Cancer du pancre´as et diabe`te

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M ini-revue
Cancer du pancréas
et diabète
Louis de Mestier(1), Cindy Neuzillet(2),
(1),
Julien Volet(1), Olivier Bouche
(2)
Pascal Hammel
1
^pital Robert Debre,
Ho
service d’h
epato-gastroenterologie
et d’oncologie digestive,
Reims,
France
2
^pital Beaujon,
Ho
^le des maladies de l’appareil digestif,
Po
service de gastroenterologie
et pancr
eatologie,
100 boulevard du General Leclerc,
92110 Clichy, France
e-mail : <[email protected]>
sume
Re
L’ad
enocarcinome du pancr
eas (CP) est l’un des cancers de plus mauvais
pronostic. Le diab
ete sucr
e (DS) en est un facteur causal discut
e, pouvant ^
etre
consid
er
e
a la fois comme cause et cons
equence du CP. Il convient de distinguer
deux formes de diab
ete : le DS evoluant de longue date qui entraı̂ne un sur^ au CP, apparaissant
risque mod
er
e du risque de CP ; le DS paran
eoplasique du
peu de temps avant le diagnostic du cancer. La pr
esence d’un DS serait un facteur
pronostique p
ejoratif chez les malades atteints d’un CP. Il existe des arguments
scientifiques indiquant que la metformine, antidiab
etique d’utilisation courante,
pourrait exercer une action antitumorale propre, par des m
ecanismes encore non
elucid
es.
s : cancer du pancreas, diabete sucre, pronostic, diagnostic, metformine
n Mots cle
Abstract
Pancreatic cancer (PC) is one of the most fatal cancers. Whether diabetes mellitus
(DM) is a causal factor as well as it could be considered as a consequence of PC is
still a matter of debate. Two forms of DM must be distinguished: long-standing
DM associated to a moderatly increased risk of PC ; and DM as a consequence of
PC (i.e., paraneoplastic), which often onsets before the diagnosis of PC. DM
might be a factor of poor prognostis. There are scientific arguments indicating
that metformin, a frequently used antidiabetic drug, might have proper
antitumoral action, through ill-understood mechanisms.
n Key words: pancreatic cancer, diabetes mellitus, prognosis, diagnosis, metformin
e cancer du pancr
eas (CP) est,
avec environ 10 000 nouveaux
cas chaque ann
ee en France, le
deuxi
eme cancer digestif en incidence apr
es le cancer colorectal.
L’identification de facteurs de risque
et de diagnostic pr
ecoce sont des
enjeux majeurs, dans le but respectivement d’
eviter ou de ralentir la
carcinogen
ese pancr
eatique et de
prendre en charge le CP a un stade
precoce, potentiellement curable. Les
principaux facteurs etiologiques sont
r
esum
es dans le tableau 1. Le diab
ete
sucr
e (DS) est un facteur de risque
plus discut
e.
L
HEPATO GASTRO
et Oncologie digestive
tablir si le DS,
Il est difficile d’e
quemment observ
fre
e chez les malades ayant un CP, est une manifestation clinique pr
ecoce ou un facteur
de causalit
e de ce cancer. Un DS est
Abréviations
DS
CP
IGF-1
RCPG
mTOR
te sucre
diabe
as
cancer du pancre
insulin-like growth factor de
type 1
cepteur coupl
re
es a une proine G
te
mammalian target of rapamycin
y
doi: 10.1684/hpg.2013.0833
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Pancreatic cancer and
diabetes mellitus
Tir
es a part : P. Hammel
Pour citer cet article : de Mestier L, Neuzillet C, Volet J, Bouche O, Hammel P. Cancer du
pancreas et diabete. Hepato Gastro 2013 ; 20 : 87-94. doi : 10.1684/hpg.2013.0833
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n8 2, f
evrier 2013
87
Tableau 1. Principaux facteurs étiologiques
du cancer pancréatique.
