation de l’alcool benzylique Etre hydrolysables dans des conditions douces (acide dilué, température modérée, …) De plus, la réaction devra être rapide (< 5 minutes) et quantitative (> 95 %) et générer le moins possible de produits secondaires facilement éliminables. Sur base de ces contraintes, un certain nombre de groupements généralement utilisé pour la protection d’une fonction phénol ont été sélectionnés. Les principaux groupements étudiés sont repris dans le tableau 24. Dans celui-ci figure également les conditions de déprotection généralement utilisées. Dans les structures présentées, le groupement R représente le groupement partant ( R = NMe3+ ou NO2). 131 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Nom structure Déprotection Référence 10% Pd/C, HCO2NH4, MeOH, reflux Ether ou allylique NaI, [202, 203] DMSO, 130°C 3h SiCl4, NaI Ether ou isopropylique TiCl4, CH2Cl2, 0°C [204, 205] H2, Pd/C Ether Ou benzylique TiCl4, dioxane, reflux [206-208] CF3CO2H, CH2Cl2 Ether ou 4-méthoxybenzylique [209-211] Ce(TfO)3 CeCl3 MeOH Ether Résine Dowex (H+) Benzyloxyméthylique (BOM) [212, 213] HCl,ACN, RT HBr 48% AcOH, Ether 70°C, cyclopentylique 2h 132 [214, 215] 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Ether CF3CO2H 9méthylanthracénique 0°C, Nom [216, 217] DCM, 10 min structure Déprotection Référence HCl (aq) ou K2CO3 Ester DMF, reflux benzoïque Ou [218-221] PhSK MeOH/THF, reflux HCl 3N 4,5-dicarboéthoxy Reflux méthylènedioxy [222] 2,5h H2 Pd/C Diphénylbenzo[d][1,3] THF dioxole-5carbaldéhyde Ou [223, 224] AcOH(aq) reflux Tableau 24 : Groupements protecteurs envisagés pour remplacer les groupements éthers méthyliques Un certain nombres de ces précurseurs potentiellement utilisables pour la radiosynthèse de la 2-[18F]fluoro-L-tyrosine 2 et de la 6-[18F]fluoro-L-DOPA 1 ont été préparés. Les résultats présentés dans cette section ont été obtenus avec l’aide d’étudiants ayant effectués leurs stages de fin d’études au Centre de Recherches du Cyclotron [225, 226]. Deux approches différentes ont été mises en œuvre pour la préparation des substrats de marquages. La première concerne les sels d’ammoniums quaternaires précurseurs de la FTYR 2 et la seconde les dérivés nitrés utilisés au départ de la radiosynthèse de la FDOPA 1. 133 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ 4.4.2 Stratégie de synthèse des précurseurs de la FTYR 2 La stratégie mise au point pour synthétiser les précurseurs de marquage de la 2-[ F]fluoro-L-tyrosine 2 est présentée dans la figure suivante (Figure 107). 18 Figure 107 : Schéma de synthèse des nouveaux précurseurs de la FTYR 2 Cette approche est relativement simple pour préparer les sels d’ammonium quaternaire (C, Figure 107). Elle consiste à réaliser la substitution nucléophile d’un dérivé fluoré (A, Figure 107), par une amine secondaire et ensuite de quaterniser cette fonction comme précédemment décrit par Damhaut et al. en 1997 [227]. Si la fonction phénol du précurseur fluoré 52 est libre, sa protection au moyen de divers groupements protecteurs peut être entreprise. Le composé A (Figure 107) servira d’intermédiaire réactionnel pour la préparation des divers sels d’ammoniums quaternaires (C, Figure 107) et de référence froide pour valider les synthèses radioactives. Le dérivé fluoré A est converti en amine tertiaire (B, Figure 107) avec de la diméthylamine générée in situ au départ chlorhydrate de diméthylamine et de carbonate de potassium ajouté par petites portions au milieu réactionnel. Après la conversion complète du dérivé fluoré, le milieu réactionnel est dilué avec une solution aqueuse de carbonate de potassium et la phase organique extraite au moyen d’un solvant organique approprié. Après purification, l’amine tertiaire (B, Figure 107) est quaternisée dans le dichlorométhane au moyen de trifluorométhanesulfonate de méthyle. Généralement, le sel d’ammonium quaternaire (C, Figure 107) précipite dans le milieu réactionnel et est récupéré par simple filtration. Cette stratégie de synthèse est identique pour tous les sels d’ammoniums préparés (C, Figure 107) et dès lors dans la suite de ce travail, seuls les points les plus importants de la synthèse seront abordés dans les paragraphes cidessous. 134 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Sur base de cette approche, divers précurseurs potentiellement utilisables pour la synthèse de la FTYR 2 ont été préparés. Ces composés sont décrits dans les paragraphes suivants 4.4.2.1 Ether allylique Dans un premier temps, nous avons réalisé la protection de la fonction phénol sous forme d’éther allylique (Figure 108). Figure 108 : Préparation du 4-allyloxy-2-fluorobenzaldéhyde 53 Le composé 53 a été obtenu par réaction entre le 2-fluoro-4hydroxybenzaldéhyde 52 et le bromure d’allyle (Figure 108) sur base d’une méthode décrite pour un composé apparenté [228]. La synthèse a été réalisée par catalyse par transfert de phase. Le milieu réactionnel est composé d’une phase organique (dichlorométhane) contenant le phénol et le dérivé bromé et d’une phase aqueuse contenant l’hydroxyde de sodium. Le transfert des réactifs entre les deux phases est réalisé au moyen du bromure de tétrabutylammonium. Après 4 heures de synthèse, le 4-allyloxy-2-fluorobenzaldéhyde 53 a été obtenu avec un excellent rendement (91 %). L’analyse par spectrométrie de masse (ESI-MS) montre un pic de m/z = 181 correspondant à la masse attendue [M+1]+. La RMN du proton montre que le signal du proton CH de la fonction allyle est bien présent à 6,03 ppm. La structure de 53 a également été confirmée par la RMN du carbone-13. Figure 109 : Synthèse du 2-N,N-diméthylamino4-allyloxybenzaldéhyde 54 Dans une seconde étape, le dérivé fluoré 53 a été converti en amine tertiaire avec de la diméthylamine (Figue 109). Plusieurs ajouts de carbonate de potassium et 135 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ de chlorhydrate de diméthylamine se sont avérés nécessaires pour convertir complétement le composé 53 en 54. Après refroidissement, le milieu réactionnel a été dilué avec une solution aqueuse de carbonate de potassium et l’amine tertiaire 54 extraite avec de l’éther diéthylique. Après évaporation, l’huile orange obtenue a été purifiée sur colonne de silice et le 4-allyloxy-2-N,N-diméthylaminobenzaldéhyde 54 récupéré sous forme d’une huile jaune orange. Le rendement de cette étape est de 79 %. En masse (ESI-MS), un signal m/z de 206 correspondant à la masse de l’amine + 1 proton ([M+H]+) est observé. Le spectre RMN 1H montre le signal caractéristique des 6 protons présents sur l’amine (2,9 ppm). En RMN du carbone13, le signal du carbone lié à l’amine est présent et le couplage C-F à disparu. Figure 110 : Quaternisation de l'amine tertiaire 54 La dernière étape consiste à quaterniser l’amine tertiaire 54. La réaction procède dans le dichlorométhane à 0°C au moyen de trifluorométhanesulfonate de méthyle (Figure 110). La solution passe progressivement du jaune à l’orange puis au brun et un précipité apparait. Celui-ci est récupéré par filtration. Le solide obtenu a été purifié par lavage avec du dichlorométhane et de l’éther diéthylique jusqu'à l’obtention d’un solide blanc. Le trifluorométhanesulfonate de 5-(allyloxy)-2-formyl-N,N,N-trimethyl benzenaminium correspondant 55 a été obtenu avec un rendement de 22 %. L’ESIMS montre un signal à m/z égal à 220. Celui-ci correspond à l’ammonium ([MCF3SO3]+). La comparaison des données RMN 1H et l’ammonium montre que : C de l’amine tertiaire et de 13 Le signal présent à 2,9 ppm correspondant aux 6 protons méthyliques de 54 à disparu et un nouveau signal correspondant aux 9 protons méthyliques de 55 est apparu à 3.74 ppm. Le signal correspondant au 2 carbones méthyliques liés à l’amine 54 a été remplacé par un signal à 57 ppm correspondant aux 3 carbones méthyliques de l’amine quaternisée 55. 