LP 261- JANVIER 2017 PG BL.p65

publicité
liens protestants
JOURNAL DES PAROISSES DE L''ÉGLISE PROTESTANTE UNIE :
N ° 261 - JANVIER 2017
MÉTROPOLE-NORD ~ BASSIN-MINIER ~ LITTORAL ~ ARTOIS ~ HAINAUT ~ AVESNOIS
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
12345678901234567890123456789012123456789012345678901234567890121234567890123456789012345678901212345
Le pape François
réformateur de son Église ?
1
D O S S I E R
LE PAPE FRANÇOIS RÉFORMATEUR DE SON ÉGLISE ?
LE PAPE FRANÇOIS : UN REFORMATEUR ?
En 2013, le pape François accède au siège de saint
Pierre. Mais sa manière d'assumer, d'habiter le ministère
pontifical tranche avec celle de ses prédécesseurs. Par
des touches successives et hautement symboliques, il
se construit l'image d'un homme simple, humble et
recherchant la réconciliation. Il révolutionne la fonction
pontificale mais pas forcément l'Église…
Après sa première messe dominicale, le pape François
s'adonne à un bain de foule, sans doute pas totalement
improvisé mais inédit. Alors qu'elle scande son nom et crie
Viva il papa !, François prend le temps de saluer et de discuter
avec les fidèles. Tout cela, bien entendu, sous l'œil avisé des
caméras. Car, comme le pense Franck Bergeron, pasteur de
l'Église protestante unie, le pape est un communiquant, pas un
réformateur. L'Église catholique a changé de stratégie pour
atteindre les foules : à l'inverse du passé, le pape arrondit les
angles, fait de la "com", tandis que les évêques font la loi. Quoi
qu'il en soit, les chaînes de télévision et les radios propagent
aussitôt l'image d'un pape brisant les barrières, les frontières
qui le séparent de l'ensemble du peuple. Un pape accessible,
simple, humain.
Des gestes symboliques
Le pape François a posé de multiples gestes confortant
cette symbolique de l'accessibilité. D'abord, il renonce aux
mules papales, de la couleur du pouvoir : rouges. Il préfère
porter des chaussures noires, une couleur des plus
traditionnelles, commune à la plupart des hommes de la
planète. Ensuite, le véhicule auquel il recourt lors de ses
déplacements est très souvent celui de la marque du pays.
Ainsi, il s'affiche dans une Fiat 500L aux États-Unis (une
marque italo-américaine) et dans une Ibuzu aux Philippines…
La papamobile devient la voiture de monsieur tout le monde !
Enfin, le pape François n'habite pas le palais pontifical mais la
maison Sainte-Marthe. Même si les appartements de cet hôtel
n'ont rien de la rugosité d'une auberge de jeunesse, ils n'ont
pas non plus le faste du palais pontifical !
Des paroles fortes…
Mais ce pape n'en reste pas aux gestes symboliques ! Il sait
prononcer des paroles fortes. Ainsi, en pleine crise migratoire,
il dit aux catholiques : Chers frères et sœurs migrants et réfugiés
! À la racine de l'Évangile de la miséricorde, la rencontre et
l'accueil de l'autre se relient à la rencontre et à l'accueil de Dieu
: accueillir l'autre, c'est accueillir Dieu en personne ! Une parole
forte, courageuse et fraternelle qui, malheureusement, n'a pas
eu d'effet. François Clavairoly, président de la Fédération
protestante de France, analyse cela ainsi : Un qui parle pour
tous fait croire qu'un peut tout faire mais c'est un pieux
2
mensonge. L'appel à la
responsabilité individuelle,
telle que la conçoit le
protestantisme,
à
l ' e n g a g e m e n t
communautaire, cet appel
s'en trouve conforté et
renforcé.
…et œcuméniques
Ensuite, après sa
publication d'Amoris Laetitia, (La joie de l'Amour),
et l'établissement par les évêques argentins d'un certain
nombre de critères pour l'accueil des divorcés-remariés à la
table eucharistique, le pape a dit : Leur projet exprime
pleinement le sens du chapitre 8 d'Amoris Laetitia. Et d'ajouter :
Il n'y a pas d'autres interprétations ! Comme le souligne Jane
Stranz, responsable du service des relations œcuméniques au
sein de la Fédération protestante de France, le pape aurait pu
passer sous silence ce projet argentin mais en le louant
il valorise la démarche. Il montre la voie vers laquelle les autres
conférences épiscopales doivent aller. Dans un autre
domaine, celui de l'unité de l'Église, l'actuel pape prononce des
paroles hautement significatives. Au patriarche Cyrille de
Russie, par exemple, il dit : Nous voici enfin frères ! Et, lors de
sa visite à Turin, il n'hésite pas à demander humblement
pardon aux protestants vaudois. Comme le fait remarquer
François Clavairoly, c'est sans doute ce qui change aujourd'hui
: L'Église catholique romaine est aujourd'hui en dialogue avec
tous les partenaires. Elle a conscience qu'elle ne peut pas être
seule : elle est une parmi d'autres. Elle a probablement un rôle
particulier à jouer mais avec d'autres. C'est la conséquence de
la conscience de la mondialisation.
Des écrits qui marquent et…
Peu de commentateurs ont relevé, comme le souligne Jane
Stranz, que dans la première exhortation papale, Evangelii
Gaudium, (La joie de l'Évangile), le mot réforme et le verbe
réformer reviennent sans cesse. C'est le signe que François
veut changer, pousser l'Église vers quelque chose de nouveau.
C'est le symbole de sa volonté de faire redécouvrir à l'Église
catholique romaine sa mission initiale, évangélique. De même,
sous l'impulsion du pape François, l'Église catholique se dote
d'un écrit sur la sauvegarde de la création, Laudate si, (Sois
loué) [Seigneur], remarqué et encensé dans l'Église et endehors de celle-ci. Enfin, dans Misericordiae vultus, (Le visage
de la miséricorde), le pape François semble porter un autre
regard sur les indulgences. Xavier Gué, dans un article récent,
souligne qu'il n'est plus question de " gagner " ou "d'obtenir "
des indulgences, que la distinction entre plénières et partielles
a été abandonnée, que le " trésor des mérites " n'est plus
évoqué et que le pape n'emploie plus le pluriel mais le
singulier. Dans son esprit, il s'agit d'être au bénéfice de la
Miséricorde du Père. L'indulgence de Dieu libère l'homme et
le fait entrer dans une dynamique de changement. Si cette
" réforme " langagière du pape reste pour le moins
ambivalente, elle rappelle certaines intuitions de Luther,
fondatrices de la Réforme.
… des écrits qui manquent !
Mais au-delà des gestes symboliques, des paroles fortes,
des écrits exhortatifs, quelles réformes de l'Église le pape a-t-il
initiées ? Les synodes sur la famille ? Ils ont accouché d'une
souris.
