FICHE D’INFORMATION DE L’ACPM ACTION EN POUR DES SOINS SÉCURITAIRES Psychiatrie ― Les patients à risque de suicide Il apparaît à la lumière de plusieurs enquêtes sur le sujet que plus de la moitié des psychiatres a vécu le décès par suicide d’un patient.1 Bien qu’il soit souvent impossible de prédire la survenue d’un suicide, les psychiatres peuvent prendre certaines mesures pour fournir les meilleurs soins possible aux patients à risque. CONSIDÉREZ CE QUI SUIT ... Une femme dans la cinquantaine se présente à l’urgence, car elle craint de se faire du mal. La patiente passe la nuit à l’urgence en raison de l’absence de lit disponible dans le service de psychiatrie où l’urgentologue aurait souhaité l’hospitaliser. Il remplit une demande d’évaluation psychiatrique (au Québec – garde provisoire). Le lendemain matin, le psychiatre de garde effectue l’évaluation. La patiente semble calme et demande son congé. Elle affirme prévoir prendre quelques jours de congé pour se reposer et rendre visite à de la famille. Le psychiatre estime que la patiente ne représente pas une menace pour elle-même et lui accorde son congé après lui avoir fait promettre de faire un suivi avec son médecin de famille et de retourner à l’urgence si elle a de nouveau des pensées suicidaires. La patiente se suicide le lendemain, ce qui conduit la famille à déposer une plainte auprès du Collège, alléguant que le psychiatre a donné le congé prématurément et n’a pas communiqué avec la famille pour obtenir des informations collatérales sur les antécédents de la patiente et les aviser du congé. Un expert est préoccupé par les divergences entre le dossier de la patiente correspondant à son séjour à l’urgence et la description du psychiatre. Ainsi, des notes consignées la veille dans le dossier indiquent que la patiente présente une idéation persécutoire et des hallucinations qui ne sont plus manifestes lorsque le psychiatre l’évalue le lendemain. L’expert affirme que le risque aurait été mieux évalué s’il y avait eu une demande de renseignements sur l’état de la patiente auprès de la famille ou encore une investigation sur les divergences entre le dossier à l’admission et l’évaluation psychiatrique. Ceci n’a toutefois pas constitué une violation de la norme de pratique dans ce cas. Le Collège a conseillé au psychiatre de recueillir des informations collatérales dans ce type de cas. QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE POUR LES MEMBRES DE L’ACPM? Le suicide est bouleversant pour tous les proches du patient, y compris les professionnels de la santé qui se sont occupés de lui. Il s’agit également de l’une des situations cliniques conduisant le plus souvent à un problème médico-légal mettant en cause un psychiatre. Il est donc essentiel de documenter toute rencontre avec un patient de manière exhaustive. FAIT Le SUICIDE est l’une des principales causes de décès chez les hommes et les femmes au Canada.2 FAIT 10% des dossiers de l’ACPM représentant des poursuites en jusce et des plaintes déposées auprès d’un organisme de réglementaon de la médecine (Collège) et meant en cause un psychiatre sont liés au suicide d’un paent. FAIT Une ÉVALUATION INSUFFISANTE DU RISQUE de suicide est à l’origine de la plupart des plaintes. FAIT On constate des antécédents documentés d’actes autodestructeurs ou de tentave de suicide chez PRÈS D’UN TIERS des paents dans les dossiers de l’ACPM portant sur le suicide. 1 no n o 2 n o n 3 4 o Exemples de problèmes récurrents dans les dossiers liés au suicide d’un patient : • ne pas recueillir d’informations collatérales lorsque cela est nécessaire; • ne pas effectuer d’évaluation appropriée du risque ou ne pas documenter cette évaluation; • ne pas évaluer l’état émotionnel du patient; • problèmes de communication entre les professionnels de la santé; • supervision inadéquate; • protocoles de sécurité de l’hôpital ou de l’établissement inadéquats; • milieu non sécuritaire sur le plan physique. Suite A14-004-F © CMPA 2014 Suite EN ACTION POUR DES SOINS SÉCURITAIRES Psychiatrie – Les patients à risque de suicide AIDE-MÉMOIRE POUR RÉDUIRE LES RISQUES Il est largement reconnu qu’on ne peut prédire qu’une personne se suicidera et que des soins appropriés peuvent ne pas empêcher une issue malheureuse. Les éléments suivants peuvent aider les médecins à gérer les risques : 1. Réaliser une évaluation complète du risque de suicide d’un patient sur la base de tous les renseignements accessibles; 2. Envisager de demander des informations collatérales de la part de la famille du patient, le cas échéant et si cela est autorisé par la loi sur la protection des renseignements personnels; 3. S’assurer que la documentation reflète l’évaluation de l’état du patient, y compris le risque de suicide, et qu’elle étaye le diagnostic et le plan de traitement; 4. Au moment de rétablir les privilèges d’un patient, d’adapter ses médicaments ou de lui accorder son congé, documenter les décisions dans le dossier du patient. APPRENEZ-EN DAVANTAGE EN ACCÉDANT AUX RESSOURCES SUIVANTES Articles • Tout un état d’esprit : les risques en psychiatrie • La prévisibilité : qu’attend-on d’un médecin? • Les interactions des médecins avec les services policiers 1. Ruskin R, Sakinofsky I, Bagby RM, Dickens S, Sousa G. « Impact of patient suicide on psychiatrists and psychiatric trainees », Academic Psychiatry (2004), vol. 28, p. 104-10. 2. Statistique Canada. Principales causes de décès, selon le sexe (Les deux sexes), janvier 2014. Consulté le 20 mars 2014 à l’adresse : http://www.statcan.gc.ca/tables-tableaux/sum-som/ l02/cst01/hlth36a-fra.htm Tél. : 613-725-2000, 1-800-267-6522 cmpa-acpm.ca AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ : Les renseignements publiés dans le présent document sont destinés uniquement à des fins éducatives. 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