136 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ 4.4.2.2 Malheureusement, le quadruplet du au couplage carbone fluor du contre-ion trifluorométhanesulfonate du sel n’est pas visible. Ether isopropylique Le deuxième groupement protecteur étudié est l’éther isopropylique. Figure 111 : Préparation du 2-fluoro-4-isopropoxybenzaldéhyde 56 La méthode de synthèse du composé 56 (2-fluoro-4isopropoxybenzaldéhyde) est identique à celle mise en œuvre pour préparer le composé éther allylique 53 (Figure 111). Dans ce cas, l’éther 56 a été obtenu avec un rendement de 74 % sous forme d’une huile jaune. L’analyse par spectrométrie de masse (GC-MS) montre un pic parent de masse 182 conforme à la masse attendue pour cette molécule. Les données RMN proton et carbone du composé 56 sont en accord avec la structure attendue. Le proton présent sur le carbone tertiaire du groupement isopropyle est visible à 4,42 ppm. Figure 112 : Préparation du sel d'ammonium quaternaire 58 au départ du dérivé fluoré 56 Le composé fluoré 56 a ensuite été converti en amine tertiaire et le 2-N,Ndiméthylamino-4-isopropoxybenzaldéhyde 57 obtenu sous forme d’une huile jaune avec un rendement de 79 % (Figure 112). L’analyse GC-MS fournit pour le composé 57 un pic parent de masse 207 correspondant à la masse attendue pour ce produit, ce que confirme les analyses RMN 1H et 13C. La dernière étape de quaternisation de l’amine tertiaire 57 s’est avérée problématique (Figure 112). Il n’a pas été possible d’obtenir un solide blanc. Malgré 137 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ les nombreux lavages à l’éther et au dichlorométhane réalisés notre composé reste coloré en rose. Une analyse RMN 1H confirme qu’une impureté non identifiée est bien présente dans notre sel d’ammonium quaternaire 59. Un deuxième essai de quaternisation réalisé dans l’éther diéthylique à -20°C s’est avéré tout aussi difficile A la fin de l’ajout de l’agent alkylant, un fin précipité est apparu. Après quelques heures, ce précipité a été récupéré par filtration. Le solide récolté est également coloré en rose. Plusieurs tentatives de purification (recristallisation et extraction liquide/liquide) ont été réalisées sans succès. 4.4.2.3 Ether benzylique Un autre groupement intéressant à introduire est le groupement éther benzylique. La protection a été réalisée au moyen de bromure de benzyle par catalyse de transfert de phase. La préparation du dérivé fluoré est inspirée de la littérature [229] (Figure 113). Figure 113 : Synthèse du 4-benzyloxy-2-fluorobenzaldéhyde 59 L’analyse TLC montre que le dérivé phénolique 52 est entièrement consommé après 24 heures. Le composé 59 protégé a été extrait du milieu réactionnel et purifié par recristallisation (éther diéthylique/hexane). Le 4benzyloxy-2-fluorobenzaldéhyde 59 a été obtenu sous forme d’un solide blanc avec un rendement de 89 %. L’analyse GC-MS du seul pic présent à 3,4 minutes a une masse de 230 conforme à la masse attendue pour le produit. Les analyses RMN 1H et 13C valident ce résultat. La présence du groupement benzylique sur le dérivé aldéhydique est confirmée par la présence sur le spectre RMN 1H de 5 protons aromatiques (7,856,7) et les 2 protons benzyliques (5,13 ppm). 138 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 114 : Préparation du sel d’ammonium quaternaire 61 Ensuite, le dérivé fluoré 59 a été converti en 4-benzyloxy-2-N,Ndiméthylaminobenzaldéhyde 60 comme déjà décrit précédemment (Figure 114). Le solide orange 60 a été récupéré avec un rendement de 76 %. L’analyse ESI-MS fournit une masse de m/z de 256 ce qui est la masse attendue pour l’amine secondaire ([M+H]+). Les protons visible en RMN 2,9 ppm correspondent aux protons de l’amine. La RMN 13C confirme la disparition des couplages carbone / fluor et l’apparition d’un signal à 45 ppm correspondant aux méthyles présents sur l’amine 60. Finalement, l’amine tertiaire 60 a été quaternisée à 0°C avec du trifluorométhanesulfonate de méthyle dans un mélange dichlorométhane / éther diéthylique (80/20) (Figure 114). Au cours de la synthèse, la coloration de la solution passe du jaune orange au rouge. Un précipité apparait après 2 heures de réaction. Celui-ci a été extrait du milieu réactionnel avec de l’eau. Après évaporation, le trifluorométhanesulfonate de de 5-(benzyloxy)-2-formyl-N,N,Ntrimethylbenzenaminium 61 est obtenu sous forme d’un solide rose pâle. Le rendement de cette étape est de 34 %. La masse de 270 obtenue en ESI-MS correspond à celles attendue pour le composé 61. Les données RMN 1H et 13C confirment également la structure du produit. 4.4.2.4 Ether 4-méthoxybenzylique Ce groupement protecteur est fort semblable au dérivé benzylique préalablement cité (59-61). Il possède un avantage majeur, il peut facilement être retiré avec de l’acide trifluoroacétique à température ambiante. 