Comme le souligne Michel Barlow, théologien de l'Église
protestante unie de France, les grands dossiers sont au point
mort. Comme par le passé, on a l'impression que l'Église
catholique est soucieuse de ne pas bouger. Comme dit un
personnage du roman "Le guépard" : on doit donner
l'impression que tout bouge pour que rien ne bouge ! L'accueil
des divorcés-remariés, par exemple, est sur une voie de
garage, tout comme la place des femmes dans l'Église, sans
parler du ministère féminin et du célibat des prêtres. Comme
beaucoup de protestants, François Clavairoly, attend des textes
et non des paroles ou des images. Ou plus exactement :
l'Église catholique est en droit d'attendre des textes et pas
seulement du son ou de l'image. Jean Paul II avait tenté d'ouvrir
une brèche sur la compréhension du ministère de communion
et cela n'a pas été suivi d'effet. Il en va de même pour l'accord
de 1999 sur la justification. Le champ des accords
œcuméniques est en jachère depuis
quinze ans. La véritable réforme, comme
le pense Michel Barlow, serait de revenir
à Vatican II et d'appliquer les mesures du
Concile. Autrement dit : la réforme de
l'Église catholique n'est incarnée qu'en
apparence par le pape François. Elle
aurait pu déjà advenir mais reste
pleinement à venir…
Christophe Jacon, pasteur
Journal "Ensemble"
Jorge Mario Bergoglio en visite
dans le bidonville Buenos Aires
QUELQUES REPÈRES
1936 : Naissance le 17 décembre de Jorge Mario à Buenos Aires.
1936 : Jorge Mario est baptisé le 25 décembre dans une basilique du quartier d'Almagro à Buenos Aires.
1953 : Il fait l'expérience de " la miséricorde divine " et se sent appelé par Dieu à entrer dans les ordres.
1957 : Il décide de devenir prêtre.
1958 : Il entre au séminaire puis au noviciat de la Compagnie de Jésus.
1958-62 : Il poursuit sa formation au Chili.
1963 : Il revient en Argentine pour des études de philosophie.
1967-69 : Après diverses expériences, dont une dans l'enseignement, il étudie la théologie.
1969 : Il est ordonné prêtre. Il poursuit ses études en théologie et philosophie.
1972 : Il est nommé maître des novices du Colegio Máximo San José, institution jésuite.
1973 : Le 31 juillet, âgé d'à peine trente-six ans, il est nommé Provincial des jésuites du pays.
1980 : À la fin de sa charge de Provincial, il est nommé recteur de la faculté de théologie et de philosophie de San Miguel
(l'ancien Colegio Maximo).
1986 : Après un séjour en Allemagne pour terminer sa thèse, il est nommé prêtre dans un quartier pauvre de l'Argentine.
1992 : Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Buenos Aires. Il quitte ainsi "l'exil" de Cordoba.
1997 : Il est nommé coadjuteur du même archidiocèse.
1998 : À la mort du cardinal, il devient archevêque de Buenos Aires.
2001 : Il est nommé cardinal.
2005 : Il est l'un des concurrents de Joseph Ratzinger lors du conclave.
2013 : Il est élu pape.
Christophe Jacon, pasteur
Journal "Ensemble"
3
DES PAROLES FORTES
Le discours du pape François, lors de la présentation des
vœux de Noël à la Curie romaine, lundi 22 décembre 2014 au
Vatican, a suscité un écho considérable. Cela tient à la liste des
quinze " maladies " pouvant affecter les collaborateurs du SaintSiège dont le pape François a fait une liste détaillée et
argumentée, qu'il égrène très simplement et courageusement.
Ces quinze maladies et tentations qui affaiblissent le service de
l'Évangile n'étant pas la spécificité de la Curie romaine, la
méditation de cette dénonciation peut nourrir la réflexion de
toute l'Église.
1. La maladie de celui qui se sent immortel, immunisé
ou tout à fait indispensable et néglige les contrôles
nécessaires et habituels. Une Curie qui ne fait pas son
autocritique, ne s'ajuste pas en permanence, ne cherche pas à
s'améliorer, est un corps malade, infirme. […] C'est la maladie
de l'homme riche et insensé de l'Évangile, qui pensait vivre
éternellement (cf. Lc 12,13-21), et de tous ceux qui se
transforment en maîtres et se sentent supérieurs à tous, et non
au service de tous. [… ]
L'antidote à cette épidémie est la grâce de se sentir
pécheurs et de savoir dire de tout cœur : nous sommes de
simples serviteurs : nous n'avons fait que notre devoir
(Lc 17, 10).
2. Autre maladie : le marthalisme (qui vient de Marthe)
qui concerne ceux qui se noient dans le travail et négligent
inévitablement la meilleure part : s'asseoir aux pieds de Jésus
(cf. Lc 10,38-42). C'est pourquoi Jésus a demandé à ses
disciples de se reposer un peu (cf. Mc 6,31), car négliger le
repos nécessaire conduit au stress et à l'agitation. […] Il faut
retenir ce qu'enseigne Qohéleth : Il y a un moment pour tout
(Qo 3,1-15).
3. Il y a aussi la maladie de la pétrification mentale et
spirituelle. Ceux qui en sont atteints possèdent un cœur de
pierre et une nuque raide (Ac 7,51-60). Ce sont ceux qui,
chemin faisant, perdent leur sérénité intérieure, la vivacité et
l'audace, et se cachent derrière leurs dossiers, devenant les
rois du formulaire et non des hommes de Dieu (cf. He, 3,12). Il
est dangereux de perdre cette sensibilité humaine qui permet
de pleurer avec ceux qui pleurent et de se réjouir avec ceux qui
4
se réjouissent ! […] Être chrétien, en fait, signifie
avoir les dispositions qui sont dans le Christ
Jésus (cf. Ph 2, 5), dispositions à l'humilité et au
don, au détachement et à la générosité.
4. La maladie de la planification
excessive et du fonctionnarisme est celle de
l'apôtre qui planifie tout minutieusement et croit
que planifier à la perfection fait réellement
avancer les choses. Il se transforme
pratiquement en expert-comptable ou en
fiscaliste. Tout bien préparer est nécessaire mais
il ne faut jamais succomber à la tentation de
vouloir enfermer ou piloter la liberté de l'Esprit
Saint, qui demeure toujours plus grande, plus
généreuse que toute planification humaine (cf.
Jn 3,8). […] Domestiquer l'Esprit Saint ! Il est
fraîcheur, imagination, nouveauté.
5. La maladie de la mauvaise coordination, advient
quand il n'existe plus de communion entre les membres et que
le corps est privé de son fonctionnement harmonieux et de sa
tempérance en devenant un orchestre qui produit seulement du
chahut, parce que ses membres ne collaborent pas et ne vivent
pas l'esprit de communion et d'équipe. Lorsque le pied dit au
bras : je n'ai pas besoin de toi ou la main à la tête : c'est moi qui
commande, provoquant ainsi malaise et scandale.
