Institutions, Gouvernance fiscale, Et Management - EURO-MENA

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ETF et EGPA.
Le Cinquième Dialogue Euro Méditerranéen
Colloque MED 5: « Atelier Doctoral».
Amman, 26 et 27 septembre 2012.
« Institutions,
Gouvernance fiscale,
Et Management Public au Maroc ».
KARIMI Latifa*
Université d’Economie de Bordeaux.
France.
Conférence : Atelier Doctoral.
Résumé :
Ce papier est extrait de notre thèse. Il s’intéresse aux institutions fiscales, à la gouvernance fiscale et aux finances publiques
au Maroc. Il sera question dans un liminaire à notre contribution de préciser la problématique de notre recherche ainsi
qu’un cadrage de celle-ci, en spécifiant l’originalité et l’intérêt du sujet de notre thèse. Ensuite dans une première partie de
notre étude, nous tentons de préciser le cadre théorique de l’institution fiscale, de la gouvernance fiscale et des finances
publiques au Maroc.
En effet, on va clarifier certains concepts fiscaux, en outre d’une précision des théories économiques néo-institutionnaliste,
ayant contribué à la compréhension de la problématique fiscale d’un angle institutionnel.
Cerner le volet théorique de la gouvernance fiscale au Maroc, n’aura pas un grand intérêt sans l’explicitation du
dynamisme des finances publiques dans notre pays, surtout à travers sa composante fiscale (Recettes fiscales, nouveaux
impôts, et impact sur le développement socioéconomique…ect).
Ainsi, la deuxième partie de ce travail de recherche, sera consacrée au volet empirique de cette étude, c a d à les récents
changements de la gouvernance fiscale marocaine, et ses conséquences sur les finances publiques marocaines, et sur la
croissance de l’économie marocaine, en général.
On conclura notre papier de recherche par apporter quelques recommandations, et pistes futures de l’amélioration de la
gouvernance fiscale au Maroc.
Abstract: This paper is extracted from our thesis. It focuses on fiscal institutions, fiscal governance, and public finance in
Morocco.
It will be question in an introductory in our contribution to specify the problem of our research as well as a centring of this
one, by specifying the originality and the interest of the subject of our thesis. Then in a first part of our study, we twill ry to
specify the theoretical frame of the fiscal institution, the fiscal governance and the public finances in Morocco.
Indeed, we will deepen some tax concepts, in addition to a precision of neo-institutionalist economic theories, which
contributed
to
the
understanding
of
the
issue
of
a
fiscal
institutional
perspective.
Identify the theoretical part of the fiscal governance in Morocco, will not have much use without the explicit dynamics of
public finances in our country, especially through its tax component (tax revenue, new taxes, and impact on socioeconomic
development. Ect. ...).
Thus, the second part of this research will be devoted to the empirical part of this study, ie to recent changes in tax
governance Moroccan, and its impact on Morocco's fiscal, and growth of the Moroccan economy, in general.
We conclude our research paper by providing some recommendations, and future avenues of improved fiscal governance in
Morocco.
Mots clés: Institutions, Gouvernance fiscale, Mangement Public, impôts, taxation, croissance économique,
Maroc.
Key words: Institutions, fiscal governance, Public Management, tax, taxation, economic growth, Morocco.
*Auteur : KARIMI, L. [FRANCE]. Doctorante en Economie. Université d’Economie de Bordeaux. Adresse de
Courriel : [email protected]
1
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Colloque MED 5: « Atelier Doctoral».
Amman, 26 et 27 septembre 2012.
Plan :
I.
II.
III.
Le Cadre Théorique de la Gouvernance Fiscale au
Maroc.
IV.
Nouveaux Impôts, Management
Croissance économique au Maroc.
V.
I.
Exposé de la Problématique et cadrage de la
recherche
Introduction : Généralités des Institutions Fiscales.
Public,
et
Remarques de Conclusion.
Exposé de la Problématique et cadrage de la recherche.
Nombreux sont les économistes qui se sont penchés sur cette thématique reliant la fiscalité,
les choix de politiques fiscale au développement, notamment dans les pays en développement,
dont le souci principal est de se procurer des fonds indispensables au financement de leurs
action de développement, et de progression dans la réalisation d’un meilleur bien être à leurs
populations.
2
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Ainsi, le besoin pour les pays en voie de développement de se procurer des recettes fiscales
pour financer leurs actions de développement se ressent de plus en plus, et si les pays du nord
aspirent à une réforme de leurs systèmes fiscaux dans un souci d’équité fiscale et de justice
sociale, la motivation est tout autre dans les pays du sud, qui voient leurs recettes fiscales en
nette déphasage avec leurs exigences de développement1.
Le caractère crucial que présentent la fiscalité, le choix d’outils fiscaux, et la mise en place
des réformes fiscales dans les pays en développement, est donc chose évidente.
Notre travail de recherche se propose d’étudier l’apport de la fiscalité comme moyen de
développement dans le cas marocain.
Plusieurs questions de recherche découlent de ce postulat de départ de notre recherche.
 C’est dans quel contexte et dans quel cadre que sont survenues les réformes
fiscales au Maroc ?
 Quels sont les principales nouveautés amenées par ces réformes fiscales,
autrement dit, quels sont les nouveaux impôts instaurés ?
1
… Countries throughout the world have reformed or are attempting to reform their tax systems. In industrial
countries, the imppetus has come from the increasing complexity of the tax code, a narrowing tax base, and
concerns with horizontal equity. The motivation in developping countries is similar, but the need is much nore
pressing. The tax base is already very narrow in most developped countries and improvements in the capacity of
tax administration make it possible to shift away from inefficient and inequitable but administratively simple tax
instruments (such as trade taxes)..
Source : Stiglitz. Joseph E. Tax reform in developing countries. World Bank regional and sectoral studies. Edted
by Thirsk, Wayne R. Washington, D.C. World Bank, 1997. Page xiii.
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 Est ce que les réformes fiscales marocaines du début des années 80, ont-elles
permis un accroissement de la masse fiscale, et leurs actions sur les secteurs
de l’économie, ont-elles généré les fondements de base d’une politique fiscale
au service du développement au Maroc ?
 Quels liens entre la réforme fiscale et les agrégats économiques au Maroc ?
 Comment les réformes fiscales au Maroc influencent t- elles le développement
dans ce pays ?
Nous tentons de cerner le cadre de notre recherche comme suit :
 L’ORIGINALITE DE NOTRE SUJET DE THESE : LES MOTIVATIONS DU
CHOIX DU SUJET DE THESE.
Nous avons l’intention, dans le cadre de cette thèse, de déployer la grille d’analyse
économique, se basant sur l’ensemble des outils s’apparentant à la Science Economique, afin
de pouvoir éclairer cette thématique, se focalisant sur les réformes fiscales dans les pays en
voie de développement en général, et dans le Maroc en particulier.
C’est pour cette raison que notre thèse se différenciera des multiples travaux antérieurement
rédigés, concernant la thématique des réformes fiscales marocaines, et notamment les thèses
présentées en sciences juridiques, plus précisément dans le droit public, et qui ont traités
spécialement de ce sujet d’un point de vue juridique et législatif.
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 L’INTERET DE LA RECHERCHE.
D’un point de vue théorique, cette recherche contribue à l’élaboration d’un cadre
conceptuel permettant la compréhension du déroulement du processus des réformes fiscales
dans le cadre des économies des pays en voie de développement, en l’occurrence le cas de
l’économie marocaine.
Notons que les travaux de recherche existants, se basent sur l’analyse des faits fiscaux selon
une optique juridique consistant à expliquer les modifications sur le plan juridique, en outre
la démarche adoptée dans ces travaux antérieurs, traitant de la politique fiscale au Maroc,
sont des travaux descriptifs, ne comprenant pas d’analyse quantitative et qualitative des
données de politique fiscale au Maroc.
Ainsi, notre travail de thèse permet de traiter de la réforme de la fiscalité marocaine dans sa
globalité, avec une attention très particulière sur l’impact de cette fiscalité sur la promotion
du développement socioéconomique au Maroc. Par conséquent, notre travail de recherche
rejoint les analyses économiques finalisées par les économistes éminents, sur d’autres pays
dans d’autres continents, tel que l’Amérique latine, ( les travaux de Wayne Thirsk sur la
réforme fiscale Bolivienne2, et Charles E. Mclure sur le cas de la réforme fiscale en
Colombie3, ainsi que Roy Bahl sur la réforme fiscale jamaïquaine4), où le phénomène des
réformes fiscales est encore plus ressentie, et où les bailleurs de fonds (FMI et banque
mondiale) exerce plus de pression pour assainir les finances publiques dans ces pays.
