Cancer du pancre´as
et diabe`te
Le cancer du pancr
eas (CP) est,
avec environ 10 000 nouveaux
cas chaque ann
ee en France, le
deuxi
eme cancer digestif en inci-
dence apr
es le cancer colorectal.
L’identification de facteurs de risque
et de diagnostic pr
ecoce sont des
enjeux majeurs, dans le but respec-
tivement d’
eviter ou de ralentir la
carcinogen
ese pancr
eatique et de
prendre en charge le CP
a un stade
pr
ecoce, potentiellement curable. Les
principaux facteurs
etiologiques sont
r
esum
es dans le tableau 1. Le diab
ete
sucr
e (DS) est un facteur de risque
plus discut
e.
Il est difficile d’
etablir si le DS,
fr
equemment observ
e chez les mala-
des ayant un CP, est une manifesta-
tion clinique pr
ecoce ou un facteur
de causalit
e de ce cancer. Un DS est
HEPATO
y
GASTRO
et Oncologie digestive
Tir
es
a part : P. Hammel
Pour citer cet article : de Mestier L, Neuzillet C, Volet J, Bouch
e O, Hammel P. Cancer du
pancr
eas et diab
ete. H
epato Gastro 2013 ; 20 : 87-94. doi : 10.1684/hpg.2013.0833
R
esum
e
L’ad
enocarcinome du pancr
eas (CP) est l’un des cancers de plus mauvais
pronostic. Le diab
ete sucr
e (DS) en est un facteur causal discut
e, pouvant ^
etre
consid
er
e
a la fois comme cause et cons
equence du CP. Il convient de distinguer
deux formes de diab
ete : le DS
evoluant de longue date qui entraı
ˆne un sur-
risque mod
er
e du risque de CP ; le DS paran
eoplasique d^
u au CP, apparaissant
peu de temps avant le diagnostic du cancer. La pr
esence d’un DS serait un facteur
pronostique p
ejoratif chez les malades atteints d’un CP. Il existe des arguments
scientifiques indiquant que la metformine, antidiab
etique d’utilisation courante,
pourrait exercer une action antitumorale propre, par des m
ecanismes encore non
elucid
es.
nMots cl
es : cancer du pancr
eas, diab
ete sucr
e, pronostic, diagnostic, metformine
Abstract
Pancreatic cancer (PC) is one of the most fatal cancers. Whether diabetes mellitus
(DM) is a causal factor as well as it could be considered as a consequence of PC is
still a matter of debate. Two forms of DM must be distinguished: long-standing
DM associated to a moderatly increased risk of PC ; and DM as a consequence of
PC (i.e., paraneoplastic), which often onsets before the diagnosis of PC. DM
might be a factor of poor prognostis. There are scientific arguments indicating
that metformin, a frequently used antidiabetic drug, might have proper
antitumoral action, through ill-understood mechanisms.
nKey words: pancreatic cancer, diabetes mellitus, prognosis, diagnosis, metformin
Pancreatic cancer and
diabetes mellitus
Louis de Mestier
(1)
, Cindy Neuzillet
(2)
,
Julien Volet
(1)
, Olivier Bouch
e
(1)
,
Pascal Hammel
(2)
1
H^
opital Robert Debr
e,
service d’h
epato-gastroent
erologie
et d’oncologie digestive,
Reims,
France
2
H^
opital Beaujon,
P^
ole des maladies de l’appareil digestif,
service de gastroent
erologie
et pancr
eatologie,
100 boulevard du G
en
eral Leclerc,
92110 Clichy, France
Abre´viations
DS diab
ete sucr
e
CP cancer du pancr
eas
IGF-1 insulin-like growth factor de
type 1
RCPG r
ecepteur coupl
es
a une pro-
t
eine G
mTOR mammalian target of rapa-
mycin
doi: 10.1684/hpg.2013.0833
87
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n82, f
evrier 2013
ini-revueM
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en effet pr
esent chez 60 %
a 81 % des patients atteints
de CP, apparaissant dans plus de 85 % des cas dans les 2
ann
ees pr
ec
edant le diagnostic ou pendant la prise en
charge du CP [1, 2]. Alors qu’un DS
evoluant de longue
date semble ^
etre un facteur de risque de CP, le DS
d’installation r
ecente en serait plut^
ot une manifestation
r
ev
elatrice. Les facteurs de confusion sont toutefois
a
prendre en compte : les malades diab
etiques ayant un CP
sont plus ^
ag
es, plus souvent fumeurs, ont un indice de
masse corporelle plus
elev
e et plus d’ant
ec
edents familiaux
de CP que les sujets non-diab
etiques atteints de CP [1, 2].
