´Eléments finis pour le remplissage `a haut nombre de Reynolds

19 `
eme Congr`
es Franc¸ais de M´
ecanique Marseille, 24-28 aoˆ
ut 2009
´
El´
ements finis pour le remplissage `
a haut nombre de Reynolds
G. FRANC¸OISa, E. HACHEMa, T. COUPEZa
a. Center for Material Forming (CEMEF), MINES ParisTech - CNRS UMR 7635
Rue Claude Daunesse - BP 207
06 904 Sophia Antipolis cedex - France
R´
esum´
e :
Afin de simuler la fonderie de pi`
eces de grandes dimensions (au del`
a du m`
etre), nous employons une m´
ethode ´
el´
ements
finis stabilis´
ee coupl´
ee avec une approche monolithique pour la r´
esolution de l’´
ecoulement. L´
evolution des interfaces
est repr´
esent´
ee par une m´
ethode LevelSet locale `
a r´
einitialisation convective. Le caract`
ere turbulent est pris en compte
par un mod`
ele LES dynamique de Germano. Enfin, apr`
es avoir compar´
e nos r´
esultats `
a diff´
erents cas de r´
ef´
erence, nous
r´
ealisons notre propre maquette exp´
erimentale.
Abstract :
In order to simulate the casting of large specimens (over one meter), a stabilized monolithic finite element formulation is
used for flow resolution. The evolution of the interfaces is obtained by a local LevelSet method with convective reinitiali-
sation. Turbulent behavior is taken into account by a Germano dynamic LES model. Finally, our method is validated by
comparing simulation results to several reference cases, and to our own experimental data.
Mots clefs : Level-Set, approche monolithique, Large Eddy Simulations (LES)
1 Introduction
La simulation du remplissage `
a grand Reynolds, trouvant de nombreuses applications telles que le compor-
tement de vagues ou encore la simulation de proc´
ed´
es industriels (fonderie, trempe,. . .), met en jeu plusieurs
outils num´
eriques. Le couplage entre la turbulence et le calcul multiphasique est en effet un enjeu important
pour la mod´
elisation de tels proc´
ed´
es.
Afin de d´
ecrire de mani`
ere pr´
ecise l’interface, nous avons choisi une m´
ethode Level-Set locale `
a r´
einitialisation
convective [1, 2], permettant le transport de la fonction sans la d´
egrader. Cette m´
ethode r´
eduit le coˆ
ut de calcul
et permet de s’affranchir des pas de r´
einitialisation.
Une m´
ethode de turbulence dite ”Large Eddy Simulation” (LES), bas´
ee sur un filtrage g´
eom´
etrique des va-
riables, est utilis´
ee pour simuler l’´
ecoulement. La viscosit´
e turbulente sera calcul´
ee explicitement en fonction
des r´
esultats `
a l’incr´
ement pr´
ec´
edent. Cependant, il convient de reformuler les ´
equations de Navier-Stokes
filtr´
ees lorsque plusieurs fluides sont en pr´
esence [3] (par ex. air/eau).
Apr`
es avoir pos´
e les diff´
erentes ´
equations du probl`
eme, nous allons appliquer cette m´
ethode `
a un cas de
r´
ef´
erence, mais ´
egalement `
a notre propre maquette exp´
erimentale.
2´
Equations du probl`
eme
Les ´
equations de Navier Stokes pour l’´
ecoulement de fluides visqueux incompressibles sont les suivantes :
ρu
t +ρu∇ · u+p− ∇ · (2ηS) = f
∇ · u= 0
(1)
o`
uρ,u,p,η,Set fsont respectivement la masse volumique, la vitesse, la viscosit´
e dynamique, le tenseur des
taux de d´
eformation et les forces volumiques.
Dans notre approche monolithique, les donn´
ees physiques que sont la masse volumique et la viscosit´
e d´
ependent
d’une fonction de phase αvariable en temps et en espace. Pour un ´
ecoulement diphasique, on m´
elange les pro-
1
19 `
eme Congr`
es Franc¸ais de M´
ecanique Marseille, 24-28 aoˆ
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pri´
et´
es de la fac¸on suivante :
ρ=H(α)ρ1+ (1 H(α))ρ2
η=H(α)η1+ (1 H(α))η2
(2)
H(α) = ½1dans le fluide 1
0dans le fluide 2 (3)
Compte tenu de la non co¨
ıncidence de l’interface avec le maillage, la fonction Heaviside H(α)prend des
valeurs interm´
ediaires pr`
es de l’interface. Afin de respecter le haut niveau de perturbation de l’interface, nous
ne m´
elangeons que les ´
el´
ements travers´
es par une loi constante par ´
el´
ement, ainsi dans chaque ´
el´
ement Kde
volume |K|, on a :
H(α) = |1K|
|K|(4)
2.1 Capture d’interface
La m´
ethode de capture d’interface choisie est une m´
ethode level-set am´
elior´
ee, introduite en [1, 2]. On mo-
difie la fonction transport´
ee par une fonction trigonom´
etrique locale de la distance `
a l’interface. L´
equation
de transport est combin´
ee `
a l’´
equation de r´
einitialisation, par la m´
ethode dite de ”r´
einitialisation convective”.