^ > 50 ans
Age
Consommation tabagique
Pancréatite sporadique (quelle qu’en soit la cause)
ou héréditaire
Antécédents familiaux de cancer pancréatique
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Syndrome de prédisposition génétique (BRCA2 : sein-ovaire,
CDKN2A : mélanome)
Tumeurs kystiques (tumeurs intracanalaires papillaires
et cystadénomes mucineux)
Lésions intraépithéliales infraradiologiques (Pan-IN)
Diabète sucré
81 % des patients atteints
en effet present chez 60 % a
de CP, apparaissant dans plus de 85 % des cas dans les 2
annees prec
edant le diagnostic ou pendant la prise en
charge du CP [1, 2]. Alors qu’un DS evoluant de longue
date semble ^
etre un facteur de risque de CP, le DS
^t une manifestation
d’installation r
ecente en serait pluto
revelatrice. Les facteurs de confusion sont toutefois a
prendre en compte : les malades diab
etiques ayant un CP
sont plus ^ag
es, plus souvent fumeurs, ont un indice de
masse corporelle plus elev
e et plus d’ant
ec
edents familiaux
de CP que les sujets non-diab
etiques atteints de CP [1, 2].
Par ailleurs, les retards au diagnostic de DS et a moindre
degre de CP ne permettent pas toujours de d
eterminer la
chronologie exacte de survenue de ces affections.
Le diabète sucré est-il un facteur
de risque du cancer du pancréas ?
Le DS pourrait entraı̂ner des alt
erations m
etaboliques,
hormonales et immunologiques favorisant le CP [3].
L’administration in vitro d’insuline ou d’insulin-like growth
factors favorisait la croissance de nombreuses lign
ees
cellulaires de CP humaines et animales [3]. La prolif
eration
de la lign
ee cellulaire MiaPaCa2 (CP humain) etait favoris
ee
par l’hyperglyc
emie et de l’hyperinsulin
emie, bien que
l’effet de l’hyperglyc
emie etait d
ependant de l’insuline et
ne pouvait ^
etre observ
e qu’en pr
esence de cette hormone
[4]. Il a egalement et
e sugg
er
e que le DS pouvait accroı̂tre
le risque de CP par l’interm
ediaire d’une augmentation du
stress oxydatif et de la r
eponse inflammatoire [3].
Diverses etudes ont sugg
er
e que le risque de d
evelopper un
CP est multipli
e par deux chez les diab
etiques en
comparaison avec les sujets non diab
etiques. Li et al. [5]
ont rapport
e que le risque de d
evelopper un CP etait de 1,8
(IC 95 % [1,5-2,1]) chez les diab
etiques quelle que soit
la dur
ee d’
evolution, y compris apr
es plus de 15 ans
evolution du DS (HR 1,4 ; IC 95 % [1-2]). Les r
esultats les
d’
plus pertinents proviennent de m
eta-analyses [6-8]
(tableau 2). Un argument en faveur d’une relation de
causalit
e entre DS et CP serait l’existence d’une corr
elation
entre dur
ee d’exposition au DS et risque de d
evelopper un
CP, ce que peu d’
etudes ont mis en evidence.
‘‘
Le risque de développer un adénocarcinome pancréatique est multiplié par deux
chez les diabétiques en comparaison avec
les sujets non diabétiques
’’
Tr
es peu des etudes sus-cit
ees ont pris en compte la
possibilite d’un biais de confusion li
e
a la pr
esence d’une
pancr
eatite chronique. En effet, 1) la pancr
eatite chronique
est un facteur de risque de CP et 2) le DS est une
complication fr
equente de la pancr
eatite chronique (30 %
a 15 ans d’
evolution). Dans l’
etude r
ecente de Brodovicz
et al. [9], les effets respectifs du DS et de la pancr
eatite
chronique sur le risque de d
evelopper un CP se
potentialisaient. La pr
esence d’un DS, d’une pancr
eatite
chronique et des deux facteurs combin
es correspondaient
respectivement a des HR de 2,84 (IC 95 % [2,52-3,21]),
2,29 (IC 95 % [0,95-5,70)] et 12,1 (IC 95 % [6,02-24,4]),
Tableau 2. Principales méta-analyses ayant porté sur l’association entre diabète et cancer du pancréas
(HR : hazard ratio ; IC 95 % : intervalle de confiance à 95 %).