Par ailleurs, les retards au diagnostic de DS et
a moindre
degr
e de CP ne permettent pas toujours de d
eterminer la
chronologie exacte de survenue de ces affections.
Le diabe`te sucre´ est-il un facteur
de risque du cancer du pancre´as ?
Le DS pourrait entraı
ˆner des alt
erations m
etaboliques,
hormonales et immunologiques favorisant le CP [3].
L’administration in vitro d’insuline ou d’insulin-like growth
factors favorisait la croissance de nombreuses lign
ees
cellulaires de CP humaines et animales [3]. La prolif
eration
de la lign
ee cellulaire MiaPaCa2 (CP humain)
etait favoris
ee
par l’hyperglyc
emie et de l’hyperinsulin
emie, bien que
l’effet de l’hyperglyc
emie
etait d
ependant de l’insuline et
ne pouvait ^
etre observ
e qu’en pr
esence de cette hormone
[4]. Il a
egalement
et
e sugg
er
e que le DS pouvait accroı
ˆtre
le risque de CP par l’interm
ediaire d’une augmentation du
stress oxydatif et de la r
eponse inflammatoire [3].
Diverses
etudes ont sugg
er
e que le risque de d
evelopper un
CP est multipli
e par deux chez les diab
etiques en
comparaison avec les sujets non diab
etiques. Li et al. [5]
ont rapport
e que le risque de d
evelopper un CP
etait de 1,8
(IC 95 % [1,5-2,1]) chez les diab
etiques quelle que soit
la dur
ee d’
evolution, y compris apr
es plus de 15 ans
d’
evolution du DS (HR 1,4 ; IC 95 % [1-2]). Les r
esultats les
plus pertinents proviennent de m
eta-analyses [6-8]
(tableau 2). Un argument en faveur d’une relation de
causalit
e entre DS et CP serait l’existence d’une corr
elation
entre dur
ee d’exposition au DS et risque de d
evelopper un
CP, ce que peu d’
etudes ont mis en
evidence.
‘‘ Le risque de de´velopper un ade´nocarci-
nome pancre´atique est multiplie´ par deux
chez les diabe´tiques en comparaison avec
les sujets non diabe´ tiques’’
Tr
es peu des
etudes sus-cit
ees ont pris en compte la
possibilit
e d’un biais de confusion li
e
alapr
esence d’une
pancr
eatite chronique. En effet, 1) la pancr
eatite chronique
est un facteur de risque de CP et 2) le DS est une
complication fr
equente de la pancr
eatite chronique (30 %
a 15 ans d’
evolution). Dans l’
etude r
ecente de Brodovicz
et al. [9], les effets respectifs du DS et de la pancr
eatite
chronique sur le risque de d
evelopper un CP se
potentialisaient. La pr
esence d’un DS, d’une pancr
eatite
chronique et des deux facteurs combin
es correspondaient
respectivement
a des HR de 2,84 (IC 95 % [2,52-3,21]),
2,29 (IC 95 % [0,95-5,70)] et 12,1 (IC 95 % [6,02-24,4]),
Tableau 1. Principaux facteurs e´ tiologiques
du cancer pancre´ atique.
^
Age >50 ans
Consommation tabagique
Pancre´atite sporadique (quelle qu’en soit la cause)
ou he´re´ditaire
Ante´ce´dents familiaux de cancer pancre´atique
Syndrome de pre´disposition ge´ne´tique (BRCA2 : sein-ovaire,
CDKN2A : me´lanome)
Tumeurs kystiques (tumeurs intracanalaires papillaires
et cystade´nomes mucineux)
Le´sions intrae´pithe´liales infraradiologiques (Pan-IN)
Diabe`te sucre´
Tableau 2. Principales me´ ta-analyses ayant porte´ sur l’association entre diabe`te et cancer du pancre´as
(HR : hazard ratio ; IC 95 % : intervalle de confiance a` 95 %).
