la fixation du complexe de réplication de l’ADN cellulaire sur l’origine de réplica-
tion du virus (E1, E2) et la répartition des génomes viraux dans les cellules filles
(E2) (7, 13).
Les mécanismes du passage de la latence à l’infection productive sont également mal
compris. Ils requièrent l’expression des protéines E5, E6 et E7, qui entraîne une pro-
lifération clonale des cellules infectées. Les protéines E6 et E7 jouent un rôle crucial
au cours de l’infection productive, que les PVH soient non oncogènes ou potentiel-
lement oncogènes, car leur fonction est d’activer la machinerie cellulaire de synthèse
d’ADN, en annihilant les régulations négatives qui s’exercent sur elle. Le but est de
forcer des cellules au repos (dans la phase G1 du cycle cellulaire) à entrer dans la
phase de synthèse d’ADN (phase S) qui prélude à la mitose. L’expression des pro-
téines E6 et E7 et celle de la protéine E5 (qui augmente la réponse à des facteurs
mitogènes) entraîne une multiplication des cellules épithéliales basales et paraba-
sales et conduit, selon le génotype, au développement d’une lésion intra-épithéliale
ano-génitale de bas grade, d’un condylome acuminé ano-génital ou d’une verrue
cutanée (7, 8, 13). Les cellules en prolifération (qui expriment aussi les protéines E1
et E2) ne contiennent que quelques copies (de dix à vingt) du génome viral.
L’expression des protéines E6 et E7 dans les couches plus superficielles de l’épithé-
lium permet de coupler le processus de différenciation des kératinocytes et la répli-
cation de l’ADN viral, au cours de laquelle les génomes viraux s’accumulent (de plu-
sieurs centaines à plusieurs milliers par noyau), puis la synthèse des protéines de la
capside virale. Les particules virales se forment ensuite et les cellules contenant les
virions sont éliminées par desquamation (8). Les lésions régressent le plus souvent,
à la suite d’une réaction de l’immunité cellulaire, dirigée contre les protéines virales
exprimées dans les cellules en prolifération. Les effecteurs en sont, très vraisembla-
blement, des lymphocytes T CD8+ cytotoxiques, des lymphocytes T CD4+ auxi-
liaires et des macrophages activés (8).
La progression vers une lésion précancéreuse
Les lésions intra-épithéliales cervicales de bas grade provoquées par les PVH poten-
tiellement oncogènes régressent souvent, mais peuvent aussi persister et progresser
vers le carcinome in situ et le carcinome invasif. Ce processus s’accompagne d’une
perte progressive de la différenciation terminale des kératinocytes et de la capacité
de ces cellules à permettre une réplication virale (11). Cela résulte de propriétés
spécifiques des protéines E6 et E7 de ces virus, qui en font des oncoprotéines, bien
que leur fonction première soit de permettre la réplication virale (7). Ces oncopro-
téines inactivent, en se complexant avec elles et en entraînant leur dégradation, des
protéines cellulaires qui jouent un rôle crucial dans la régulation de la transition
entre les phases G1 et S du cycle cellulaire et dans le maintien de l’intégrité du
génome cellulaire : la protéine du rétinoblastome (pRb), cible d’E7, et la protéine
p53, cible d’E6. La protéine pRb inhibe l’expression de nombreux gènes requis pour
la duplication des chromosomes, en formant un complexe avec le facteur de trans-
cription E2F. L’entrée en phase S, en réponse à des facteurs mitogènes physiolo-
Les papillomavirus humains et leur rôle dans l’histoire naturelle… 19