88
Études
Méta-analyses
HR
IC 95 %
Everhart et al. (1995) [6]
9 cohortes
11 cas-témoins
2,1
1,6-2,8
Huxley et al. (2005) [7]
19 cohortes
17 cas-témoins
1,82
1,66-1,89
Ben et al. (2011) [8]
35 cohortes
1,94
1,66-2,27
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n8 2, f
evrier 2013
Cancer du pancreas et diabete
apres ajustement notamment sur l’^
age et la consommation
ethylique [9].
‘‘
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Les effets respectifs du diabète sucré
et de la pancréatite chronique
sur le développement d’un adénocarcinome
pancréatique semblent se potentialiser
la disparition du DS dans 57 % des cas lorsqu’il
entraı̂ne
etait de survenue r
ecente, alors qu’elle n’avait pas
d’influence s’il evoluait de longue date (p = 0,009).
‘‘
L’adénocarcinome pancréatique
est à l’origine d’une insulino-résistance
périphérique paranéoplasique
’’
Le recrutement de la plupart des etudes epid
emiologiques
sus-citees etait hospitalier. Or, il est possible que ces
malades soient atteints de formes plus s
ev
eres de DS et
aient plus souvent recours a l’insulinoth
erapie ; ce qui
pourrait constituer des biais potentiels dans l’
etude des
facteurs de risque de CP. Plusieurs de ces etudes ont
rapporte que l’insulinoth
erapie, particuli
erement chez les
malades ayant eu un DS de survenue r
ecente, etait associ
ee
a une augmentation du risque de CP [5]. Toutefois,
plusieurs etudes cliniques et pr
ecliniques ont infirm
e une
possible augmentation du risque de CP chez les
diabetiques trait
es par insuline [10].
La plupart des etudes pr
ec
edentes ont inclus des patients
diabetiques sans distinguer les types I et II. Bien que le
risque de developper un CP semble moins important chez
les diabetiques de type I [7], la seule m
eta-analyse (n = 39)
sur ce sujet a rapport
e un risque relatif de 2 (IC 95 % [1,373,01]) [11]. Les diab
etiques de type I ont recours plus
precocement et de façon plus prolong
ee a l’insuline que les
diabetiques de type II ; d
es lors, si le DS est un facteur
favorisant le d
eveloppement du CP, l’insuline n’en est pas
le seul responsable. De plus, l’
evolution est plus longue, et
ee en cas de DS de type I que
l’insulinotherapie plus prolong
de type II. Si la dur
ee d’
evolution du DS etait un facteur de
risque de CP, le risque relatif de CP serait alors
significativement plus elev
e chez les patients ayant un
DS de type I. Toutefois, le diab
ete de type I n’est pas
caracterise par une hyperinsulin
emie, condition favorisant
l’apparition du CP chez les diab
etiques de type II.
Le diabète d’apparition récente comme
manifestation du cancer du pancréas ?
canisme
Il semble que le CP entraı̂ne un DS par un me
d’insulinoresistance p
eriph
erique : la cascade de signalisation declench
ee par l’insuline dans les muscles squelettiques est alt
er
ee a de multiples etapes [3, 12]. Une
alteration de la maturation et de la s
ecr
etion d’insuline
et une augmentation du rapport insuline/amyline ont
egalement et
e
evoqu
ees. Enfin, le CP pourrait exercer un
^le paracrine n
contro
egatif sur les ı̂lots de Langerhans. Un
autre argument a et
e apport
e par Pannala et al. [2] : la
resection du CP chez des patients diab
etiques avait
’’
La pr
esence d’un diab
ete semble d’autant plus ^
etre
corr
el
ee au risque de CP que sa survenue est r
ecente.