E
´tudes Me´ta-analyses HR IC 95 %
Everhart et al. (1995) [6] 9 cohortes
11 cas-te´moins
2,1 1,6-2,8
Huxley et al. (2005) [7] 19 cohortes
17 cas-te´moins
1,82 1,66-1,89
Ben et al. (2011) [8] 35 cohortes 1,94 1,66-2,27
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apr
es ajustement notamment sur l’^
age et la consommation
ethylique [9].
‘‘ Les effets respectifs du diabe` te sucre´
et de la pancre´atite chronique
sur le de´ veloppement d’un ade´ nocarcinome
pancre´ atique semblent se potentialiser’’
Le recrutement de la plupart des
etudes
epid
emiologiques
sus-cit
ees
etait hospitalier. Or, il est possible que ces
malades soient atteints de formes plus s
ev
eres de DS et
aient plus souvent recours
a l’insulinoth
erapie ; ce qui
pourrait constituer des biais potentiels dans l’
etude des
facteurs de risque de CP. Plusieurs de ces
etudes ont
rapport
e que l’insulinoth
erapie, particuli
erement chez les
malades ayant eu un DS de survenue r
ecente,
etait associ
ee
a une augmentation du risque de CP [5]. Toutefois,
plusieurs
etudes cliniques et pr
ecliniques ont infirm
e une
possible augmentation du risque de CP chez les
diab
etiques trait
es par insuline [10].
La plupart des
etudes pr
ec
edentes ont inclus des patients
diab
etiques sans distinguer les types I et II. Bien que le
risque de d
evelopper un CP semble moins important chez
les diab
etiques de type I [7], la seule m
eta-analyse (n = 39)
sur ce sujet a rapport
e un risque relatif de 2 (IC 95 % [1,37-
3,01]) [11]. Les diab
etiques de type I ont recours plus
pr
ecocement et de fac¸on plus prolong
ee
a l’insuline que les
diab
etiques de type II ; d
es lors, si le DS est un facteur
favorisant le d
eveloppement du CP, l’insuline n’en est pas
le seul responsable. De plus, l’
evolution est plus longue, et
l’insulinoth
erapie plus prolong
ee en cas de DS de type I que
de type II. Si la dur
ee d’
evolution du DS
etait un facteur de
risque de CP, le risque relatif de CP serait alors
significativement plus
elev
e chez les patients ayant un
DS de type I. Toutefois, le diab
ete de type I n’est pas
caract
eris
e par une hyperinsulin
emie, condition favorisant
l’apparition du CP chez les diab
etiques de type II.
Le diabe`te d’apparition re´ cente comme
manifestation du cancer du pancre´as ?
Il semble que le CP entraı
ˆne un DS par un m
ecanisme
d’insulinor
esistance p
eriph
erique : la cascade de signalisa-
tion d
eclench
ee par l’insuline dans les muscles squeletti-
ques est alt
er
ee
a de multiples
etapes [3, 12]. Une
alt
eration de la maturation et de la s
ecr
etion d’insuline
et une augmentation du rapport insuline/amyline ont
egalement
et
e
evoqu
ees. Enfin, le CP pourrait exercer un
contr^
ole paracrine n
egatif sur les ı
ˆlots de Langerhans. Un
autre argument a
et
e apport
e par Pannala et al. [2] : la
r
esection du CP chez des patients diab
etiques avait
entraı
ˆn
e la disparition du DS dans 57 % des cas lorsqu’il
etait de survenue r
ecente, alors qu’elle n’avait pas
d’influence s’il
evoluait de longue date (p = 0,009).
‘‘ L’ade´ nocarcinome pancre´atique
est a` l’origine d’une insulino-re´sistance
pe´ riphe´rique parane´ oplasique’’
La pr
esence d’un diab
ete semble d’autant plus ^
etre
corr
el
ee au risque de CP que sa survenue est r
ecente.