2
Source : Thirsk, Wayne. Bolivia’s tax revolution. In « Tax reform in developing countries. World Bank
regional and sectoral studies ». Edted by Thirsk, Wayne R. Washington, D.C. World Bank, 1997. Page 33.
3
Source : Mclure, Charles E. Thirty years of tax reform in Colombia. In « Tax reform in developing countries.
World Bank regional and sectoral studies ». Edted by Thirsk, Wayne R. Washington, D.C. World Bank, 1997.
Page 57.
4
Source : Mclure Bahl, Roy. The jamaican tax reform : its design and performance. In « Tax reform in
developing countries. World Bank regional and sectoral studies ». Edted by Thirsk, Wayne R. Washington, D.C.
World Bank, 1997. Page 167.
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II.
Introduction : Généralités des Institutions Fiscales.
La fiscalité importe de plus en plus dans l’économie de tous les pays, en général, et
dans les structures économiques des pays du Grand Maghreb en particulier.
Vu que celle-ci est connue pour être le pourvoyeur principal des fonds publics à l’Etat, elle
est amenée à jouer un rôle crucial dans les stratégies de développement économique et social.
La donne fiscale est le biais par lequel procède la collecte de recettes publiques, que bon
nombre de pays, surtout les pays en voie de développement sont en mesure de pratiquer, afin
de faire face aux défis qui les attendent, en l’occurrence sur le plan du développement
socioéconomique, et de la réalisation du bien être à leurs populations.
Ainsi, les dirigeants et les décideurs fiscaux des pays en voie de développement, ont toujours
été préoccupé par la recherche de formule des systèmes fiscaux adéquats à leurs structures
économiques et sociales, et drainant en même temps, des recettes fiscales, leurs permettant
l’implantation de nouvelles infrastructures sur leurs sols, générant en conséquence une
croissance économique ; et une réduction de la pauvreté dans leurs sociétés, ainsi qu’une
réalisation d’un meilleur bien être social (a better social welbeing)..
C’est dans cette optique que le rôle de la fiscalité, et de l’impôt ce cessent de croitre, œuvrant
ainsi à des politiques de gouvernances économiques, où la décision du choix fiscal est au
cœur de tout débat de société, ce qui fait que la fiscalité est un outil qui ne peut demeurer
indifférent aux réalités vécus dans les Etats5.
Par ailleurs, la fiscalité est même en devoir d’occuper une place primordiale dans toute
stratégie de développement économique et social d’un pays donné, c’est l’impôt, moyen de
financement de ce développement, qui y joue un rôle déterminant, et fixe les orientations de
choix de politiques fiscales à implanter6.
5
… Assigner à l’outil fiscal la promotion du développement économique et socio-politique, c’est de la
démesure. Mais, elle est à la mesure des nécessités et des aspirations des pays attardés. L’impôt a vocation à
participer à toutes « les grandeurs querelles » qui ébranlent les pays en développement depuis des décennies.
L’impôt ne peut pas demeurer indifférent aux idées qui brassent les pays en voie de développement, et à des
réalités qui assaillent les nouveaux Etats de l’hémisphère Sud…
Source : Pheuiphanh Ngaosyvathn. Le Rôle De L'impôt Dans Les Pays En Voie De Développement, le rôle
qualitatif – L’impôt promoteur du développement économique et socio politique. Bibliothèque de science
financière 13, 17. Paris: Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1974. Page 11.
6
… La fiscalité doit occuper une place privilégiée dans la stratégie du développement économique et social d’un
pays. En tant que ressource principale pour le financement du développement, l’impôt joue un rôle déterminant
dans l’orientation et la réalisation des choix économiques et des objectifs du plan. Tant par l’étendue de la place
de l’impôt à tous les niveaux de la vie économique et sociale, que par la multiplicité de ses effets induits sur
l’ensemble des activités de production, de répartition et d’utilisation des biens et services et des actifs
financiers, l’action de la fiscalité s’inscrit comme instrument de politique structurelle et conjoncturelle, globale
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La mise en place des politiques de réformes fiscales est au cœur d’un système de gouvernance
qui peut asseoir les bases d’une politique fiscale en harmonie avec les autres variables
économiques.
En conséquent, notre contribution scientifique se focalisera sur l’étude des institutions
fiscales, de la gouvernance fiscale et des finances publiques, en se basant sur le cas du
Maroc.
Nous aborderons dans ce papier de recherche, la problématique fiscale marocaine, comme
cas illustratif des pays du grand Maghreb, à travers deux axes principaux de débat.
nous traiterons du Cadre Théorique de la Gouvernance Fiscale au Maroc (III), pour
enchainer dans un second temps par des réflexions sur ce qui va relever de Nouveaux impôts,
Management Public, et croissance économique au Maroc (IV).
III.
Le Cadre Théorique de la Gouvernance Fiscale au Maroc.
Il serait certainement très judicieux, avant d’entamer toute analyse économique de la
gouvernance fiscale marocaine, de survoler le dispositif théorique qui permettra de mieux les
appréhender, et de cerner la nature, le contexte, et les apports économico et sociaux de ce
choix du système de gouvernance
Nous avons ainsi l’intention de décrire dans ce premier axe de réflexion, trois aspects
théoriques de la gouvernance fiscale au Maroc (des concepts théorique fiscaux, l’apport de la
théorie de la sociologie fiscale à la compréhension de la donne fiscale, les Politiques
d’ajustement structurel et les Réformes Fiscales dans les PVD…), qui serviront de bases à
l’appréhension de la balise théorique des Réformes fiscales au Maroc.
ou sélective. Il n’est pas de programme de régulation conjoncturelle, de politique de relance, de stabilisation ou
de croissance qui ne recourt, à des degrés variés, à l’utilisation de l’instrument fiscal…
Source : Elktiri, Mustapha. Fiscalité et développement au Maroc. Ed. Maghrébines. Casablanca.1982. Page
119.
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L’analyse économique du phénomène de la gouvernance fiscale au Maroc, nécessite
l’appréhension d’outils de base relavant du domaine des finances publiques en général, et de
celui de la fiscalité en particulier. L’appropriation des concepts théoriques fiscaux, est certes
incontournable, voire même indispensable à l’étude de la problématique des Réformes
fiscales au Maroc, d’un point de vue d’analyse économique.
Vu que de nos jours, le courant institutionnaliste occupe une place cruciale dans les
programmes de recherche en Economie, il a été opportun d’incorporer dans cette étude, un
axe de réflexion éclaircissant la portée de ce courant économique.
Ces éclairages exposeront l’essentiel de la théorie néo-institutionnaliste de l’Etat, et sera
l’occasion de revenir sur des outils d’analyse économique, tel que l’entité « Institution ».
Ce concept, est considéré comme étant le paradigme central du courant d’économistes néo
institutionnalistes, dont les adeptes sont des auteurs comme Gustav von Schmoller7 (1838 –
1917), Thorstein Veblen8 (1857 – 1929), et Walton Hamilton9 (1881 – 1958).
Le courant néo institutionnaliste est un courant de pensée économique portée par l’« Ecole de
Chicago », ( Ce nom leur vient de ce qu’ils fréquentèrent le Département économique de
l'Université de Chicago), regroupe un nombre assez large d’économistes qui sont
généralement associés à la théorie néoclassique des prix et au libre marché.
Parmi les adeptes de ce courant de pensée, Ronald COASE10, économiste britannique né le 29
décembre 1910 à Willesden, dans la banlieue de Londres, et lauréat du prix Nobel en
économie en 1991]. Il est considéré comme étant le père fondateur de la nouvelle économie
institutionnaliste (NEI) et économiste appartenant au courant ultra- libéral autrichien.
7
Source : Chavance, Bernard. « L’économie institutionnelle ». Ed la découverte. Collection Repères. Paris.
2007. Page 7.
8
Source : Idem, Page 11.
9
Source : Idem, Page 23.
10
Ronald COASE fait partie des économistes qui ont fait naître l'économie des institutions et les théoriciens de
l'analyse économique du droit se référent souvent à ses écrits sur la création de ce courant.
8
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Sa célèbre citation :
« …le marché ne fonctionne pas sans engendrer des coûts, à l’encontre de ce que pensait
Walras11, et que le recours à celui-ci ne se fait pas sans coûts »,
rejoint les percepts du courant néo institutionnaliste, pour qui la fonction de l’état est de
sécuriser les droits de propriété, garantir le bon fonctionnement du marché et des institutions
en général.
Les néo-institutionnalistes se placent ainsi à l’opposé des keynésiens, qui prônent l’Etat
providence, octroyant un rôle à l’état de stimulateur et d’acteur dans la vie des agents
économiques.