6. Il y a aussi la maladie d' "Alzheimer spirituelle",
c'est-à-dire l'oubli de l'histoire du salut, de l'histoire personnelle
avec le Seigneur, du premier amour (Ap 2,4). Il s'agit d'un déclin
progressif des facultés spirituelles qui, à plus ou moins long
terme, provoque de graves handicaps chez la personne, la
rendant incapable d'exercer une activité autonome. Celle-ci vit
dans un état de dépendance absolue vis-à-vis de ses vues
souvent imaginaires. Nous détectons cette maladie chez ceux
qui ont perdu la mémoire de leur rencontre avec le Seigneur ;
[…]
7. La maladie de la rivalité et de la vanité apparaît quand
l'apparence, les couleurs des vêtements, les signes
honorifiques deviennent le premier objectif de la vie, et que l'on
oublie les paroles de saint Paul : Ne soyez jamais intrigants ni
vaniteux, mais ayez assez d'humilité pour estimer les autres
supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas
préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des
autres (Ph 2,3-4). […] (Ph 3, 18-19).
8. La maladie de la schizophrénie existentielle est la
maladie de ceux qui ont une double vie, fruit de l'hypocrisie
typique du médiocre et du vide spirituel progressif que les
diplômes et les titres académiques ne peuvent combler. Une
maladie qui frappe souvent ceux qui, abandonnant le service
pastoral, se limitent aux tâches bureaucratiques et perdent
ainsi le contact avec la réalité, avec les personnes concrètes.
Ils créent ainsi un monde parallèle, à eux, où ils mettent de
côté tout ce qu'ils enseignent sévèrement aux autres et où ils
commencent à vivre une vie cachée et souvent dissolue. La
conversion est assez urgente et indispensable pour lutter contre
cette maladie extrêmement grave (cf. Lc 15,11-32).
9. La maladie de la rumeur, de la médisance et du
commérage est une maladie grave, qui commence
simplement, peut-être seulement pour faire un brin de causette
et qui s'empare de la personne. Celle-ci se met alors à semer
de la zizanie (comme Satan) et, dans beaucoup de cas,
à assassiner de sang froid la réputation de ses propres
collègues et confrères. […] Frères, gardons-nous du terrorisme
des bavardages !
10. La maladie qui consiste à diviniser les chefs. C'est
la maladie de ceux qui courtisent leurs supérieurs en espérant
obtenir leur bienveillance. Ils sont victimes du carriérisme et de
l'opportunisme, ils honorent les personnes et non Dieu (cf. Mt
23,8-12). […] Cette maladie pourrait frapper aussi les
supérieurs quand ils courtisent certains de leurs collaborateurs
pour obtenir leur soumission, […].
11. La maladie de l'indifférence envers les autres qui
survient quand chacun ne pense qu'à soi et perd la sincérité et
la chaleur des relations humaines. Quand le plus expert ne met
pas ses connaissances au service des collègues qui le sont
moins. Quand on vient à apprendre quelque chose et qu'on le
garde pour soi au lieu de le partager de manière positive avec
les autres. Quand, par jalousie ou par ruse, on éprouve de la
joie à voir l'autre tomber au lieu de le relever et de l'encourager.
12. La maladie du visage lugubre est celle des
personnes bourrues et revêches, qui estiment que pour être
sérieux il faut porter le masque de la mélancolie, de la sévérité,
et traiter les autres, surtout ceux que l'on considère comme
inférieurs, avec rigidité, dureté et arrogance. En réalité, la
sévérité théâtrale et le pessimisme stérile sont souvent les
symptômes d'un sentiment de peur et d'insécurité. […] Un
cœur empli de Dieu est un cœur heureux qui irradie et
communique sa joie à tous ceux qui l'entourent : cela se voit
tout de suite ! […] Réciter souvent la prière de saint Thomas
More nous fera le plus grand bien, je le fais tous les jours, cela
me fait du bien 1 .
13. La maladie qui consiste à accumuler. Souffre de
celle-ci l'apôtre qui cherche à combler un vide existentiel dans
son cœur en accumulant les biens matériels, non pas par
nécessité, mais seulement pour se sentir en sécurité. […] À ces
personnes, le Seigneur rappelle, Tu dis : 'Je suis riche, je me
suis enrichi, je ne manque de rien', et tu ne sais pas que tu es
malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu ! […]. Eh bien, sois
fervent et convertis-toi (Ap 3, 17-19). […]
14. La maladie des cercles fermés, est fréquente quand
l'appartenance à un petit groupe devient plus forte que celle au
Corps et, dans certaines situations, au Christ lui-même. Cette
maladie, elle aussi, commence toujours par de bonnes
intentions mais, au fil du temps, elle asservit ses membres,
devient un cancer qui menace l'harmonie du Corps et cause
tellement de mal, des scandales. […] C'est le mal qui frappe de
l'intérieur et, comme le dit le Christ, tout royaume divisé contre
lui-même devient désert (Lc 11, 17).
15. Et la dernière, la maladie du profit mondain, des
exhibitionnismes, est celle de l'apôtre qui transforme son
service en pouvoir et son pouvoir en marchandise pour obtenir
des profits mondains, ou davantage de pouvoir. C'est la
maladie des personnes qui cherchent insatiablement à
multiplier les pouvoirs et, dans ce but, ils sont capables de
calomnier, de diffamer, de discréditer les autres, jusque dans
les journaux et les magazines. [… ]
Mes amis, seul l'Esprit Saint guérit toute maladie !
Extraits choisis / Nicole Vernet
1
Le 6 juillet 1535, Tomas More était conduit à l'échafaud
et décapité après un séjour de quinze mois en captivité dans la
Tour de Londres en attendant son jugement. Il avait refusé de
prêter le serment exigé par Henri VIII après sa rupture avec
Rome.
Voici cette prière : " Donne-moi une bonne digestion,
Seigneur, et aussi quelque chose à digérer. Donne-moi la
santé du corps avec le sens de la garder au mieux. Donne-moi
une âme sainte, Seigneur, qui ait les yeux sur la beauté et la
pureté, afin qu'elle ne s'épouvante pas en voyant le péché,
mais sache redresser la situation. Donne-moi une âme qui
ignore l'ennui, le gémissement et le soupir. Ne permets pas que
je me fasse trop de souci pour cette chose encombrante que
j'appelle " moi ". Seigneur, donne-moi l'humour pour que je tire
quelque bonheur de cette vie et en fasse profiter les autres. "
(Source : site de l'Église catholique en France).
5
DES PAROLES FORTES
VIVE LE PAPE, A BAS LA CURIE ROMAINE !
Une parole qui n'engage pas beaucoup les dirigeants de
l'un des États les plus inégalitaires au monde : Vive le pape, à
bas la Curie Romaine ! Tel fut le cri qui se leva après le
discours du pape François prononcé lors de la présentation
des vœux de Noël à la Curie romaine le 22 décembre 2014.
La raison de l'extraordinaire écho suscité dans l'univers
médiatique tient à la liste des maladies qui, d'après le pape
François, affligent le Saint-Siège et affaiblissent l'annonce et le
service de l'Évangile.
Dans cette liste, c'est celle que le Pape appelle la maladie
de celui qui se sent immortel, qui occupe la première place.