Plusieurs
etudes ont rapport
e un plus grand nombre de DS
r
ecents chez les patients atteints de CP en comparaison
avec des t
emoins [1, 2]. Un HR de 5,38 (IC 95 % [3,5-8,3])
a
et
e rapport
e la premi
ere ann
ee d’
evolution du diab
ete
[8]. Plusieurs m
eta-analyses ont montr
e que le risque de CP
diminuait progressivement avec l’anciennet
e du diab
ete et
qu’il
etait ind
ependant de la consommation tabagique et
du surpoids [5, 8]. La plupart des
etudes
epid
emiologiques
concluent
a un risque plus
elev
e de diagnostiquer un CP au
cours des deux premi
eres ann
ees suivant la d
ecouverte
d’un DS, ce risque
etant par la suite d
ecroissant
pour ne plus ^
etre qu’inconstamment significatif apr
es
10 ans d’
evolution [1, 5, 8, 13]. Toutefois, il existe une
h
et
erog
en
eit
e dans la d
efinition du caract
ere « r
ecent » de
la survenue qui peut varier de 1
a 5 ans selon les
etudes.
‘‘ Un diabe` te sucre´ dont l’apparition pre´ce`de
le diagnostic de l’ade´ nocarcinome
pancre´ atique de fac¸on re´ cente en est plus
une conse´ quence qu’un facteur favorisant
de celui-ci’’
L’identification d’
el
ements permettant une distinction
entre DS r
ecent li
e
a un CP et DS « classique », au
moment de leur diagnostic, permettrait de mieux
caract
eriser les malades les plus
a risque de d
evelopper
un CP, et potentiellement d’identifier pr
ecocement ceux
ayant un CP potentiellement r
es
ecable. L’incidence du CP
chez les nouveaux cas de DS diagnostiqu
es apr
es 50 ans a
et
e estim
ee
a 0,85 % [14] ; un cas suppl
ementaire de CP
etait diagnostiqu
e tous les 332 nouveaux cas de DS dans
une autre
etude [13]. Cela indique l’inutilit
eder
ealiser
syst
ematiquement des examens approfondis
a la recherche
d’un CP au moment du diagnostic d’un diab
ete, sauf s’il
existe d’autres facteurs de risque de CP (ob
esit
e,
tabagisme) et/ou des signes digestifs associ
es
evocateurs
de ce cancer (douleur, ict
ere...). Parmi les signes cliniques,
seule la perte pond
erale serait plus fr
equente chez les
malades ayant un DS r
ecent associ
e
a un CP [15].
L’apparition tardive d’un DS, de surcroı
ˆt s’il est s
ev
ere
d’embl
ee et/ou associ
e
a d’autres signes tels qu’une perte
89
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Cancer du pancr
eas et diab
ete
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pond
erale, doit ^
etre un signe d’alarme appelant
ala
vigilance et
eventuellement
a une d
emarche de d
epistage.
Enfin, chez les malades ayant une pancr
eatite chronique,
l’apparition brutale d’un DS ne doit pas
a tort faire
evoquer
une aggravation de l’insuffisance pancr
eatique endocrine,
mais doit faire
evoquer l’apparition d’un CP.
‘‘ La distinction pre´coce entre diabe` te sucre´
de type II e´ voluant de longue date
et diabe` te sucre´ lie´a` un ade´nocarcinome
pancre´ atique pourrait permettre d’identifier
des malades ayant un ade´nocarcinome
pancre´ atique potentiellement re´se´ cable’’
L’utilisation du CA 19-9 n’est pas efficace pour d
etecter le CP
chez des sujets asymptomatiques, mais a
et
esugg
er
ee chez
des sujets de plus de 45 ans ayant un DS r
ecent en addition
a
d’autres sympt^
omes tels que la perte pond
erale involontaire
[15]. Toutefois, le diab
ete en lui-m^
eme entraı
ˆne une
el
evation du CA 19-9
a plus de 2 fois la valeur sup
erieure
de la normale chezau moins 30 % des diab
etiques [16]. Bien
que contradictoire, la piste du d
epistage par l’imagerie du CP
en cas de DS de survenue r
ecente a
et
e explor
ee [17].