L´
equation modifi´
ee sera la suivante :
α
t +u.α+λs Ã|∇α| − r1³π
2Eα´2!= 0
α(t= 0, x) = α0(x)
(5)
o`
usest le signe de la fonction α, et λune constante d´
ependant de la discr´
etisation spatiale et temporelle,
typiquement λ=h/t.
Cette nouvelle approche permet de r´
eduire le temps de calcul tout en s’affranchissant des pas de r´
einitialisation.
L´
equation de transport, tout comme l’´
equation de Navier-Stokes est r´
esolue par une approche ´
el´
ements finis
stabilis´
ee. Ces solveurs sont d´
ej`
a impl´
ement´
es dans notre code parall´
elisable CIMlib. Ces m´
ethodes s’av`
erent
ˆ
etre stables et ne g´
en`
erent pas d’oscillations num´
eriques.
2.2 Tension de surface
La formulation du terme de tension de surface est la suivante :
FT S =σκnΓ(6)
o`
uσest une constante d´
ependant des fluides consid´
er´
es, κest la courbure d’interface et nΓest la normale `
a
l’interface.
Comme il a ´
et´
e d´
emontr´
e en [4], la courbure d’interface peut ˆ
etre calcul´
ee directement `
a partir de la normale `
a
l’aide d’une divergence volumique :
κ=−∇ · n(7)
avec nd´
efini comme un terme volumique, tel que n(MΓ) = nΓ.
`
A partir de la fonction level-set, nous pouvons la d´
efinir de la mani`
ere suivante :
n=α
|∇α|(8)
Cependant, pour une repr´
esentation lin´
eaire de la fonction level-set, on obtient une interpolation de la normale
constante par ´
el´
ement, soit une courbure nulle. Il reste n´
ecessaire de projeter la formulation de la normale dans
l’espace des fonctions continues et lin´
eaires par ´
el´
ement.
Le mod`
ele ”Continuum Surface Force” introduit en [5] nous permet maintenant de transformer ce terme sur-
facique en terme volumique. La m´
ethode consiste `
a multiplier la force de tension de surface par une fonction
dirac approch´
ee et liss´
ee δE
Γ(α). Le nouveau terme `
a int´
egrer dans l’´
equation de Navier-Stokes s’exprime de la
mani`
ere suivante :
fT S (α) = σ∇ · (α)αE
Γ(α)(9)
2
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Une approximation trigonom´
etrique de la fonction dirac a ´
et´
e impl´
ement´
ee :
δE
Γ(α) =
0si |α|> E
1
2Eh1 + cos ³πα
2E´i si |α|< E (10)
E, la demi ´
epaisseur, d´
ependant de la taille de maille, typiquement E= 2h.
2.3 Calcul de turbulence
2.3.1 ´
Equations filtr´
ees
La m´
ethode LES sera utilis´
ee pour le calcul de la viscosit´
e turbulente. Cette m´
ethode, bas´
ee sur un filtrage
spatial des variables, sert `
a r´
esoudre les grandes ´
echelles de l’´
ecoulement et `
a mod´
eliser les petites ´
echelles.
L’effet de la turbulence sera repr´
esent´
e par une viscosit´
e tubulente, calcul´
ee de mani`
ere explicite.
Comme d´
emontr´
e dans [3], l’´
equation de l’´
ecoulement multi-fluide filtr´
ee s’´
ecrit de la mani`
ere suivante :
∇ · ˜
u=σ0
¯ρ˜
u
t +∇ · (¯ρ˜
u˜
u) + ∇ · (2¯µ¯
ε+ ¯p1l)¯ρg¯σ¯κ¯
nΓδ=
3
X
i=0
τi
(11)
o`
u l’op´
erateur ·repr´
esente le filtrage spatial et l’op´
erateur ˜
·le filtrage pond´
er´
e par le par la masse volumique,
soit ˜
Φ = ρΦ/¯ρ.