139 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 115 : Préparation du phénol protégé sous forme d'éther 4-méthoxybenzylique 62 Le groupement protecteur a été introduit sur le benzaldéhyde 52 par réaction de ce dernier avec le bromure de 4-méthoxybenzyle (Figure 115). La synthèse a été réalisée à reflux dans l’acétone selon un mode opératoire adapté de la littérature [209]. L’analyse TLC (éther de pétrole (40 - 60) / acétate d’éthyle 50 / 50) de la réaction montre l’apparition d’un nouveau composé (Rf = 0,76). Une analyse GC-MS réalisée sur le brut de réaction fournit une masse de 260 pour le composé élué à 9,6 min. La masse obtenue est conforme à celle attendue [M]+. Après réaction, le solvant a été évaporé et le résidu repris dans de l’eau. Le composé 62 a été extrait au moyen d’éther diéthylique. Après évaporation le 2-fluoro-4-(4méthoxybenzyloxy) benzaldéhyde 62 a été récupéré sous forme d’un solide jaune avec un rendement de 89 %. Par rapport au spectre RMN 1H de 52, 4 protons aromatiques supplémentaires à 7,36 et 6,95 ppm sont observés. Ils se présentent sous la forme de deux doublets avec un couplage de 8,3Hz. Le signal correspondant aux protons benzyliques (5,05 ppm) et celui correspondant aux protons du groupement méthyle (3,83 ppm) sont également présents. La RMN carbone-13 confirme la structure. Figure 116 : Préparation du sel d’ammonium 64 L’étape suivante consiste à transformé le dérivé fluoré 62 en 2-N,Ndiméthylamino-4-(4-méthoxybenzyloxy)benzaldéhyde 63 selon la méthode décrite ci-dessus (Figure 116). Un solide jaune est obtenu avec un rendement de 95 %. Une analyse ESI-MS présente un pic majoritaire de m/z = 286 ce qui correspond à la 140 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ masse de l’amine tertiaire ([M+H]+). En RMN 1H, les 6 protons correspondants au groupement méthyles présent sur l’azote de l’amine tertiaire 63 sont observés sous la forme d’un singulet à 2,9 ppm. L’analyse du spectre RMN carbone-13 confirme la structure du composé. L’essai de quaternisation de l’amine tertiaire 63 a été réalisé au moyen de trifluorométhanesulfonate de méthyle dans un mélange dichlorométhane / éther diéthylique (Figure 116). Durant cette réaction, aucun précipité n’est apparu. Une analyse par TLC sur le milieu réactionnel indique que l’entièreté de l’amine 63 a été consommée mais une analyse en ESI-MS montre que le composé attendu 64 n’est pas dans le milieu réactionnel. Malgré de nombreuses tentatives en modifiant les conditions de réactions (température, solvant, temps de réaction), le sel d’ammonium quaternaire 64 n’a pas pu être obtenu. 4.4.2.5 Ether benzyloxyméthylique (BOM) Ce groupement protecteur est de la même famille que les éthers MEM et MOM. La synthèse présentée ici est adaptée d’un mode opératoire trouvé dans la littérature [230]. Le groupement BOM est introduit par réaction entre le chlorure de benzyloxyméthane et le phénol 52 comme indiqué dans la figure ci-dessous (Figure 117). Figure 117 : Synthèse du dérivé fluoré protégé par un groupement BOM 65 Le 4-(benzyloxyméthoxy)-2-fluorobenzaldéhyde 65 a été récupéré après purification sur colonne de silice sous forme d’une huile incolore avec un rendement de 77 %. Sur le spectre RMN proton, le signal correspondant aux 5 hydrogènes présents sur le noyau aromatique benzylique est présent sous forme d’un multiplet à 7,32 ppm. Les protons benzyliques et les protons méthyléniques situés entre les deux atomes d’oxygène sont présents à 5,3 ppm et 4,73 ppm. Les protons du noyau aromatique fluoré sont observés respectivement à 7,8, 6,9 et 6,84 ppm. La structure a également été confirmée par RMN du carbone. 141 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 118: Préparation du précurseur 67 au départ du dérivé fluoré 65 La synthèse du 4-(benzyloxyméthoxy)-2-fluorobenzaldéhyde 66 en 4(benzyloxyméthoxy)-2-(N,N-diméthylamino)benzaldéhyde 65 n’a pas posé de problèmes particuliers (Figure 118). Le composé 66 se présente sous forme d’une huile jaune. Le rendement de cette réaction est de 79 %. Malgré de nombreux autres essais (solvants, température, quantité de réactif), le sel d’ammonium quaternaire 67 n’a pas pu être obtenu. 4.4.2.6 Ether cyclopentylique La synthèse du 4-cyclopentoxy-2-fluorobenzaldéhyde 68 a été réalisée dans le N,N-diméthylformamide en présence de bromure de cyclopentyle et de carbonate de potassium selon un mode opératoire décrit dans la littérature [214, 215] (Figure 119). Figure 119 : Protection du phénol 52 sous forme d'éther cyclopentylique Après 1 heure de réaction, le milieu réactionnel a été dilué avec une solution aqueuse de carbonate de potassium et le dérivé fluoré 68 extrait au dichlorométhane. Après évaporation du dichlorométhane, le résidu a été purifié sur colonne de silice. Le composé 68 a été récupéré sous forme d’une huile jaune avec un rendement de 84 %. La synthèse a également être réalisée par PTC comme décrit pour le 4allyloxy-2-fluorobenzaldéhyde 53 (Figure 120). 142 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 120 : Synthèse du 4-cyclopentoxy-2-fluorobenzaldéhyde 68 par PTC Dans ce cas, 24 heures de réaction se sont avérés nécessaires pour consommer l’entièreté du 2-fluoro-4-hydroxybenzaldéhyde 52. Après extraction liquide/liquide du composé 68 en phase organique et évaporation du dichlorométhane, le résidu a été purifié sur colonne de silice. Après celle-ci, le rendement est de 88 %. Les deux méthodes décrites ci-dessus fournissent des rendements élevés. La première approche est rapide mais nécessite de travailler à 80°C. Elle nécessite également l’élimination du DMF avant la chromatographie. La deuxième méthode procède à température ambiante et ne nécessite pas de surveillance; par contre la réaction est plus longue. Dans les deux cas, le produit obtenu est pur. en RMN du proton, les protons du groupement cyclopentyle sont clairement visibles. Les 8 protons correspondant aux 4 méthylènes sont rassemblés dans un massif entre 2,02 ppm et 1,44 ppm. L’hydrogène présent sur le carbone tertiaire du groupement cyclopentyle apparait sous forme d’un multiplet à 4,75 ppm. La substitution nucléophile du fluor par la diméthylamine fournit l’amine tertiaire 69 avec un rendement de 90 % (Figure 121). Le 4-cyclopentoxy-2-(N,Ndiméthylamino)benzaldéhyde 69 se présente sous la forme d’une huile jaune. Le produit a été caractérisé en RMN 1H et 13C. Figure 121 : Préparation et quaternisation de l'amine tertiaire 69 La dernière étape de quaternisation a été réalisée avec du trifluorométhanesulfonate de méthyle dans le dichlorométhane à 0°C (Figure 121). Après plusieurs heures, aucun précipité n’est visible. Une extraction en phase 143 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ aqueuse a permis d’obtenir une huile jaune orange qui après trituration avec de l’éther diéthylique donne un solide blanc jaune. Malheureusement, la quantité obtenue était trop faible que pour réaliser des analyses et confirmer la présence de l’ammonium quaternaire 70. 4.4.2.7 Ether 9-méthylanthracénique La préparation du composé fluoré 71 (Figure 122) a été réalisée selon les indications trouvées dans la littérature [217]. Figure 122 : Préparation du dérivé fluoré 71 La réaction procède à température ambiante dans le DMF. A la fin de la réaction, le milieu réactionnel a été dilué avec une solution aqueuse de carbonate de potassium et le composé 71 extrait au dichlorométhane. Le résidu obtenu après évaporation fournit après recristallisation (dichlorométhane/hexane) le 4-(anthracèn9-méthyloxy)-2-fluorobenzaldéhyde 71 sous forme d’un solide jaune. Le rendement est de 79 %. La structure a été confirmée par RMN (1H et 13C) L’amine tertiaire 72 a été obtenue selon la procédure déjà décrite (Figure 123). Figure 123 : Préparation du précurseur 73 au départ du dérivé fluoré 71 Le brut de la réaction d’amination a été purifié par recristallisation. Celui-ci a été solubilisé dans le dichlorométhane à reflux et l’ajout de n-hexane à la solution 144 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ a permis de précipiter le 4-(anthracèn-9-méthyloxy)-2-(N,N-diméthylamino) benzaldéhyde 72. Après filtration, un solide jaune a été obtenu avec un rendement de 53 %. Les signaux correspondant aux 2 groupements méthyles de la fonction amine sont visibles en RMN du proton (2,9 ppm) et en RMN du carbone (45,4 ppm). Le reste de la structure du composé est confirmé par RMN 1H et 13C. La quaternisation de l’amine tertiaire 72 a été réalisée (Figure 123). Malheureusement, l’ammonium quaternaire 73 n’a pas été obtenu. 