L’examen r
etrospectif de tomodensitom
etries r
ealis
ees
avant le diagnostic de CP chez 16 malades diab
etiques
r
ev
elait un CP souvent r
es
ecable au moment du diagnostic
de DS. Enfin, aucune m
ethode invasive (notamment
l’
echoendoscopie) n’a encore fait la preuve d’un bon
rapport co^
ut/efficacit
eetsurtout,b
en
efice/risque, pour
pouvoir ^
etre appliqu
ee
a une population non s
electionn
ee.
‘‘ La question du de´ pistage de l’ade´ nocarci-
nome pancre´ atique doit ^
etre e´ voque´e chez
les malades ayant un diabe`te sucre´re´cent se´ve`re
et/ou associe´a` une perte ponde´ rale involontaire
ou des facteurs de risque de l’ade´ nocarcinome
pancre´ atique’’
Le diabe`te sucre´ a-t-il un impact
pronostique chez les malades atteints
de cancer du pancre´as ?
Le DS pourrait aggraver le pronostic des malades atteints
de CP. Dans une cohorte r
etrospective, l’existence d’un DS
etait un facteur pronostique p
ejoratif (survie m
ediane :
19,8 vs. 29,2 mois ; p = 0,01) persistant apr
es ajustement
sur le stade, la diff
erenciation tumorale et le statut
des marges de r
esection (OR 1,55 ; IC 95 % [1,15-2,07]
p = 0,004) [18]. L’ind
ependance entre DS et stade tumoral
indiquait que le DS
etait un ph
enom
ene paran
eoplasique.
Une piste pouvant expliquer le r^
ole pronostique p
ejoratif du
DS
etait l’existence d’une chimior
esistance
a la gemcitabine
induite par l’hyperglyc
emie et l’hyperinsulin
emie [4].
‘‘ La pre´ sence d’un diabe` te sucre´ semble
^
etre un facteur pronostique pe´ joratif chez
les malades atteints d’un ade´nocarcinome
pancre´ atique, et un probable facteur de re´sistance
a` la gemcitabine’’
Metformine : vieille mole´ cule, nouvel
agent antitumoral ?
Des
etudes
epid
emiologiques et exp
erimentales ont sugg
er
e
que la metformine pourrait jouer un r^
ole dans la pr
evention
du CP. Elle inhibe la n
eoglucogen
ese h
epatique et augmente
l’insulinosensibilit
e des tissus p
eriph
eriques par l’augmenta-
tion de l’entr
ee de glucose dans les cellules des tissus
squelettiques et adipeux. L’utilisation de metformine semble
associ
ee
alar
eduction de l’incidence et l’am
elioration du
pronostic de divers cancers favoris
es par l’insulinor
esistance,
notamment les cancers du sein, du c^
olon et du foie [3, 19].
Un effet protecteur de la metformine sur la survenue de
cancers de tous types a
et
e rapport
e, apr
es ajustement sur
les comorbidit
es et l’utilisation d’insuline (OR 0,46 ; IC 95 %
[0,25-0,85]) [19].
‘‘ L’insulinore´ sistance a e´te´ implique´e
dans la pathoge´ne`se de nombreux cancers
dont l’ade´ nocarcinome pancre´ atique’’
Une r
eduction du risque de CP chez les utilisateurs de
metformine a
egalement
et
e rapport
ee. Dans une
etude de
cohorte, le HR
etait de 0,15 (IC 95 % [0,03-0,79] ;
p<0,05) [20] alors qu’il
etait de 0,38 (IC 95 % [0,22-
0,69] ; p = 0,001) dans une autre
etude cas-t
emoin [21].