L’institutionnalisme, cette approche économiste nord américaine, est basée sur des
programmes de recherche, se focalisant sur « l’institution », pour eux les institutions
importent, à l’inverse des néoclassiques qui réduisent ces entités à des boites noires, n’ayant
aucune influence sur le monde de l’Economie.
La microéconomie tel que présenté par le courant néo institutionnaliste est basé sur les
routines, les habitudes, plus que sur les choix des individus. Les institutions sont alors un
moyen de réduction de complexité, de coûts, et d’asymétrie informationnelle12. C’est pour
cette raison même d’asymétrie informationnelle, que la « Firme » se substitue au marché,
selon la conception néo-institutionnaliste.
Ainsi, des auteurs du courant néo-institutionnaliste, notamment Ronald Coase [1937], Oliver
E Williamson [1975,1981] ont proposé un statut à la firme, statut faible ou inexistant chez les
néoclassiques, qui est que :
« … La firme est une institution, se présentant comme étant une alternative au marché, et qui
se substitue à celui-ci du fait de l’existence de coûts de transactions très élevés au sein du
marché ». En outre de ces précisions concernant la théorie néo-institutionnaliste de l’Etat,
l’éclaircissement de ce qui est susceptible d’être incorporé dans la notion de « Système
Fiscal », est très intéressant, et élucidera l’étude des réformes fiscales marocaines.
11
Léon Walras, économiste français, né à Évreux le 16 décembre 1834 et mort à Clarens (Vaud) le 5 janvier , et
principal fondateur de l’approche économique néoclassique, affirme que : toutes les offres et toutes les
demandes convergent vers un commissaire-priseur qui affiche les prix : le marché, Ce dernier est parfait et
fournit des informations justes à l’ensemble des acteurs.
12
…but above all it presents the micro-economics of a new institutionalism which focuses on routines and habits
rather than on free choice and perfect foresight. It especially challenges the widespread idea that markets are
free whereas institutions are constraining, pointing out that institutions may reduce complexity, sort information
and provide useful rules of thumb for decision-makers…
Source: Hodgson, Geoffrey M (1988), «Economics and Institutions», Cambridge: Polity Press, 1988, 365 pp.
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Le Professeur Pierre BELTRAME, dans son ouvrage « Les Systèmes fiscaux », le définit
comme étant des ensembles, plus ou moins cohérents, d’institutions, de règles et de pratiques
qui font incontestablement partie de notre univers social, économique et même
phycologiques13.
Le système fiscal peut aussi être définie comme étant l’ensemble des décisions prises par les
pouvoirs publics dans le but de changer telle ou telle recette du point de vue de son assiette,
son taux, ou son champ d’action, ou encore de point de ses modalités d’application. Par
ailleurs, l’expression « système fiscal » est utilisée aujourd’hui par la plupart des fiscalistes
pour désigner l’ensemble des impôts appliqués à un moment donné dans un pays déterminé.
En plus, le système fiscal signifie en sens large l’ensemble des recettes et contributions
publiques, du moment que le choix des recettes publiques par le gouvernement et les élus sont
ponctuelles et non définitifs, car au début de chaque année (année fiscale qui ne coïncide pas
forcément avec l’année civile) les recettes sont modifiés redéfinies selon les besoins de
financement de l’état.
Par conséquent, les systèmes fiscaux représentent un thème d’étude qui fait intervenir
plusieurs domaines : les finances publiques, la fiscalité, la parafiscalité, le budget de l’état,
l’économie publique.
Maurice BASLE écrivait, dans son livre « Systèmes fiscaux », qu’étudier les systèmes fiscaux
c’est décrire, analyser et comprendre comment les pouvoirs publics réussissent à se procurer
leurs moyens d’action, ceux qui vont apparaitre en recettes, ressources dans un ou plusieurs
documents appelés Budget14.
Le concept de « Dépenses fiscales », nommé aussi « Cadeaux fiscaux » semble être
primordial à l’étude du cadre de la gouvernance fiscale, et des politiques de réformes fiscales
au Maroc.
Ce sont des variables des systèmes fiscaux, et sont définis comme étant l’ensemble des faveurs
que l’état octroient aux agents économiques, afin d’alléger la charge fiscale et d’encourager
certains secteurs de l’activité économique. Il s’agit notamment des subventions et
encouragements fiscaux, des dégrèvements spéciaux ou exonérations fiscales.
Elles sont présentées comme des dépenses fictives des administrations publiques, Celles-ci,
plutôt que de procéder à une aide, ou un transfert à caractère économique ou social (financé
par l’impôt), peuvent décider de faire amoindrir le coût et de procéder à un cadeau fiscal.
Les dépenses fiscales sont des exceptions, des dérogations, des exemptions et exonérations
que le pouvoir publique applique afin de mener une bonne politique budgétaire, c’est la
raison pour laquelle, elles sont appelées « dépenses fiscales », « subventions fiscales » ou «
aides fiscales ».
13
Source : Pierre BELTRAME, Les Systèmes fiscaux, 1997, 3iéme Edition Que Sais-Je ?, p 3.
14
Source : Maurice BASLE, Systèmes fiscaux, 1989, Ed mémentos Dalloz, p 3.
10
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Pour ce qui est de leur avènements, Maurice BASLE écrivait que S. Surrey, alors secrétaire
adjoint du trésor en 1967 aux états unis, a inventait l’expression de « dépenses fiscales » (ou
« tax expenditures »)15.
En France, L’expression « dépenses fiscales » est apparue en 1979 dans le rapport annuel du
Conseil des impôts français. La loi de finances française de 1980 dispose que le
gouvernement retracera l’évolution des dépenses fiscales dans le fascicule « Voies et
moyens» annexé au projet de loi de finances.
L’administration des dépenses fiscales a pour objectif principal, non seulement de réduire la
base d’imposition, mais aussi de permettre le recours à l’administration fiscale afin
d’octroyer certaines subventions et certains transferts. C’est par l’intermédiaire des services
fiscaux, que diminuent les flux de transfert des ressources non nécessaires, ce qui réduit les
coûts administratifs.
En outre, la mise en place des dépenses fiscales empêche les incitations à la fraude fiscale, du
fait que le fisc est un bon connaisseur en matière des transferts et subventions et détient
l’ensemble des informations spécifiques sur les caractéristiques des ménages et des
entreprises, lesquelles informations peuvent être pertinentes à la limitation de la fraude, telles
que l’adresse, le revenu, la composition du ménage et la nationalité.
Pour ce qui est du cas marocain, les décideurs fiscaux ont élaboré leur premier rapport de
dépenses fiscales, en 2005, rapport annexé à la loi de finance, leur permettant de se
positionner parmi les pays précurseurs des PVD, fondant leurs choix fiscaux sur ce
document, comportant une présentation de l’ensemble des dérogations fiscales (dépenses
fiscales) avec leur référence juridique et une estimation de leur coût par type d’impôt et par
secteur.
Le gouvernement marocain se propose ainsi d’intégrer le processus d’évaluation des
dépenses fiscales dans ses instruments de gestion des politiques publiques.
Après ce bref survol des concepts théoriques fiscaux, nous tenterons, pour mieux cerner la
problématique des Réformes Fiscales dans les PVD en général, et au Maroc en particulier,
d’exposer l’apport de la théorie de la sociologie fiscale à la compréhension de la donne
fiscale.
« La Sociologie fiscale » est une branche de la science sociale, qui a fait son apparition dans
les pays anglo-saxons, et commence tout juste à se faire entendre parler d’elle en France,
grâce à certains auteurs, qui en explique le principe, les fondements, et l’utilité.
15
Source : Idem, p 59.
11
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C’est la science qui étudie les liens existants entre la fiscalité, l’état, et la société. Son objectif
principal est de se concentrer sur l’étude du processus de constitution et de transformation
l’Etat et des institutions publiques, autour de l’impôt, et de s’interroger sur la légitimité de
l’Etat fiscal, et de ses choix de politique d’impôt en rapport avec le contribuable-citoyen16.
Ainsi, l’impôt est en lui-même une variable essentielle du fonctionnement des sociétés,
relevant du domaine général de la sociologie. La Sociologie de l’impôt, est l’occasion
d’analyser une panoplie de questions générales de société, ayant un lien avec la fiscalité, audelà de l’aspect technique que suggèrent certaines disciplines, notamment le droit fiscal.
Cette branche des sciences sociales s’intéresse en l’occurrence à la question du consentement
à l’impôt, qui renvoie à la légitimité de l’état fiscal et des politiques publiques fiscales, ou
encore à la problématique du prélèvement fiscal, qui s’étudie dans le contexte d’une justice
sociale.
