Désintégrations régulières, tribus fortes, et probabilités extrémales

ŒUVRES DE LAURENT SCHWARTZ
LAURENT SCHWARTZ
Désintégrations régulières, tribus fortes, et probabilités extrémales
Rev. Colombiana Mat., 8 (1974), p. 39-45.
Extrait des Œuvres de Laurent Schwartz
publiées par la Société mathématique de France, 2011.
Article numérisé dans le cadre du programme
Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
Revis ta
Colombiana
de
Matemdticas
Volumen VIII (1974),
pdgs.
39-45
DÉSINTÉGRATIONS
RÉGULIÈRES,
TRIBUS
FORTES,
ET PROBABILITÉS
EXTRÉMALES
i
par
Laurent
SCHWARTZ
en hommage et témoignage d'amitié pour le Professeur
Yerly
.
SOMMAIRE
mi
Le but de cet article est de montrer que, dans
ànm
I ensemble convexe des probabilités ayant une
désin-
tégration
donnée par rapport
a
une tribu
donnée,on
t
peut identifier très facilement les
probabilités
extréma-
les,
et que tout élément du convexe est, d'ne manière
unique, une intégrale des probabilités
extrémales
du
'
I»
»'
convexe.
Il
s'agit donc d'un "théorème de
CHOQUET"
mais sa
démonstration
se fait directement, a la main",
et d'ailleurs on ne se trouve probablement pas dans les
s| ,
-
conditions
d'application
du théorème de CHOQUET.
§1.
Intégrales
de
mesures
disjointes.
PROPOSITION 1. Soient
(X,%),(Z,Z)
deux ensembles munis de
tribus,
2>
dénombrablement séparante
(Le.
tout ensemble réduit a un point est élément de
%,
et il existe une suite (Z )
^
d'éléments de % telle que tout point de Z soit
intersection des
Zn
qui le
contiennent).S
oit
(Xz)z
z une
fami^e
<?e
parties deux
à deux disjointes de X, indexée par Z ; on suppose que, pour toute C
%t Xçf
z{JCXz
est
élément de % (donc tout
Xz
est élément de
%).
Soit
(kz)z
( z
une
famille de probabilités sur (X,
%),
indexée par Z,
%-
mesurable
(Le.
z
» \z(B)
est
Z-mesurable
pour tout
Bel)
,
^z
portée par
Xz
(Le.
\Z(XZ)
= 1).
Soit
K
m
rensemble
des
probabilités
sur
(X,
%
) qui
s'expriment
comme intégrales
A =
ƒ
h-zfji(dzr
'
,
fi
probabilité
sur (Z, Z ) .
Alors
K
est
convexe,
la
représentation
comme intégrale
est
unique
(X
détermine
pi),
et les
éléments extrémaux
de
Ksont
exactement
les
X^,
zt
Z .
m
Démonstration
1).
Montrons d'abord
que
chaque
A^
est
extrémale
sur
K.Soient
donc
A^
,
A2
e
K,
0
<
/
< 1
,
avec
À^
=
/
À|
f fi
-
/>) À2
.
Prenons
les
mesures
de
Xz€%:
1
=kz(Xz) =
t\1(Xz)+(l-t)k2(Xz)
, donc nécessairement
A/X^j
=
k2(Xz)
= L Mais'
ur
l = 1'
2>
Xi(Xz)
= /
Xz^zHi^z'),
et
Xz.(Xz)
= 0
pour
z'
¥
z , donc
A^.
(Xz)
<^
fij(
\z\) donc
\i^
( \ z \ ) =
/x^H z
\ )
=
1,
[i
et /Lt2
sont égales à
§z
,
A^
et
A2
à
À^,
ce qui prouve bien que chaque
A^
est extré-
male.
2) Montrons qu'il n'y a pas d'autres éléments extrémaux. Soit donc A
=
ƒ
A u(dz)
un élément extrémal de K
.On
voit d'abord que
fi
est
ergodique,
c.
z
z
à
d .
donne
à
tout élément
de Z la
mesure
0 ou
1
.
Sinon
il
existerait deux
en-
sembles complémentaires
C^,C2>
de Z,
éléments
de Z ,
avec
\L{C
^)
40,
^{C^
¥
0. On
aurait alors
A
=
I
\zn(dz)
+ I
\z /z
(dz)
= A
+A
.
2
Posons
X.
=
Xr
= U
X„
,
i =
1, 2 . Ce
sont
des
éléments
de
9C,
disjoints;
1 Ci
zeCf.
2
^1
donc
A-
est
portée
par
Xj
, de
même
A2
par
X2
; en
outre
A^fX)
*
A^fXf.j:
¥
0 , et
leur somme
est 1 . On
aurait alors
* =
Vx;Tix7+
Vx>irfe)
(1) Pour
les
intégrales
de
mesures, voir
[l]
, § 1 ,
40
ce qui est contraire a l'hypothèse
d'extrémalité
de À dans K . Donc
pi
est bien
ergodique. Mais une mesure ergodique sur une tribu
dénombrablement
séparante est
portée par un seul point. Soit en effet
(Zn)n
^
une suite d'éléments de % sépa-
rant les points; on pourra la supposer stable par complémentarité et réunions et in-
tersections finies. Soit
JN*
l'ensemble des n
e
IV pour lesquels
fi(Z
)
=
1, et
soit Z' =
fi Z
; il est encore de mesure 1 .
n€ÏN'
n
Soit
atZ*.