Suivent, dans l'ordre, l'activité excessive, la pétrification mentale
et spirituelle, la maladie de la planification excessive et du
fonctionnarisme, la mauvaise coordination et la maladie
d'Alzheimer spirituelle... au total, quinze maladies.
La démission de Benoît XVI a souligné cette crise et en a
donné l'image la plus profonde que l'Église ait jamais connue
dans les dernières décennies.
Avec conviction, depuis son élection, le pape François a
essayé de séparer son rôle de berger universel de l'Église du
Christ de celui de chef d'un État. État minuscule certes (0,44
km² en plein centre de Rome) mais disposant d'un lourd
appareil bureaucratique, au carrefour d'un vaste réseau
d'intérêts pas toujours limpides. La Curie romaine n'est
toutefois pas le fruit du hasard. Elle a été façonnée à l'image
des papes qui, un siècle après l'autre, en s'autoproclamant les
successeurs de l'apôtre Pierre, ont géré l'Église comme un
État absolu, bien loin de cet organisme de service à dimension
synodale que le Pape François souhaite. L'effective réforme de
la Curie romaine, à laquelle de vastes secteurs du monde
catholique aspirent, ne peut que conduire à une nouvelle
conception de ce que l'on appelle le ministère pétrinien. Le
pape François voudrait sans doute œuvrer dans cette direction.
Le tout est de savoir s'il en aura la force et surtout la possibilité.
Giovanni Musi, pasteur
EPUdF - Antibes
Le pape veut réformer la curie romaine
HUMOUR ROMAIN
Depuis que les pontes et pontifes romains se pavanent dans des grosses cylindrées, certains
habitants de Rome qui ont lu l'évangile ( si, si ! il en existe ! ) ont malicieusement traduit les lettres
SCV des immatriculations ( officiellement Stato
della Città de Vaticano = État de la Cité du Vatican )
en un irrévérencieux " SE CRISTO VEDESSE ",
c'est à dire " SI LE CHRIST VOYAIT ÇA "...
Il ne faut pas désespérer des catholiques
romains !
6
DES GESTES QUI PARLENT
Tête de mules ?
Les mules papales sont des chaussures d'extérieur en cuir
rouge. À la suite de son élection, en 2013, le pape François
refuse de porter ces chaussures d'apparat, symboles de
pouvoir. Il opte pour de simples chaussures noires, en veau
lisse, plus conformes à la simplicité de son caractère et de son
pontificat. La chaussure reflétant souvent le statut social de
l'individu et sa place dans la société, le pape François se
revendique comme un homme simple : un homme du peuple.
Stupéfiant !
Après sa nomination comme pape, François monte au
balcon de la Basilique Saint-Pierre, comme ses
prédécesseurs. La foule est massée en bas et attend la
fameuse et coutumière bénédiction urbi et orbi, une
bénédiction à Rome et au monde, aux fidèles de la place
Saint-Pierre et aux catholiques du monde entier. François
renverse les choses. Au lieu de bénir la foule, il sollicite d'elle
une bénédiction et s'incline pour la recevoir. Suivent de
longues minutes de silence. Ce n'est qu'après que le nouveau
pape prononce sa bénédiction.
Pardon
Le 22 juin 2015, le pape François, en déplacement à Turin,
visite le temple de l'Église vaudoise. Là, il demande
officiellement pardon aux Vaudois pour les persécutions qu'ils
ont subies de la part de l'Église catholique : De la part de
l'Église catholique, je vous demande pardon pour les attitudes
et les comportements non chrétiens et même non humains que,
au cours de l'Histoire, nous avons eus contre vous. Au nom du
Seigneur Jésus-Christ, pardonnez-nous " avait-il dit. Une
première !
Des voitures populaires pour un pape populaire
Depuis l'attentat du pape Jean-Paul II en 1981, les
imposantes papamobiles blanches ont été une imposante
bulle protectrice de verre, blindée. Le pape François a innové
en ce domaine en renonçant au blindage et en choisissant
des marques et des modèles plus populaires que les fameuses
et mythiques papamobiles de chez Mercedes, Ford ou GMC.
Ainsi, lors de
son voyage aux
États-Unis,
François est à
bord d'une Fiat
500L,
le
m o d è l e
familial de la
marque italoaméricaine. Le contraste a été pour le moins saisissant de
simplicité et d'humilité entre la limousine rallongée et ultra
blindée dans laquelle circulait le couple Obama, venu
accueillir le pape sur le Tarmac de l'aéroport, et la petite
papamobile. Le pape François a maintenu cette simplicité lors
de ses déplacements, optant pour une Peugeot lors de son
séjour à Cuba, une Kia Soul en Corée, une Izuzu lors de son
voyage aux Philippines, une Chevrolet en Équateur… Toutes
les marques sont sollicitées. Cette démarche permet à chaque
marque de bénéficier en espèces sonnantes et trébuchantes
du passage du pape. En 2014, à la vue du Cross-over Kia, les
ventes de ce modèle sont montées en flèche…
Cyrille, le frère russe
Après le rapprochement avec Bartholomée Ier, en 2014, à
Jérusalem, le pape François a rencontré le patriarche de
Russie, Cyrille à la Havane. Hormis la déclaration commune
signée par les deux protagonistes, résultat de vingt ans de
travail discret mais constant, la rencontre a été marquée par
des paroles fortes, historiques, comme l'enfin, nous voici
frères ! Mais même l'histoire a ses zones d'ombre. C'est peutêtre pour ne pas compromettre cette rencontre historique et ce
rapprochement symbolique que le pape a observé un silence
assourdissant lors de la crise qui a opposé l'Ukraine à la
Russie. Quoi qu'il en soit, les deux responsables religieux ont
affirmé qu'ils ne sont pas concurrents, mais frères et ont lancé
un appel à la communauté internationale : nous appelons la
communauté internationale à des actions urgentes pour
empêcher que se poursuive l'éviction des chrétiens du ProcheOrient et… pour mettre fin au terrorisme à l'aide d'actions
communes, conjointes et coordonnées.
Logement !
Après sa nomination comme archevêque en 1998, Jorge
Mario Bergoglio refuse de loger dans la résidence destinée
aux archevêques. Il opte alors pour un petit appartenant près de
la cathédrale. Après son élection comme pape, il agit de
manière similaire. Il refuse de résider dans les appartements
qui lui sont réservés au troisième étage du palais apostolique. Il
préfère rester dans la résidence Sainte-Marthe qu'occupent les
cardinaux lors des conclaves. Il s'y sent moins seul et plus à
l'aise. Laissant la chambre 207 que le tirage au sort lui avait
attribuée à la veille du conclave, il occupe la suite 201, la plus
spacieuse, qui compte trois pièces : un bureau, un salon et une
chambre. Le choix de la simplicité.
Une accolade signifiante !