4.4.2.8 Résumé de la synthèse des précurseurs ammoniums quaternaires de la FTYR 2 Le tableau 25 résume les rendements obtenus lors de chaque étape pour ces différents composés. Rendements (%) (Figure 107) Groupements protecteurs (PG =) Etape 1 R1 = F Etape 2 R1 = NMe2 Etape 3 R1 = NMe3+ Global Ether allylique 91 79 22 16 Ether isopropylique 74 79 * * Ether benzylique 89 76 34 23 Ether 4-méthoxybenzylique 89 95 / / Ether benzyloxyméthylique 77 79 / / Ether cyclopentylique 86 90 / / Ether 9-méthylanthracénique 79 53 / / Tableau 25 : Rendements des intermédiaires de synthèse des précurseurs de la FTYR 2 De ce tableau, il ressort qu’il a été possible d’introduire les différents groupements protecteurs sur le 2-fluoro-4-hydroxybenzaldéhyde 52. Il en est de même pour la synthèse de l’amine tertiaire. Par contre la réaction de quaternisation de cette amine au moyen du trifluorométhanesulfonate de méthyle s’est avérée généralement difficile. Seul 3 précurseurs ont pu être synthétisés : le trifluorométhanesulfonate de 2-formyl-5-isopropoxy-N,N,N-trimethyl benzenaminium 58, le trifluorométhanesulfonate de 5-(allyloxy)-2-formyl-N,N,Ntrimethylbenzenaminium 55 et le trifluorométhanesulfonate de 5-(benzyloxy)-2- 145 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ formyl-N,N,N-trimethylbenzenaminium 61. Le trifluorométhanesulfonate de 2formyl-5-isopropoxy-N,N,N-trimethylbenzenaminium 59 a été obtenu mais sa pureté n’est pas suffisante pour déterminer le rendement de la synthèse. Récemment, de nouvelles conditions ont été mises au point au Centre de Recherches du Cyclotron pour la quaternisation du 2-N,Ndiméthylamino-4,5diméthoxybenzaldéhyde afin d’obtenir le précurseur de la 6-[18F]fluoro-L-DOPA 1. Dans ce cas, la réaction est réalisée à température ambiante dans l’acétate d’éthyle et la solution doit être suffisamment diluée (0,1M). De plus, l’agent de méthylation est ajouté en léger défaut (0,8 équivalent). Malheureusement, cette technique n’a pas pu être testée sur les composés préparés au cours de ce travail. 4.4.3 Evaluation de la synthèse radiochimique de la FTYR 1 au départ de ces nouveaux précurseurs Ces nouveaux précurseurs dont la fonction phénol est protégée soit sous forme d’éther allylique 55, d’éther isopropylique 58 ou d’éther benzylique 62 ont été mis en réaction pour évaluer la radiosynthèse de la FTYR 2 (Figure 124). Figure 124 : Synthèse de la FTYR 2 au départ de 55/58/61 Chacune des étapes de la synthèse reprise ci-dessus (Figure 124) a été réalisée séparément (marquage, réduction/halogénation, alkylation et hydrolyse). Elles ont été si possible optimisées afin d’obtenir le rendement le plus élevé possible. Tous les intermédiaires de cette synthèse ([18F]fluorobenzaldéhyde, halogénure de [18F]fluorobenzyle, produit d’alkylation) ont été identifiés par 146 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ comparaison avec les temps de rétentions (HPLC) et les Rf (TLC) des différentes références froides (fluor-19). 4.4.3.1 Synthèse radiochimique au départ du précurseur allylique 55 Le substrat de marquage 55 protégé sous forme d’éther allylique a été obtenu en très faible quantité. De ce fait, peu d’essais de radiosynthèse (Figure 125) ont pu être réalisés. Figure 125 : Préparation de la FTYR racémique 2 au départ du précurseur 55 Le rendement de marquage en 4-allyloxy-2-[18F]fluorobenzaldéhyde 74 est de 73 % après 150 secondes de réaction à 140°C. Le fluorobenzaldéhyde 74 a été converti en bromure de 4-allyloxy-2[18F]fluorobenzyle 75. Pour réaliser cette étape, le brut de marquage contenant l’aldéhyde a été dilué avec de l’eau et la solution résultante passée au travers d’une cartouche C18 préalablement conditionnée. Le composé 74 adsorbé sur la SPE a été réduit par passage d’une solution aqueuse de borohydrure de sodium et l’alcool [18F]fluorobenzylique correspondant converti en bromure de [18F]fluorobenzyle 75 par passage de 2 mL de HBr 48% au travers de la cartouche. Le dérivé bromé 76 a ensuite été élué de la cartouche au moyen de toluène. Le rendement de conversion de l’aldéhyde en dérivé bromé (réduction et halogénation) est de 73 %. La réaction d’alkylation a été réalisée en présence de bromure de tétrabutylammonium, de base de Schiff 19 et de 200 µL d’une solution aqueuse d’hydroxyde de potassium (9 M). Les analyses TLC montre que l’entièreté du dérivé halogéné n’est pas consommé et ce même après 1 h 30 de réaction. Ensuite, la réaction d’hydrolyse a été réalisée en présence de HBr 48% à 180°C durant 20 minutes. Le tableau 26 reprend les rendements obtenus lors de chaque étape 147 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Réaction Composé [18F]F- [18F]F- marquage 74 Rendement de l’étape (%) Rendement global (%) Rf 100 73 73 0,74 (DCM) Réduction et halogénation 75 73 53 0,93 (90/10 DCM/EtOAC) Alkylation 76 90 48 0,01 (DCM) Hydrolyse 2 30 14 Tableau 26 : Rendements des différentes étapes de la synthèse de la FTYR 2 au départ du précurseur 56 Les étapes de marquage, de réduction-halogénation et d’alkylation procèdent avec un bon rendement. Malheureusement, le rendement de l’étape d’hydrolyse n’est que de 30 % malgré l’utilisation d’acide bromhydrique concentré à 180°C durant 20 minutes. Le rendement final en acide aminé est de 14 %. Le groupement protecteur éther allylique peut aisément être retiré au moyen d’un catalyseur organométallique métallique (Rh(PPh3)Cl, Pd(PPh3)4), d’un agent oxydant (NBS, peroxydisulfate de tétrabutylammonium, tert-butylhydroperoxyde, pyridinium chlorochromate, …) ou d’un acide de Lewis (TiCl 3, Ti(iPrO)4, SmI2, BF3-Et2O, AlCl3) [201]. Comme indiqué au début de la section 4.4.1, nous souhaitions réaliser une déprotection en milieu acide compatible avec les autres groupements protecteurs (ester tert-butylique et imine). Pour cette raison les différentes options proposées ci-dessus n’ont pas été envisagées dans le cadre de ce travail. 4.4.3.2 Radiosynthèse de la FTYR au départ du précurseur 58 Le deuxième groupement protecteur étudié est l’éther isopropylique. La synthèse au départ du trifluorométhanesulfonate de 2-formyl-5-isopropoxy-N,N,Ntrimethylbenzenaminium 58 est reprise dans la figure 126. 