POLYTRAUMATISE 491
thoracique, la fibroscopie bronchique doit être largement pratiquée, et devenir systé-
matique lorsque le patient est intubé. Elle permet en effet de diagnostiquer l’inhalation
bronchique très fréquente en cas de perte de conscience, des hémorragies intrabronchi-
ques en rapport avec une contusion pulmonaire, et les ruptures trachéo-bronchiques qui
peuvent se révéler tardivement.
De plus, la fibro-aspiration permet parfois de désobstruer une bronche (sécrétions,
caillots) et donc de prévenir une atélectasie. Hara et al. [16] ont ainsi montré que la
fibroscopie bronchique systématique avait permis un diagnostic utile chez 28 sur 53
(53 %) traumatisés. Plus tard, devant un SDRA, il sera difficile de faire la part respec-
tive de la contusion pulmonaire, de l’inhalation bronchique, de l’embolie graisseuse, et
des conséquences du choc chez un polytraumatisé, en l’absence de fibroscopie bron-
chique initiale.
Le bilan lésionnel complet et la chirurgie urgente qui s’en dégage doivent être ter-
minés au plus tard dans les 24 heures qui suivent l’admission. Eventuellement, des
investigations complémentaires et des gestes chirurgicaux complémentaires peuvent
être différés, mais ceux-ci doivent être idéalement planifiés pendant ces 24 premières
heures.
5. TRANSPORT DU POLYTRAUMATISE
Chaque fois qu’un examen complémentaire s’avère nécessaire, il faut transporter ce
traumatisé. Ces transports comportent des risques non négligeables et il convient donc
de bien peser le rapport risque/bénéfice de l’examen envisagé, le moment où cet exa-
men peut être effectué de façon optimale, et d’apprécier correctement l’état du traumatisé,
notamment ventilatoire et hémodynamique.
Ce transport nécessite la poursuite et la continuité des manœuvres de réanimation et
il impose donc le plus souvent l’accompagnement par une partie de l’équipe (médecin,
infirmière). Pendant toute la durée du transport et de réalisation de l’examen, le patient
est sous la responsabilité de cette équipe [17]. Avant le transport, l’équipe doit donc
préparer soigneusement le traumatisé : mise en place d’un ventilateur de transport avec
une autonomie d’oxygène suffisante et la possibilité d’une ventilation manuelle, mise
en place d’un monitorage de transport (pression artérielle sanglante, ECG, SpO2, ETCO2)
vérification des lignes veineuses et artérielles, provision de produits de remplissage et
de médicaments vasoconstricteurs, prévision de l’analgésie, de la sédation, et de l’im-
mobi-lisation, mise en place de valve anti-retour en cas de drainage thoracique. Avant
de débuter le transport, il faut s’assurer qu’il n’y aura pas de retard à la réalisation de
l’examen (ascenseur prêt et immobilisé, salle de radiographie disponible, véhicule pour
le brancardage prêt, etc.).
Au retour du patient d’un examen ou du bloc opératoire, un nouveau bilan clinique
et biologique doit être effectué :
• le médecin vérifie la stabilité cardiovasculaire, ventilatoire, et neurologique,
• l’infirmière vérifie particulièrement les lignes veineuses et artérielles, les drains et
redons mis en place, les sondes trachéales, thermiques, et œsophagiennes, les panse-
ments,
• une nouvelle radiographie thoracique est faite,
• et un nouveau bilan biologique est le plus souvent nécessaire.
6. ORGANISATION DE L’EQUIPE
Les conditions d’urgence parfois extrêmes et la multiplicité des intervenants autour
d’un traumatisé peuvent altérer considérablement la qualité et la rapidité de prise en