Infections ostéo-articulaires : à propos de 38 cas hospitalisés au service de rhumatologie du CHU Ibn Rochd de CASABLANCA. Dr M.LAANAYA, Prof K.NASSAR, Prof O.RACHIDI, Prof S.JANANI, Prof O.MKINSI Service de Rhumatologie, CHU Ibn Rochd, CASABLANCA. INTRODUCTION Les infections ostéo-articulaires (IOA), incluent les arthrites septiques, les ostéomyélites et les spondylodiscites. Elles sont sévères, responsables de morbidité et parfois, de mortalité. Elles peuvent apparaître sur une articulation native ou être associées à du matériel prothétique. Leur prise en charge nécessite une approche multidisciplinaire. L’objectif de notre étude est de déterminer le profil épidémiologique, bactériologique et évolutif des patients ayant des infections ostéoarticulaires MATERIEL ET METHODES Étude rétrospective menée au service de Rhumatologie du 1er janvier 2010 au 1 mars 2017, ayant inclus les patients hospitalisés pour une infection ostéo-articulaire. RESULTATS Nous avons colligé 38 cas d’infections ostéo-articulaires. La prédominance était masculine (58 %). L’âge moyen était de 52 ans [16-90]. Les facteurs favorisants étaient retrouvés chez 42% des cas, dominés par le diabète (18%), suivi de la prise de corticothérapie prolongée et/ou d’immunosuppresseurs (6%). Parmi ces patients, 8 avaient un tableau d’arthrites dont 2 sur prothèse articulaire, 14 ostéoarthrites, 1 ostéomyélite, et 16 spondylodiscites dont 1 associée à une arthrite. La fièvre était retrouvée chez 22 cas (57%), et l’altération de l’état général chez 27cas (71%). Le genou était la localisation prédominante des arthrites et des ostéoarthrites (54,5%), la spondylodiscite était lombaire chez 81% des cas. Les principaux germes retrouvés étaient le staphylocoque aureus pour les ostéo-arthrites, et le mycobactérium tuberculosis l’était pour les spondylodiscites. Les portes d’entrée étaient identifiées dans 14 cas (58%), dominées par les infections cutanées, suivie des infections uro-génitale. Tous les cas d’ostéo-arthrites à pyogènes ont été traités par antibiothérapie par voie intraveineuse probabiliste puis ajustée selon l’antibiogramme, avec relais per os pendant une durée totale variant entre 6 à 9 semaines. Les cas de tuberculose ostéo-articulaire ont été traités par antibacillaires selon le protocole 2ERHZ/7RH. L’évolution était favorable pour 80% des ostéo-arthrites, et 81% des spondylodiscites. DISCUSSION La prévalence des infections ostéo-articulaires est plus importante chez la personne âgée, notamment de sexe masculin. La dissémination bactérienne s’effectue le plus souvent par voie hématogène à partir d’un foyer infectieux à distance, ce qui explique l’intérêt de la recherche d’une porte d’entrée. Le germe le plus incriminé est le staphylocoque aureus. Elles sont considérées comme une urgence diagnostique et thérapeutique, puisqu’en l’absence d’un traitement antibiotique précoce et adapté, le risque d’envahissement septique locorégional et/ou général est élevé, mettant en jeu le pronostic vital du patient, ainsi que le pronostic fonctionnel de l’articulation atteinte. La spondylodiscite infectieuse est une infection d’un ou de plusieurs disques intervertébraux et des deux vertèbres adjacentes. L’atteinte est généralement lombaire (60 à 70 % des cas), plus rarement thoracique ou cervicale, et porte sur un seul étage (80 % des cas). L’atteinte de plusieurs segments est plus fréquente au cours des spondylodiscites tuberculeuses (23 % versus 9 % des spondylodiscites à bactéries pyogènes), de même que l’atteinte thoracique. Les infections ostéo-articulaires sur matériel recouvrent essentiellement les infections sur matériel prothétique ou d’ostéosynthèse, ainsi que les infections post-traumatiques (fractures ouvertes). Elles peuvent mettre en jeu le pronostic vital mais, beaucoup plus souvent, le pronostic fonctionnel. Leur prise en charge demeure complexe et est multidisciplinaire. CONCLUSION Nos résultats rejoignent ceux de la littérature concernant les facteurs de risque liés à la survenue de l’infection ostéo-articulaire, et la fréquence des infections à staphylocoque aureus. Ainsi, leur prévention est primordiale reposant sur le traitement précoce et efficace de toute porte d’entrée infectieuse.