τ0=ρu
t + ¯ρ˜
u
t (12)
τ1=−∇ · (ρuu¯ρ˜
u˜
u)(13)
τ2=−∇ · (µε(u)¯µε(¯
u)) (14)
τ3=σκnΓδσ¯κ¯
nΓδ(15)
De nouveaux termes τiet σ0, dus `
a la pr´
esence d’un ´
ecoulement multifluides turbulent, apparaissent dans les
´
equations. Ces termes τ0,τ1,τ2,τ3sont li´
es respectivement `
a l’acc´
el´
eration, `
a l’inertie, `
a la viscosit´
e, puis
au terme surfacique. Comme observ´
e dans [3, 6], les termes τ0et τ2sont n´
egligeables. Le terme σ0li´
e`
a
la compressibilit´
e reste relativement petit, nous le consid`
ererons dans un premier temps n´
egligeable, mais il
faudra par la suite le traiter par un calcul de compressibilit´
e. Le terme τ1sera mod´
elis´
e pour introduire une
viscosit´
e turbulente [7], comme nous allons voir dans le prochain paragraphe. L’ordre de grandeur du terme
τ3, li´
e`
a la tension de surface, varie quant `
a lui d’une configuration `
a une autre, il est donc `
a traiter au cas par cas.
2.3.2 Calcul de la viscosit´
e turbulente
Le mod`
ele de Smagorinsky [7] consiste `
a mod´
eliser le terme τ1par un tenseur de contrainte visqueuse (soit
τ1= 2ηt∇ · ¯
ε). Pour un calcul monofluide, la viscosit´
e turbulente ηtpeut ˆ
etre d´
ecrite par le mod`
ele statique
suivant :
ηt= (CS∆)2¯¯¯
S¯¯(16)
o`
u¯¯¯
S¯¯=q2¯
Sij ¯
Sij ,est la longueur de coupure du filtre, soit la taille de maille h,CSest la constante de
Smagorinsky g´
en´
eralement fix´
ee entre 0.1et 0.2. La valeur de CSest une constante empirique, mais dont la
valeur th´
eorique varie d’un ´
ecoulement `
a un autre [8].
Afin d’approcher la valeur de la constante CS, [9] introduit un mod`
ele de Smagorinsky dynamique. La proc´
edure
se base sur l’utilisation d’un deuxi`
eme filtre, de longueur de coupure sup´
erieure au premier. La corr´
elation entre
les variables calcul´
ees `
a l’´
echelle du maillage et leur valeur filtr´
ee permet de d´
eterminer localement la valeur
de CS. Cette proc´
edure permet un calcul plus pr´
ecis de la viscosit´
e turbulente, ainsi qu’une dissipation limit´
ee.
Soient ¯.et b.les filtres de premier et second ordre ( b
>¯
). [9] montre que l’on peut calculer deux tenseurs L
et Mtels que :
L=C2
SM(17)
avec :
L=\
¯
u¯
ub
¯
ub
¯
u(18)
M=¯
2\
¡¯¯¯
S¯¯¯
S¢b
2¯¯¯b¯
S¯¯¯b¯
S(19)
3
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es Franc¸ais de M´
ecanique Marseille, 24-28 aoˆ
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Comme d´
emontr´
e dans [10], on peut extrapoler cette relation au cas multi-fluide en remplac¸ant le filtrageb·par
un filtrage pond´
er´
e par la masse volumique :
L=
\
¯ρ˜
u˜
u
b¯ρc
¯ρ˜
u
b¯ρc
¯ρ˜
u
b¯ρ(20)
M=¯
2\
¡¯ρ¯¯¯
S¯¯¯
S¢
b¯ρb
2¯¯¯b¯
S¯¯¯b¯
S(21)
Cette nouvelle formulation permet de favoriser la turbulence du liquide le plus lourd dans les zones de m´
elange.
La contrainte CSsera finalement calcul´
ee comme dans [11] par une m´
ethode des moindres carr´
es :
C2
S=L:M
M:M(22)
3 Applications num´
eriques
3.1 Instabilit´
e de Rayleigh-Taylor
Afin de valider notre approche, on s’est dans un premier temps int´
eress´
e au cas de l’instabilit´
e de Rayleigh-
Taylor, dont l’approche analytique est d´
ecrite dans [12]. Lorsqu’un fluide est support´
e par un fluide plus l´
eger,
une instabilit´
e de Rayleigh-Taylor apparaˆ
ıt. Pour une perturbation de longueur d’onde K, l’´
evolution de l’in-
terface pour de petites amplitudes suit la loi suivante :
yΓ(x) = Cent cos µ2π
Kx(23)
le coefficient de croissance nprend la valeur suivante lorsque les deux fluides ont une viscosit´
e nulle :
n2=Kg ·AK2σ
g(ρ1+ρ2)¸(24)
avec Cune constante d´
ependant de la perturbation initiale, ρ1la masse volumique du fluide lourd, ρ2la masse
volumique du fluide l´
eger, g la gravit´
e, et A=ρ1ρ2
ρ1+ρ2.
