Sociologie – TD de F. Robertson Résumés II Karl Marx & Friedrich Engels, L’idéologie allemande Une classe qui exerce une domination matérielle sur l’ensemble de la société exerce aussi une domination d’ordre spirituel, par les idées qu’elle forme et qui représentent toujours sa propre domination. Quant à ceux de ses membres dont la tâche est spécifiquement spirituelle, ils peuvent élaborer des idées qui apparaissent contraires aux intérêts objectifs de cette classe, mais ont tôt fait de s’y conformer en cas de crise grave. Les idées de la classe dominante deviennent de plus en plus abstraites et universelles à mesure que l’histoire avance. Il s’agit en effet de faire en sorte que ses idées particulières représentent autant que possible l’intérêt du plus grand nombre, ainsi quand une classe doit s’allier à d’autres classes dominées pour conquérir le pouvoir. Cependant, le caractère véritablement universel de ces idées est une illusion, qui ne cessera que quand les conditions objectives de domination disparaîtront. En fait, toute l’interprétation idéaliste de l’histoire est une tromperie qui se constitue de trois manières : 1° en séparant les idées de leurs conditions réelles de fabrication ; 2° en associant ces idées abstraites sur un plan idéal ; 3° en en faisant des « personnes » capables de faire l’histoire et que les penseurs ont pour tâche de représenter ici-bas. Pour autant, entre les idées que les hommes se font sur eux-mêmes et ce qu’ils sont effectivement, il y a toute une distance que le bon sens connaît mais que les idéologues et autres intellectuels ignorent. Pour défaire ce type d’ignorance, il convient d’expliquer les idées des uns et des autres par leur position sociale matérielle. Emile Durkheim, Le suicide Le « suicide » a une signification ordinaire confuse, qui ne répond pas comme telle aux exigences d’une définition scientifique rigoureuse, laquelle doit aider à produire des comparaisons et des explications. Si l’on veut étudier le suicide, il faut donc se doter d’une définition aussi précise que possible. Le suicide est une mort, mais une mort particulière, dans la mesure où la victime et l’auteur sont identiques ; que l’individu se donne la mort de façon active ou passive, directement ou indirectement, ne change d’ailleurs rien à l’affaire. Reste à savoir si on peut confondre tous les actes par lesquels une personne peut se donner la mort elle-même ; en effet, certains se tuent sans pour autant chercher cet effet. Le problème, c’est que l’intention et la fin des actes humains sont souvent insondables. Le seul critère encore satisfaisant est celui de la connaissance de l’effet de son action par l’individu lui-même, quelles que soient les raisons qui y président. Ainsi peut-on présenter une définition du suicide qui, d’une part, le sépare d’autres phénomènes qui peuvent apparaître comme des suicides mais n’en sont pas, les « suicides d’animaux » par exemple, et qui, d’autre part, le rapproche d’autres phénomènes à la signification morale voisine, quand par exemple des hommes mettent leur vie en danger sans que cela prenne la forme exagérée du suicide. Puisque le suicide est un acte de l’individu sur lui-même, on peut se demander s’il n’appartient pas plutôt à la psychologie d’en faire l’étude. En fait, la sociologie ne peut en faire son objet que si le suicide possède une réalité en soi irréductible aux faits individuels ; or il apparaît que le taux de suicide a une régularité telle, en dehors des périodes trop mouvementées, qu’il laisse apparaître un véritable fait social. C’est donc à la sociologie qu’il appartient d’étudier ce phénomène dans sa généralité, et c’est d’elle aussi dont on peut attendre qu’elle nous donne les moyens d’agir sur les causes du suicide.