Plusieurs etudes ont rapport
e un plus grand nombre de DS
r
ecents chez les patients atteints de CP en comparaison
avec des t
emoins [1, 2]. Un HR de 5,38 (IC 95 % [3,5-8,3])
a
et
e rapport
e la premi
ere ann
ee d’
evolution du diab
ete
[8]. Plusieurs m
eta-analyses ont montr
e que le risque de CP
diminuait progressivement avec l’anciennet
e du diab
ete et
qu’il etait ind
ependant de la consommation tabagique et
du surpoids [5, 8]. La plupart des etudes epid
emiologiques
concluent a un risque plus elev
e de diagnostiquer un CP au
cours des deux premi
eres ann
ees suivant la d
ecouverte
d’un DS, ce risque etant par la suite d
ecroissant
pour ne plus ^
etre qu’inconstamment significatif apr
es
10 ans d’
evolution [1, 5, 8, 13]. Toutefois, il existe une
ere « r
ecent » de
h
et
erog
en
eit
e dans la definition du caract
la survenue qui peut varier de 1 a 5 ans selon les etudes.
‘‘
Un diabète sucré dont l’apparition précède
le diagnostic de l’adénocarcinome
pancréatique de façon récente en est plus
une conséquence qu’un facteur favorisant
de celui-ci
’’
L’identification d’
el
ements permettant une distinction
entre DS r
ecent li
e a un CP et DS « classique », au
moment de leur diagnostic, permettrait de mieux
caract
eriser les malades les plus a risque de d
evelopper
un CP, et potentiellement d’identifier pr
ecocement ceux
ayant un CP potentiellement r
es
ecable. L’incidence du CP
chez les nouveaux cas de DS diagnostiqu
es apr
es 50 ans a
et
e estim
ee a 0,85 % [14] ; un cas suppl
ementaire de CP
etait diagnostiqu
e tous les 332 nouveaux cas de DS dans
une autre etude [13]. Cela indique l’inutilit
e de r
ealiser
syst
ematiquement des examens approfondis a la recherche
d’un CP au moment du diagnostic d’un diab
ete, sauf s’il
existe d’autres facteurs de risque de CP (ob
esit
e,
tabagisme) et/ou des signes digestifs associ
es evocateurs
de ce cancer (douleur, ict
ere. . .). Parmi les signes cliniques,
seule la perte pond
erale serait plus fr
equente chez les
malades ayant un DS r
ecent associ
e a un CP [15].
L’apparition tardive d’un DS, de surcroı̂t s’il est s
ev
ere
a d’autres signes tels qu’une perte
d’embl
ee et/ou associ
e
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n8 2, f
evrier 2013
89
ponderale, doit ^
etre un signe d’alarme appelant a la
vigilance et eventuellement a une d
emarche de d
epistage.
Enfin, chez les malades ayant une pancr
eatite chronique,
l’apparition brutale d’un DS ne doit pas a tort faire evoquer
une aggravation de l’insuffisance pancr
eatique endocrine,
mais doit faire evoquer l’apparition d’un CP.
‘‘
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La distinction précoce entre diabète sucré
de type II évoluant de longue date
et diabète sucré lié à un adénocarcinome
pancréatique pourrait permettre d’identifier
des malades ayant un adénocarcinome
pancréatique potentiellement résécable
’’
L’utilisation du CA 19-9 n’est pas efficace pour d
etecter le CP
chez des sujets asymptomatiques, mais a et
e sugg
er
ee chez
des sujets de plus de 45 ans ayant un DS r
ecent en addition a
^mes tels que la perte pond
d’autres sympto
erale involontaire
[15]. Toutefois, le diab
ete en lui-m^
eme entraı̂ne une
elevation du CA 19-9 a plus de 2 fois la valeur sup
erieure
de la normale chez au moins 30 % des diab
etiques [16]. Bien
que contradictoire, la piste du d
epistage par l’imagerie du CP
en cas de DS de survenue r
ecente a et
e explor
ee [17].
L’examen r
etrospectif de tomodensitom
etries r
ealis
ees
avant le diagnostic de CP chez 16 malades diab
etiques
revelait un CP souvent r
es
ecable au moment du diagnostic
de DS. Enfin, aucune m
ethode invasive (notamment
l’echoendoscopie) n’a encore fait la preuve d’un bon
^t/efficacit
rapport cou
e et surtout, b
en
efice/risque, pour
pouvoir ^etre appliqu
ee a une population non s
electionn
ee.