148 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 126 : Préparation de la D,L-FTYR 2 au départ du précurseur 58 Le marquage a été réalisé dans le DMSO à différentes températures durant 12 minutes. Les résultats obtenus sont repris dans le tableau 27. Température (°C) Rendement (d.c., %) 90 14 130 31 155 42 180 41 Tableau 27 : Rendement de marquage du précurseur 58 Le meilleur rendement de marquage a été obtenu à 155°C. Au-delà de cette température, aucune amélioration du rendement de marquage n’est observée. Le 2[18F]fluoro-4-isopropoxybenzaldéhyde 71 obtenu possède un Rf de 0,31 (DCM) et un temps de rétention de 3,0 minutes en HPLC (75/25 ACN/eau). Ces valeurs sont identiques à celles obtenues pour la référence froide. Le 2-[18F]fluoro-4-isopropoxybenzaldéhyde 77 a été converti en bromure de 2-[ F]fluoro-4-isopropoxybenzyle 78. Le rendement de cette étape n’est que de 41 %. 18 Celui-ci a ensuite été utilisé pour réaliser la réaction d’alkylation. Après 10 minutes, la TLC de contrôle montre la disparition du composé bromé 78 et l’apparition d’un nouveau composé 79. 149 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Une hydrolyse du produit obtenu après alkylation a été réalisée en présence de 1 mL d’acide chlorhydrique 12 M à 140°C durant 5 minutes. Après purification sur colonne semi-préparative, la 2[18F]fluorotyrosine 2 est obtenue avec un rendement de 12 % au départ du [18F]fluorure. Les rendements des différentes étapes de la synthèse sont repris dans le tableau 28. Réaction Composé Rendement de l’étape (%) [18F]FMarquage Réduction et halogénation Rendement global (%) [18F]F77 78 Rf Temps de rétention (min) 100 42 42 41 17 Alkylation 79 92 16 Hydrolyse 2 75 12 0,31 (DCM) 0,84 (DCM) 0,04 (DCM) 3,0 (75/25 ACN/H2O) 4,5 (75/25 ACN/H2O) 17,2 (75/25 ACN/H2O) Tableau 28 : Rendements des différentes étapes de la synthèse de la FTYR 2 au départ du précurseur 58 Le rendement de l’étape réduction et d’halogénation est faible (41 %). Pour comparaison, dans la section 4.2 au départ d’un précurseur protégé sous forme d’éther méthylique, le rendement de conversion du [18F]fluorobenzaldéhyde en halogénure de [18F]fluorobenzyle est supérieure à 95 %. Une analyse des fractions éluées de la cartouche lors de la fixation, de la réduction et de l’halogénation permettrait de savoir si le faible rendement observé est dû à une mauvaise fixation sur la cartouche ou alors si le groupement protecteur est partiellement hydrolysé. Malheureusement, par manque de temps, cette analyse n’a pas pu être réalisée au cours de ce travail. Au niveau de la réaction d’hydrolyse, le rendement est satisfaisant (75 %) alors que cette réaction n’a pas encore été optimisée. De nouveaux essais avec ce précurseur devront être réalisés afin de confirmer les résultats obtenus. 150 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ 4.4.3.3 Préparation de la FTYR 2 au départ du précurseur benzylique 61 Le dernier groupement protecteur étudié est l’éther benzylique. La radiosynthèse de la FTYR 2 au départ de ce substrat de marquage est illustrée dans la figure 127. Figure 127 : Préparation de la FTYR racémique 2 au départ du précurseur 61 Le trifluorométhanesulfonate de 5-(benzyloxy)-2-formyl-N,N,Ntrimethylbenzenaminium 61 a été marqué à 140°C durant 150 secondes. L’analyse du brut de marquage indique un rendement de 77 % en 4-benzyloxy-2[18F]fluorobenzaldéhyde 80. Au départ du [18F]fluorobenzaldéhyde 80, le bromure de 4-benzyloxy-2[18F]fluorobenzyle 81 a été obtenu avec un rendement de 76%. L’alkylation de la base de Schiff 19 au moyen du dérivé bromé préalablement préparé est finie après 5 minutes de réaction. Le nouveau composé obtenu a été identifié comme étant le produit d’alkylation correspondant. La réaction d’hydrolyse a été réalisée au moyen de l’acide bromhydrique concentré (HBr 48%) à 180°C durant 20 minutes. Le tableau 29 reprend les rendements des différentes étapes de la synthèse. 151 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Réaction [18F]F- Rendement de Rendement Composé l’étape global (%) (%) [18F]F- Rf Temps de rétention (min) 4,4 (70/30 ACN/H2O) 100 Marquage 80 77 77 0,85 (EtOAc) Réduction et halogénation 81 76 59 0,78 (DCM) 5,6 (70/30 ACN/H2O) Alkylation 82 95 56 0,01 (DCM 14,3 (70/30 ACN/H2O) Hydrolyse 2 35 19 Tableau 29 : Rendements des différentes étapes de la synthèse de la FTYR 2 au départ du précurseur 62 Les étapes de marquage, de réduction-halogénation et d’alkylation procèdent avec un excellent rendement. Malheureusement, le rendement de l’étape d’hydrolyse n’est que de 35 % malgré les conditions dures déjà utilisée (HBr 48%, 180°C, 20 minutes) ce qui fait fortement chuter le rendement final en acide aminé. Pour l’élimination de ce groupement protecteur d’autres méthodes de déprotection sont décrites dans la littérature [201]: - - réduction au moyen de nickel de Raney ou bien d’hydrogène et d’un catalyseur au palladium utilisation d’un métal réducteur tel que le lithium, le sodium, le potassium, le magnésium, le calcium le zinc. en présence d’un acide de Lewis (Me3SiI, Me2BBr, FeCl3, BCl3, …), par méthode oxydative (CrO3/AcOH, ozone, NaBrO3,..) Celles-ci ne sont cependant pas adaptées en radiochimie et n’ont dès lors pas été envisagées dans le cadre de ce travail. 4.4.4 Stratégie générale de synthèse des précurseurs de la FDOPA 1 Vu les problèmes rencontrés lors de l’étape de quaternisation de nos amines tertiaires, nous avons évalués la synthèse de nouveaux substrats de marquages de la FDOPA 1 au départ d’un composé nitré. En effet, nous avons vu dans la partie 152 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ bibliographique que le groupement nitro activé par un groupement électroattracteur (ici la fonction carbonyle) est également un bon groupement partant [121]. Une stratégie de préparation des substrats de marquage de la 6-[18F]fluoro-L-DOPA 1 a donc été mise au point au départ du 2-nitro-4,5-dihydroxybenzaldéhyde 83 (Figure 128). Figure 128 : Protection du 2-nitro-4,5-dihydroxybenzaldéhyde 83 L’approche présentée ici est théoriquement plus facile à mettre en œuvre que celles décrites pour la préparation des sels d’ammoniums car elle ne comporte qu’une étape (Figure 128). Le catéchol 83 n’est pas disponible commercialement. Il peut être synthétisé [231, 232] au départ du 6-nitropipéronal 7 disponible en grande quantité à un prix abordable (Aldrich 75,5 € / 25 g). La préparation de 83 est présentée dans la figure 129. Figure 129 : Déprotection du 6-nitropipéronal 7 pour obtenir le 2-nitro-4,5-dihydroxybenzaldéhyde 53 La première étape consiste à ouvrir l’acétal en présence de chlorure d’aluminium. L’éther chlorométhylique est ensuite hydrolysé à température ambiante au moyen d’une solution d’acide bromhydrique concentré. La réaction a été suivie par TLC (DCM/méthanol : 98/2; Rf 83 = 0,52). Après deux jours de réaction, le diol a été extrait au moyen d’acétate d’éthyle et le résidu obtenu après évaporation recristallisé dans l’eau. Le rendement de cette étape de déprotection est quantitatif. Les spectres RMN 1H et 13C obtenus sont conformes à ceux de la littérature. Par contre le point de fusion de fusion (195,4°C) est légèrement inférieur (littérature : 203-204°C). 