La sociologie de l’impôt recherche à construire une vision de la fiscalité et de l’impôt, autre
que celle du droit ou de l’économie, ayant un lien connexe avec les faits sociaux et sociétaux,
c’est dans cette optique qu’une typologie de l’impôt a été proposée, par les sociologues,
spécialistes du domaine de la fiscalité et de l’impôt.
Le schéma ci-dessous résume les principales représentations de l’impôt dans la société, et en
décrit le rôle et les fonctionnalités :
16
… Elle se concentre sur le processus de constitution et de transformation de l’Etat et des institutions
publiques autour de l’impôt…
Source : Leroy, Marc. « Sociologie De L'impôt ». Que sais-je ? 3642. Paris: Presses universitaires de France,
2002. Page 5.
12
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Tableau N°1 : Les représentations sociales de l’impôt
Nature de la représentation sociale de l’impôt
Rôle et fonctionnalité
« L’impôt indolore »
(où la taxe est incluse dans le prix de vente, le contribuable ne se
rend compte de son paiement).
Il ne s’agit pas dans ce cas d’impôt d’une représentation sociale,
puisque le contribuable ne ressent pas l’acquittement de cette taxe
(exemple le cas de tous les impôts indirects, comme la TVA)
« L’impôt -Tribut »
(Impôt existant depuis l’ère de l’empire romain, imposé pour une
raison de financement des guerres.
« L’impôt -Contrainte »
(C’est la conception de l’Impôt obligatoire)
L’impôt est ressenti comme étant un fardeau insupportable
L’impôt est perçu comme une contrainte, une charge fiscale
obligatoire et lourd à supporter
« L’impôt -Obligation »
(C’est l’impôt qui légitime l’action du prélèvement fiscal de l’Etat,
qui est un prélèvement sans contre partie)
« L’impôt - Echange»
(C’est la conception des économistes de l’impôt – prix, qui est en
contrepartie du service public rendu par l’Etat à l’ensemble de la
collectivité des citoyens).
C’est l’impôt qui est versé à l’autorité publique : c’est la conception
des juristes, où l’Etat fiscal joue pleinement son rôle légitime de
collecteur de recettes fiscales, qui alimenteront son budget.
Impôt, prix à payer par le contribuable pour bénéficier des services
qu’il reçoit de l’Etat
« L’impôt- Contribution »
(C’est l’aspect formel de la démocratie participative, qui améliore
le civisme fiscal)
Le contribuable juge légitime de financer les institutions et les
politiques publiques, c’est une forme de consentement politique à
l’impôt, qui atteste d’un civisme fiscal, engendrée par une
démocratie participative sociale.
Source : Leroy, Marc. « L’impôt, l’Etat, et la Société : La sociologie fiscale de la démocratie
interventionniste ». Paris. Editions Economica. Collection Finances Publiques. 2010. Page 253. Complétée par
nos soins.
Le volet théorique de la gouvernance fiscale au Maroc n’aurait grand intérêt sans
l’explicitation de l’importance du choix fiscal dans le contexte des PAS « programme
d’Ajustement Structurel ».
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Les récentes Réformes fiscales au Maroc, ont été le fruit de la mise en place des programmes
d’ajustement structurel dans bon nombre de pays d’Afrique, souffrant des mêmes maux
économique que le Maroc, tel que le déséquilibre aigu des finances publiques, le déficit accru
des balances de paiement, et surtout l’incapacité de ces pays à rembourser les
échelonnements de la dette extérieure. Sont ainsi nées des politiques fiscales, au sein d’une
nouvelle culture fiscale, à l’heure des politiques d’ajustement structurel, regroupés dans ce
qui va être nommé par le volet des reformes fiscales des programmes d’ajustement structurel.
Ce volet fiscal des réformes de politique d’ajustement structurel, s’inspirant des percepts des
économies de l’offre, tente d’aménager optimisation de collecte de recettes fiscales et
croissance économique dans ces pays. C’est en application de la célèbre courbe de Laffer17,
communément connue sous la fameuse expression de : « Trop d’impôt tue l’impôt », que les
instances monétaires internationales, FMI et Banque mondiale, vont placer la fiscalité au
cœur des débats dans les pays du tiers monde, dont le Maroc.
La politique d’ajustement structurel, se trouve donc, être est une politique reposant sur la
supériorité de l’initiative privée, qui conduit elle-même à deux orientations selon deux axes,
le premier entraine l’ouverture de l’économie vers l’extérieur, et le second axe s’emploie
dans le désengagement de l’état, générant ainsi la promotion du secteur privé , et à l’ancrage
de la logique du marché, qui détermine l’allocation des ressources et la régulation des
mécanismes de l’économie.
17
Arthur Betz Laffer (né le 14 août 1940) est un économiste libéral américain et chef de file de l'école de l'offre
("supply side"). C’est un défenseur fervent des politiques de réduction des impôts. Il est aussi l’auteur de la
célèbre courbe de Laffer portant son nom et qui tente de montrer que « trop d'impôt tue l'impôt ».
Le schéma de Laffer est une modélisation économique, basée sur l'idée que la relation positive entre croissance
du taux d'imposition et croissance des recettes de l'État es t vérifiable jusqu’à certain seuil très élevé, à partir
duquel une augmentation de l’impôt conduirait alors à une baisse des recettes de l'État, parce que les agents
économiques sur-taxés seraient incités à moins travailler (cela ne vaut plus la peine de travailler si les revenus
issus du travail sont trop faibles).
14
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Colloque MED 5: « Atelier Doctoral».
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L’appréhension de ce cadre théorique précisant un ensemble de théories économiques, de
concepts fiscaux, et de soubassement de programmes politiques, serviront à enchainer sur le
deuxième point de notre analyse, qui portera sur le cas empirique du Maroc.
Ainsi, il serait question dans ce volet de notre recherche, d’une part, d’élucider les aspects
des trois nouveaux impôts amenés par cette reforme.
D’autre part, nous traiterons, du lien existant entre la fiscalité, et le développement socioéconomique au Maroc : Des éclairages seront apportées aux interrogations tel que : la
fiscalité, à travers ses divers composantes (réforme des impôts, de l’assiette, de l’appareil
administratif…ect), peut elle servir au développement socio-économique au Maroc, peut t elle être prise en compte comme vecteur de toute politique ; et de toute stratégie de
développement économique marocaines ?
Pour achever ce deuxième volet empirique, nous débâterons également de l’intégration
fiscale maghrébine, à travers l’ouverture du cas marocain aux politiques fiscales harmonisés,
et cohérentes des autres membres de ce groupe de pays, que sont les pays de la rive sud de la
méditerranée, ou ce qui est aussi appelé « la zone du Grand Maghreb ».
IV.
Nouveaux impôts, Management Public, et croissance
économique au Maroc.
Le système fiscal marocain a été modifié à plusieurs reprises, suite à la mise en place de
législations fiscales nouvelles, œuvrant à la rentabilité et à la simplicité, ainsi qu’à la justice
sociale, au sein des rouages et du mécanisme de la fiscalité marocaine.
C’est ainsi que le système fiscal marocain est un système dynamique, en quête d’une
meilleure formule et d’un bon dosage de ses impôts, qui peut associer la variable financière,
de collecte de recettes, et la variable sociale, relative à la maximisation du bien être du
citoyen marocain, à travers l’encouragement de l’investissement et de l’épargne,
l’éradication de la pauvreté, et du chômage.
En outre, le Maroc, a était le terrain de plusieurs réformes institutionnelles, qui sont venues
en amont des réformes fiscales, et qui ont en quelque sorte favorisé le succès de l’application
de ces modifications législatives fiscales. On citera à cet égard, les réformes se rapportant
aux tribunaux, la cour des comptes, et autres institutions tel que le corps des experts
comptables ; ou encore la réforme de la loi marocaine sur les sociétés anonyme18.
18
… En fait, les réformes institutionnelles introduites en matière fiscale sont multiples ; on peut citer
notamment :
La constitution révisée et approuvée par le referendum du 13 septembre 1996 dont les innovations les
plus importantes sont la revalorisation de la cour des comptes et la création des cours régionales des
comptes ;
15
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La principale réforme de la fiscalité marocaine a eu lieu au début des années 80, suite aux
recommandations des deux bailleurs de fonds ; FMI et Banque mondiale, pour assainir la
situation des finances publiques marocaine, et faire face à l’impératif des échéances de
remboursement de la dette extérieure marocaine19. On assiste effectivement à un remaniement
profond de la fiscalité marocaine à travers la politique d’ajustement structurel (PAS),
politique de réformes économiques du FMI, dans l’objectif d’une limitation du déficit
budgétaire, et par la suite d’un remboursement des échéances de la dette.