En 2014, François programme une visite à Jérusalem et
annonce que le sommet de celle-ci sera la rencontre avec le
patriarche Bartholomée Ier. Cette rencontre se déroule dans la
Basilique du Saint-Sépulcre. Les deux responsables religieux
se recueillent ensemble et embrassent la pierre de l'onction,
comme on l'appelle, cette plaque de marbre où le corps
supplicié de Jésus aurait reçu les soins préalables à son
ensevelissement des mains de Joseph d'Arimathée. Le pape
François et le patriarche Bartholomée restent longuement en
prière. Bartholomée Ier a conclu cette rencontre en disant à
son homologue : Nous avons engagé un baiser d'amour. Le
pape a alors voulu baiser le vêtement de Bartholomée, en signe
d'humilité et de dévotion. Ce geste de fraternité s'est terminé
dans une accolade fraternelle, symbole fort d'une réconciliation
amorcée.
Christophe Jacon, pasteur -Journal "Ensemble"
7
DES GESTES QUI PARLENT
LE PAPE ET LES MIGRANTS
Lavement des pieds de migrants
Les étrangers font peur, car on a souvent peur de ce que
l'on ne connaît pas. À partir de ces travaux d'ethnologie, Claude
Lévi-Strauss rappelle que pour de vastes fractions de l'espèce
humaine et pendant des dizaines de millénaires… l'humanité
cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique, parfois
même du village. Ce qui est naturel, c'est de privilégier les
proches par rapport aux lointains.
Le rôle des autorités, morales et politiques, est de nous
élever par rapport à nos sentiments premiers, de nous rappeler
que ce que nous possédons n'est pas un dû mais un don, de
nous exhorter à la générosité, de nous appeler à l'hospitalité.
Dans ce registre, le pape est dans son rôle lorsque son
premier déplacement hors de Rome a été à Lampedusa.
Lampedusa, ses plages de sable fin et son centre de rétention,
ses touristes repus et ses réfugiés affamés, ses estivants avides
de soleil et ses migrants en quête d'une vie tout simplement
possible.
Le pape est encore dans son rôle lorsqu'il fait un voyage
dans l'île de Lesbos et qu'il ramène dans son avion une famille
de réfugiés : réfugiés musulmans pour montrer qu'il n'agit pas
comme le défenseur d'une religion, mais au nom d'un principe
universel qui est celui de l'accueil de tout homme, quel qu'il
soit.
Le pape enfin n'a cessé de rappeler que l'accueil n'est pas
qu'un devoir, qu'il peut aussi être une chance : Combien
d'invasions l'Europe a connues ! Et elle a toujours su se
dépasser elle-même, aller de l'avant pour se trouver ensuite
comme agrandie par l'échange entre les cultures. Une façon de
nous dire de ne pas craindre l'étranger.
Face à cette attitude, nous voulons faire résonner deux
évocations bibliques.
Devant la question des réfugiés, le pape n'a pas fui, il n'a
pas détourné les yeux. Dans l'évangile de Jean, la première fois
que Jésus s'est rendu à Jérusalem, il a expulsé les marchands
du Temple. La deuxième fois, il est allé au bassin de Bethesda,
qui était le lieu où étaient conduits tous les infirmes, les
aveugles, les boiteux et les impotents de la ville sainte
(Jn 5,1-5). C'est là, dans cette cour des miracles, que se situe le
vrai temple, le lieu où Dieu se trouve.
Il nous rappelle qu'une société peut se juger par ses
succès, ses constructions et ses réussites, mais aussi… par
ses poubelles, par ce qu'elle rejette. Le verset du Premier
Testament le plus souvent cité dans le Nouveau est celui qui
dit : La pierre que les maçons ont rejetée, est devenue la pierre
angulaire. (Ps 118,22). Devant Jésus-Christ, la vérité de notre
société se joue plus à Lampedusa que dans les usines d'Airbus
et les bureaux climatisés des établissements financiers !
Prophète le pape ? Par ses paroles et ses gestes, il nous
rappelle quelques vérités essentielles et roboratives.
Antoine Nouis, pasteur, Journal "Réforme"
LA LEGENDE DOREE DU PAPE FRANÇOIS
Dans les dernières années du XIXe siècle, certains
catholiques avaient trouvé trop timide la formulation du dogme
de l'infaillibilité pontificale : le pape n'est-il pas, en fait, le viceDieu sur la terre ?
Depuis des siècles, les catholiques entretiennent une
relation fusionnelle avec le pape, qu'ils parent de toutes les
vertus : quoi qu'il dise ou fasse, on lui pardonne tout, on le croit
en tout, on espère tout de lui ! Aussi faut-il accueillir avec un
esprit critique aiguisé la façon dont les médias et l'opinion
publique catholiques commentent les faits et gestes
pontificaux.
L'actuel tenant du titre n'échappe pas à la règle. Aux yeux du
bon peuple catholique, François est un artisan convaincu de
nouveauté dont les initiatives sont entravées par les cardinaux
de la Curie réactionnaires. Pour contourner ces obstacles
redoutables, le Saint-Père doit ruser, se montrer comme il le dit
lui-même, " furbo " (fourbe, pour ne pas dire jésuite !).
La stratégie serpentine qu'on lui prête est une façon de le
dédouaner des prises de position traditionalistes qui sont
parfois les siennes, mais il faut, comme toujours, juger un
8
responsable sur ses actes et non sur ses intentions réelles ou
supposées. De ce point de vue, force est bien de constater que
les grands dossiers sur lesquels le pape François est tellement
attendu sont tous désespérément au point mort : l'ordination
d'hommes mariés et le diaconat féminin notamment. Quant à
l'accès à l'eucharistie des divorcés remariés, il est proprement
scandaleux de parler de leur nouvelle union comme d'un
péché inexpiable puisque les assassins, eux, peuvent
communier après confession !
Décidément, plus que jamais, l'œcuménisme doit se parer
de patience et d'espérance tout autant que de lucidité !
Michel Barlow 1 - Théologien
1
Michel Barlow, théologien laïc, diplômé de la Faculté de théologie
de Lyon, est impliqué depuis de nombreuses années dans le dialogue
œcuménique. Il a notamment été le rédacteur en chef de la revue Unité
des chrétiens (Lyon) de 2001 à 2006. Il a publié de nombreux ouvrages
dont, chez Olivetan : Prier comme Marie, une prière réconciliée ;
Le bonheur d'être protestant ; L'évangile en relief : Luc.
ŒCUMENISME - ENSEMBLE DANS L'ESPERANCE
ŒCUMENISME A 360°
Le pontificat du pape François est en train de changer
profondément le paysage œcuménique. Non pas qu'il soit
véritablement un réformateur dans le sens protestant du terme,
mais tout simplement parce qu'il prend vraiment au sérieux ses
interlocuteurs, sans faire une hiérarchie entre partenaires de
première et deuxième division. En fait, depuis la fameuse
déclaration vaticane Dominus Iésus du 6 août 2000, nous
avions la sensation, en tant que protestants, d'être cantonnés,
du point de vue catholique, à l'échelon le plus bas du
" classement œcuménique " : en tête étaient les orthodoxes,
suivis par les anglicans et, tout au fond, nous, les
" Communautés ecclésiales " protestantes, qui ne sont pas des
Églises au sens propre (Dominus Iesus, n° 17).