La r
eduction du risque de CP persistait m^
eme en ne
consid
erant que les malades ayant un diab
ete
evoluant
depuis plus de deux ans, et ceux n’ayant jamais
et
e
trait
es par insuline. Au contraire, le risque de survenue
d’un CP
etait augment
e en cas de traitement par insuline
(HR 4,99 ; IC 95 % [2,59-9,61] ; p <0,001) ou d’insulino-
secr
etagogues (HR 2,52 ; IC 95 % [1,32-4,84] ;
p<0,001), en comparaison
a des patients diab
etiques
n’ayant jamais rec¸u ces traitements [21]. Un biais potentiel
important serait que les CP les plus
evolu
es sont associ
es
des formes plus s
ev
eres de DS, aboutissant
a l’utilisation
accrue d’insuline, antidiab
etique plus puissant que la
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metformine. Une
etude pr
eclinique in vivo a rapport
eun
r^
ole protecteur de la metformine dans un mod
ele de CP
chimio-induit chez des hamsters : ceux recevant de la
metformine ne d
eveloppaient pas de cancer, versus 50 %
des animaux du groupe contr^
ole [22].
En plus de son potentiel effet protecteur, la metformine
pourrait
egalement am
eliorer le pronostic des malades
atteints de CP. Dans une cohorte r
etrospective comprenant
302 diab
etiques atteints de CP (comparables en termes de
s
ev
erit
e du DS et de stade de CP), la survie globale
etait
meilleure en cas de traitement par metformine (15,2 vs. 11,1
mois ; p = 0,0044), avec un taux de survie
a deux ans
presque doubl
e(30,1vs. 15,4 % ; p = 0,004) [23]. L’usage
de metformine
etait associ
ee
auner
eduction du risque de
d
ec
es de 32 % (HR 0,68 ; IC 95 % [0,52-0,89] ; p = 0,005),
qui persistait apr
es ajustement sur l’utilisation d’insuline.
‘‘ Le pronostic des malades recevant de la
metformine serait ame´ liore´ , en comparai-
son a` ceux ne l’utilisant pas la metformine et ceux
recevant de l’insuline’’
La metformine semblant susceptible de « prot
eger » les
diab
etiques du d
eveloppement d’un CP ou d’en ralentir la
progression, son effet antitumoral a
et
e
evoqu
e. Des
travaux r
ecents ont identifi
e, dans le CP, une r
eaction
crois
ee entre les r
ecepteurs
a l’insuline et
alinsulin-like
growth factor de type 1 (IGF-1) d’une part, et la voie de
signalisation des r
ecepteurs coupl
es
a une prot
eine G
(RCPG) d’autre part (figures 1 et 2), induisant la synth
ese
d’ADN, la prolif
eration et la survie des cellules du CP [24].
Le point de convergence de cette activation crois
ee a
et
e
identifi
e comme
etant mTOR, un autre point de conver-
gence
etant la voie K-ras (mut
e dans 70-90 % des CP). La
metformine inhibe la r
eaction crois
ee entre les voies de
signalisation des RCPG et du r
ecepteur
a l’insuline/IGF1 en
activant l’AMPK qui inhibe la voie de transduction PI3K/
Akt/mTOR (figure 3) [3, 24]. Toutefois, les m
ecanismes de
l’activit
e antitumorale potentielle de la metformine ne
semblent pas pouvoir se limiter
a son action sur mTOR [3].
En effet, les inhibiteurs sp
ecifiques de mTOR dont l’effet
diab
etog
ene a d’ailleurs
et
er
ecemment rapport
en’ont
pour l’instant pas montr
e d’efficacit
e dans le traitement du
CP. Ainsi, il conviendrait d’explorer d’autres m
ecanismes
potentiels par lesquels la metformine agit sur le CP.
‘‘ La metformine inhibe mTOR, point
de convergence majeur des voies
de transduction pro-prolife´rative et anti-apoptotique
dans l’ade´ nocarcinome pancre´ atique’’
RCPG IGF-1R
IGF-1
IP3
PIP2
DAG
Libération
Ca2+
Prolifération
survie
Prolifération
survie
Insuline
P
P
P
PI3KPI3K
Akt
Akt
TSC1
TSC2
TSC1
TSC2
mTOR
mTOR
MEK
MEK
GTP
IRS1
Ras
ERK
ERK
Raf
Raf
PKD PKC
Gq PLCβ
P
Figure 1. Voies de signalisation intracellulaires des r
ecepteurs coupl
es
a une prot
eine G (RCPG) et du r
ecepteur
alinsulin-like growth factor de type
1 (IGF-1R), en situation physiologique.
91
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n82, f
evrier 2013
Cancer du pancr
eas et diab
ete
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