153 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ 4.4.4.1 Ether allylique Un certain nombre de groupements protecteurs déjà décrits lors de la synthèse des précurseurs de la FTYR 2 ont été utilisés. La fonction éther allylique a été introduite sur le catéchol 83 (Figure 130). Figure 130 : Préparation du 4,5-diallyloxy-2-nitrobenzaldéhyde 84 La synthèse a été réalisée dans le DMF en présence de carbonate de potassium. L’avancement de la réaction a été suivi par TLC avec un mélange hexane/acétate d’éthyle (70/30). Dans ces conditions, le composé protégé possède un Rf de 0,65. A la fin de la réaction, le milieu réactionnel a été dilué avec une solution aqueuse saturée en chlorure de sodium. Le composé organique 84 a été extrait au moyen d’acétate d’éthyle. Après évaporation de celui-ci, le résidu a été purifié sur colonne de silice et le 4,5-diallyloxy-2-nitrobenzaldéhyde 84 récupéré sous forme d’un solide avec un rendement de 86 %. Le produit 84 a été analysé par ESI-MS, RMN 1H et 13C. Sur la RMN proton, le multiplet observé à 6,15-5,89 ppm correspond aux deux protons CH des fonctions allyles. Les 4 protons méthyliques présents sur la double liaison de la fonction allyle se présentent sous la forme de deux multiplets (5,46 ppm et 5,39 ppm). Le multiplet à 4,77-4,54 ppm correspond aux 4 protons allyliques. 4.4.4.2 Ether isopropylique Le groupement éther isopropylique a également été introduit sur le catéchol 83 (Figure 131). Figure 131 : Synthèse du 4,5-diisopropoxy-2-nitrobenzaldéhyde 85 154 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ La réaction a été réalisée dans l’acétone. Dans ces conditions, la réaction est très lente. Après 1 mois, il reste encore du produit de départ. L’acétone a été avantageusement remplacée par du N,N-diméthyl formamide. Le changement de solvant permet de réaliser la réaction en 2 semaines à température ambiante. Le 4,5-diisopropoxy-2-nitrobenzaldéhyde 85 a été obtenu sous forme de solide avec un rendement de 62 %. Les protons présents sur les carbones tertiaires des groupements isopropyles sont visibles sur le spectre RMN 1H à 4,69 ppm (tt, J = 12,2; 6,1 Hz). Le signal correspondant aux 4 groupements méthyles est visible à 1,41 ppm (t, J = 6,5 Hz). La RMN 13C confirme la structure. 4.4.4.3 Ether 4-méthoxybenzylique La synthèse a été réalisée selon un mode opératoire de la littérature [209] (Figure 132). Figure 132 : Obtention du 4,5-bis((4-méthoxy)benzyloxy)benzaldéhyde 86 Un solide brun a été obtenu avec un rendement de 70 %. Les analyses spectroscopiques RMN 1H et 13C confirment la structure du 2-nitro-4,5-bis(4méthoxybenzyloxy)benzaldéhyde 86. 4.4.4.4 Ether benzyloxyméthylique Le groupement protecteur BOM a été introduit sur le catéchol 83 comme expliqué ci-dessous (Figure 133). Figure 133 : Préparation du 4,5-dibenzyloxyméthoxybenzaldéhyde 87 155 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ L’avancement de la réaction a été suivi par TLC (70/30 éthers de pétrole / acétate d’éthyle). Le nouveau composé (Rf = 0,36) a été purifié par extraction liquide/liquide et chromatographie sur colonne de silice et une huile noire visqueuse a été obtenue. L’analyse ESI-MS montre la présence du composé 87 (Tableau 30). Masse (m/z) Structure supposée 482 [M+AcO]- 422 [M-H]- 302 Perte d’un groupement BOM Tableau 30 : ESI-MS (négative) de 87 Le rendement s’avère cependant supérieur à 100%. La présence de solvant résiduel peut expliquer l’état huileux. Malgré une évaporation sous vide prolongée, le produit 87 n’a pas cristallisé. Un spectre RMN 1H a également été enregistré. Bien que les protons caractéristiques de la molécule 87 soient présents, d’autres signaux provenant de produits non identifiés sont visibles. Le 4,5-di(benzyloxyméthoxy)-2nitrobenzaldéhyde 87 devra à nouveau être purifier avant utilisation en radiosynthèse. 4.4.4.5 Ether cyclopentylique Le catéchol 83 a été protégé sous forme d’éther cyclopentylique. La procédure appliquée est identique à celle présentée plus haut pour le groupement BOM (Figure 134). Figure 134 : Synthèse du composé 88 La réaction a été suivie par TLC (éthers de pétrole / acétate d’éthyle( 80/20). Le produit 88 possède un Rf de 0,5. Il a été extrait du milieu réactionnel au moyen d’acétate d’éthyle et le résidu obtenu après évaporation purifié sur colonne de silice. Un solide brun-jaune a été récupéré avec un rendement de 73 %. 156 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Une analyse (ESI-MS) a été réalisée sur ce composé purifié. Les principaux pics présents en mode négatif sont repris dans le tableau 31. Masse (m/z) Structure supposée 378 [M+AcO]- 318 [M-H]- Tableau 31 : ESI-MS (négative) pour 88 88 a également été contrôlé par spectroscopie RMN 1H. L’analyse montre que le 4,5-dicyclopentoxy-2-nitrobenzaldéhyde 88 est majoritairement présent dans l’échantillon. Cependant, des impuretés identifiées comme étant des solvants résiduels de la synthèse (acétate d’éthyle, éthers de pétrole, DMF) sont également présentes. Avant son utilisation en radiosynthèse, ceux-ci devront être éliminés. 4.4.4.6 Ester benzoïque L’ester benzoïque 89 a été synthétisé selon la méthode décrite dans la littérature [233, 234] (Figure 135). Figure 135 : Préparation du catéchol fluoré protégé sous forme d'ester benzoïque 82 Le résidu obtenu après acylation a été purifié par recristallisation avec de l’acétate d’éthyle et de l’éther de pétrole (60-40). Le 4,5-dibenzoyloxy-2nitrobenzaldéhyde 89 a été récupéré sous forme d’un solide blanc. Le rendement est de 52 %. Le tableau 32 reprend les données RMN obtenues pour ce composé 89. 157 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Déplacement (ppm) Nombre de protons attributions 10,47 1 Aldéhyde 8,3 1 1 8,06 5 2 et 3 7,62 2 5 7,43 4 4 Tableau 32 : Déplacements RMN 1H et attributions En RMN du carbone, les carbonyles des deux fonctions esters sont présents à 186,6 et 186,5 ppm. 5-formyl-6-nitrobenzo[d][1,3]dioxole-2,2-dicarboxylate d’éthyle Ce groupement protecteur fait partie de la famille des acétals. La protection a été réalisée simultanément sur les deux fonctions phénols selon un mode opératoire de la littérature [222]. 