Tout cela est en train de changer avec François. Je
voudrais donner trois exemples, à partir du point de vue de la
minorité protestante en Italie.
Le premier est la visite de Bergoglio à l'Église vaudoise de
Turin, en juin 2015. Ce n'était pas la première visite d'un pape
à une Église protestante en Italie, mais c'était la première visite
officielle à une Église protestante " autochtone ". Ses
prédécesseurs avaient visité l'Église luthérienne de Rome, de
langue allemande et, en juillet 2014, François avait rencontré
en privé le pasteur pentecôtiste Giovanni Traettino, qu'il avait
connu à Buenos Aires. En plus, c'était la première visite à une
Église issue de la " première réformation " du Moyen-Âge : le
mouvement vaudois est né de la prédication du lyonnais Pierre
Valdo au XIIe siècle. Une visite historique donc, qui a
beaucoup changé les relations œcuméniques en Italie. Dans
son discours aux Vaudois, j'ai été particulièrement frappé par la
demande de pardon pour les persécutions du passé, mais
aussi par la réflexion ecclésiologique de François, qui a
reconnu l'existence d'une pluralité de formes d'organisation
d'Église, à partir du Nouveau Testament : l'unité qui est fruit de
l'Esprit-Saint ne signifie pas uniformité, a-t-il dit.
Le deuxième exemple est la visite à l'Église luthérienne de
Rome (15 novembre 2015), où le pape a répondu avec une
grande ouverture à une question sur l'hospitalité eucharistique
posée par une femme luthérienne mariée avec un catholique,
en faisant appel à la conscience. Une réponse beaucoup plus
encourageante que celle du Synode des évêques sur la famille
qui, peu de semaines avant, avait repoussé tout progrès dans le
domaine du partage de la Cène pour les couples
interconfessionnels.
Enfin, je voudrais mentionner les mots du pape lors de
l'Angelus du dimanche 6 mars 2016. François venait de
rencontrer une délégation vaudoise et méthodiste, qui lui avait
parlé du projet œcuménique des " couloirs humanitaires " pour
les réfugiés de Syrie, organisés par la Fédération protestante
d'Italie et la Communauté catholique de Sant'Egidio. Dans son
discours dominical, il a salué ce projet comme signe concret
d'engagement pour la paix et la vie, en se réjouissant parce que
cette initiative est œcuménique. Voilà donc un pape qui fait de
l'œcuménisme à 360°, car il ne se borne pas aux seules
questions théologiques et dogmatiques, mais met au premier
plan l'engagement commun des chrétiens pour la paix,
la justice et la sauvegarde de la création.
Luca Maria Negro,
Pasteur
baptiste,
président de la FCEI
(Fédération protestante
d'Italie ).
9
ŒCUMENISME - ENSEMBLE DANS L'ESPERANCE
ŒCUMENISME BIEN COMPRIS
Le catholicisme a le goût du spectaculaire : cérémonies
magnifiques, églises splendides, grands rassemblements,
voyages médiatisés des papes. Il marque ainsi sa présence
dans le monde. Le protestantisme aime, au contraire, la
discrétion, à tel point qu'il disparaît du paysage et devient une
église " invisible " en un sens que n'avaient pas prévu les
Réformateurs.
Le pape se situe dans la ligne de la culture catholique en
allant célébrer en Suède les 500 ans de la Réforme. On lui est
reconnaissant de ce geste amical, même s'il a choisi le pays
où se trouve la moins " protestante " (à nos yeux de réformés)
des Églises luthériennes.
La déclaration commune publiée à cette occasion,
malheureusement rédigée dans la langue de bois familière
aux œcuménistes, ne manque pas d'intérêt. Elle évite ces
expressions lassantes de repentance et de demandes
mutuelles de pardon pour ce qui s'est passé autrefois. Elle ne
dénonce pas les différences théologiques, mais les haines qui
les ont accompagnées. Elle évoque bien une unité
institutionnelle que traduirait une communion sacramentelle,
mais sans trop insister.
Par contre elle demande avec force qu'on collabore dans le
service et qu'on multiplie des rencontres où chacun approfondit
ses propres convictions dans l'écoute et le respect de l'autre.
Elle n'incite pas à se taire parce que tout aurait été dit " en haut ,
mais au contraire encourage dialogues et échanges. Est-ce
enfin l'amorce d'un œcuménisme bien compris ? Peut-être.
André Gounelle, pasteur,
professeur honoraire de l'Institut Protestant de
Théologie (Montpellier),
EN CHEMIN !
Au vu de ce que le pape François a montré durant le début
de son pontificat, on peut affirmer qu'il est bel et bien occupé à
engager l'Église de Rome sur un chemin qui s'inspire du
message de Jésus, non seulement en paroles mais aussi en
actes, par des petits gestes qui sont plus que symboliques.
Il était temps, car après des scandales à répétitions,
l'Église catholique romaine donnait le visage d'une Église
enfermée dans un discours répressif et culpabilisant.
François n'a pas eu peur de bousculer les habitudes. Ainsi
lors du lavement des pieds, un rite traditionnel du Jeudi Saint
qui rappelle le même geste posé par Jésus durant son dernier
repas, il a choisi douze prisonniers qui, contrairement à la
tradition, n'étaient pas tous des hommes, ni des catholiques : il
y avait parmi les détenus des jeunes femmes dont une
musulmane…
Cela fait écho à un thème qui revient souvent dans les
interventions du pape quand il invite l'Église à " sortir " d'ellemême, à aller aux " frontières ", dans les périphéries
territoriales et spirituelles, au contact des hommes et des
femmes, quelles que soient leur situation et leurs convictions
religieuses. C'est ainsi qu'on l'a vu, à l'île de Lampedusa, parler
avec les immigrés rescapés du naufrage et dénoncer la
" mondialisation de l'indifférence ".
Autre propos qui a fait le tour du monde : aux journalistes
qui l'interrogeaient dans l'avion, lors de son retour du Brésil, à
propos des personnes homosexuelles, le pape a répondu
Qui suis-je pour les juger ? Il voulait montrer par-là que
l'Évangile n'est pas d'abord une morale mais surtout une
Bonne Nouvelle qui annonce que Dieu n'est pas un juge mais
un libérateur. L'amour qui redresse est plus important que la loi
qui condamne.
Il est occupé à dessiner une Église catholique romaine
plus aimable, plus surprenante, moins figée, plus ouverte ; une
10
Église qui intéresse davantage les chrétiens éloignés et les
non-chrétiens, une Église qui met ses forces dans l'annonce
de l'Évangile avant tout, plutôt que de faire la morale à tout le
monde détentrice de l'unique vérité.
Il fait vraiment bouger les choses même dans la
gouvernance de l'Église. Ce n'est pas encore une démocratie
mais c'est déjà la participation de tous à un projet commun. Sa
décision d'envoyer un questionnaire sur les évolutions de la
famille aux catholiques du monde avant la tenue d'un synode
(une réunion d'évêques) montre sa volonté de prendre le pouls
de l'Église.
