L’action antalgique de l’octr
eotide passerait
egalement par
la diminution des taux de CCK mais les r
esultats des essais
sont contradictoires et cette mol
ecule reste peu utilis
ee [7].
Plusieurs
etudes montrent une action de la CCK dans la
douleur. Chez le rat, des antagonistes des r
ecepteurs de la
CCK diminuent la douleur de la pancr
eatite aig€
ue (PA).
Chez l’homme, un antagoniste (loxiglumide) a
egalement
montr
e une efficacit
e dose-d
ependante dans les
acc
es douloureux de PC et dans la PA, lors d’un essai
multicentrique randomis
e contr^
ol
e[7].
‘‘ L’action antalgique, hypothe´tique,
des enzymes pancre´atiques sous forme
non gastro-prote´ge´es, en dehors de toute insuffi-
sance pancre´atique, passerait par l’abaissement
de la chole´cystokinine’’
L’inflammation chronique au cours
des pancre´atites chroniques
Physiopathologie de l’inflammation chronique
Au sein de la cellule acinaire, les enzymes pancr
eatiques
sont sous forme de pro-enzymes (zymog
ene), inactives.
Une fois secr
et
e, le trypsinog
ene (une zymog
ene) est
transform
e dans le duod
enum en trypsine active par
l’ent
erokinase duod
enale. Ce m
ecanisme d’activation
extra-pancr
eatique prot
ege la glande du risque « d’auto-
digestion ».
Le concept, qui pr
evaut actuellement, postule que cette
« autodigestion », ou activation pr
ematur
ee du trypsi-
nog
ene intra-acinaire, constituerait la premi
ere
etape de la
pancr
eatite aigu€
e (PA) et de l’inflammation (figure 3). Cette
activation pr
ematur
ee du trypsinog
ene a
et
e mise en
evidence par de multiples
etudes mais il n’a jamais
et
e
prouv
e qu’il s’agissait d’un m
ecanisme causal de la
pancr
eatite.
Par analogie avec la PA, l’activation intrapancr
eatique
du trypsinog
ene a
egalement
et
e consid
er
ee comme
le m
ecanisme causal, initial, de la PC et de l’inflammation
chronique de la glande. Cependant, de r
ecents
travaux chez des souris, g
en
etiquement d
epourvues
de la possibilit
ed’activerpr
ematur
ement le trypsi-
nog
ene, sugg
erent que la r
eponse inflammatoire, en
particulier l’activation de la voie du nuclear factor
kappa b (NF-kb), pourrait ^
etre d
eclench
ee par diff
erents
stimuli (alcool, tabac, auto-immunit
e...), ind
ependa-
mment de l’activation intra-acinaire du trypsinog
ene
(figure 4).
La permanence de l’exposition au stimulus conduirait
ala
chronicisation de l’inflammation et
a l’obtention d’une PC.
Il d
ecoule de cette hypoth
ese que l’arr^
et du stimulus causal
(tabac, alcool, hyperpression canalaire, exposition
ala
bile, etc.) pourrait entraı
ˆner une r
eversion des l
esions
pancr
eatiques, au moins aux stades pr
ecoces, comme cela
a
et
e montr
e chez le rat expos
e
a l’alcool.
Cependant, l’exposition
a un stimulus ne peut suffire
a
induire une inflammation chronique du pancr
eas. La
survenue d’une PC implique
egalement de complexes
inter-relations entre des facteurs environnementaux et
g
en
etiques.
La persistance de l’activation de la voie du NF-Kb a
egalement
et
e retrouv
ee chez l’homme. Au-del
a d’une
VAS
VAS
0.1 Hz
0.3 Hz
Figure 2. Convergence visc
ero-somatique et convergence visc
ero-
visc
erale. Douleur r
ef
er
ee (projet
ee) : les fibres en gris fonc
e sont les
aff
erences sensitives provenant de la zone somatique r
ef
er
ee,
correspondant
a la paroi abdominale haute. Ces fibres se projettent
sur les m^
emes « neurones convergents » m
edullaires que les fibres
aff
erentes, en noir, provenant du pancr
eas. Les influx nociceptifs du
pancr
eas seront interpr
et
es par le cortex comme s’ils provenaient de la
zone somatique. Hyperalg
esie visc
ero-visc
erale et somato-visc
erale :
en cas de sensibilisation centrale spinale, secondaire
a une pancr
eatite
chronique, il existe une hyperexcitabilit
e des neurones qui sont situ
es,
sur le sch
ema, dans la zone
etoil
ee blanche m
edullaire. Cette zone
correspond
a la projection des influx nociceptifs pancr
eatique. (NB :
Comme il est pr
ecis
e dans le texte, cette hyperexcitabilit
e peut se
g
en
eraliser aux diff
erents niveaux m
edullaires en cas de sensibilisation
des neurones, dits « de troisi
eme ordre », supra-spinaux, conduisant
a
une sensibilisation centrale supra-spinale ou corticale). Dans cette
illustration, les aff
erences d’autres organes, comme l’œsophage, ont
des terminaisons communes avec les aff
erences du pancr
eas sur des
« neurones convergents » m
edullaires, situ
es, sur l’illustration, au
niveau de la zone
etoil
ee blanche. On peut supposer que la
sensibilisation centrale d’origine pancr
eatique se refl
etera dans les
r
eponses aux stimulations œsophagiennes. De m^
eme, sur le sch
ema,
l’hyperexcitabilit
e neuronale, li
ee
a la sensibilisation centrale induite
par la pancr
eatite chronique, se traduit par une augmentation de la
surface de la zone somatique r
ef
er
ee dont les aff
erences sont colori
ees
en blanc et gris clair sur la zone abdominale haute. En bas
a gauche, le
ph
enom
ene de sommation temporelle (« wind-up » chez l’animal) est
illustr
e par la r
ep
etition de stimulations d’intensit
e identiques qui induit
une int
egration corticale de la douleur avec une augmentation de la
douleur, repr
esent
ee, en noir, par les r
esultats de la mesure de l’
echelle
visuelle analogique (VAS). Source : Drewes AM, Krarup AL, Detlefsen
S, et al. Pain in chronic pancreatitis: the role of neuropathic pain
mechanisms. Gut 2008 ; 57 : 1616-27.
292 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 21 n84, avril 2014
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