4.4.4.7 Figure 136 : Préparation du substrat 90 Le produit 90 a été obtenu en faisant réagir dans l’acétone à température ambiante le catéchol 83 et le 2,2-dibromomalonate de diéthyle en présence de carbonate de potassium (Figure 136). L’avancement de la réaction a été suivi par 158 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ TLC (éthers de pétrole (40-60) / acétate d’éthyle en proportions 50/50, Rf (90) = 0,32). Après quelques jours, le catéchol 83 est entièrement consommé. Le solvant de la réaction a été évaporé puis le résidu repris dans l’eau. Après extraction à l’éther et évaporation du solvant, le résidu a été purifié par chromatographie sur colonne de silice. Les différentes analyses réalisées confirment que le solide jaune obtenu avec un rendement de 67 %. est le 5-formyl-6-nitrobenzo[d][1,3]dioxole-2,2dicarboxylate d’éthyle 90. Les protons CH3 des groupements éthyles se présentent sous la forme multiplet à 6,29 ppm et les protons CH2 sous la forme d’un quadruplet à 4,38 ppm (J= 7,04; 7,32 Hz). Le déplacement des 2 protons aromatiques et du proton aldéhydiques sont respectivement de 7,46 ppm, 7,66 ppm et 10,28 ppm. La RMN du carbone est également en accord avec la structure du composé 90. 4.4.4.8 Diphénylbenzo-[d]-[3,5]-dioxole-5-carbaldéhyde Ce groupement acétal a été introduit sur le catéchol 83 selon une approche identique à celle présentée ci-dessus (Figure 137) Figure 137: Synthèse du dérivé nitré 91 L’iodure de potassium ajouté dans le milieu réactionnel agit comme catalyseur. La réaction suivie par HPLC (75/25 ACN/H2O 1 ml/min) montre l’apparition d’un nouveau produit (Tr = 1,97 minute). Le 6-nitro-2,2diphenylbenzo[d][1,3]dioxole-5-carbaldehyde 91 est purifié par extraction liquide/liquide et recristallisé (éther de pétrole (40-60)/éther diéthylique). Le composé 91 est un solide blanc (rendement : 57 %). Les RMN 1H et 13C montrent que le produit désiré a été obtenu. 159 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ 4.4.4.9 Résumé de la synthèse des précurseurs nitrés de la FDOPA 2 Le tableau 33 résume les rendements obtenus pour chacun des composés préparés ci-dessus. Groupement protecteur (PG =) N° Rendement (%) Ether allylique 84 86 Ether isopropylique 85 62 Ether 4-méthoxybenzylique 86 70 Ether benzyloxyméthylique 87 * Ether cyclopentylique 88 * Ester benzoïque 89 52 >C(CO2Et)2 90 67 >C (Ph)2 91 57 Tableau 33 : Rendement de synthèse des précurseurs nitrés de la FDOPA 1 De ce tableau, il ressort qu’il a été possible d’introduire les différents groupements protecteurs sur le 4,5-dihydroxy-2-nitrobenzaldéhyde 83. Les substrats de marquage 87 et 88 devront à nouveau être purifiés avant d’être utilisés en radiosynthèse. 4.4.5 Utilisation des dérivés nitrés pour la radiosynthèse de le 6-[18F]fluoro-LDOPA Les nouveaux substrats de marquages nitrés dont les fonctions phénols sont protégées soit sous forme d’éthers, d’esters ou d’acétals 84, 86, 89, 90 et 91 ont été utilisés pour la radiosynthèse de la FDOPA 1 (Figure 138). 160 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 138 : Synthèse de la FDOPA 1 au départ des dérivés nitrés 84, 86, 89, 90 et 91 Les différentes étapes de la synthèse reprise ci-dessus (Figure 138) ont été réalisée séparément (marquage, réduction/halogénation, alkylation et hydrolyse) et si possible optimisée. Chaque intermédiaire réactionnel ([18F]fluorobenzaldéhyde, halogénure de [18F]fluorobenzyle, produit d’alkylation) a été identifié par HPLC et par TLC. 4.4.5.1 Radiosynthèse de la FDOPA au départ du précurseur allylique 84 Le premier précurseur testé est le 4,5-diallyloxy-2-nitrobenzaldéhyde 84. La radiosynthèse au départ de ce composé est reprise dans la figure 139. 161 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 139 : Schéma de synthèse de la FDOPA 1 au départ du dérivé nitré 84 Le marquage a été réalisé dans le DMSO à 140°C durant 20 minutes. Dans ces conditions, le rendement corrigé en 4,5-diallyloxy-2-[18F]fluorobenzaldéhyde 92 est de 28 %. Le [18F]fluorobenzaldéhyde a été converti en bromure de 4,5-diallyloxy-2[18F]fluorobenzyle 93 selon le mode opératoire explicité dans la section 4.2 consacrée à la préparation des halogénures de [18F]fluorobenzyle. Le rendement de cette étape est de 28 %. La réaction d’alkylation a été réalisée dans le toluène en présence de catalyseur par transfert de phase (bromure de tétrabutylammonium), de la base de Schiff 19 et d’hydroxyde de potassium en solution aqueuse. Après 10 minutes de réaction, le milieu brut de réaction a été analysé par HPLC (70/30 ACN/eau). Un nouveau composé possédant un temps de rétention de 13,9 minutes a été identifié comme étant le produit d’alkylation. Le dérivé bromé est encore présent dans le milieu réactionnel. Après 1h30 de réaction, il reste encore 6 % de dérivé bromé (TLC) dans le milieu réactionnel. Les rendements des différentes étapes de la synthèse réalisées au départ du précurseur 84 sont repris dans le tableau 34. 162 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Réaction Composé [18F]F- [18F]F- Marquage Réduction et halogénation 92 93 Alkylation 94 Hydrolyse 1 Rendement de l’étape (%) Rf Temps de rétention (min) 28 0,74 (DCM/EtOAc 90/10) 3,5 (ACN/H2O 70/30) 8 0,91 (DCM/EtOAc 90/10) 5,1 (ACN/H2O 70/30) Rendement global (%) 100 28 28 94 7 13,9 (ACN/H2O 70/30) Tableau 34 : Rendements radiochimiques (d.c.) des différentes étapes de synthèse de la FDOPA 1 au départ du précurseur 84 Le rendement de l’étape réduction et d’halogénation est faible (28 %). Alors que le rendement corrigé en halogénure de 4-allyloxy-2-[18F]fluorobenzyle 75 était de 73 % au départ du [18F]fluorobenzaldéhyde correspondant 74 et aucune dégradation n’était observée. (section 4.4.3.1), Actuellement, aucune raison n’a été trouvée pour expliquer le faible rendement obtenu en dérivé bromé 93. La réaction l’alkylation de la base de Schiff par le bromure de 4,5diallyloxy-2-[18F]fluorobenzyle 93 est particulièrement lente. La même constatation avait été réalisée lors des essais avec le bromure de 4-allyloxy-2-[18F]fluorobenzyle 75. Il semble que la présence des fonctions éthers allyliques en lieu et place des éthers méthyliques actuellement utilisés comme groupements protecteurs lors de la radiosynthèse des acides aminés marqués au fluor-18, est problématique pour la réaction d’alkylation par PTC. 4.4.5.2 Radiosynthèse de la FDOPA 1 au départ du précurseur 86 Un second substrat de marquage, le 4,5-di(4-méthoxybenzyloxy)-2nitrobenzaldéhyde 86 a été marqué dans le DMSO à 140°C durant 10 minutes. Dans ces conditions, le rendement corrigé en 4,5-di(4-méthoxybenzyloxy)-2-[18F]fluoro4,5-(4-méthoxybenzyloxy) benzaldéhyde 95 est de 10 % (DCM/EtOAc 90/10; Rf 95 = 0,61). Cette réaction est illustrée dans la figure 140. 