crise financière mondiale.
Deuxième facteur, après une période d'alignement, la politique monétaire de ces trois
grandes économies d'importance systémique divergent, ce qui fait que les différents
pays, au lieu de suivre une trajectoire économique identique, chacun à son rythme,
suivraient des trajectoires variées. Alors que la Réserve fédérale américaine a mis fin le
mois dernier à sa politique de relâchement monétaire (QE, quantitative easing)
consistant à acheter massivement des titres, la Banque du Japon et la Banque centrale
européenne (BCE) ont annoncé récemment le renforcement de leur programme de
stimulation monétaire. Mario Draghi, le président de la BCE, a même affiché sa volonté
d'élargir le bilan de l'institution d'un montant considérable, 1.000 milliards d'euros.
Une "guerre des devises"
Les taux d'intérêt américains à la hausse attirant de nouveaux capitaux et poussant
le dollar toujours plus haut, sa réévaluation paraît être le remède adéquat pour catalyser
un rééquilibrage mondial attendu de longue date qui favorise la croissance et limite le
risque de déflation en Europe et au Japon. Plus spécifiquement, un dollar plus cher
améliore la compétitivité des entreprises européennes et japonaises aux USA et ailleurs,
tout en diminuant la pression déflationniste structurelle sur les économies à la traîne en
suscitant une hausse du prix des importations.
Néanmoins, tant pour des raisons économiques que financières, il n'est pas sûr que la
hausse du dollar aura des effets positifs. L'économie américaine est plus résiliente et plus
flexible que celle des autres pays développés, mais pas encore assez robuste pour
s'ajuster en douceur à une variation significative de la demande extérieure. Au vu de la
politique monétaire de la BCE et de la Banque du Japon, le Congrès américain pourrait
considérer une telle variation comme une "guerre des devises" méritant des représailles
politiques.
Par ailleurs, la variation soudaine d'une devise importante favorise l' instabilité des
marchés financiers. Il est vrai que ce risque était plus élevé lorsqu'un plus grand
nombre de pays émergents avaient lié leur devise au dollar, car une variation d'une
certaine amplitude de la valeur du dollar pouvait affaiblir leur balance de paiements et
éroder leurs réserves en devises étrangères, mettant à mal leur solvabilité. Aujourd'hui,
beaucoup de ces pays ont un régime de taux de change plus flexible et quelques-uns
disposent des réserves voulues.
Mais un autre facteur pourrait entraîner un problème analogue : en voulant à de
multiples reprises limiter la volatilité des marchés financiers au cours des dernières
années, les banques centrales ont involontairement poussé à une prise de risque
excessive. Il en a résulté une hausse du prix des actifs financiers au-delà de ce qui est
justifié par les fondamentaux économiques. La volatilité prolongée des marchés des
changes va sans doute se propager à d'autres marchés, aussi l'exigence de meilleurs
fondamentaux économiques pour valider le prix des actifs va-t-elle s'intensifier.
Le réalignement des devises qui est en cours n'aura pas nécessairement des
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