Nombre de document(s) : 1 Date de création : 2 décembre 2015 Créé par : BU-DE-MONTPELLIER-I Le pape François tourne la page du débat sur le préservatif La Croix - 2 décembre 2015..................................................................................................................................2 1 Nombre de document(s) : 1 Date de création : 2 décembre 2015 La Croix, no. 40355 Religion, mercredi 2 décembre 2015, p. 18 Le pape François tourne la page du débat sur le préservatif Interpellé à son retour d'Afrique sur le refus par l'Église du recours au préservatif pour prévenir le sida, le pape a mis en priorité « l'obligation de soigner » , estimant vain, face aux fléaux dévastateurs, le débat entre ce qui est licite ou non. Il a dénoncé par ailleurs le fondamentalisme religieux dans sa propre Église. Sébastien Maillard ROME De notre envoyé spécial permanent « Alors que le virus du sida continue de se propager, comme au Kenya et en Ouganda, ne serait-il pas temps de changer la position de l'Église contre l'usage du préservatif pour prévenir des contagions futures? » Interrogé directement par un journaliste allemand dans le vol retour de son voyage en Afrique, le pape François a cherché à éviter le piège de cette question médiatiquement explosive qui, a-t-il reconnu, « place la morale de l'Église dans la perplexité ». Le pape jésuite n'a répondu ni par oui ni par non, sur le fond, à propos du recours au préservatif face à cette épidémie. « Oui, c'est une des méthodes », a-t-il convenu, rappelant aussitôt le « commandement » de l'Église que « la relation sexuelle soit ouverte à la vie ». Jorge Bergoglio, qui n'a pas caché son agacement devant une question jugée « trop étroite et partiale », s'est surtout employé à ne pas l'enfermer dans un débat entre permis et défendu. « Ce n'est pas le problème. Le problème est plus grand », a-t-il fait valoir, comparant la question à celle des docteurs de la Loi interrogeant Jésus pour le mettre en difficulté - pour savoir s'il était permis ou non de guérir une personne durant le sabbat. « C'est obligatoire de soigner! », s'est exclamé le pape, pour qui il ne faut « pas penser s'il est licite ou non de soigner pendant le sabbat »: « Il ne me plaît pas de descendre à des réflexions aussi casuistiques quand les gens meurent par manque d'eau ou de faim, ou d'habitat », a-t-il poursuivi, dénonçant, au-delà du seul sida, d'autres « maladies tragiques » et fléaux, comme « les guerres », causes encore d'une telle mortalité. « Je dis à l'humanité: faites justice et quand tous seront guéris (...) alors on pourra parler du sabbat. » La réponse du pape François se fonde sur un principe, qu'il répète souvent, selon lequel « la réalité importe plus que l'idée ». Elle rejoint aussi sa vision d'une Église comme « hôpital de campagne après la bataille » qui, sans être « une ONG », ne laisse pas ses débats l'éloigner de la souffrance des personnes. Jorge Bergoglio est connu, du temps où il était en Argentine, pour s'irriter que l'hostilité de principe de l'Église catholique contre le préservatif, rappelée à maintes reprises sous Jean-Paul II, soit devenue l'objet d'une telle fixation. Sa réponse, avant-hier, peut se comprendre comme une volonté de tourner la page. 2 De fait, l'Église a souvent dû s'expliquer sur cette question moralement sensible. Celle soulevée avant-hier avait déjà été posée à Benoît XVI en 2009 dans son vol pour le Cameroun et l'Angola. La simplification de sa longue réponse de fond avait alors provoqué un tollé mondial, éclipsant le reste du voyage. L'année suivante, dans son livreentretien Lumière du monde (Éd. Bayard), Joseph Ratzinger avait expliqué, sur le même sujet, que « naturellement l'Église ne considère pas les préservatifs comme la solution authentique et morale » mais que dans certains cas, « avec l'intention de diminuer la contagion », leur utilisation « peut représenter un premier pas dans la voie qui conduit à une sexualité vécue autrement, plus humaine ». Sur le terrain, de nombreux dispensaires catholiques n'interdisent pas l'usage des préservatifs, en cas d'urgence. La conférence de presse d'une heure qu'a donnée avant-hier le pape François lui a aussi offert l'occasion de s'exprimer sur le problème du fondamentalisme religieux, qui entraîne du terrorisme, comme à Paris. « On ne peut pas supprimer une religion parce qu'il y a beaucoup de groupes fondamentalistes à un moment de l'histoire », a-t-il répondu Nombre de document(s) : 1 Date de création : 2 décembre 2015 à une question sur l'islam, religion avec laquelle il estime le dialogue possible: « Ils ont tant de valeurs constructives. » Le pape a renvoyé à l'histoire du christianisme: « Combien de guerres, pas seulement de religions, avons-nous fait, nous chrétiens? Le sac de Rome (1527, NDLR), ce ne sont pas les musulmans qui l'ont fait! » « Nous aussi devons demander pardon », a-t-il estimé, citant la guerre de Trente Ans (1618-1648) et le massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572): « Catherine de Médicis n'était pas une sainte! » depuis la fin du dernier Synode sur la famille, fustige de plus en plus ce qu'il a comparé à de « l'idolâtrie ». « Le fondamentalisme est une maladie qui existe dans toutes les religions », a-t-il fait valoir, épinglant ici encore sa propre Église: « Nous, catholiques, nous en avons tant qui croient détenir la vérité absolue et salissent les autres, par la calomnie et la diffamation, et font du mal. » « Il est inutile de chercher des solutions dans des conservatismes et des fondamentalismes, dans la restauration de conduites et de formes dépassées qui n'ont plus la capacité d'être significatives, pas même culturellement », jugeait-il déjà, à Florence, le 10 novembre. « Je le dis parce que c'est mon Église », s'est justifié le pape, qui, © 2015 la Croix. Tous droits réservés. ; CEDROM-SNi inc. news·20151202·LC·assignment_675647 - Date d'émission : 2015-12-01 Ce certificat est émis à BU-DE-MONTPELLIER-I à des fins de visualisation personnelle et temporaire. Retour à la table des matières 3