‘‘
La présence d’un diabète sucré semble
^ tre un facteur pronostique péjoratif chez
e
les malades atteints d’un adénocarcinome
pancréatique, et un probable facteur de résistance
à la gemcitabine
’’
Metformine : vieille molécule, nouvel
agent antitumoral ?
Des etudes epid
emiologiques et exp
erimentales ont sugg
er
e
^le dans la pr
que la metformine pourrait jouer un ro
evention
du CP. Elle inhibe la n
eoglucogen
ese h
epatique et augmente
l’insulinosensibilite des tissus periph
eriques par l’augmentation de l’entr
ee de glucose dans les cellules des tissus
squelettiques et adipeux. L’utilisation de metformine semble
associ
ee a la r
eduction de l’incidence et l’am
elioration du
pronostic de divers cancers favoris
es par l’insulinor
esistance,
^lon et du foie [3, 19].
notamment les cancers du sein, du co
Un effet protecteur de la metformine sur la survenue de
cancers de tous types a et
e rapport
e, apr
es ajustement sur
les comorbidit
es et l’utilisation d’insuline (OR 0,46 ; IC 95 %
[0,25-0,85]) [19].
‘‘
L’insulinorésistance a été impliquée
dans la pathogénèse de nombreux cancers
dont l’adénocarcinome pancréatique
‘‘
La question du dépistage de l’adénocarci^ tre évoquée chez
nome pancréatique doit e
les malades ayant un diabète sucré récent sévère
et/ou associé à une perte pondérale involontaire
ou des facteurs de risque de l’adénocarcinome
pancréatique
’’
Le diabète sucré a-t-il un impact
pronostique chez les malades atteints
de cancer du pancréas ?
Le DS pourrait aggraver le pronostic des malades atteints
de CP. Dans une cohorte r
etrospective, l’existence d’un DS
etait un facteur pronostique p
ejoratif (survie m
ediane :
19,8 vs. 29,2 mois ; p = 0,01) persistant apr
es ajustement
sur le stade, la diff
erenciation tumorale et le statut
des marges de r
esection (OR 1,55 ; IC 95 % [1,15-2,07]
p = 0,004) [18]. L’ind
ependance entre DS et stade tumoral
90
tait un phe
nome
ne parane
oplasique.
indiquait que le DS e
^le pronostique p
Une piste pouvant expliquer le ro
ejoratif du
DS etait l’existence d’une chimior
esistance a la gemcitabine
induite par l’hyperglyc
emie et l’hyperinsulin
emie [4].
’’
Une r
eduction du risque de CP chez les utilisateurs de
metformine a egalement et
e rapport
ee. Dans une etude de
cohorte, le HR etait de 0,15 (IC 95 % [0,03-0,79] ;
p < 0,05) [20] alors qu’il etait de 0,38 (IC 95 % [0,220,69] ; p = 0,001) dans une autre etude cas-t
emoin [21].
La r
eduction du risque de CP persistait m^
eme en ne
consid
erant que les malades ayant un diab
ete evoluant
depuis plus de deux ans, et ceux n’ayant jamais et
e
trait
es par insuline. Au contraire, le risque de survenue
d’un CP etait augment
e en cas de traitement par insuline
(HR 4,99 ; IC 95 % [2,59-9,61] ; p < 0,001) ou d’insulinosecr
etagogues (HR 2,52 ; IC 95 % [1,32-4,84] ;
p < 0,001), en comparaison a des patients diab
etiques
n’ayant jamais reçu ces traitements [21]. Un biais potentiel
important serait que les CP les plus evolu
es sont associ
es
des formes plus s
ev
eres de DS, aboutissant a l’utilisation
accrue d’insuline, antidiab
etique plus puissant que la
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n8 2, f
evrier 2013
Cancer du pancreas et diabete
RCPG
IGF-1R
Insuline
IGF-1
PIP2
IP3
IRS1
Gq
P
P
P
P
PLCβ
DAG
PI3K
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PKD
PKC
Libération
Ca2+
PI3K
Ras
Akt
Raf
Akt
Raf
TSC1
TSC2
MEK
TSC1
TSC2
MEK
mTOR
ERK
mTOR
ERK
Prolifération
survie
GTP
Prolifération
survie
Figure 1. Voies de signalisation intracellulaires des recepteurs couples a une proteine G (RCPG) et du recepteur a l’insulin-like growth factor de type
1 (IGF-1R), en situation physiologique.
