Les effets des stratégies comportementales
Sur le plan des actes (effet comportemental), on constate qu'un individu peut adopter en toute liberté
des comportements nouveaux allant dans le même sens après avoir réalisé ceux que l'expérimentateur
(ou le «formateur») lui a extorqués. Sur le plan des idées (effet cognitif), ces comportements sont
susceptibles d'engendrer des modifications sur les croyances et les opinions de celui qui les a réalisés.
On imagine facilement tout le profit que les sectes peuvent tirer de ces mécanismes psychologiques,
principalement au plan de l'auto-persuasion !...
Théorie de l'engagement
Cette théorie a été présentée par C.A. Kiesler de l'université du Kansas en 1971. Elle repose sur la
notion de «persévération» d'une décision. L'engagement, c'est le lien qui existe entre un individu et
ses actes. C'est un phénomène «d'adhérence» de l'acte à celui qui l'émet. Seuls nos actes nous engagent
et seules les décisions s'accompagnant d'un sentiment de liberté donnent lieu à des effets de
persévération, conséquence de l' «engagement». On peut moduler les degrés de l'engagement en
jouant sur certains facteurs :
le sentiment de liberté qui est associé à l'acte,
les justifications fournies par l'environnement sous forme de menace ou de
récompense. (Il va de soi qu'aux plus fortes menaces ou récompenses sont associés les
plus faibles degrés d'engagement),
le caractère privé ou public de l'acte,
la répétition du même acte,
le sentiment de l'individu qu'il peut ou ne peut pas revenir sur le comportement qu'il
est sur le point d'émettre,
le caractère plus ou moins coûteux de l'acte.
« Être engagé » s'oppose à « s'engager ». Ce n'est jamais l'individu qui s'engage de lui-même dans un
acte mais c'est bien l'expérimentateur (ou le «formateur») qui, en manipulant les circonstances dans
lesquelles l'acte va être accompli, engage ou n'engage pas l'individu dans l'acte qu'il réalise. De même,
« être engagé dans un acte » s'oppose à « s'engager dans une cause ».
Une soumission librement consentie
Les expériences rapportées dans cette étude autorisent à conclure que « l'on peut obtenir d'autrui qu'il
se comporte comme on le souhaite, sans avoir recours à l'autorité, aux pressions, ni même à la
persuasion. On peut donc exercer une telle influence sur autrui sans que celui-ci ait à mettre en doute
cette liberté qu'il a appris à considérer comme l'un de ses attributs essentiels ». L'individu « engagé »
est un individu libre ou qui se sent libre. C'est la raison pour laquelle Joule et Beauvois ont proposé
pour désigner ce phénomène le concept paradoxal de « soumission librement consentie ». Ces
expériences de psychologie sociale et les théories qui en découlent bouleversent les schémas
traditionnels qui donnent la primauté au cognitivisme (à la persuasion) pour modifier avec succès les
comportements des individus. Et pourtant, depuis longtemps déjà, la sagesse populaire nous en avait
averti : il y a risque à « mettre le doigt dans l'engrenage » !...
Comment influencer réellement nos collaborateurs ?
Vous avez besoin d'un franc pour téléphoner. Vous sollicitez 10 personnes dans la rue.
Statistiquement, une seule vous donnera un franc. Pour être plus efficace, arrêtez les mêmes 10
personnes en leur demandant l'heure. Toutes vous la donneront. Et dans la foulée, demandez-leur
votre pièce d’un franc. L'expérience montre que 4 d'entre elles vous donneront satisfaction ! ... La
différence entre les deux tactiques saute aux yeux. Chacun de nous peut faire des hypothèses
explicatives sur ces résultats aussi spectaculaires. Les auteurs du livre qui décrit ces expériences en
émettent une, qu'ils nomment "escalade d'engagement" (un petit engagement qui coûte peu en