Si
ii(\a\) =
0, il existe un k
IV tel que a
e
Z^t
n(Zk)
=0,
pui»
que a est l'intersection des
Zn
qui le contiennent; alors les
Z^
Z^,n
IV), sont
encore de mesure
l>Zn**
%k C ^w>
donc
l'intersection
des
Z^- Z^
n
e
IV', est encore
Z*,ce
qui est impossible puisque a\
Z^-Z^
et
aeZ*.
Donc
fi(\a\)=
1,^=8a,
et alors
A=A^.
3) La représentation
À
= f
\z pt
(dz) d'une mesure X
K
est unique. Suppo-
sons en effet que A
=
ƒ
X/
pt^Wz)
, i = 1, 2. Soit
CeE,
Xc=
U
X2,
élément
de % par hypothèse. Alors
\(Xç)
= ƒ
A^fX^J
fi .(f/z)
=
\i .(C)
, donc nécessai-
rement
nJC)
=
pt
(C) ,
\L
et
pu
sont bien égales.
La proposition précédente est donc
tout-â-fait
élémentaire, mais nous allons
l'appliquer â
la
théorie de la désintégration des mesures,
oli
elle va nous donner des
résultats intéressants
§ 2.
Mesures
ayant une
désintégration
donnée pour une tribu donnée.
Soit
Q
un ensemble muni d'une tribu 0 dénombrablement engendrée, soit G
la tribu universellement mesurable associée a 0 , c. à d. la tribu des parties mesu-
rables pour toute probabilité sur
l
, 0 ), et soit
7
une
sous-tribu
de 0 . Soit
A :
co *+
X^
une application de fi dans l'espace des mesures sur (fi
,
0 ),
J-me-
surable (i.e. pour
B e 6
,
co
i->
A.^
(B) est
J
"mesurable). On va étudier toutes les
probabilités À sur (fi , © ) , ayant A comme désintégration relativement
à la
tri-
bu
7
. Comme on ne fait pas d'hypothèse de dénombrabilité sur
J
, cela
n'entraf-
nera pas nécessairement que pour
A-presque
tout
co
,
A^
soit portée par l'atome
41
de
co
dans
3"'
'
Mais appelons molécule
de co , Mol (co) ,
l'ensemble
des
co
'
pour lesquels
A
=
À,
;
alors
les
molécules
de J
forment
une
partition
de
0
, et
^co
Pren^
'a
même
valeur pour tous
les co
d'une molécule.
On
sait
en
outre
que,
si
À
admet
A
comme désintégration
relativement a
J ,
pour
À
-presque tout
co
,
\y
est
portée
par
Mol(co)
.
Soit
7
la
tribu engendrée
par la
fonction
co
i->
À^
, i.e.
par
les
fonctions co
i->
À^
(fl)
,
Bf
Ö;
3* est
dénombrablement
engendrée, comme
0
elle-même.
Manifestement
Je
J, et,
comme
co
h*
À^
est
J-mesurable
par
défi-
nition
de
7,
c'est
aussi
une
désintégration
de À
relativement
à J .
L'atome
de
a>
dans
J
est
jeu';
À^
=
À^
|
,
cJd.
MOKCÙ)
et il est
élément
de
7
puisque
cette tribu
est
dénombrablement engendrée.
La
donnée
de A :
co
i->
À
détermine
la
sous-tribu
J de J , et ses
atomes,
les
molécules
de A .
PROPOSITION
2.
Soient
Q
un
ensemble muni
d'une
tribu
0
dénombrablement
engendré,
7
une
sous-tribu
de la
tribu universellement mesurable
0 , A
.*
co
^
À^
une fonction
sur
0
à
valeurs mesures
> 0 sur
(fl
, 0
),
7
-mesurable. Soit
7
la
tribu engendrée
par co
•->
À^
, et
soit
Mol
(co)*{
co';
À^s
À^
}
#
Soit
Çl'
l'ensem-
ble
des co
pour
lesquelles
À^
est
une
probabilité, portée
par
Mol(co)
,
e/
adme-
ttant
A
comme désintégration relativement
à
? CQ
*
est
peut-être
vide). Soit
J /ö /rz'&tf
induite
par
J sur
Q' .
0»
suppose
J
universellement forte,
i.e. for-
te pour toute mesure
sur
(Q,
0)
^ .
Alors
l'ensemble
K
des
probabilités
sur
î
,
Ö
)
admettant
A
comme
désintégration
relativement
à
J
es*
«»
convexe
donc
les
éléments extrémaux sont exactement
les
^œ
,
co
Q' , et
toute probabili-
À
K
es/
intégrale, d'une manière unique,
de ces
probabilités extrémales
:k =
' ' ^
Prohabilitésur
(Q',7'}
'
(2) Voir
[
l]
,
théorème
(2,20
)
(3)
f
l]
,
corollaire
(2,23).
(4) Voir
f il
,
définition
(3,7
quarto).
42
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