metformine. Une etude pr
eclinique in vivo a rapport
e un
^
role protecteur de la metformine dans un mod
ele de CP
chimio-induit chez des hamsters : ceux recevant de la
metformine ne d
eveloppaient pas de cancer, versus 50 %
^le [22].
des animaux du groupe contro
En plus de son potentiel effet protecteur, la metformine
pourrait egalement am
eliorer le pronostic des malades
atteints de CP. Dans une cohorte r
etrospective comprenant
302 diabetiques atteints de CP (comparables en termes de
severite du DS et de stade de CP), la survie globale etait
meilleure en cas de traitement par metformine (15,2 vs. 11,1
mois ; p = 0,0044), avec un taux de survie a deux ans
presque doubl
e (30,1 vs. 15,4 % ; p = 0,004) [23]. L’usage
de metformine etait associ
ee a une r
eduction du risque de
deces de 32 % (HR 0,68 ; IC 95 % [0,52-0,89] ; p = 0,005),
qui persistait apr
es ajustement sur l’utilisation d’insuline.
‘‘
Le pronostic des malades recevant de la
metformine serait amélioré, en comparaison à ceux ne l’utilisant pas la metformine et ceux
recevant de l’insuline
’’
ger » les
La metformine semblant susceptible de « prote
diabetiques du d
eveloppement d’un CP ou d’en ralentir la
progression, son effet antitumoral a et
e evoqu
e. Des
travaux r
ecents ont identifi
e, dans le CP, une r
eaction
croisee entre les recepteurs a l’insuline et a l’insulin-like
growth factor de type 1 (IGF-1) d’une part, et la voie de
signalisation des r
ecepteurs coupl
es a une prot
eine G
(RCPG) d’autre part (figures 1 et 2), induisant la synth
ese
d’ADN, la prolif
eration et la survie des cellules du CP [24].
Le point de convergence de cette activation crois
ee a et
e
identifi
e comme etant mTOR, un autre point de convergence etant la voie K-ras (mut
e dans 70-90 % des CP). La
metformine inhibe la r
eaction crois
ee entre les voies de
signalisation des RCPG et du r
ecepteur a l’insuline/IGF1 en
activant l’AMPK qui inhibe la voie de transduction PI3K/
Akt/mTOR (figure 3) [3, 24]. Toutefois, les mecanismes de
l’activit
e antitumorale potentielle de la metformine ne
semblent pas pouvoir se limiter a son action sur mTOR [3].
En effet, les inhibiteurs sp
ecifiques de mTOR – dont l’effet
et
e r
ecemment rapport
e – n’ont
diab
etog
ene a d’ailleurs pour l’instant pas montr
e d’efficacit
e dans le traitement du
CP. Ainsi, il conviendrait d’explorer d’autres m
ecanismes
potentiels par lesquels la metformine agit sur le CP.