Ce qui fait son originalité, c'est aussi la manière simple de
s'exprimer, un peu comme Jésus qui utilisait des paraboles, des
images pour mieux se faire comprendre. On est loin de la
langue de bois théologique pour initiés. C'est ainsi que pour
décrire la mission de l'Église, il la compare à un hôpital de
campagne après la bataille. Autrement dit l'évangélisation, pour
lui, passe d'abord par l'amour du prochain, la compassion pour
les plus démunis et la bienveillance pour tous. On en revient
toujours au message évangélique qui fait passer l'amour avant
la loi, le service avant le pouvoir et la pauvreté avant la richesse.
Pour quelqu'un comme moi qui ait connu les bienfaits de
Vatican II, je lui sais gré de reprendre la formule qui résume
bien d'esprit de ce concile : Une Église servante et pauvre, non
pas en paroles seulement mais dans le concret, en mettant de
l'ordre dans les richesses du Vatican et le train de vie de la
Curie romaine.
Il est possible que certaines personnes risquent d'être
déstabilisées mais l'important est que ce pape fasse du bien à
l'humanité tout entière, pas uniquement à l'Église. Or quelque
chose de sa bienveillance semble communicatif !
Jean-Marie Delcourt,
Membre du comité de rédaction du journal " LE CEP "
ŒCUMENISME - ENSEMBLE DANS L'ESPERANCE
UN JOUR TU VERRAS, ON SE RENCONTRERA…
Rencontre historique entre le pape-francois
et le patriarche orthodoxe russe Kirill
Sans doute pressentez-vous, vous aussi, que l'année qui
vient va être riche d'événements importants pour le monde tout
entier… aux États-Unis, en France, en Europe, au ProcheOrient… pour le meilleur ou pour le pire… ?
Je me souviens : il y a huit ans, j'avais le fort désir
qu'Obama gagne l'élection américaine : " Yes, we can ! "
Je croyais que cet homme-miracle allait, à lui seul, insuffler une
ère nouvelle qui se diffuserait dans le monde entier,
surmontant par son charisme les oppositions du Congrès… et
autres avanies de ses ennemis ; mais ça ne s'est pas passé
ainsi et ce grand homme n'a pu faire que de (relatives) petites
choses…
Pour notre Église, cinq ans plus tard, c'est un homme de
cette trempe que je souhaitais pour succéder à Benoît XVI,
insufflant un esprit nouveau !
n'aille pas jusqu'à remettre en cause la théologie de l'Église
catholique telle que la définit le Catéchisme édité en France
en 1992, qui mériterait sans doute d'être " rafraîchi ".
Le grand mérite de notre pape est de renoncer très
clairement à l'orgueil et au sentiment de supériorité qu'avait
notre Église, volontiers condescendante vis-à-vis des autres
Églises chrétiennes. Son grand mérite est de vouloir que nous,
chrétiens, soyons d'abord vraiment accueillants, sans préjugés,
ouverts à toute personne quelle qu'elle soit : nous sommes tous
enfants de Dieu, aimés de Dieu…
Mais l'Unité, un rapprochement entre Églises chrétiennes,
n'est pas à l'ordre du jour, même avec l'Église anglicane,
pourtant présente aux JMJ, avec qui nous avons de grands
liens et d'excellentes relations.
Avec un certain nombre de chrétiens d'ici, et au nom de
notre foi chrétienne commune, nous voudrions plus de
proximité avec les autres Églises, pouvoir célébrer ensemble.
Cependant pour le pape François, jésuite et prudent, ce n'est
pas son affaire mais celle des théologiens. Cette position
habile mais frustrante pour ceux qui souhaiteraient que soit
davantage célébré ensemble Celui qui nous unit, plus
nourrissant que l'exploration des points de désaccord (si ténus
à côté de l'Essentiel !).
Alors j'essaie de me trouver des raisons d'être patient. La
Bible chante la patience de Dieu et non l'impatience des
mortels !... Rappelez-vous Mouloudji qui chantait :
Un jour tu verras, On se rencontrera,
Quelque part, n'importe où, Guidés par le hasard
Nous nous regarderons
Et nous nous sourirons Nous danserons l'amour !
Yves Lasbleis, chrétien catholique,
Membre de l'association œcuménique " Bible & Culture "
Valenciennes
Le Pape et le partriarche Bartholomée
Le pape François nous a été donné, suscitant un fol espoir,
ressenti même par les adversaires les plus coriaces de l'Église
catholique ! Avec une évidente naïveté, j'ai cru que les
montagnes allaient reculer jusqu'à la mer et que les membres
les plus réticents de la Curie s'inclineraient au Souffle de
l'Esprit… Mais non, l'opposition à la pensée du pape François
pour être discrète n'en est pas moins virulente.
De fait, il apparaît bien que l'audace papale soit prudente et
Pasteur Jean Martin Kruse et Pape François
11
TRADITION ET INNOVATION
UN SYNODE ENTRE TRADITION ET INNOVATION
Si pour certains le synode sur la famille a accouché
d'une souris, pour d'autres l'attention du pape François
à la situation des divorcés remariés ou des homosexuels
est signe d'un renouveau du côté du Vatican. Bertrand
Dumas préfère, lui, insister sur la tension entre ces deux
pôles : tradition et innovation.
Le pape François entouré de cardinaux,
en arrivant sur le lieu du synode.
Bertrand Dumas, est directeur et professeur de théologie
systématique au Centre théologique de Meylan - Grenoble
(diocèse de Grenoble Vienne). Il est par ailleurs conseiller
conjugal 1 . Il souligne l'aspect novateur de la démarche
synodale mise en œuvre par le pape François pour traiter
du thème de la famille : une consultation large du peuple
de l'Église à deux reprises, avant chacune des sessions
du synode. Pour autant, il aime à rappeler que cette
démarche est inscrite dans la tradition de l'Église catholique
romaine : Ce qui concerne tout le monde doit être travaillé
par tout le monde, même si les derniers siècles avaient
rompu avec cette méthodologie. Cette sollicitation a donc
été accueillie avec surprise et avec joie. Mais dans le diocèse
de Grenoble comme dans la plupart des diocèses, nous
avons été pris de court par les délais nécessaires à
l'organisation de cette réflexion dans les paroisses… Nous
n'avons pas cette habitude de la consultation… Dans
l'univers médiatique qui est le nôtre, c'était sans doute
également la première fois qu'une démarche synodale était
ainsi mise sur le devant de la scène. Quelques cardinaux
bien en vue ont ainsi fait étalage de leur point de vue dans
les librairies alors même que la consultation était en cours.
Les débats lors des deux sessions synodales se sont
12
également retrouvés mis en ligne sur les réseaux sociaux
au fur et à mesure de la tenue des séances, ce qui n'a pas
aidé à apaiser les éventuels différends.