Les recommandations des Instances Financières Internationales (IFI), en matière fiscale,
dans le cadre du programme d’ajustement structurel, dans le cas marocain, ont eu pour
principales objectifs une amélioration de la structure du système fiscal marocain, et une
restructuration de l’administration fiscale, pour un meilleur rendement de la collecte des
impôts20.
-
La promulgation de la loi n°41-90 du 12 juillet 1991 instituant les tribunaux administratifs ;
La loi n°15-89 du 8 janvier 1993 portant réglementation de la profession d’expert comptable et
instituant un ordre des experts comptables ;
La loi n°17-95 du 30 aout 1996 sur les sociétés anonyme.
Source: Harakat, Mohamed. « Nouvelle gouvernance fiscale au Maroc : Grands enjeux et défis de demain ». In
Leroy, Marc. L'administration de l'impôt en France et dans le monde. Coll Finances publiques, Paris:
l'Harmattan, 2008. Page 33.
19
…Cette réforme résultait de la politique d’ajustement structurel imposée par une crise aiguë des finances
publiques et la nécessité de faire face aux charges de la dette extérieure. L’amélioration du rendement fiscal
constituait alors l’un de ses principaux objectifs…
Source : Bensouda, Nourredine. Les enjeux de la réforme fiscale. In La réforme des finances publiques au
Maroc. Revue française des finances publiques, N° 102, 2008. Page 24.
20
…Depuis les années 80, les programmes d’assainissement budgétaires ont aussi produit des améliorations de
la structure de la fiscalité et de l’administration de l’impôt dans de nombreux pays en développement. Un
certain nombre de pays ont rationalisé et organisé la structure de la fiscalité pour réduire les impôts
générateurs de distorsions, tout particulièrement les taxes sur le commerce international. Ils se sont orientés
vers des taxes de consommation, reposant sur une large assiette. En Inde, par exemple, le droit maximum
applicable aux importations a été ramené de 400% en 1990 à 50% en 1995, et durant la même période, le taux
moyen est tombé de plus de 80% à moins de 30%...
Source : Direction des Etudes et des Prévisions financière, Ministère de l’Economie et des Finances au Maroc.
Impacts du Programme d’Ajustement Structurel. Document de travail. Novembre 1996. Mis en ligne sur
http://www.finances.gov.ma (le site web du Ministère de l’Economie et des Finances marocain), consulté le
02/11/2010.
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En vertu de la loi cadre de 1982, le paysage fiscale marocain, a connu un changement très
important, on assiste à l’avènement de trois nouveaux principaux impôts, que sont : l’Impôt
sur le revenu (l’I.R), l’Impôt sur les sociétés (l’I.S), et la Taxe sur la Valeur Ajoutée (T.V.A)
21
.
L’imposition directe des revenus au Maroc regroupe l’imposition des revenus des personnes
physique, qui sont soumis à l’Impôt sur le Revenu (I.R), et l’imposition des personnes
morales, ou sociétés, nommé l’Impôt sur les Sociétés (I.S). En revanche l’imposition indirecte
sur les biens de consommation et les services, est matérialisée par la mise en place au Maroc,
de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), impôt indirect, incorporé au prix de vente de la
marchandise ou du service vendus.
La réforme fiscale marocaine était progressive, elle a commencé par la mise en place de la TVA en
1986, puis par l’IS en 1987, pour achever par l’IR en 199022.
L’institution de l’impôt sur le revenu (IGR) marque certes la rupture avec le passé, et
témoigne d’une volonté de rationalisation de l’imposition et de rentabilité du système fiscal
marocain. Le cas marocain est très intéressant, car il illustre bien les composantes majeures
et les tendances fortes de l’évolution de la fiscalité des revenus des personnes physiques dans
les pays du tiers monde.
21
…Sur le plan fiscal les réformes introduites ont concerné notamment :
- La mise à niveau progressive des textes fiscaux par des mesures d’harmonisation, de simplification et
d’adaptation à l’environnement de l’économie. Ce processus a commencé avec l’adoption de la loi cadre
relative à la réforme fiscale en 1982, dont les dispositions ont débouché sur la création de trois grands impôts :
la TVA en 1986, l’IS en 1987 et l’IGR en 1989 ; …
Source: Harakat, Mohamed. « Nouvelle gouvernance fiscale au Maroc : Grands enjeux et défis de demain ». In
Leroy, Marc. L'administration de l'impôt en France et dans le monde. Coll Finances publiques, Paris:
l'Harmattan, 2008. Page 34.
22
…Il est important de rappeler que le Maroc a connu sa grande réforme fiscale dans les années 80. En effet,
c’est la loi cadre adoptée en 1984 qui a programmé la mise en place progressive du système fiscal actuel,
articulé autour de l’introduction de la taxe sur la valeur ajoutée en 1986, de l’impôt sur les sociétés en 1987 et
de l’impôt général sur le revenu en 1990…
Source : Bensouda, Nourredine. Les enjeux de la réforme fiscale. In La réforme des finances publiques au
Maroc. Revue française des finances publiques, N° 102, 2008. Page 24.
17
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La version du projet de texte instituant l’impôt sur le revenu des personnes physiques en
remplacement des impôts catégoriels existants auparavant ; comporte six titres23. Selon les
termes du projet de texte, les dispositions ainsi conçues régissant l’impôt sur le revenu
doivent permettre de corriger toutes les imperfections du système cédulaire.
Le revenu global imposable est déterminé par le total des revenus nets catégoriels y compris
les revenus de source étrangère retenue à la source pour leur montant net acquis. Le revenu
net de chacune des catégories de revenus professionnels, agricoles, salariaux et revenus
assimilés, revenus de capitaux mobiliers et revenus fonciers provenant de la location de biens
immeubles ; est égal à la somme des revenus découlant de l’ensemble des activités,
opérations et sources de revenus afférentes à cette catégorie.
L’impôt sur les sociétés, comme l’Impôt sur le revenu, est un nouveau mode d’imposition, qui
ne concerne que les sociétés et les personnes morales, institué par les lois de la législation
fiscale, suite aux réformes de la fiscalité marocaine du début des années 8024.
C’est un impôt qui se substitue à l’Impôt sur les Bénéfices Professionnels (I.B.P), celui-ci a
été mis en place en 1941 comme un simple supplément à l’impôt des patentes, et devient en
1954 l’impôt de base de toutes les activités patentables ou non. Comme son nom l’indique, cet
impôt s’appliquait aux revenus professionnels indépendamment de la qualité de personne
physiques ou morale qui les percevaient.
23
…Les dispositions générales contenues dans le titre I ont trait au champ d’application de l’impôt général sur
le revenu (IGR) [article 1,2 et 3], à la base imposable [article 4,5 et 6], à la période et au lieu d’imposition
[article 8 et 10], au taux et au barème [article 11) ainsi qu’aux déductions de l’IGR [article 12,13 et 14].
Le titre I comporte en outre des dispositions sur la déclaration annuelle de l’IGR [article 17,18 et 19], sur
l’établissement de l’impôt [article 20], son imposition d’office [article 21], ainsi que la rectification des
impositions [article 22, 23 et 24].
D’autres dispositions concernant le droit de contrôle et de communication [article 25 et 26], le délai de
prescription [article 27,28 et 29], les sanctions générales d’infraction [article 30, 31, 32 et 33], ainsi que le
secret professionnel [article 34] figurent dans le titre I de la loi cadre instituant l’impôt général sur le revenu.
Les autres titres de la loi portant institution de l’impôt général sur le revenu énoncent des dispositions
particulières relatives à l’imposition des revenus catégoriels rentrant dans le champ d’application de l’IR. Le
titre V [de l’article 109 à 117] est consacré à la détermination, au calcul et à la territorialité des revenus
fonciers. Le titre IV [de l’article 90 à 108] est consacré aux revenus salariaux…
24
La loi relative à l’impôt sur les sociétés a été promulguée le 31 décembre 1986 par le dahir n°1-86-239, loi
n°24-86, BO n°3873 du 21 janvier 1987.
18
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Vu toutes les carences et les failles dont souffraient l’Impôt sur les bénéfices (I.B.P), il a fallu
tout naturellement le radier, afin de mettre à sa place un nouvel impôt sur les entreprises,
nommé l’Impôt sur les Sociétés « l’I.S ».
Contrairement à l’I.B.P, l’impôt sur les sociétés est un impôt qui ne concerne que les
bénéfices des sociétés, plus généralement les bénéfices des personnes morales.
L’impôt sur les Sociétés est un impôt soumis à un taux unique prépondérant, concernant la
majorité des activités, qui est de 35%, taux ayant d’ailleurs baissé, durant les dernières
années, pour n’être que de 30 %. Ce taux principal a été revue à la baisse, dans le but d’une
attractivité des investisseurs privés nationaux ou étrangers, et renforcer la concurrence et la
compétitivité des entreprises installées au Maroc25.
