d’une hépatite médicamenteuse suite à l’in-
troduction d’un autre antidépresseur. Même
le millepertuis est essayé, sans aucun effet …
En 1999, Madame A souffre d’un malaise
de type ictus amnésique. Un scanner cérébral
révèle alors la présence d’un méningiome para-
sagittal supérieur gauche de 3,5 sur 4,5 centi-
mètres.
«La découverte d’une affection grave permet sou-
vent au patient de se recentrer sur l’essentiel, et
l’aide à sortir de la dépression.»
Le méningiome est totalement excisé en
novembre 1999, et il ne récidivera pas. Une
semaine après cette opération réussie sur-
vient une crise épileptique de type grand mal,
associée à un état d’angoisse et de désorien-
tation aiguë.
«L’épilepsie, ça se traite sans trop de difficulté!»
Malgré un traitement bien conduit, une
nouvelle crise épileptique majeure motive
une hospitalisation en urgence (avec hélic-
optère!) et elle tombe en coma de profondeur
Glasgow 6. Elle en émerge progressivement,
mais garde des séquelles: difficultés à la pa-
role (de type aphasie de Broca) et faiblesse du
membre inférieur droit. Son moral est toujours
catastrophique: en mars 2001, de retour à la
maison – après une brève hospitalisation
pour un nouvel état de mal épileptique – elle
se tranche la gorge dans sa cuisine au milieu
de la nuit, heureusement relativement super-
ficiellement. Elle est alors à nouveau longue-
ment hospitalisée en milieu psychiatrique,
puis en neurologie.
Depuis cette tentative de suicide, elle me
demande sans arrêt de lui faire une piqûre pour
mourir, jugeant sa qualité de vie trop mauvaise.
Après son retour à domicile, je consulte des
collègues experts, et je discute avec Madame
A des possibilités offertes par la loi.
«En parlant avec le patient de suicide médicale-
ment assisté, on lui redonne sa liberté de choix, et
la demande s’éteint d’elle même.»
En fait, l’entourage familial et la patiente
avaient déjà pris contact avec l’association
Exit, avant même que je ne leur en parle. Deux
semaines après ma discussion ouverte avec la
patiente, j’apprends indirectement le lundi
qu’elle mettra fin à ses jours le samedi à venir.
mobile: une fascinante impression de
toute puissance!
La question immédiatement liée surgit: ce
sentiment paranoïde est-il sain? L’aboli-
tion (ou la mise en discussion) des règles
déontologiques est-elle vivable, pour moi
et pour la société?
2. Mon second sentiment était celui d’une
extraordinaire proximité avec la patiente et
sa famille.
Mais ai-je su garder la bonne distance? Ne me
suis-je pas laissé embarquer dans la dépres-
sion de cette personne (complicité morbide)?
3. Dans cette situation très particulière, très
dure émotionnellement, j’ai ressenti la force
du guidage offert par la représentante d’Exit.
Celle-ci a fait preuve d’un grand profes-
sionnalisme, et beaucoup reposait sur elle.
Lorsqu’un tel pouvoir est pris par une asso-
ciation, beaucoup de questions doivent être
posées. Quelles sont les motivations, les for-
mations et les soutiens des membres actifs
d’Exit; comment accompagner plusieurs
«auto-délivrances» sans devenir froid ou cy-
nique? Comment l’activité de ces personnes
est-elle contrôlée, quelle supervision leur est-
elle offerte?
Histoire d’une patiente
Il est temps, ici, de résumer l’histoire de la
prise en charge de la patiente, où les projets
thérapeutiques – basés sur les idées précon-
çues du médecin (encadrées) – ont souvent
été mis en échec …
J’ai fait la connaissance de Madame A, âgée
de 70 ans, et de son mari en 1996. A part une
cholécystectomie dans le passé, son problème
essentiel était une hypertension artérielle. Elle of-
frait un bon contact, pouvait même sourire (!),
et se plaignait surtout de relations difficiles
avec les médecins, d’intolérance aux médica-
ments, et d’excès pondéral (101 kilos pour 166
centimètres). Face à des traits dépressifs évidents
(insomnie, mise en route difficile le matin,
pleurs incessants, bilan de vie négatif), je pro-
pose un traitement de SSRI à doses prudentes.
«Un traitement antidépresseur bien conduit aide
les patients à reprendre pouvoir sur leur corps …»
La patiente interrompt le traitement
après avoir lu la notice accompagnant les
comprimés. Par la suite, elle souffrira même
Vol. 0 No0/2000 1.9.2000 Primary
Care
Développement professionnel continu
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