‘‘
La metformine inhibe mTOR, point
de convergence majeur des voies
de transduction pro-proliférative et anti-apoptotique
dans l’adénocarcinome pancréatique
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n8 2, f
evrier 2013
’’
91
RCPG
IGF-1R
PIP2
IRS1
Gq
PLCβ
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IP3
P
P
P
GTP
DAG
PKC
Libération
Ca2+
Ras
P
PI3K
PKD
Akt
Raf
MEK
TSC1
TSC2
ERK
mTOR
Prolifération
survie
Figure 2. Voies de signalisation intracellulaires des recepteurs couples a une proteine G (RCPG) et du recepteur a l’insulin-like growth factor de type
1 (IGF-1R), et leurs interactions, dans le cancer du pancreas.
crit que la metformine inhibait
Feng et al. [4] ont de
la croissance des cellules de CP de la lign
ee MiaPaCa2
independamment de la concentration de glucose et
d’insuline. De plus, la metformine augmentait l’apoptose
induite par la gemcitabine, renforçant l’hypoth
ese qu’une
chimioresistance a la gemcitabine existe chez les patients
diabetiques et que celle-ci pourrait ^
etre r
eduite par l’ajout
de metformine. Enfin, l’administration de metformine a
des souris immunod
eprim
ees r
eduisait significativement la
croissance de tumeurs pancr
eatiques x
enogreff
ees issues
de cultures cellulaires de lign
ees de CP (MiaPaCa2 et
PANC-1) [24]. L’utilisation de metformine a vis
ee th
erapeutique pourrait donc ^
etre envisag
ee un jour. Deux essais
therapeutiques de phase II ont et
e d
ebut
es il y a peu. Un
^l
essai hollandais contro
e randomis
e teste l’efficacit
e et de
la tolerance de la metformine (1 000 mg puis 2 000 mg
par jour si bien tol
er
ee) ou d’un placebo en association a la
gemcitabine et l’erlotinib chez des malades ayant un CP
avance. La seconde etude va evaluer l’int
er^
et de l’ajout de
92
base
metformine a une chimioth
erapie adjuvante a
de gemcitabine, cisplatine, epirubicine (J1 et J15) et
cap
ecitabine (J1 a J28). Ces deux etudes (disponibles sur
clinicaltrials.gov) vont inclure des malades atteints de CP
ind
ependamment de la pr
esence d’un DS dans la mesure
la metformine est un insulino-sensibilisateur non
ou
hypoglyc
emiant globalement bien tol
er
e.
Conclusion
Le DS est associ
e au d
eveloppement et a l’
evolution du CP,
mais cette association est encore mal comprise. Il convient
de diff
erencier le DS evoluant de longue date favorisant
mod
er
ement la survenue d’un CP et le DS secondaire au
CP. L’apparition r
ecente d’un DS pourrait ^etre un signe
pr
ecoce de CP asymptomatique surtout s’il est s
ev
ere et/ou
associ
e
a un terrain favorisant (tabac, ob
esit
e, pancr
eatite
chronique) et a d’autres manifestations evocatrices,
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n8 2, f
evrier 2013
Cancer du pancreas et diabete
IGF-1R
RCPG
Insulinémie
e
Metformin
PIP2
PLCβ
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IP3
IRS1
Gq
Ras
P
P
P
P
GTP
DAG
PKC
Libération
Ca2+
PI3K
PKD
e
Metformin
Akt
Raf
MEK
TSC1
TSC2
ERK
mTOR
ATP
5’AMP
AMPK
Prolifération
survie
Figure 3. Action de la metformine sur les voies de signalisation intracellulaires du cancer du pancreas.
rale. Des marqueurs biologinotamment une perte ponde
ques sont necessaires car les performances du CA19-9 sont
insuffisantes dans ce domaine. Certains traitements antidiabetiques, principalement la metformine, pourraient
exercer un effet antitumoral qui m
erite d’^
etre evalu
e plus
avant.
re
^ts : Les auteurs d
Liens d’inte
eclarent n’avoir aucun lien
d’int
er^
et en rapport avec cet article.
&
Références
Les r
ef
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Le DS de type II d’
evolution prolong
ee est un facteur
de risque du CP (HR = 2).
&
La survenue d’un diab
ete doit appeler a la vigilance
s’il est associ
e a une r
eduction pond
erale, surtout en
presence de facteurs de risque de cancer du pancr
eas.
&
Le diabete est un facteur de mauvais pronostic chez
les patients atteints de cancer pancr
eatique.
&
& La metformine semble diminuer le risque de cancer
du pancreas et pourrait avoir une action antitumorale.
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