Quat à la Taxe sur la valeur ajoutée est le troisième impôt promulgué par la loi instituant la
réforme fiscale du début des années 80, au Maroc.
Comme dans bon nombre de pays en voie développement, il existait au Maroc, avant la Taxe
sur la valeur ajoutée ; plusieurs types d’impôts indirects généraux, notamment la Taxe sur le
chiffre d’affaire cumulative, la Taxe unique sur les ventes, la Taxe à la production.
La taxe sur le chiffre d’affaire est perçue à chaque transaction sur sa valeur globale,
cumulativement à différentes étapes de la production des biens et services, elle est dite « à
cascade ». Quoiqu’elle est facile à administrer et que son rendement est élevé, ses effets
économiques sont négatifs. En effet, elle favorise les modes de production et de stratégies
d’intégration verticaux encourageant ainsi les circuits économiques courts, qui ne sont pas
toujours en harmonie avec les exigences d’un développement économique et social.
25
…L’orientation observée au niveau régional en faveur d’une réduction de la taxation sur les bénéfices est une
tendance irréversible. Elle se justifie par la recherche active à renforcer l’avantage concurrentiel des
investisseurs privés et, partant, les efforts pour attirer des investissements étrangers. Toute réflexion de réforme
fiscale gagnerait donc à porter sur la révision à la baisse, de manière significative, du taux d’imposition des
entreprises et particulièrement le taux faciale. Cette baisse doit bien entendu faire l’objet d’une estimation de
son impact sur le rendement de l’IS afin d’envisager les mesures compensatrices nécessaires dans le cadre d’un
effort de réforme fiscale plus large. Cette réduction du taux de l’IS permettrait d’améliorer la compétitivité du
Maroc par rapport à ses pays concurrents en diminuant la charge fiscale des entreprises…
Source : Hdid, Mohamed. Réflexions sur la réforme fiscale. In La réforme des finances publiques au Maroc.
Revue française des finances publiques, N° 102, 2008. Page 33.
19
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Il a donc fallu penser à une taxe sur la valeur ajoutée qui puisse contrecarrer ces
inconvénients que présentaient les taxes indirects, existant à l’époque ; une taxe qui ne soit
pas cumulative au fur et à mesure qu’on avance dans le processus de production.
L’idée de la taxe sur la valeur ajoutée s’est développé en France en 1948, au point d’être le
pays pionnier en la matière ; et offre ainsi un modèle d’une imposition indirecte, qui sera
généralisé et appliqué partout dans le monde, notamment dans les pays en voie de
développement26.
Le précédent système des taxes sur les produits et des taxes sur les services comportait une
douzaine de taux, chiffre à l’évidence excessif que le passage à la TVA devait permettre de
réduire considérablement, et ceci grâce à un regroupement de plusieurs taux et à la fusion de
la taxe sur les produits et de la taxe sur les services. La taxe sur la Valeur ajoutée a donc
l’avantage d’être un impôt indirect sur la consommation, calculé à un taux ad valorem, dont
les entreprises s’acquittent dans une proportion égale à leurs couts de fabrication et à la
commercialisation de leurs produits, c’est aussi un impôt capable de varier en taux, selon la
nature des produits et les services taxés27.
26
…Au début des années 80, plusieurs pays ont adopté la Taxe sur la Valeur Ajoutée, et c’est avec les politiques
d’ajustement structurel que la TVA va gagner plus du terrain en Afrique (Maroc, Tunisie, Niger…), en Asie
(Indonésie, Philippines, Thaïlande…). Dans les années 90, la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) va apparaitre
comme étant un impôt en voie de généralisation à l’échelle planétaire….
27
…un court raisonnement , appuyé sur le POSTULAT ECONOMIQUE DE LA FISCALITE, a permis d’établir
que le seul impôt général de consommation :
-calculé ad valorem ;
- perçu sur les entreprises, qui l’incorporent à leurs prix ;
- pesant dans une égale proportion sur tous les couts élémentaires de la fabrication et de la
commercialisation d’un même produit, de manière à ne pas fausser les calculs grâce auxquels les
entreprises maximisent la productivité ;
- capable de comporter des taux différents selon la nature des produits ou des services ;
Est une taxe sur le chiffre d’affaire appliquée dans chaque entreprise aux ventes, selon les taux afférents à
chaque produit, sous déduction des taxes facturées par les fournisseurs.
Nous avons qualifié cette taxe de TVA, en raison du fait que les divers systèmes d’impôts auxquels cet intitulé a
été attribué, dans de nombreux pays, comportant en général le mécanisme de déductions ci-dessus indiqué, qui
permet d’actualiser de façon simple, à chaque stade de la production, les assiettes et les taux, en fonction de la
nature des produits…
Source : Lauré, Maurice. Science fiscale. Paris: Presses universitaires de France, 1993. Page 225 et 226.
20
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Le projet de loi d’instauration de la TVA, soumis au parlement, dans le début de la décennie
des années 80, comportait 4 taux ad valorem, auxquels s’ajoutaient deux listes différentes de
produits exonérés (taux de 0%) et deux taxes spécifiques28.Le taux normal a été maintenu à
19%, de nos jours il est de 20%. Ce taux est général, s’appliquant à tous les produits et
services à l’exception de ceux exonérés ou soumis à l’un des taux spécifiques. Le taux majoré
a été au début de la réforme fiscale maintenu à 30%, et la liste des produits qui y sont
imposés sont généralement des produits de luxe.
Deux taux minorés avaient été introduits, un taux de 7% pour certains produits de large
consommation et le taux de 14% pour les services touristiques. Quant aux produits exonérés,
on y distingue deux catégories. D’une part, une première catégorie de biens et services
exonérés, mais de ce fait ne donnant pas droit au remboursement des taxes supportées à
l’amont de l’entreprise qui en assure les ventes. D’autre part, une deuxième catégorie
comprenant des biens et services exonérés, et néanmoins donnant droit à déduction ou au
remboursement des taxes supportées à l’amont.
28
…Les taux de la TVA sont au nombre de quatre. Si le taux commun est de 20%, les opérations de transport,
l’électricité et les travaux immobiliers sont soumis à un taux de 14%. Par ailleurs, un taux de 10% est réservé
aux secteurs de l’hôtellerie et de la restauration. Un taux réduit (7%) est applicable aux produits de large
consommation…
Source : Naciri Darai, Abdelouahab. Enjeux et défis de la réforme de la TVA. In La réforme des finances
publiques au Maroc. Revue française des finances publiques, N° 102, 2008. Page 49.
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Au final, nous tentons de récapituler l’essentiel des impôts, et de leurs spécificités, qui ont été
introduits par la réforme fiscale marocaine, en les synthétisant à travers le schéma ci-dessous :
Figure N° 2 : Schéma synthétique du circuit de la réforme fiscale au Maroc.
L’IR en 1990 ; c’est l’impôt sur
le revenu des personnes
physiques. Le Taux d’imposition
selon un barème progressif.
Les impôts sur le
revenu (l’I.R et l’I.S)
L’IS un impôt qui se substitue à
l’Impôt sur les Bénéfices
Professionnels (I.B.P).
La Réforme Fiscale au Maroc
(Programme d’Ajustement structurel,
optimisation du système fiscal marocain,
rentabilité financière, équité sociale…)
L’IS, soumis à un taux unique
prépondérant, de 30 %. Des
activités bien spécifiques sont
imposées à 37%.
La TVA : un impôt indirect sur
la consommation. La TVA
comporte 4 taux, principaux.
L’impôt sur la dépense
(la T.V.A)
Source : Schéma élaboré par nos soins
Par la mise en place du nouveau système fiscal marocain, qu’incarne l'introduction des trois
principaux impôts- la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en 1986, l'impôt sur les sociétés (IS) en
1987, et l'impôt sur le revenu (IR) en 1990 ; on assiste à l’amélioration de la performance des
recettes budgétaires, et à l’évolution de la contribution économique de ces impôts dans les
Finances Publiques marocaines
22
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Le Maroc s’est inséré dans cette vision de réforme fiscale dans un but ferme d’une volonté de
rendre sa fiscalité plus efficace économiquement, et plus équitable socialement, avec des
perspectives d’une intégration au niveau international de son économie, qu’il compte rendre
compétitive, à travers la mise en place d’une fiscalité saine, transparente et cohérente29.
