peuvent être brutales, et mimer un torticolis ou un lumbago.
Plus souvent, elles sont d’apparition progressive et insidieuse.
Elles sont aggravées par l’activité, mal calmées par le repos, et
ce caractère inflammatoire est noté dans plus de trois quarts des
cas. Elles sont surtout tenaces, d’aggravation progressive et
rebelles au traitement.
L’examen peut retrouver une douleur à la pression d’une
épineuse. Il montre surtout une importante raideur rachidienne.
Des signes neurologiques sont présents dans environ un tiers
des cas. Ils sont l’expression d’une radiculalgie crurale, sciatique,
intercostale ou cervicobrachiale selon la localisation. Des signes
de compression médullaire ou un syndrome de la queue-de-
cheval sont présents dans environ 10 % des cas, avec une
fréquence variable selon les séries en fonction du recrutement.
Le plus souvent, c’est une fatigabilité des membres inférieurs,
une instabilité avec des signes d’irritation pyramidale et des
troubles sphinctériens. Deux à trois pour-cent des patients ont
une paraplégie, davantage dans les séries chirurgicales
[10, 13]
.
Syndrome infectieux
Il est parfois au premier plan : fièvre élevée, frissons, malaises
témoignent d’une septicémie. Plus souvent, il est atténué et la
fièvre manque dans un tiers des cas. Il faut rechercher des accès
fébriles dans les jours ou les semaines précédents, parfois avant
l’apparition des rachialgies.
L’hyperleucocytose manque plus de deux fois sur trois, mais
le syndrome inflammatoire est habituellement important. La
vitesse de sédimentation (VS) est à 80 mm à la première heure
en moyenne.
La VS est cependant normale dans5à10%descaset,pour
Meys et al.
[7]
, la protéine C-réactive (CRP) est inférieure à
20 mg/l dans plus de 15 % des cas. La procalcitonine serait un
meilleur marqueur d’infection bactérienne, mais ses performan-
ces diagnostiques sont insuffisantes.
Expression des spondylodiscites
Elle est donc très variable. La présentation est parfois
bruyante et évocatrice, quand les rachialgies s’associent à des
signes infectieux francs d’allure septicémique. Ailleurs, le
tableau est subaigu ou chronique. On conçoit que le délai
diagnostique soit variable, mais parfois important (40 jours en
moyenne) : il est inférieur à 15 jours dans un tiers des cas, mais
supérieur à 6 semaines dans un tiers des cas ; il peut atteindre
de 3 à 6 mois et même plus. Le délai s’améliore avec la dispo-
nibilité de l’IRM et, dans une série récente
[13]
, le diagnostic a
été fait en moins de 1 semaine dans un quart des cas.
Présence d’une autre localisation infectieuse
La présence d’une autre localisation infectieuse, arthrite
(particulièrement fréquente avec le streptocoque B), abcès
cutané..., aide le diagnostic.
Il faut rechercher attentivement une endocardite présente
dans 2 à 5 % des spondylodiscites hématogènes.
Recherche d’une porte d’entrée
Elle est indispensable. Sa découverte est un argument pour
l’infection et elle fournit des indications sur le germe en cause.
La porte d’entrée est le plus souvent urinaire (20 %) ; moins
souvent, elle est présumée pulmonaire, oto-rhino-laryngo-
logique (ORL), cutanée ou digestive. Il faut insister sur la
fréquence croissante des portes d’entrée iatrogènes, qui repré-
sentent de 15 à 20 % des spondylodiscites hématogènes dans les
séries françaises et le tiers des cas dans la série de Carragee
[13]
.
Un geste urinaire ou prostatique vient en première place :
biopsie de prostate, résection transurétrale, cystoscopie, sonde
urinaire ... La fréquence est très variable d’une série à l’autre :
moins de 5 % dans les séries françaises, elle atteint 13 % dans
l’étude épidémiologique danoise
[1]
et 33 % dans la série de
Carragee
[13]
. Ces différences s’expliquent probablement par le
recrutement et l’utilisation plus ou moins systématique d’une
antibioprophylaxie. Les autres portes d’entrée iatrogènes sont
très diverses : angiographie ; cathéter veineux ; chirurgie
viscérale, cardiaque, vasculaire, orthopédique ; extraction
dentaire ... Il faut rechercher avec soin dans les semaines et les
mois précédents une intervention chirurgicale, instrumentale,
endoscopique, la mise en place d’une voie veineuse, des soins
dentaires. Parfois, une infection a été documentée, mais
insuffisamment traitée, et la spondylodiscite décapitée par les
antibiotiques prend une évolution torpide.
■Imagerie
Lorsque les radiographies ne sont pas démonstratives, l’IRM,
qui est devenue l’examen clé, s’impose en urgence.
Radiographies
Les signes apparaissent après un délai de2à3semaines,
parfois plus, jusqu’à 2 mois. Au moment du diagnostic, les
radiographies devraient être normales ou ne montrer que des
lésions dégénérative. Ce n’est pourtant le cas que chez 10 à
15 % des patients, ce qui traduit l’importance du retard
diagnostique. L’accès plus facile à l’IRM permet des progrès et,
dans les séries récentes comme celles de Hopkinson et al.
[2]
(1996-1999), il n’y a que 30 % des patients qui ont des signes
radiologiques évocateurs de spondylodiscite au bilan initial.
Les radiographies doivent être d’excellente qualité et surtout
récentes.
Le premier signe qui attire l’attention est souvent le pince-
ment discal. Il s’apprécie au mieux par comparaison aux disques
sus- ou sous-jacents et par comparaison aux clichés antérieurs.
Il est peu spécifique, sauf s’il s’est constitué rapidement en
quelques jours ou semaines. Les remaniements des plateaux
vertébraux sont beaucoup plus évocateurs. Une déminéralisation
sous-chondrale donnant un aspect effacé et flou est en fait le
premier signe. Il est le plus souvent antérieur sur un plateau (le
plus souvent supérieur) puis les deux. Des érosions à bord flou
gagnent l’ensemble des deux plateaux adjacents aux disques
affaissés (Fig. 1). L’apparition d’un fuseau vertébral finit de
caractériser l’aspect typique de spondylodiscite. Le fuseau est la
conséquence d’un abcès ou d’un épaississement des parties
molles. Il se voit surtout au rachis dorsal sur le cliché de face.
L’image est plus fréquente dans la tuberculose, mais n’est en
rien spécifique de ce germe. Le fuseau n’est pas non plus
spécifique de l’origine infectieuse et peut se voir dans des
atteintes tumorales, et nous l’avons même observé dans le
syndrome SAPHO (synovite, acné, pustulose, hyperostose par
ostéite). Au rachis cervical, l’épaississement des parties molles se
voit en prévertébral sur le cliché de profil. Parfois, les lésions
restent localisées à une partie seulement du disque ou à un coin
de vertèbre sous forme d’une ostéolyse, et elles sont alors
difficiles à différencier d’un processus tumoral. Dans les formes
évoluées, l’ostéolyse vertébrale en miroir devient majeure, à
“Point fort
L’augmentation de la VS n’a aucune spécificité, mais c’est
un signe d’alerte très important qui indique que la
rachialgie n’est pas banale et qu’il faut poursuivre les
investigations.
“Point fort
La rapidité des modifications radiologiques est un
argument essentiel pour l’infection et, même si les
radiographies ne datent que de quelques jours, elles
doivent être répétées.
.
.
.
.
.
Spondylodiscite infectieuse non tuberculeuse
¶
15-860-A-10
3Appareil locomoteur