Un jeu d'équilibre à retrouver
Pour Bertrand Dumas, ce jeu de tensions entre
innovation et tradition est également à découvrir dans les
fruits de ce synode et en particulier dans l'encyclique
Amoris Lætitia qui en est issue. Certes, le dogme n'a pas
bougé et les règles sont rappelées en vue de l'idéal d'une
vie conjugale et familiale catholique. Mais l'encyclique fait
en même temps place à l'attention aux réalités vécues par
les hommes et les femmes de notre monde et remet en
avant la " loi de gradualité ". C'est passionnant, parce qu'on
n'est pas dans la simple règle d'un "oui" ou d'un "non" à dire,
mais dans l'accompagnement des personnes et des
circonstances, en invitant au bien qui est à la portée, un pas
à la fois !
En tant que professeur d'éthique, Bertrand Dumas ne
peut en effet que se réjouir de ce que l'éthique soit
revalorisée face au dogme, l'accompagnement face au
rappel des règles. Amoris Lætitia fait place au principe de
graduation. L'idéal est certes rappelé, mais chacun doit être
accompagné pour faire le bien possible dans sa situation,
non pas être confronté à son échec face à l'idéal de la vie
chrétienne.
Conjuguer les bases et la nouveauté
Certes, le chapitre 4 de l'encyclique rappelle les bases
traditionnelles du dogme catholique. Mais, la nouveauté
était bien présente tout au long de la démarche : par
l'attention au contexte et au décalage parfois trop grand
avec les situations vécues par les personnes, par la
personnalité du pape François et sa liberté de ton héritée
de sa tradition jésuite, par la redécouverte d'une tradition
théologique éthique longtemps passée au second plan
derrière le rappel du dogme. La question de l'équilibre à
trouver reste entière dans le temps de la réception de ce
texte qui s'ouvre dans les diocèses tout comme la question
de l'accompagnement qu'il faudra mettre en œuvre dans
les paroisses.
Gérald Machabert,
Journal Réveil
1
Bertrand Dumas a publié dans "Les cahiers Croire"
N° 306 - juillet / août 2016 un sujet d'actualité
"Le Pape et les divorcés remariés".
TRADITION ET INNOVATION
CONSECRATION
Une vie à la suite de Christ animée par le
souffle de Dieu, voilà comment je comprends
le dynamisme de la consécration.
Cette exigence évangélique s'impose à tout
disciple qu'elle que soit sa forme d'existence.
Toute vie chrétienne prend naissance dans un
appel de Dieu, relayé par Jésus de Nazareth, à
l'aimer en aimant celles et ceux qu'il nous donne
comme sœurs et frères. Catholicisme et
protestantisme se rejoignent en cela.
Tout disciple de Jésus-Christ est appelé à
s'attacher à son maître et à servir à son exemple.
Cette vocation, bien sûr, ne peut se réaliser et
s'épanouir que dans la réalité du monde et réclame
un choix de vie quant à sa mise en œuvre.
Deux voies sont privilégiées par l'Église
catholique : la consécration dans la vie religieuse
et l'engagement dans le mariage. Ces voies, qui
visent à atteindre la sainteté, demandent un
engagement de la part des sujets concernés et les
lient soit par des vœux pour ce qui est de la vie
religieuse, soit par un sacrement indissoluble en ce
qui concerne le mariage. L'engagement est ratifié
par l'Église institutionnelle qui agit comme
médiatrice et leur donne un caractère définitif.
La vie religieuse réclame le célibat donné
comme signe d'une consécration totale à Jésus-
Christ, d'une union mystique avec le maître. Le
mariage, quant à lui, comporte aussi une dimension
de signe donné dans le fait qu'il représente
l'alliance de Dieu avec son peuple et du Christ avec
l'Église. Ainsi donc, la consécration, bien que se
vivant dans une dimension dynamique exige un
engagement durable.
Si le protestantisme connaît des formes de vie
de consécration religieuse, surtout féminines, il
n'impose pas la dimension sacramentelle à l'union
conjugale. Les approches théologiques sur le
mariage divergent. En France le mariage civil est
préalable. Pour l'Église catholique, c'est un
sacrement considéré comme valide par la
médiation ecclésiale. Dans le protestantisme, il
n'est pas un sacrement mais peut entraîner, chez
ceux qui le vivent, le désir de le placer sous la
bénédiction de Dieu.
Le " viens et suis-moi " de Christ concerne,
je le crois, chaque être humain. Seule la
réponse libre de l'appelé en fera un disciple et un
apôtre ; il découvrira ce que Dieu attend de lui.
L'Église prendra acte de sa vocation sans
cependant se substituer à Dieu qui peut susciter
chez l'appelé des évolutions au cours de son
existence.
Jean-François Blancheton, pasteur
EPUdF de Sens et environs
13
Journal ‘‘Liens Protestants’’
Dispensé de timbrage LESQUIN LILLE PIC
15. rue Jeanne d’Arc - 59000 LILLE
* ISSN 1151-3152 * CPPAP 1019G86883 *
PRESSE
DÉPOSÉ LE 27 DÉCEMBRE 2016
DISTRIBUÉE PAR
LA POSTE
Toutes les mains
Fais, Seigneur, se joindre toutes les mains,
pour rendre plus humain
le sol où tu insufflas la vie
à un homme que tu modelas.
Que nous prenions ta main noire, Seigneur,
pour que la terre porte les fruits de l'espoir.
Que nous prenions ta main jaune, Seigneur,
pour que le monde reste jeune
et que chacun gagne dignement son pain.
Que nous prenions ta main blanche, Seigneur,
pour que les bourgeons qui portent joie et justice
éclosent sur toutes les branches.
Que nous prenions ta main rouge, Seigneur,
à la croisée des chemins,
pour que les hommes de l'Afrique, de l'Asie,
de l'Europe, de l'Amérique,
de tous les temps, de tous les cieux,
cultivent ensemble sur tous les continents,
des chemins de développement,
des champs de prière et de dévouement.
Nabil Mouanès,
in Paroles lointaines… paroles si proches
Journal Liens Protestants
- Association loi 1901 déclarée le 1er août 1997 - J.O. du 23 août 1997 n°1349
SIÈGE SOCIAL : 15 rue Jeanne d’Arc - 59000 Lille
Directeur de publication : Désignation en cours : Pasteur Frédéric Verspeeten
Rédacteur en chef : Nicole Vernet - 37 rue du château, 59273 Péronne en M.
06 64 93 42 54. - e-mail : [email protected]
Comité de rédaction :
Pierre Coester - Jean-Paul Roelly - Nicole Vernet - André Wacrenier - Sigrid Delaye
14
Secrétaire : Frédéric Verspeeten
5 bis, rue Ferrand - 59300 Valenciennes - 03.27.30.03.17
Trésorier : Olivier Walbaum - 94 rue de l’herrengrie 59700 Marcq en Baroeul - 06.75.10.55.15
Maquette : Holy Valisoa - 07.77.28.08.40 - [email protected]
Régie publicitaire nationale - Contact : Franck SEIGNOL
06 14 35 50 02 – [email protected]
Imprimerie : I.P.N.S. - 331, rue Pierre Legrand - 59000 Lille
Dépôt légal : à parution
Téléchargement