Les recettes fiscales des trois nouveaux impôts ont eu un impact positif sur les finances
publiques marocaines, surtout durant les dernières années ; on assiste effectivement à une
nette évolution de la montée de la collecte de ces impôts depuis 2002 ; le graphique cidessous nous éclaire par rapport à la proportion des contributions fiscales des impôts
amenés par la réforme, dans le budget de l’Etat.
Tableau N°2 : Recettes fiscales et non fiscales au Maroc.
Source : Ministère de l’Economie et des finances. Note trimestrielle
De conjoncture. Troisième trimestre 2005, N°120. Rabat.
29
…On assiste à un mouvement généralisé de baisse des taux d’imposition. Le Maroc s’est inséré dans ce sillage
avec la ferme volonté de rendre son système fiscal plus efficace économiquement et d’instaurer une plus grande
équité entre les contribuables. Par ailleurs, dans un contexte de plus en plus internationalisé, l’amélioration de
l’attractivité du pays devient un atout majeur auquel la fiscalité participe incontestablement…
Source : Bensouda, Nourredine. Les enjeux de la réforme fiscale. In La réforme des finances publiques au
Maroc. Revue française des finances publiques, N° 102, 2008. Page 23 et 24.
23
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Selon ce schéma graphique, les recettes fiscales, essentiellement basées sur la collecte des
nouveaux impôts (IR, IS, et TVA) s’élèvent à 61 milliards de dirhams en 2002 ; et sont passées
à 79 milliards de dirhams en 2005. Ces progrès notables qui ont eu lieu dans la collecte des
ressources fiscales, ayant pour conséquence la mise à disposition de moyens supplémentaires
pour financer les actions de développement économiques et sociales, entamés par l’Etat,
tiennent principalement aux réformes fiscales engagées par les responsables fiscaux du
gouvernement marocain, en l’occurrence au niveau de l’élargissement de l’assiette fiscale,
d’une meilleure organisation de l’appareil administratif fiscal, en outre d’un déploiement des
moyens en vue d’une transparence administrative ; et d’une limitation des fraudes et des
évasions fiscales. En dépit d’une régression dans les taux des nouveaux impôts amenés par la
réforme des années 80, les recettes fiscales induites par leurs impositions n’ont cessé
d’évoluer, en l’occurrence les recettes générées dans le cadre de l’Impôt sur le Revenu
(l’I.R). Cet impôt personnel, qui incarne l’imposition des revenus des personnes physiques au
Maroc, a vu son taux maximum au sein du barème progressif de taxation, diminuer au fil des
années, il a été ramené de 52% en 1990, à 44% en 1996, puis à 42% en 2007. Les tranches
du revenu imposé ont également connu quelques modifications, surtout au niveau de la base
inférieure pyramidale de la taxation, qui est exonérés de cet impôt, celle-ci a été étendu à un
seuil de 18.000 Dirhams, puis à 20.000 Dirhams, pour qu’elle se fixe à une valeur de
24.000Dirhams30. Ces changements fiscaux de diminution des taux d’imposition ; et
d’élargissement des tranches exonérées, a eu pour corollaire une culture du civisme fiscal
chez le contribuable marocain, et un grandissement du sens de la responsabilité au sein de
l’ensemble des contribuables.
Ceci a eu des retombées positives sur l’élargissement de l’assiette fiscale, qui a induit une
nette évolution des montants d’impôts collectées à des fins de mise à disposition de moyens
financiers pour l’état, pour entretenir ces actions sociales de développement, de réduction de
la pauvreté, de promotion de l’emploi ; et d’épanouissement pour un meilleur bien être social
de toute la population.
30
…L’institution de l’impôt général sur le revenu, en 1990, était considérée comme l’un des moyens pour
atteindre cette équité. Cet impôt personnel et progressif a constitué l’un des piliers de la politique fiscale
marocaine en raison de son rôle de redistribution. Il a, connu une baisse constante sur une période de 10 ans
traduisant la nette volonté de promouvoir l’équité. C’est ainsi que son taux marginal a été ramené de 52% en
1990 à 44% en 1996 avec une régression d’un point pour les tranches intermédiaires ; alors que la tranche
exonérée a été relevée successivement de 12 000DH à 15 000DH, puis 18 000 DH et enfin à 20 000DH…
Source : Bensouda, Nourredine. L’évolution de la fiscalité marocaine. Revue de Finances et de Fiscalité, N°1,
2003. Pages 11 et 12.
24
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Cette évolution dans l’amélioration des recettes des impôts directs (l’impôt sur le revenu et
l’impôt sur les sociétés) ; qui ne représentaient que 25,6% de l’ensemble des recettes fiscales
en 1994, impôts qui ont vu leur part dans cette masse fiscale ; augmenter à 37,5% en 2004,
soit une progression moyenne de 9,2%, pour une évolution moyenne du PIB de 5,4% sur la
même période31.
Au final, on constate bel et bien que les recettes fiscales marocaines connaissent une
évolution à un rythme soutenu, surtout pendant les dix dernières années, procurant ainsi à
l’état des recettes budgétaires supplémentaires, capables d’être pris en compte pour être
investis et injectées, en tant que moteur dans la machine de l’économie marocaine.
Etant donnée qu’un système fiscal est jugé être optimal pour le développement
socioéconomique d’un pays, si ses composantes (impôts, législations fiscales, administration
fiscale) œuvrent pour une efficacité économique et une équité sociale de ce système fiscal.
La fiscalité en général, et les réformes fiscales, plus particulièrement, sont, ainsi considérées
comme étant des variables économiques et sociales, détenant plusieurs spécificités, qui doit
induire une fiscalité juste, simple, et équitable, procurant à l’Etat les ressources financières,
sans pour autant freiner l’activité économique et l’emploi32.
Dans le cas marocain, il serait très intéressant de vérifier ce postulat économique
d’interactivité entre la fiscalité et le développement économique par le bisais des deux
variables économique : l’investissement et l’épargne.
31
Source : Direction générale des Impôts- Ministère de l’Economie et des Finances. Rapport des dépenses
fiscales. 2005. Mis en ligne sur www.tax.gov.ma (le site web de la DGI - Maroc). Consulté le 8/2/2011. Page 5.
32
…Toute bonne fiscalité doit vérifier trois qualités : assurer les ressources des pouvoirs publics (Etat et
collectivités locales), se justifier économiquement sans être un frein à l’emploi, enfin être la plus simple
possible…
Source : Pichet, Eric. L'impôt Sur Le Revenu 2009 : Théorie Et Pratiques. 10 éd. Chatou: les Éditions du Siècle,
2009. Page 15.
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ETF et EGPA.
Le Cinquième Dialogue Euro Méditerranéen
Colloque MED 5: « Atelier Doctoral».
Amman, 26 et 27 septembre 2012.
La fiscalité n’est plus conçue au Maroc ; comme étant neutre économiquement ; pour sa seule
fonction purement financière, et budgétaire ; mais surtout pour sa fonction de moyen
d’intervention étatique.
En effet, l’impôt au Maroc a connu une évolution dans sa conception, d’une fonction neutre,
d’impôt pourvoyeur de recettes, à une fonction instrumentale, ayant pour but d’orienter, de
conduire, et d’exécuter la politique des pouvoirs publics dans les domaines économiques,
sociaux etc... La politique des codes des investissements ; et des réformes fiscales, entamés au
Maroc depuis 1980, va dans le sens d’une promotion de l’investissement et de l’épargne.
La fiscalité est alors un levier de la croissance économique, celle-ci est insérée dans le cadre
d’une stratégie économique globale avec des choix et des objectifs précis, d’importants efforts
ont été déployés ces dernières années ; pour garantir un environnement juridique et
économique favorable à la promotion de l’entreprise marocaine comme acteur essentiel de la
création de richesse. L’évolution du système fiscal s’est inscrite dans la logique d’ensemble
d’amélioration de cet environnement juridico-social, à l’instar des réformes institutionnelles
engagées, en particulier au plan du droit des sociétés, du code de commerce, de la loi
comptable, de la loi bancaire et du code du travail.
Plusieurs mesures d’aménagements fiscaux ; apportées par les dernières lois de finances
témoignent de cette énorme volonté à soutenir la promotion des entreprises marocaines, et de
l’épargne nationale.
La logique de l’encouragement de l’entreprise grâce aux incitations fiscales s’est amplifiée
pendant la dernière décennie, surtout avec la mise en place des exonérations, au bénéfice de
nombreux secteurs et activités, tels que l’immobilier, le secteur financier, les exportations, les
mines, le tourisme33. La fiscalité dans le contexte marocain ne saurait être plus efficace que
dans un contexte d’intégration à l’échelon du grand Maghreb.