Le domaine consid´
er´
e est un rectangle de largeur 2πet de hauteur 6π, la perturbation est initi´
ee avec une
vitesse de 0.005m.s1. Ainsi que montr´
e dans [3], le terme turbulent τ3li´
e`
a la tension de surface peut ˆ
etre
n´
eglig´
e. La figure 1 montre l’´
evolution de la surface `
at= 10spour diff´
erentes valeurs de la tension de surface.
(a) σ=
0.1N m1
(b) σ=
0.3N m1
(c) σ=
0.45N m1
(d) σ=
0.7N m1
FIGURE 1 – Instabilit´
e de Rayleigh Taylor, t=10s
Dans la figure 2, l’´
evolution de l’amplitude de l’instabilit´
e en fonction du temps est repr´
esent´
ee. On note une
bonne corr´
elation entre les r´
esultats analytiques et les r´
esultats num´
eriques tant que l’amplitude reste petite,
l’´
evolution se fait ensuite plus lente lorsque l’hypoth`
ese des petites amplitudes n’est plus valable.
3.2 Bacs communicants
Pour se rapprocher d’un cas de remplissage en fonderie, nous avons mis en place une premi`
ere maquette simple
d’´
ecoulement d’eau. Cette maquette, repr´
esent´
ee figure 3 est constitu´
ee de deux r´
eservoirs communicants, le
4
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eme Congr`
es Franc¸ais de M´
ecanique Marseille, 24-28 aoˆ
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FIGURE 2 – Amplitude de l’instabilit´
e de Rayleigh-Taylor en fonction du temps
premier (bac A), plac´
e en hauteur par rapport au second (bac B), est rempli d’eau alors que le second ne
contient que de l’air. L’exp´
erience d´
ebute lorsque l’on ouvre le canal entre les deux cˆ
ot´
es.
Nous r´
ealisons une simulation sur un maillage `
a 1 million d’´
el´
ements. La figure 4 compare les r´
esultats
exp´
erimentaux aux r´
esultats num´
eriques. On note la bonne corr´
elation entre les deux mod`
eles, bien que l’on
puisse observer entre autres une remont´
ee d’eau plus grande pour le cas num´
erique `
at= 0.58s. Cette ´
ecart
pourrait ˆ
etre expliquer par la perturbation caus´
ee par l’ouverture de la vanne. La bonne correspondance entre
les r´
esultats permet cependant de valider la robustesse de notre calcul.
FIGURE 3 – Maquette exp´
erimentale
4 Conclusions et perspectives
Dans ce papier, nous avons d´
evelopp´
e une m´
ethode de calcul d’´
ecoulement multifluides turbulent. L’approche
monolithique, coupl´
ee `
a une m´
ethode Level-Set permet de prendre en compte plusieurs fluides. Cela revient
`
a r´
esoudre la mˆ
eme ´
equation de l’´
ecoulement dans tout le domaine, mais avec des propri´
et´
es m´
ecaniques
diff´
erentes (viscosit´
e et masse volumique). La m´
ethode Level-Set am´
elior´
ee permet quant `
a elle le transport
des interfaces avec un coˆ
ut de calcul minimis´
e sans arrˆ
et pour r´
einitialisation. Enfin, un mod`
ele de couplage
multifluide-LES a ´
et´
e propos´
e.
La comparaison au cas de l’instabilit´
e de Rayleigh-Taylor a permis de valider la justesse de notre calcul. Les
capacit´
es de la m´
ethode ont ´
egalement ´
et´
e test´
ees pour le cas plus complexe des bacs communicants. Le com-
portement des fluides a ´
et´
e reproduit avec fid´
elit´
e tout au long du calcul.
Afin d’am´
eliorer la mod´
elisation, et de d´
ecrire correctement le comportement des bulles d’air cr´
e´
ees lors de
l’´
ecoulement (figure 4(c)), une prochaine ´
etape serait de prendre en compte les diff´
erents termes turbulents
n´
eglig´
es dans l’´
equation (11), notamment le terme τ3, li´
e`
a la tension de surface.
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