crises aiguës, profite d’une supplémentation en
fibres. Par contre, l’action anticancéreuse fait
l’objet de nombreuses études, pas toujours
concordantes.
Dans ce dernier cas, le rôle des fibres serait de
trois ordres :
–l’augmentation du bol fécal et l’accélération
du transit qui en résulte diminueraient le
temps de contact entre la paroi intestinale et
les carcinogènes ;
–l’augmentation de l’élimination fécale des sels
biliaires ralentirait le développement tumoral ;
–la protection de la muqueuse colique se ferait
grâce à la production d’acides gras à chaîne
courte, résultats de la fermentation intestinale.
Ces acides gras ont eux-mêmes un rôle anti-
carcinogenèse.
Toutes les études ne montrent pas une réelle
efficacité dans la prévention des cancers colo-
rectaux car la grande hétérogénéité des fibres,
comme la multiplicité des protocoles alimen-
taires, ne permettent pas toujours d’établir une
comparaison fiable.
Il paraît justifié, cependant, de conseiller une
alimentation plus riche en fibres et moins riche
en graisses animales.
Effets métaboliques
En augmentant la viscosité alimentaire, les
fibres diminuent le pic glycémique postprandial
nécessitant une moindre production insuli-
nique. Cet effet est particulièrement bénéfique
chez les patients atteints de diabète de type II
non insulinodépendant : une supplémentation
en fibres alimentaires de 50 g par jour pendant
six semaines suffit à entraîner à elle seule une
baisse significative de la glycémie. Cette baisse
liée aux fibres solubles et insolubles est due à
une double action sur le métabolisme hépatique
des sucres et sur un accroissement de la sensibi-
lité à l’insuline.
En cas de diabète de type I insulinodépendant,
les fibres diminuent la fréquence des hypo-
glycémies.
Sur le métabolisme lipidique, l’adjonction de
fibres alimentaires entraîne une diminution
plasmatique de la concentration en cholestérol,
surtout de sa fraction LDL, celle qui se fixe sur
les plaques d’athérome. Cette action est surtout
le fait des fibres solubles. Sa physiologie est
complexe, car liée à la fois à une diminution de
la réponse insulinique et à l’étalement de l’ab-
sorption des sucres.
Moins de production d’insuline signifie moins
de synthèse hépatique de triglycérides et de
cholestérol. Action amplifiée par l’élimination
fécale accrue des acides biliaires. Parallèlement
aux traitements médicamenteux, l’emploi des
fibres alimentaires présente donc un intérêt mé-
tabolique certain. Les résultats de nombreuses
études d’intervention confortent les recomman-
dations et incitent à prescrire certaines fibres en
prévention ou comme adjuvant thérapeutique.
Comment “prescrire”
des fibres alimentaires
Enrichir l’alimentation est le premier moyen
simple et efficace “de prescription” des fibres
alimentaires. Il s’agit d’informer et de conseiller
d’enrichir son régime en légumes et en fruits, et
de consommer des aliments enrichis en fibres,
comme le pain ou les gressins au son.
A défaut, des fibres spécifiques telles que la pec-
tine ou la gomme guar peuvent être des com-
pléments alimentaires agissant efficacement sur
la vidange gastrique et la motricité intestinale.
D’autres fibres, comme la parapsyllum, obtenue
à partir d’une graine de psyllum, permettent à la
fois de lutter contre la constipation et de contri-
buer à l’amélioration de l’équilibre métabolique
d’un diabète.
Les données épidémiologiques ont démontré
que l’augmentation de la consommation des
fibres accompagnée d’une diminution de celle
des graisses animales est une réponse intéres-
sante à apporter à la prévention de nombreuses
affections : pour les cancers colorectaux, éven-
tuellement, mais, pour les affections cardiovas-
culaires, assurément. Il faut pourtant déjouer la
pression du marché, qui propose des aliments
riches en glucides raffinés et en graisse, et par
ailleurs “enrichis” en fibres.
J.B.
Entretiens de Bichat, septembre 2002, Paris.
39
Conseil infirmier
En postopératoire pour tous les actes touchant l’estomac,
la vidange gastrique est fréquemment accélérée, jusqu’à
créer un dumping syndrome en cas de gastrectomie.
Dans ce cas, l’adjonction alimentaire de fibres so-
lubles, comme la pectine (pomme), ralentit le transit,
diminue le pic hyperglycémique et évite les “coups de
pompe” postprandiaux.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No42 - décembre 2002
Libérale