163 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 140 : Radiosynthèse du dérivé bromé 96 Une tentative de conversion du fluorobenzaldéhyde 95 en halogénure de [18F]fluorobenzyle 96 a été réalisée. Lors de l’étape d’halogénation environ un tiers de l’activité présente sur la cartouche est décrochée et éluée par la solution d’acide bromhydrique concentrée. Une analyse par TLC indique que l’activité éluée possède un Rf = 0 (90/10 DCM/EtOAc). Il peut donc s’agir soit de [18F]fluorures ou de dérivé halogéné marqué au fluor-18 déprotégé. L’activité résultante présente sur la cartouche a été éluée au moyen de 3 mL de toluène. L’analyse TLC de l’éluat comporte un signal de Rf nul. Il semble que le groupement protecteur éther 4méthoxybenzylique n’ait pas résisté aux conditions de la réaction d’halogénation (HBr 48%, 5’, SPE). Suite au manque de temps, cette hypothèse n’a pas pu être confirmée 4.4.5.3 Marquage du précurseur ester benzoïque 89 Le marquage du 4,5-di(benzoyloxyméthoxy)-2-nitrobenzaldéhyde 82 a été réalisé dans différentes conditions (Figure 141). Figure 141 : Réaction de marquage du dérivé nitré 89 Un premier essai à 145°C durant 15 minutes dans le DMSO s’est avéré non concluant. Dans ce cas, le substrat de marquage 89 se dégrade lors de la réaction. Un second essai a réalisé à 120°C montre que même après 30 minutes, le produit fluoré 97 attendu n’est pas synthétisé. Le groupement ester benzoïque ne convient donc pas pour réaliser la réaction de fluoration. 4.4.5.4 Radiosynthèse au départ des précurseurs acétals 90 & 91 Le 5-formyl-6-nitrobenzo[d][1,3]dioxole-2,2-dicarboxylate d’éthyle 90 et le 6-nitro-2,2-diphenylbenzo[d][1,3]dioxole-5-carbaldehyde 91 ont également été 164 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ testés. Malgré de nombreuses tentatives, il n’a pas été possible d’obtenir le dérivé fluoré 98 (Figure 142). Figure 142 : Radiosynthèse du dérivé 98 Par contre, le 6-nitro-2,2-diphenylbenzo[d][1,3]dioxole-5-carbaldehyde 91 a pu être marqué avec un rendement corrigé de 34 % (Figure 143). Le 6-[18F]fluoro2,2-diphenylbenzo[d][1,3]dioxole-5-carbaldehyde 99 a été caractérisé par TLC (90/10 DCM/EtOAc ; Rf (99) = 0,69). Figure 143 : Préparation du bromure de [18F]fluorobenzyle 100 Malheureusement, l’aldéhyde 99 n’a pas pu être converti en halogénure de [18F]benzyle 100 (Figure 144). Le groupement protecteur s’hydrolyse avec l’acide bromhydrique concentré passé sur la cartouche. La protection par des acétals ne convient pas. 4.4.6 Groupements protecteurs résumé Dans cette section, nous nous sommes intéressés à la synthèse de substrats de marquage possédant des groupements protecteurs potentiellement plus labiles que les éthers méthyliques actuellement utilisés. Deux catégories de précurseurs ont été étudiées. Il s’agit de sels d’ammoniums quaternaires pour la FTYR 2 et de dérivés nitrés dans le cas de la FDOPA 1. Ces groupements appartiennent pour la plupart à la famille des éthers, des acétals et des esters. Ils sont repris dans le tableau 35. Les essais réalisés en radiosynthèse montrent que certains de ces précurseurs ne peuvent être marqués au fluor-18. Dans un second temps, nous avons tenté de convertir les [18F]fluorobenzaldéhyde 55, 58, 61, 84, 86 et 91 en dérivé halogéné correspondant et seul les composés 55, 58, 61 et 84 ont un réel potentiel pour la poursuite de la synthèse. Les autres ont été testés pour l’obtention des acides aminés correspondant. Malheureusement certains groupements protecteurs (86 et 91) n’étaient pas stables 165 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ dans les conditions de réactions mises en œuvre pour l’halogénation (HBr 48%, 5’, SPE). 166 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Figure 144 : Précurseurs utilisés pour la synthèse de la FDOPA 1 et de la FTYR 2 Structure du précurseur (Figure 144) Nom Ether allylique Ether isopropylique Ether benzylique Ether 4-méthoxy benzylique Ether benzyloxy méthylique (BOM) Ether cyclopentylique Ether 9-méthylanthracénique Ester benzoïque 4,5-dicarboéthoxy méthylènedioxy Diphénylbenzo[d][1,3] dioxole-5carbaldéhyde Rdt précurseur (%) Rdt marquage d.c. (%) Rendement CH2X d.c. (%) Rdt [18F]FAA d.c. (%) R1 NMe3+ NO2 NMe3+ NO2 R2 CH2CH=CH2 CH2CH=CH2 CH(CH3)2 CH(CH3)2 R3 H CH2CH=CH2 H CH(CH3)2 N° 55 84 58 85 16 86 n.d. 62 73 29 42 53 8 17 14 NMe3+ Bn H 61 23 77 59 19 NMe3 NO2 NMe3+ NO2 NMe3+ NO2 (4MeO-C6H4) (4MeO-C6H4) CH2OCH2Ph CH2OCH2Ph C5H9 C5H9 H (4MeO-C6H4) H CH2OCH2Ph H C5H9 64 86 67 87 70 88 / 70 / / / / 10 0 NMe3+ CH2-anthracene H 73 / NO2 PhC(O) PhC(O) 89 52 0 + NO2 C(CO2Et)2 90 67 0 NO2 C(Ph)2 91 57 34 Tableau 35 : Rendements de synthèse des précurseurs et résultats obtenus en radiosynthèse (d.c.) 167 0 12 4 Résultats et discussion ____________________________________________________________________ Les sels d’ammonium quaternaire porteurs des fonctions éthers 4méthoxybenzylique 86, benzyloxyméthylique (BOM) 67, cyclopentylique 70 ou 9méthyl-anthracénique 73 n’ont pas pu être obtenus car la réaction de quaternisation de l’amine tertiaire pose problème. Les dérivés nitrés porteurs des groupements éthers benzyloxyméthylique (BOM) 87 ou cyclopentylique 88 ont été obtenus mais avec un degré de pureté insuffisant que pour réaliser un marquage. L’utilisation du groupement protecteur éther allylique (55 et 84) semble ralentir la cinétique de la réaction d’alkylation. De plus, l’hydrolyse procède avec un rendement de seulement 30 % et nécessite des conditions dures (HBr 48%, 180°C 20 minutes). Ce groupement protecteur ne convient donc pas pour remplacer les groupements éthers méthyliques. Le groupement éther isopropylique 58 a été hydrolysé facilement dans des conditions douces (HCl 12M, 140°C, 5 minutes) et avec un bon rendement (76 %). Cependant, le sel d’ammonium quaternaire n’a pas pu être obtenu avec une grande pureté ce qui explique peut-être pourquoi le rendement de marquage de ce composé n’est que de 42 %. Des essais complémentaires au départ du précurseur nitré 85, plus facilement accessible, devraient être réalisés pour confirmer ces résultats. Le groupement éther benzylique 61 ne convient pas car le rendement de l’hydrolyse est au maximum de 35 % lorsque celle-ci est réalisée à 180°C en présence de HBr 48% durant 20 minutes. Pour cette raison, le groupement éther 4méthoxybenzylique (64 & 86) plus aisé à hydrolyser a été testé. Malheureusement, ce groupement protecteur n’est pas stable lors de la conversion du 2-[18F]fluoro-4,5di(4-méthoxybenzyloxy)benzaldéhyde 95 en l’halogénure de [18F]fluorobenzyle 96. Parmi les différents précurseurs envisagés dans cette section, celui dont la fonction phénol est protégée sous forme d’éther isopropylique semble le plus adapté aux conditions de la radiosynthèse de la FTYR 2. De plus, ce groupement protecteur est éliminé dans des conditions plus douces (HCl 12M, 140°C, 5’) que celles actuellement utilisées pour l’hydrolyse du groupement éther méthylique. Ce résultat devra être confirmé lors de la radiosynthèse de la FDOPA 1. 168