33
…les mesures fiscales d’encouragement ont concerné principalement :
• l’exonération de tout impôt et taxe en faveur des promoteurs immobiliers qui réalisent un programme
de construction de 2.500 logements sociaux ;
• la réduction de 50%, pendant les cinq premières années, de l’impôt sur les sociétés et l’exonération
totale des autres impôts accordées aux promoteurs immobiliers qui réalisent un programme de
construction de cités, de résidences et de campus universitaires d’une capacité d’hébergement d’au
moins 1.000 lits.
………….En outre, le secteur financier a notamment bénéficié, lui aussi de plusieurs exonérations, par exemple :
• l’exonération de l’IGR en matière de profits de cession de valeurs mobilières ; mesure arrivée à
échéance au 31 décembre de cette année ;
• La réduction pendant 3 ans de l’impôt sur les sociétés de 25% ou 50 % en fonction de l’ouverture du
capital au public et de l’augmentation du capital au profit des entreprises qui s’introduisent en bourse,
prorogée jusqu’en 2006 ;
• L’application en matière d’impôt sur les sociétés d’un abattement de 50% au titre des plus-values et
profits réalisés sur le retrait ou la cession d’actions cotées à la bourse des valeurs ou d’actions ou
parts d'O.P.C.V.M ;
….
Source : Direction générale des impôts (DGI), Ministère de l’économie et des finances. Code Général des
impôts. 2009. Mis en ligne sur www.tax.gov.ma.
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Colloque MED 5: « Atelier Doctoral».
Amman, 26 et 27 septembre 2012.
La fiscalité, les problèmes monétaires, et les finances publiques prennent de plus en plus de
l’ampleur dans la vie des sociétés, et ont un effet de plus important sur la croissance
économique spécialement pour les pays émergents.
Dans ce cadre, l’action au régional, couplée à une harmonisation des politiques fiscales et
financières au sein des blocs économiques, est devenue plus qu’une nécessité,
particulièrement après qu’est survenu la crise financière aigue de 2008/2009, à l’échelle
planétaire.
Ce phénomène de crise, en outre des récentes révoltes sociales dans la majorité des pays
arabes, qu’ont connu également certains pays du Maghreb, est un tournant dans l’histoire de
tous ces pays34. Cette nouvelle donne requiert une action globale des états membres du bloc
des pays économiques de la méditerranée, en vue d’un développement de nouveaux outils et
techniques dans le cadre du financement de l’investissement, des politiques fiscales, du risk
Management et même au niveau de leurs architectures financières.
Ainsi, l’intégration économique en général, et fiscale en particulier, au sein du Grand
Maghreb est l’une des priorités politique et économique des pays de l’UMA, qui pourra
consolider la croissance économiques de tous les pays de l’UMA «
L’harmonisation et l’intégration des politiques financières, touchant aux aspects
réglementaires, financiers et fiscaux est d’une importance incommensurable, spécialement
après que le monde ait connu de forts changements suite aux récents évènements (crise de
2008/2009, printemps arabe…ect)
La priorité est à l’élaboration d’un environnement réglementaire favorisant les actions
communes, pour une cohérence des législations fiscales de tous les pays de la rive sud
méditerranéenne, en outre d’un cadre globale d’une réforme de l’Administration publique
dans tous ces pays, ainsi qu’un développement des politiques de transparence, d’accès à
l’information, et d’une réduction des obstacles bureaucratiques.
En conséquence, la nécessité de faire face à l’aggravation de la situation économique
mondiale, la pauvreté, le chômage, la destruction des marchés et des systèmes financiers est
inéluctable. De surcroît, les stratégies de développement économiques nationales et
régionales, au sein des groupes économiques tel que les pays du grand Maghreb, donnent lieu
à plusieurs réformes d’ordres financier et fiscal. Ce qui incite à des investigations et des
avancements en théorie économico-financière et fiscale.
34
…Les événements politiques de ces dernières semaines représentent un tournant décisif, notamment pour la
Tunisie et l’Égypte. Ce processus, toujours en cours, aura de très larges répercussions sur l’ensemble de la
région, et sur le monde entier…
Source : Akhtar, Shamshad. MENA : Une nouvelle donne, de nouveaux défis. Bruxelles. 2011. Mis en ligne sur
www. http://web.worldbank.org
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Amman, 26 et 27 septembre 2012.
V.
Remarques de Conclusion.
Cette étude a pour but de démontrer le rôle de la fiscalité au Maroc, en tant que moyen de
développement économique et sociale au sein de notre société.
Il a été donc opportun, pour nous, de choisir un cadre d’analyse adéquat pour analyser notre
problématique de recherche, par l’explicitation de concepts fiscaux, et l’éclairage sur des théories
économiques relevant du domaine fiscal, ainsi que par l’apport de précisions sur des paradigmes
économiques ayant un lien avec les réformes de la fiscalité dans les pays en voie de développement.
Nous avons mobilisés bon nombre de théories économiques, ayant un lien connexes avec la fiscalité,
afin de démontrer notre constat liminaire, qui a consisté à poser l’hypothèse scientifique comme quoi
il y a un lien direct entre les réformes fiscales au Maroc, et la promotion économique ainsi que la
réalisation du bien être social ; et sociétal.
Nous avons également opté pour vision pragmatique de la donne fiscale marocaine, par
l’approfondissement de l’étude de l’essentiel de la réforme fiscale marocaine, qui a eu lieu depuis les
années 80, au travers des nouveaux impôts qu’elle amenée, en outre de son impact sur la vie sociale et
économique de l’ensemble de la collectivité des citoyens contribuables, et des non contribuables.
Pour conclure ce travail de recherche, il a été essentiel de préciser qu’effectivement la fiscalité au
Maroc, en général, et plus particulièrement les réformes fiscales amorcées depuis les décennies des
années 80, ont été un moteur de développement de l’économie, surtout le développement de ces deux
composantes que sont l’investissement et l’épargne. Nous avons également soulevé l’importance de
l’ouverture à l’extérieur du système fiscal marocain, soutenu par une action inséré dans un cadre
global des politiques fiscales du bloc économiques, constitués par les pays du Grand Maghreb.
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Amman, 26 et 27 septembre 2012.
Bibliographie sélectionnée :
Akhtar, Shamshad. MENA : Une nouvelle donne, de nouveaux défis. Bruxelles. 2011. Mis
en ligne sur www. http://web.worldbank.org
Baslé, Maurice. Systèmes fiscaux, Ed mémentos Dalloz, 1989.
Beltrame, Pierre. Les Systèmes fiscaux, 3iéme Edition Que Sais-Je ?, 1997.
Bensouda, Nourredine. L’évolution de la fiscalité marocaine. Revue de Finances et de
Fiscalité, N°1, 2003.
Bensouda, Nourredine. Les enjeux de la réforme fiscale. In La réforme des finances
publiques au Maroc. Revue française des finances publiques, N° 102, 2008.
Chavance, Bernard. « L’économie institutionnelle ». Ed la découverte. Collection
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Elktiri, Mustapha. Fiscalité et développement au Maroc. Ed. Maghrébines.
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Harakat, Mohamed. « Nouvelle gouvernance fiscale au Maroc : Grands enjeux et défis de
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Hdid, Mohamed. Réflexions sur la réforme fiscale. In La réforme des finances publiques
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Hodgson, Geoffrey M. « Economics and Institutions», Cambridge: Polity Press, 1988.
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Leroy, Marc. « Sociologie De L'impôt ». Que sais-je ? N° 3642. Paris: Presses
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Ministère de l’Economie et des finances. Note trimestrielle De conjoncture. Troisième
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Naciri Darai, Abdelouahab. Enjeux et défis de la réforme de la TVA. In La réforme des
finances publiques au Maroc. Revue française des finances publiques, N° 102, 2008.
Pheuiphanh, Ngaosyvathn. Le Rôle De L'impôt Dans Les Pays En Voie De
Développement, le rôle qualitatif – L’impôt promoteur du développement économique et
socio politique. Bibliothèque de science financière 13, 17. Paris: Librairie générale de
droit et de jurisprudence, 1974.
Pichet, Eric. L'impôt Sur Le Revenu 2009 : Théorie Et Pratiques. 10 éd. Chatou: les
Éditions du Siècle, 2009.
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ETF et EGPA.
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Amman, 26 et 27 septembre 2012.
Documents légaux :
Direction générale des impôts (DGI), Ministère de l’économie et des finances. Code
Général des impôts. 2009. Mis en ligne sur www.tax.gov.ma.
La loi relative à l’impôt sur les sociétés a été promulguée le 31 décembre 1986 par le
dahir n°1-86-239, loi n°24-86, BO n°3873 du 21 janvier 1987.
Références de sites web utilisés :
www.tax.gov.ma.
http://www.finances.gov.ma
http://web.worldbank.org
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